C'était trop, je ne pouvais pas rester une minute de plus ce lit trop parfait. J'ai beau tourner, encore et encore dans tout les sens je ne vais pas réussir à me reposer, et de toute manière, je pense m'être assez reposée. J'avais fais une fausse couche, certes, j'avais aussi le moral encore plus bas que mes chaussettes, mais ce n'est sûrement pas en restant au fond d'un lit seule, que je suis censée partager, que ça ira mieux.

Caleb lui est à la scierie, comme tout les jours. Je n'ai rien contre puisqu'il reste quand même le responsable de ce pôle, mais je m'attendais à ce qu'il prenne un peu de vacance en déléguant un peu de ses fonctions pour qu'on.. je sais pas.. qu'on discute de tout ça ? Mais non. Il m'évite, et je sais très bien qu'il jette la faute sur moi et qu'il est difficile pour lui d'avoir une conversation normale sans réussir à ne pas m'accuser d'avoir tout fait pour perdre notre enfant. Il ne m'a jamais rien dit de vive voix c'est sur, mais la distance qu'il place entre nous est suffisante pour me conforter dans mon idée.

Alors aujourd'hui, j'ai décidée de ne pas me morfondre dans notre bungalow, où la chambre de notre enfant qui n'est plus était prête. Il ne vient même plus dormir ici et préfère l'ancien studio à la scierie. Parfait pour faire tenir un couple. C'est ps grave, aujourd'hui je vais penser un peu à moi et passer du temps avec mes amis ! Mes amis... Mais avec qui ? À ce jour, il n'y a plus qu'Ashton sur qui je peux vraiment compter.

Et si je le dérangeais, si il était occupé ? Il allait sûrement finir par se lasser de voir ma sale gueule de dépressive. Je hausse les épaules en m'habillant. Je le connais franc, il n'hésitera pas à me dire non pour traîner avec moi si il en a pas envie. Il est majeur et vacciné ! J'enfile tennis, short et t-shirt, sans oublier mon attirail à dessin, et je me précipite jusqu'à la tanière du pauvre Ash qui est toujours punis comme un enfant. Mais devant sa porte, je me fige, essayant d'abord d'effacer tout signe de tristesse dans les traits de mon visage, avant de tambouriner joyeusement à sa porte, sans arrêter jusqu'à ce qu'il ouvre et se heurte à un grand sourire enfantin.

— Salut toi! Ça te dis une balade ? Mais pas en forêt, en ville, j'ai une surprise !

J'r'garde autour d'moi un court instant, entre deux souffles ardents, bordel, j'viens vraiment d'faire un cauchemar comme un gosse d'quatorze ans ? J'me souviens d'jà même plus d'c'qu'c'était mais mon r'gard cherche partout et nul part à la fois d'vant moi comme si j'savais pertinemment qu'rien pouvait m'arriver mais qu'la panique m'traversait. J'pensais pas être capable d'avoir c'genre d'mauvais moment mais là j'dois avouer qu'j'suis un peu baisé pour l'coup. Ma main file s'r mon front et j'm'rends compte d'la sueur que m'a laissé en souv'nir c'mauvais rêve avant d'me l'ver, c'tait bizarre, la journée allait mal s'passer ou un truc comme ça, j'suis certain d'mon coup pour une fois, j'bouge l'p'tit rideau qui empêche qu'on voit dans m'chambre pour j'ter un oeil d'hors, il doit être pas si tard j'suppose mais assez en tout cas pour qu'tout l'monde ait foutu l'camp en espérant qu'personne m'ait entendu m'agiter pas envie qu'on s'imagine qu'j'm'branle pour une fois qu'j'l'fais pas.

Une nouvelle fois ma main vient s'poser naturellement sur ma nuque, à chaque fois j'l'impression qu'j'le fais pour m'rassurer et j'quitte l'f'nêtre dont l'rideau r'tourne lourdement à sa position originale. J'récupère un t-shirt, un jean, d'quoi faire pour mettre en d'ssous des trucs propres et j'm'habille fissa avant d'tourner la poignée d'la porte et d'découvrir l'salon en bon état. On ferme l'yeux un court instant et on souffle, j'sais pas combien d'temps ça fait mais j'suis suffisamment heureux d'mettre réveiller pour avoir l'tête dans l'cul mais pas m'en plaindre.

