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Trail and farewell
Ven 23 Juil 2021 - 12:58
La route jusque Magnolia se fit dans le silence, alors qu'elle laissait Dune contourner naturellement les carcasses de voitures éparses que la végétation commençait doucement à faire disparaître. De tous les recoins de la ville, ce quartier n'était plus vraiment le plus apprécié. Elle n'était pas sans se rappeler la fuite de cet endroit, cinq ans plus tôt. Epoque ou elle était encore une toute autre femme, songea t-elle avec amertume en observant les alentours, à l'affût du moindre bruit. Si elle n'y avait plus mis les pieds depuis toute ces années, Kaya avait pourtant insisté. Une volonté ancrée en elle de savoir ce qui avait pu arriver à son père, après leur séparation accidentelle dans cette fuite.
Tu n'y trouvera que la mort. L'avait prévenue Frances, la veille au soir alors qu'elle terminait de préparer les paquetages. Et si elle savait pertinemment que l'ex Marine avait raison, il n'empêchait. Trop de questions étaient restées en suspens tout ce temps, et si Kaya avait besoin d'en connaître les réponses pour mieux avancer sur son propre chemin, il en serait ainsi. Jetant un bref regard à sa fille, avant de ramener son regard sur ce qu'il restait de route devant elles. C'est une drôle de sensation. fit-elle remarquer à sa fille, alors qu'elle aurait pu fermer les yeux pour revivre les derniers instants de cette matinée d'Octobre. Les hurlements de panique des civils quand les morts étaient arrivés, les coups de feux des militaires rapidement surchargés. La main de Kerry dans la sienne qui la lâche malgré lui. Rouvrir les yeux n'empêcha pas les échos des cris de paniques de résonner dans sa tête alors qu'au sol trônaient encore quelques rares vestiges de la panique de ce passé qu'elle avait retiré de sa tête. Quelques valises éventrés, quelques empreintes noircis des derniers incendies. Les sacs de sables désormais inutilisables que l'armée avait utilisé dans le but de se défendre des assauts.
On descend ici. Annonça t-elle à Kaya en glissant de son cheval, lui indiquant d'un signe de tête le reste de la rue. Dune ne passera pas entre les épaves. On va continuer à pied. Prenant le temps de laisser Dune à l'abri des prédateurs, avant de tendre à Kaya un objet enroulé de tissu. Je ne t'ai pas vu avec ton tomahawk ces derniers temps. Fit-elle remarquer en fronçant les sourcils. Et tu sais à quel point j'insiste pour que tu reste armée en dehors du campement... Turbulente comme elle était, elle n'aurait pas été surprise d'apprendre qu'elle l'avait perdu dans un coin, tiens.
Restes sur tes gardes. Je doute que des vivants traînent ici, mais les morts... c'était une toute autre histoire. Il ne lui fallût pas longtemps pour aviser un corps en décomposition des plus avancés qui pourtant tenta de relever le bras à leur approche. Vas-y. ordonne t-elle à Kaya pour qu'elle ne l'achève, s'occupant d'enfoncer son arme dans le crâne du conducteur calciné dans sa voiture. Juste au cas ou.
On devrait y être en dix minutes. En partant du principe que personne n'ai pillé l'endroit du moins. Pourquoi était-ce cette idée spécifique qui lui serrait la gorge, elle n'aurait su le dire. Mais elle ne doutait pas une seconde que la réaction de Kaya face au vandalisme potentiel de son ancienne vie risquait de lui faire un choc.
Comment tu te sens ? ses yeux noirs se tournent sur sa fille, qui n'est plus tellement une enfant désormais. Et si les années ont fait d'elle une presque femme dans ce monde, il n'empêche. Ses doigts viennent glisser dans ses cheveux d'encre, jouant avec une de ses nattes au même titre que si elle était une enfant. Une enfant dont les rêves et les espoirs risquaient d'être détruits en quelques secondes à peine.