Mine d'rien c'ce genre d'moments où j'aurais b'soin d'Elrik et d'sa sale trogne d'viking, y s'rait capable d'me remonter l'moral, à l'heure actuelle, j'crois qu'j'ai plus grand chose sur l'quel m'reposer alors bon, faut survivre quand même et j'suis pas du genre à m'laisser crever, j'aime pas trop ça pour êt'franc mais faut qu'j'l'reconnaisse. Pis, c'con-là s'rait foutu d'se repointer le lend'main du jour où j'aurais canné avant d'se suicider comme une Juliette avec un peu plus d'poil au menton pour éviter d'être l'responsable d'tout ça.

Ouais, j'lui en veux toujours un max.

J'sais pas qui avait b'soin d'moi aujourd'hui pour travailler, personne m'a prév'nu d'ailleurs donc j'vais m'contenter d'glander et d'profiter du bon temps, ça m'ira très bien comme ça pis ça m'évite d'me faire chier en même temps pour être tout à fait honnête. Seul'ment j'ai pas bien l'temps d'finir d'me plaindre à moi-même qu'quelqu'chose vient troubler ma paisible réflexion.. ouais, l'genre d'personne qui tape à l'porte d'quelqu'un qui vient d's'réveiller, j'vous en foutrais moi, j'fais les deux trois pas qui m'sépare d'la porte et ...

Lily.

Eh merde, j'vais pas pouvoir m'défouler sur elle, j'suis presque déçu, j'aurais préféré qu'c'soit quelqu'un d'autre au moins j'aurais pu ronchonner.

Mais son air tout enjoué, ou du moins assez fauss'ment pour qu'j'y crois, m'chasse ces envies alors qu'lle m'annonce qu'j'suis l'heureux vainqueur pour l'emmener s'promener. J'aurais pu dire non, j'aurais sûr'ment dû dire non même mais Lily, c'un peu comme une mad'leine d'Proust, même si j'sais pas trop c'que ça veut dire, j'sais qu'j'la touch'rais jamais mais j'pourrais passer des heures à juste lui lisser l'cheveux comme les gamins au parc. J'réfléchis même pas avant d'lui répondre au moment où elle m'annonçait une surprise : "Ouais, j'viens.." J'marque un temps de réflexion. "C'quoi comme surprise, parce qu't'voir débarquer dans une t'nue comme ça pour moi c'déjà une bonne surprise qui m'donnerait presque un infarctus." J'la dévisage d'la tête aux pieds en lui offrant un sourire charmeur comme j'sais les faire.

"Bref, j'te suis, on va où Little Miss Evergreen." Faudrait qu'j'lui dise qu'j'trouve qu'elle a un nom d'parc où t'emmènes ton chien pisser un jour mais j'vais attendre un peu, c's'rait pas l'temps d'la vexer.

Je suis soulagée lorsque Ashton m'ouvre la porte, un soulagement peut être un peu trop violent, comme quand on pense que quelqu'un est mort et finalement non. Ben, j'ai eu le même effet en voyant ce casse pied devant moi en chair et en os. J'ai perdu beaucoup de gens ces derniers temps et finalement, de proche, il ne me reste que lui. Alors oui, je suis soulagée de le voir devant moi, et apparemment très mal réveillé. Je suis même surprise de ne pas m'être attirée les foudres de sa mauvaise humeur. Au lieu de ça il m'accueille avec son éternel sourire de bad boy, et une réplique de dragueur qu'il a l'habitude de faire.

— T'es con!

Que je lui souffle en pouffant se rire, bousculant légèrement son épaule. Avec ma force de Playmobil, il bougera même pas d'un pouce. Toujours sur le ton de la plaisanterie, je commence moi aussi à me regarder de haut en bas comme si je recherchais quelque chose de louche dans mes habits.

— Quoi, t'aimes pas ? J'ai fais simple pourtant, et pratique aussi. Mais je peux me changer si jamais et mettre une combinaison de ski.

A nouveau, je me remet à rire, néanmoins un peu inquiète de la réponse d'Ashton, qui serait capable de me dire : ouais, change toi. Rien que pour me faire chier. Je lui fais signe finalement de me suivre, afin de rejoindre d'abord l'armurie histoire de s'équiper un minimum quand même. On sort pas non plus faire une importante mission, mais avec ces super mutants dehors, je préfère qu'on puisse avoir de quoi se protéger.

— On va faire un peu de route à pieds, dans Tacoma, j'ai fais des repérage dans un coin et je suis certaine que ça va te plaire. En route ?