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Re: Trail and farewell
Ven 23 Juil 2021 - 18:12
Ce quartier, c'est pourtant elle qui a insisté pour y revenir. Pour obtenir des réponses. Et peut-être, enfin, pouvoir faire le deuil d'un père disparu depuis trop longtemps maintenant. Et au-delà de la désolation qui s'offre au regard des deux lakotas, il y a les souvenirs. Ils ressurgissent en vague. Certains d'entre eux sont à peu près joyeux. D'autres sont tout simplement morbides. Mais aujourd'hui, à Magnolia, il y a surtout un calme désagréable. Le chant de la mort.« C'est carrément bizarre, ouais ! » « Ils faisaient de bonnes glaces, ici ! » indique-t-elle à son aînée. Elle se rappelle encore de ce parfum fraise-vanille qu'elle affectionnait tant. C'était l'un des rares petits plaisirs qu'elle pouvait avoir à Seattle, loin de sa mère. La fin du monde n'aura pas, cependant, été seulement négative. Elle lui a permis de retrouver Nima. Et de s'épanouir à ses côtés malgré les impératifs de la survie.
L'adolescente attarde son regard sur les maisons puis sur une longue traînée de sang noircie, sur le sol. Et enfin, elle pose le pied à terre lorsque la route devient trop périlleuse pour y risquer Dune.« J'vais pas me plaindre... » souffle-t-elle. Être la passagère d'une cavalière n'a rien de bien valorisant. Kaya se sentait un peu comme un sac à patates, là-derrière. Mais tant que Joachim ne l'estimera pas digne de monter seule, elle devra se contenter de garnir la croupe d'une monture.
Et puis Nima évoque l'absence de son tomahawk. Forcément, elle allait s'en rendre compte à un moment ou à un autre. Kaya n'est équipée que de son couteau, aujourd'hui. Et sa mère est une fine observatrice.« J'ai... Maintenant que t'en parles... » Elle s'en veut d'avoir égaré son tomahawk. Elle n'avait pas vraiment le choix, il fallait bien fuir les rôdeurs de ce parking. Mais c'est un petit bout de son passé qu'elle a perdu ce jour-là. Un de plus.« Y'a eu un accident et... une chose en entraînent une autre... tu vois ? » Elle ne peut pas lui dire que si elle se trouvait dans un endroit aussi dangereux, c'est simplement parce que ses amis et elle souhaitaient s'amuser.
Alors elle finit par attraper le présent que sa mère lui tend et le déballe précautionneusement tout en sachant déjà, oui, qu'il s'agit d'un nouveau tomahawk. Et quel tomahawk ! La lakota effleure du pousse les motifs qui ornent le manche puis, le glissant entre ses dents, caresse le tranchant de la lame. Elle le fait un peu tourner dans sa main pour en évaluer pleinement le poids puis le glisse à sa ceinture, à l'endroit où son ancienne arme se trouvait autrefois.« Merci beaucoup, Ina ! Il est magnifique ! » Elle s'égare un instant dans les bras de sa génitrice pour lui signifier plus délicatement sa reconnaissance. Au cas où son regard brillant, émerveillé, n'aurait déjà pas assez parlé de lui-même.
Il ne faut que quelques instants avant qu'elle ait la possibilité d'utiliser sa nouvelle arme. Sur l'ordre de sa mère, elle s'approche de ce cadavre déjà bien malmené pour l'achever d'un coup précis sur le sommet du crâne. Elle le retire sans grande difficulté. Ce coyote devait hanter les lieux depuis de longues années déjà.
Et le duo continue de s'approcher de l'ancienne demeure de l'adolescente. Celle qu'elle n'a jamais vraiment réussi à appeler maison. Comment l'aurait-elle pu, en l'absence de sa mère ?« Ce n'est pas grave si des pilleurs sont passés ! On a fait pareil dans la maison de bien d'autres familles, nous aussi, non ? » rappelle-t-elle, faisant de son mieux pour rester stoïque à sa mère. Car oui, elle ne peut pas prétendre qu'elle n'est pas touchée par ce semblant de retour aux sources.