Je lui donne quelques précisions sur notre sortie sans trop en dévoiler, sinon ça va gâcher la surprise, pendant que je m'équipe. L'habituelle hachette à la hanche, et un pistolet en dernier recours avec un stock de munition dans le sac. Dans ce dernier d'ailleurs j'avais rangée des provisions, un kit de premier secours et des bouteilles d'eau. Moi, en tout cas, j'étais prête, et quand ce fut le cas de mon compagnon de route, j'ai ouvert la voie en prenant la direction du sud de Tacoma. Avec de la chance, on aura que deux heures de marche.

C'vrai qu'j'pourrais faire un peu plus d'fforts dans la discussion mais pour êt'franc j'suis pas vraiment d'humeur, mon cauch'mar m'a rendu comme les enfants, un peu replié sur moi-même intellectuellement, encore qu'si y avait que'qu'chose à sauver j'le saurais, donc j'la dévisage jusqu'à ce qu'elle m'indique qu'j'suis con, c'qui m'fait lui offrir un p'tit sourire avant de lui répondre à voix basse comme si c'tait rien qu'entre elle et moi : "Mais qu'est-c'qu'j'suis bon." C'pas ça qu'on dit ? Quand c'est bon, c'con ou un truc du genre, moi, j'en sais rien mais mon sourire parle sans doute pour m'lèvres. Enfin, ça importe peu, j'veux savoir c'qu'elle nous a réservé, ça m'questionne, ça m'turlupine maintenant surtout si y a une surprise au bout du ch'min, c'pas difficile d'me convaincre moi v'savez même quand elle m'bouscule gentiment et qu'j'lui tire l'bout d'ma langue, j'aurais trop peur qu'elle tape d'dans pour m'la couper.

Pis el'm'parle d'sa t'nue tandis qu'j'la redévisage d'haut en bas en f'sant mine d'réfléchir : "J'crois qu'j'peux m'satisfaire d'cette t'nue, tourne toi pour voir." J'rigole rapidement pour effacer un air qui pourrait laisser présager un tant soit peu d'sérieux. "Nan l'fais pas j'vais encore avoir d'problèmes." L'désavantage c'qu'c'tte fois-ci y aura pas mon p'tit Elrik pour m'sauver mon p'tit cul.

Mais s'il avait été là, p'têt qu'j'm'serais permis c'genre de vannes, disons qu'il fait plus peur qu'l'mec de Lily, enfin, j'pense.. enfin, j'crois. Quoique ça pourrait être intéressant d'vérifier, j'garde dans un coin d'la tête d'prévoir un combat de boxe entre l'deux si un jour j'r'tombe sur mon frangin, juste histoire d'vérifier jusqu'où j'peux faire des blagues.

Enfin, j'chasse ses vilaines idées jusque dans un coin d'ma tête, l'endroit où j'ai mis celle d'essayer d'tirer la bagnole de Jim Carrey ou encore d'essayer d'devenir un Hells Angels pour avoir des bières gratuites.

Et pendant qu'mon cerveau vagabonde avec toutes ces conneries, j'repointe mon attention sur Lily, et Dieu sait qu'el'perd rar'ment mon attention, surtout quand elle m'explique qu'on va s'balader à pieds dans Tacoma. "J'te suis, j'te suis jusqu'au bout du monde, jusqu'au bout d'ton cœur, jusqu'au bout d'ton c....." J'garde l'fin d'ma phrase pour moi, j'avais oublié qu'j'tais pas avec Elrik : "d'ton courage." Pourquoi j'me suis obligé à finir c'te phrase, des fois, j'aurais envie d'me taper la tête contre un mur d'béton mais l'problème c'que vous vous f'riez chier.

J'la suis un instant avant d'm'arrêter rapidement : "Dis moi qu'on va pas chercher des préservatifs, un enfant ou un objet qui t'tient à coeur avant qu'on soit complètement parti, parce qu'c'est les trois cas où j'te soutiens pas par contre.. enfin j'te soutiens pas mais j'te suivrais quand même parc'qu'c'est toi." J'veux pas m'occuper du môme, j'veux pas m'occuper d'c'qu'elle fait avec son cul et j'veux surtout pas rentrer dans sa vie privée à travers des larmoyantes discussions dans une maisons miteuse.