Mais Kaya n'est jamais parvenue à tromper sa mère sur ce qu'elle peut bien ressentir. Cette dernière lit en elle comme dans un livre ouvert. Et puis... C'est tout de même elle qui l'a écrite, ce bouquin.« J'pensais que ce serait plus facile... » confie-t-elle après une vague hésitation.« Mais maintenant qu'on est ici je me rappelle de choses que je pensais avoir oubliées. Et... c'est bizarre ! » Sa gorge est un peu serré et son regard, plus sombre que d'ordinaire.« Et toi ? Ca va ? » Cette maison qu'elle sont venues fouiller n'était pas seulement la résidence de l'adolescente mais aussi celle ou une autre femme a remplacé Nima dans le coeur de son père. Et puis ce quartier symbolise aussi la séparation entre la fille et la mère.« Mais il faut que je sache ! J'en ai marre de me poser des questions ! » La discussion avec Ruben sur leurs géniteurs lui a ouvert les yeux. Et oui, c'est bien à la demande de Kaya qu'elles se retrouvent ici. Il est temps d'apporter une conclusion à ce chapitre.« Et toi ? Ca va ? » s'inquiète-t-elle en retour, continuant d'essuyer le sang du coyote sur son pantalon.« Tu n'es pas obligée d'entrer à l'intérieur si tu n'en a pas envie, tu sais ? » Parce que de mémoire, il n'y avait pas la moindre photo d'elle dans cette demeure. À part dans la chambre de l'enfant qu'elle était alors. Les cadres de la maison étaient surtout consacrés à ces souvenirs que Kerry et sa compagne ont accumulé au cours des années passées ensemble. C'est sûrement un peu logique. Mais Kaya craint aussi que ce soit vexant pour sa génitrice.« Merci de m'avoir accompagnée, en tout cas. » Et de ne pas s'être opposée à sa requête, en prime.« J'espère qu'Hayden ne m'en voudra pas trop de t'avoir réquisitionnée ? » Est-ce qu'il lui en veut, ce géant, de s'accaparer sa mère pour des histoires de famille ? Elle espère que non...
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Re: Trail and farewell
Dim 8 Aoû 2021 - 20:02
Sentir le corps de sa fille contre le sien après la découverte de sa nouvelle arme lui arracha un sourire. Resserrant son étreinte sur elle, fermant un court instant les yeux. Ces souvenirs qui les entouraient la touchaient dans un sens, bien qu'elle ne doute pas une seconde qu'ils n'affectent d'avantage Kaya. Ce marchand de glace, les rues du quartier ou elle avait été forcée de grandir après la décision du juge... Pour elle, c'était d'avantage un ensemble de souvenir doux amer, qui lui rappelaient inlassablement que sa fille avait dû grandir loin d'elle. Séparés par des milliers de kilomètres qu'elle n'avait jamais demandé à voir se dresser sur sa route.
Au moins dans tout ce malheur, s'était-elle trouvée à Seattle quand tout allait mal...
Mais déjà ses bras la relâchent, alors qu'elle la laisse achever le mort à sa portée. Hochant la tête, l'air de dire que c'est convenable, alors que sa fille faisait une remarque pertinente quand à ce fameux pillage qui lui fit hausser les épaules, quelque peu songeuse.
C'est sûr, vu comme ça. Mais les autres lieux ne possèdent pas un morceau de ton identité.
Les choses étaient plus simples à prendre avec recul, quand ça touchait des inconnus. Et Kaya ne fait que le confirmer en évoquant ces souvenirs qui la prennent à la gorge. Son regard se posant sur sa fille avec compassion, venant un instant poser sa main contre son épaule. Le doute faisait toujours plus mal que la vérité après tout.
Je n'aurai pas pensé te dire ça un jour, mais parfois tu possèdes une sagesse que je n'aurai jamais soupçonné pour ton âge. Fit-elle remarquer avec douceur à Kaya, resserrant sa prise contre elle. C'est normal que tu ressente ces choses. C'est... Une partie de ta vie que tu ne peux pas effacer. Et que tu ne dois pas oublier.
Quoi qu'elle puisse en penser, du moins. Ce quartier l'avait vue grandir, évoluer dans un monde qu'elle avait appris à appréhender avec son regard d'enfant... Quand à elle ? La brune ne put s'empêcher de l'observer avec étonnement à cette question, stoppant leur discussion un court instant pour venir enfoncer son arme dans le crâne d'un rôdeur rampant dans leur direction. Une femme, visiblement. Du moins les haillons qui lui servaient de vêtement le laissaient supposer...
Ca va. assure t-elle à sa fille avant de reprendre. Ce serait mentir que de dire que ça ne me fait rien. Ces lieux... Ils renferment toujours milles et une questions auxquelles je n'ai jamais su donner réponse.
Kerry avait été un traître en la quittant pour une autre. En emmenant sa fille loin d'elle. Pour autant, l'avait-elle détesté un jour ?
Sans doute pas.
Il avait été son premier amour, sa première déception. Et le père de cet enfant qu'elle adorait chaque jour un peu plus. Je viens avec toi. Annonce t-elle cependant fermement alors que Kaya lui propose d'attendre à l'extérieur, s'avançant la première dans ce hall d'entrée aux portes de verre réduites en poussière à même le sol. Un frisson glissant le long de son échine en reconnaissant ces boîtes aux lettres vieillies et rouillées sur lesquelles elle parvient pourtant toujours à trouver ce nom qu'elle à un jour porter avec fierté.
Brown, troisième étage.
Glissant un index contre ses lèvres pour faire signe à Kaya de rester silencieuse alors qu'elle s'avance la première dans les escaliers de marbre, ses pas résonnant en écho à chaque nouvelle marche sans qu'elles ne voient débouler le moindre rôdeur, lui faisant froncer les sourcils à cette idée. Les coyotes avaient toujours la mauvaise habitude de errer sans but coincés dans ce genre de lieu pourtant...
Quand à Hayden, elle ne put s'empêcher de retenir un rire avant de se tourner vers sa fille avec un amusement certain dans le regard. Pense tu vraiment qu'un homme aurait son mot à dire concernant ma propre enfant ? demande t-elle avec un soupçon d'amusement avant de reprendre avec le plus grand sérieux.
Quand il s'agit de ma fille, personne n'a son mot à dire. Et Hayden ne serait pas du genre à t'en vouloir pour ce genre de choses. Ca ne l'empêche pas de venir prendre la main de Kaya pour la serrer dans la sienne, continuant leur ascension jusqu'à cette fameuse porte d'entrée. S'y trouver de nouveau lui fait se rappeler avec violence la femme qu'elle était alors. Elle n'aurait qu'à fermer les yeux pour se souvenir de cette angoisse dans le ventre, de sa panique contenue au moment de la fuite.
Tu veux passer en première ? Demande t-elle néanmoins à Kaya l'air soucieux. Car il s'agit bien du lieu de son enfance avant tout. Effleurant sa joue du bout des doigts, avant de reprendre à son attention.
Dans tous les cas, je ne te quitte pas d'une seconde. D'accord ?
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Re: Trail and farewell
Mar 10 Aoû 2021 - 14:10
Il est vrai que Kaya n'est pas un exemple de sagesse. Et si elle relève la remarque de sa mère, là, c'est surtout parce qu'elle y voit un moyen de détendre cette ambiance déjà trop lourde.« Ah bon ? Tu pensais pas me dire ça un jour ? » « J'pense que sans le petit voyage de l'année passée, j'aurais pas pu devenir aussi mature. Alors ça m'fait plaisir que tu l'reconnaissent... » Même si c'est implicitement et puis surtout, malgré sa volonté. L'adolescente se fend malgré tout d'un sourire contre le dos de la cavalière.
Et ce sourire, elle le perd à nouveau tandis que les pas du cheval puis le leurs les ramènent face à cette maison qui symbolise tant de choses pour la mère comme pour la fille. Elles sont déjà conscientes que les prochains instants ne seront pas faciles, qu'ils les ramèneront à une époque où elles étaient séparées par la distance et les lois. Et pourtant elles sont décidées. Parce qu'elles ont besoin de réponses. Et parce qu'elles doivent avancer.« Je pense surtout que je plains l'homme qui voudra se mettre une nouvelle fois entre nous ! » souffle-t-elle alors qu'elles évoquent Hayden. Parce que cette fois, l'indélicat devra subir la colère de l'adolescente autant que celle de sa génitrice. Et Kaya compare volontiers leur duo sacré à un ouragan que rien ni personne est en mesure d'affronter.
Quoi qu'il en soit, la jeune lakota hoche la tête lorsque Nima lui annonce qu'elle vient avec elle. Le ton indique que ce n'est pas négociable. Mais l'adolescente n'avait de toute façon pas dans l'idée de contester. Elle est même rassurée de ne pas être seule à entrer dans son ancienne demeure. Elle fait glisser sa main dans celle de son aînée et la serre fort. Cet acte, ce contact lui donne autant de courage aujourd'hui que lorsqu'elle n'était qu'une gamine subissant la colère des esprits.