Il me demande de me tourner et je m'exécute, très amusée par la situation tout en m'observant moi aussi. Au moins je pensais à autre chose, et j'avais juste envie de rire un peu. Surtout lorsqu'il m'annonce qu'il pourrait avoir des problèmes. Ouais, c'est bien ce qui me semblait. J'essaye de paraître sérieuse, voir menaçante, mais un rictus dans le coin de mes lèvres trahis très vite le fond de ma pensée. Et compte pas sur moi pour prendre ta défense ! C'était faux évidemment. Je l'appréciais beaucoup trop pour le laisser dans sa merde.

Dans les rues, je baisse la tête avec un faible rire, un peu gênée par ses paroles. Oui je l'aimais bien, je savais prendre ses mots avec humour, mais ça ne m'empêchais pas d'être parfois mal à l'aise. J'espère que personne n'a dit que tu étais bon chanteur. Parce que bon, on est peut-être en été, mais y a des limites. Et même si il fait chaud j'aimerais éviter de me prendre la pluie alors qu'on s'est pas mal éloignés du camp. Tu manques un peu de pratique. J'insiste bien sur le un peu, histoire que le message passe bien.

Au bout de plusieurs minutes de marche, le voilà qui s'arrête. Je fais de même, la surprise tirant les traits de mon visage, jusqu'à ce qu'il m'annonce la raison de cet arrêt. Attends.. Quoi ? Je peux pas m'empêcher de rire de bon cœur, un peu perdue avec les raisons. J'en viens à me demander si quelqu'un au camp lui a déjà fait ce genre de demande, et qui aussi. Mais non idiot je t'ai dis que c'était une surprise. En quoi partir chercher un truc pour moi c'est une surprise pour toi ? Et là je me remet à rire, en pensant qu'il serait bien capable de me sortir un truc du style : " Ben, de la lingerie sexy". Ou pire, " ben, un god ?". Ashton quoi. Après m'être calmée, je lui prend finalement la main pour l'inciter à se remettre en route, pas vraiment motivée pour rentrer au camp à la nuit tombée.

On a fait une bonne partie du chemin à blablater de la pluie et du beau temps, lorsque je me précipite rapide vers un magasin délabré, qui commençait à tomber en ruine. Ashtonnnnnn. Que je minaude, une petite idée derrière la tête. J'essuie grossièrement de la poussière accumulée sur la vitre pour m'assurer de l'intérieur avant de me tourner vers le plus jeune. On fait un tour ? S'il te plaaaaait. Une vraie enfant à ce moment. Je pointe du doigt l'intérieur du magasin, qui vendait essentiellement des déguisements et un peu de face et attrape.

Merde, quand elle s'tourne, j'peux pas m'empêcher d'faire comme dans les teenages movies un peu nul d'Hollywood en m'mordant l'lèvre du bas, bon, en vrai j'fais juste ça pour la provoquer pour êt'franc mais elle a quand même un joli p'tit cul faut s'le dire. C'ci dit j'veux pas avoir d'problèmes avec Caleb, j'suis un type bien, moi, j'l'ai dis avant et j'le réitère alors j'vais pas en profiter faire quoique ce soit d'déplacer même si j'aimerais bien. Surtout qu'elle ose m'dire qu'elle prendra pas m'défense ! J'fais une tête outrée avant d'rajouter une couche avec une mine boudeuse juste après : "J'savais qu'on pouvait pas t'faire confiance !" J'suis po content, moi j'pensais qu'ell'm'défendrait jusqu'à la mort, qui arriv'rait sûr'ment très vite avec notre ami Caleb, surtout la mienne.

Bref, ma chanson fait pas trop l'effet.. bon en même temps c'tait pas l'but, j'suis un peu rouillé, j'ressemble à Dave Mustaine mais après l'cancer d'la gorge. J'aime pas trop s'ton et c'jugement mais j'dis trop rien, j'ai pas envie d'me faire abandonner en plus, y a qu'elle qui sait où on va, moi j'm'contente d'la suivre comme un con, du coup j'ferme mon clapet jusqu'à l'interrompre.. ouais, j'sais, j'sais pas fermer ma gueule.. pour lui poser d'trois questions, non parce qu'l'gens pensent qu'ils peuvent m'emmener partout faire leur p'tite course et tout mais moi j'veux pas les aider sur ces trucs là c'simple : les enfants, c'un bordel pour l'faire fermer leurs gueules si y a des méchants dans l'coin, l'préservatifs c'parce qu'j'm'occupe pas d'la vie sexuelle d'gens, j'suis pas conseiller conjugal, à la limite j'suis la raison pour laquelle l'gens vont voir les conseillers conjugaux, et les objets qui tiennent à coeur parc'qu'l'gens essayent toujours d'me raconter leur vie..