Est-ce qu'elle veut passer la première ? Kaya marque une petite pause et lève les yeux vers le deuxième étage de la maison. Elle ne sait pas trop... Maintenant qu'elle se trouve face à cette porte défoncée et à la pénombre qui s'étend au-delà, elle ne peut pas s'empêcher de douter. Est-ce que c'était vraiment une bonne idée, de venir ici ?« On y va ensemble ! » annonce-t-elle. Comme toujours.« Et je ne compte pas non plus te quitter d'une semelle ! » Peu importe ce qu'elles trouveront, elles le trouveront en même temps. L'adolescente laisse échapper un long soupir puis s'avance et pousse la porte. Ses premiers pas son rythmés par le cri du verre qu'elle écrase. Elle imagine les photos sous ses semelles et ne fait pas grand chose pour tenter de les éviter. Parce que si son père pose sur la plupart d'entre elles, c'est en compagnie d'une femme qui a volé la place de sa mère. Impardonnable !
La fille effleure du bout du doigt les meubles et se remémore le temps où cet endroit sentait bon, où le tapis était propre et délesté de cette moisissure qui lui agresse le nez. L'endroit a effectivement été visité. Des tiroirs sont renversés, les couverts et les ustensiles de la cuisine jonchent le sol. Kaya s'accorde une petite pause et considère les escaliers qui mènent à l'étage avant d'échanger un regard avec sa mère. Il y a du bruit. Et seuls les coyotes ne se donnent pas la peine d'être discrets. Est-ce qu'il s'agit de son père ? D'un homme ou d'une femme venue se réfugier ici pour mourir ?« C'est plus petit que dans mes souvenirs... » souffle-t-elle, essayant d'ignorer les sons.« Tu ressens quelque chose de particulier, toi ? » Elle, elle se rappelle surtout qu'elle n'était pas heureuse. Et elle n'éprouve pas la moindre sensation de plaisir. C'est comme si elle revenait visiter une sorte de cellule de prison. Elle imagine aisément des barreaux barrant les fenêtres brisées.
Il y a d'autres bruits sur leur flanc, à hauteur du corridor qui mène aux chambres du rez-de-chaussée. Là où se trouvait la sienne. Une ombre s'avance docilement vers sa mort. Et le visage qui apparaît enfin de la pénombre, toutes deux le reconnaissent. Kaya déglutit et fait un pas en arrière. C'est... elle ! L'épouse de son père !« Si elle est là... » Elle ne termine pas sa phrase, tant sa fin semble évidente : Kerry ne devrait pas être loin...
L'adolescente attarde son regard sur le visage décharné, maculé de sang sombre, de sa belle-mère. Puis sur ces trous noircis qui indiquent qu'elle a dû se faire tirer dessus. Elle recule à nouveau d'un pas.« C'est toi qui dois le faire ! » indique-t-elle à sa mère. Parce que cette femme l'a fait souffrir. Parce qu'elle lui a volé son époux et son foyer. Parce qu'elle mérite de se venger.
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Re: Trail and farewell
Jeu 19 Aoû 2021 - 20:33
Ce n'est pas ce voyage qui t'as rendu mature. Tranche Nihima en croisant le regard de sa fille du coin de l'oeil, reprenant. C'est le monde dans lequel tu t'es retrouvé plongée.
Souvent, elle en culpabilisait. Si elle n'avait rien à se reprocher sur l'épidémie, elle avait toujours eu ce doute au fond, de savoir si laisser sa fille marcher dans ses pas n'était pas une si bonne idée. Les notions de bien et de mal rapidement effilochées par les situations qu'elles avaient dû affronter. Les premiers morts de Kaya, le sang sur ces mains si jeunes. Mais aujourd'hui, elle était toujours de ce monde, après tout. Certains plus âgés étaient depuis longtemps tombée sous l'armée de Yama... Esquissant un bref sourire à cette idée qu'aucun homme ne puisse de nouveau les séparer, son regard se faisant plus sombre quand fût soulevée la question d'y aller ensemble tout en se doutant qu'elles ne trouveraient rien de très positif au bout du chemin.
C'est presque empruntée qu'elle suit le chemin du couloir, découvrant à nouveau cet appartement qui lui à servi de refuge des années plus tôt. L'air vicié lui fait froncer le nez, fermant un court instant les yeux pour se focaliser sur la question de sa fille, alors qu'elle s'approche de l'ancienne commode. La pulpe de son doigts effleure la poussière qui surplombe divers objets du quotidien qui sont désormais relegués au rang de souvenirs encombrants. Clés de voiture, ticket de bus rongé par l'humidité, ou encre une vieille décoration sculptée. Quand à ce qu'elle ressent ?
La mort. Tout autour d'elle lui indique que la vie à depuis longtemps quitté les lieux. Elle pourrait en sentir le souffle dans son dos. Mais elle ne souhaite pas inquiéter sa progéniture, secouant doucement la tête. Je n'y suis pas restée assez longtemps. S'en excuse t-elle, se coupant nette en entendant le froissement des mouvements non loins. Sa lame chuinte quand elle la ramène à sa portée, découvrant presque avec surprise le corps décharné qui se traîne avec difficulté face à elles. Quelques secondes lui sont nécessaires pour réaliser que la femme de son ex mari est désormais cette carcasse qui n'a plus rien d'humain. Se remémorant avec difficulté la silhouette longiligne et les cheveux impeccables de cette fille qui désormais, ne sont plus que des mèches noircies de sang séché. Le râle qui s'échappe de ses lèvres lui serre le coeur alors qu'elle observe les ouvertures béantes de coups de fusils.
C'est une étrange sensation, que de la revoir. Les flash se devinent dans son esprit, quand elles se toisaient avec un mépris évident à chaque rencontre. Et maintenant... Elle était là. Le râle s'échappant de cette machoire déboîtée ou les lèvres avaient depuis longtemps disparus sous les ravages du temps. C'est la voix de sa fille qui la tire de ses songes en assurant que c'est a elle de la tuer, l'observant sans comprendre. Mais comme l'a souligné sa fille, si elle est là... Et elle ne veut pas encore y penser.
Bien. Souffle t-elle en s'approchant du cadavre réanimé, n'éprouvant que de la pitié. Cette femme avait eu sa vie. Ses rêves, ses peurs et ses propres craintes. Songeait même à avoir un enfant, si elle se rappelait bien. Mais déjà le râle sort de ses lèvres, alors qu'une main décharnée essaie de l'attraper à l'épaule. Il ne suffit que d'une seconde pour que la lame du tomahawk s'enfonce dans la tempe, et le corps s'écroule.
C'est fini. Nima ferme un instant les yeux, visualiserait presque l'âme déchue se libérer de ces horreurs avant de reprendre à sa fille qui se tient dans son dos.
Ce n'est pas une vengeance, tu sais ? Ici, elle aurait presque vu ça comme une délivrance, alors que son coeur se serre un peu plus.
Kaya. Qu'elle soit ici ne veut pas dire que Kerry... Mais elle n'arrive pas à terminer sa phrase. Ses muscles se tendent à l'idée que son premier amour, puisse être dans le même état. Il à pu trouver une sortie, un autre groupe... Elle y avait songé plusieurs fois, au cours de ces nuits sans lune dans cette pharmacie qui faisait office de prison. Peut-être que les esprits avaient entendu ses doutes, à l'époque ?
Allons voir dans ta chambre. propose t-elle en la laissant passer la première, accordant un ultime regard à la femme sans vie au sol.
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Re: Trail and farewell
Ven 20 Aoû 2021 - 14:31
Mais si ce n'est pas une vengeance alors... Qu'est-ce que c'est ? Kaya peine sincèrement à imaginer comment sa mère peut percevoir le trépas de cette femme qui aura semé la dissension au sein de son foyer alors qu'elle ne sait même pas ce qu'elle éprouve, elle, en voyant ce vestige de son passé.« Ah non ? »
Une part d'elle se réjouit, c'est évident. La mort de cette femme symbolise le point final d'une histoire qui n'était guère joyeuse. Une autre s'inquiète. Car sa présence laisse penser que son père n'est pas loin, qu'elle n'est que le prélude à des retrouvailles qu'elle ne se sent pas vraiment apte à affronter. Et puis il y a aussi de la tristesse. Parce que si l'amante de son père n'a jamais été une belle-mère digne de ce nom, elle était tout de même une composante de son passé. Et que si elle n'a jamais rien fait pour gagner son amitié, elle n'a rien fait non plus pour obtenir sa rancoeur.