Et pis j'm'en branle.

Heureus'ment, elle s'met à rire, donc c'qu'ça d'vrait le faire, j'réfléchis un instant d'plus, ouais, on va dire qu'ça m'va si elle rigole, d'autant qu'll'justifie après en m'annonçant qu'c'était une surprise c'qu'elle avait dit et qu'si c'tait pour elle ça l'tait pas. J'la dévisage en clignant un peu des yeux, j'sais pas c'que ça veut dire moi une surprise, ça peut aussi bien m'entrainer dans un buisson qu'd'aller dévaliser une maison, qu'd'aller chercher un truc pour elle : "Moi, j'sais pas les gens y m'emmènent toujours faire leurs courses, comment veux-tu qu'j'me méfie pas d'où tu m'emmènes !" J'ronchonne encore un peu avant d'continuer : "ça s'trouve, t'fais ça qu'pour m'perdre dans la ville !" J'en rajoute un peu, en tapant dans un p'tit caillou à côté avant d'reposer mes yeux sur elle : "ça s'trouve, c'juste pour être la seule à s'voir où j'suis et t'garder rien que pour toi !" Bon, en vrai, y a plus d'chance qu'elle m'abandonne définitivement là plutôt qu'c'soit pour être la seule à savoir où j'suis.

Bref, j'ferme ma gueule ensuite, j'la suis, autant pas faire traîner trop la journée, surtout qu'j'sais pas c'qu'elle m'veut.. enfin j'savais pas, quand on approche un endroit d'jeux pour les enfants j'la dévisage avec des yeux ronds tandis qu'elle m'appelle d'une façon qu'j'apprécie sûr'ment un peu trop et qu'elle m'réclame d'faire un tour : "Un jour, j'te dirais non juste pour t'montrer qu'j'peux." J'lui souris avant d'lui tendre la main : "M'd'moiselle, si vous voulez bien qu'j'vous emmène jusqu'à votre nouveau passe-temps." J'dois être à minima autant un gosse qu'elle parc'qu'j'ai qu'une envie d'y entrer aussi, si c'pas vot'rêve de pouvoir profiter d'un magasin pour enfants entier à vous tout seul c'qu'vous avez rien compris à la vie j'crois bien !

L'attitude d'enfant boudeur de Ashton me fait doucement sourire, puis rire, que je ne peux pas m'empêcher de venir le prendre quelques secondes par le bras. C'est à ce moment que je me souviens pourquoi j'aimais bien passer du temps avec Ashton ces derniers temps. Avoir ce don de me faire rire à chaque fois qu'il ouvre la bouche. Moh le pauvre chaton malheureux. je lui pince doucement la joue pour l'embêter, avant de continuer. Et tu oserais me dire que ça te dérangerais que je te garde rien que pour moi ? Sache que je suis bonne cuisinière, et je suis pas du genre à torturer les gens ! moi qui ai subis ça, ça serait un comble que je commence à mon tour et en plus avec Ashton.

Je fais la grimace, lui montrant que j'étais pas vraiment convaincue de ça, qu'il pouvait réussir à me dire non. Malgré cette allure de bad boy, d'emmerdeur qu'il essaye d'afficher aux yeux du monde, je savais très bien qu'au fond il était quelqu'un de gentil. Qui pouvait facilement dire oui, si on savait lui demander correctement. Oh, gentlemen ! que je souffle, faussement surprise, prenant sa main comme le ferait une princesse coincée du cul, passant la porte du magasin la première. Je réprimais à cet instant une rare impatience, excitée à l'idée d'essayer de nombreuses conneries pour enfant à l'intérieur.

Malgré la vieille clochette qui retentit lorsqu'on passe la porte, il n'y a pas un chat à l'intérieur. Il y règne un silence de mort. Je commence à m'avancer entre les rayons, un peu incommodée par la poussière accumulée ces dernières années, mais surexcitée en voyant que ces derniers étaient encore pleins. Des lunettes ridicules, aux confettis, aux déguisements, il y en avait pour tout les goûts ! Je commence d'ailleurs à essayer quelques trucs, des lunettes à moustache avec un chapeau ridicule, avant de sauter de joie sur un truc :Je VEUX que tu essayes ça ! j'attrape brusquement un paquet plastifié, que j'observe quelques secondes avant de le tendre à Ashton. Une belle tenue de soubrette, spéciale homme. Je te promet que ça restera entre nous !