Alors le regard de l'adolescente se pose sur ce corps désormais inanimé. Apaisé. Ses lèvres se tordent un peu puis elle observe sa mère à la recherche d'un quelconque signe de satisfaction. Ce n'est pas de la vengeance, donc ?« Alors qu'est-ce que c'est ? » Pas du simple bon sens, non. Nima n'éprouve-t-elle donc aucune satisfaction, fusse-t-elle infime ?« De la gentillesse ? » Elle peine à le croire. Elle se retrouve donc à hausser les épaules comme pour indiquer que ça n'a pas une grande importance, tout ça.
Quant au fait que la présence de cette coyote ne signifie pas que Kerry soit là, lui aussi...« Oui, il a peut-être réussi à s'échapper... » Mais le ton de sa voix prouve qu'elle n'y croit pas une seule seconde. Son père aimait cette femme. Est-ce qu'il aurait voulu que son destin soit différent du sien ?« Qui sait, hein ? » Tout est possible. Mais elle décide pourtant de croire que son géniteur est encore là. Et que les bruits à l'étage témoignent de sa présence. Parce que l'espoir, elle le sait, ne pourrait que la desservir.
Elle hoche la tête lorsque sa mère l'incite à rejoindre la chambre et passe la première. Ses pas se font alors plus hésitants au fur et à mesure qu'elle approche de la porte. Elle continue d'avancer parce qu'elle souhaite prouver à sa mère qu'elle est capable de faire ce qu'il faut et qu'elle a grandi. Mais elle se sent à nouveau comme une enfant tandis qu'elle évolue dans ce qui fut autrefois sa demeure, à une époque où les choses n'étaient pas forcément plus belle mais où elle n'avait au moins pas à s'inquiéter de sa survie.
Elle toque contre la porte. D'autres coups lui répondent, accompagnés de grognements. Kaya échange un regard avec sa mère, elle cherche dans son regard la force de faire ce qui doit être fait. Sa main se pose sur la poignée. Elle finit par la retirer tandis qu'elle appose son front contre le bois.« On peut... On peut attendre un petit peu ? » demande-t-elle d'une voix étranglée par l'émotion. Juste un petit peu. Elle n'ose pas avouer qu'elle a peur et qu'elle flanche. Et elle n'arrive pas à se justifier, quand bien même Nima ne lui a pas reproché quoi que ce soit.
Et puis sans trop savoir pourquoi, la voici qui court pour rejoindre sa chambre. Elle soulève de la poussière en s'asseyant sur son lit. Et la voici qui cache ses yeux dans la paume de sa main tandis qu'elle fait de son mieux pour se rappeler de son entraînement et rester maîtresse de ses émotions. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas douté. Et elle a l'impression d'être redevenue la petite fille effrayée qui vivait dans cette pharmacie, au début de l'épidémie.« Les esprits vont me juger, Ina ! » avoue-t-elle lorsque prend conscience que sa mère s'assoit à côté d'elle et qu'une main rassurante commence à caresser son dos.« Je sens qu'ils m'observent ! Et si c'est bien papa qui se cache derrière cette porte, est-ce qu'ils approuveront ce... crime ? » Même se ce n'est plus vraiment son père, tout ceci lui semble contre-nature. Que feraient ses ancêtres ? Est-ce qu'un coyote ne mérite pas un peu de pitié, lui aussi ? Et peut-être, aussi, le droit de subsister ?
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Re: Trail and farewell
Lun 30 Aoû 2021 - 22:34
Qu'était-ce, finalement ? De la gentillesse, de la pitié ? Elle ne parvenait pas à l'expliquer en un seul mot. Ton père aimait cette femme. Parfois, les chemins se lient, se délient. Ils étaient heureux ensemble, à leur façon. Les années sont passées depuis bien trop longtemps pour que je puisse la détester. La native soupire, avisant le corps abandonné à même le sol. Un jour, je t'ai dis que les personnes mordues devaient être tués. Libérés. Pour que leurs âmes puissent rejoindre celles de leur ancêtre. Cette fille, peu importe les liens qui l'unissaient à ton père et moi ne méritaient pas de rester à errer ici. Pas comme ça.
Les vivants, c'était une autre histoire. Les chants de guerres existaient de bien avant sa naissance, et dans son sang coulait encore la hargne de leurs ancêtres. La réserve le leur avait toujours appris, pour ainsi dire. Mais les coyottes... C'était encore autre choses. Des âmes errantes sans but précis, condamnés à une fin dévorante ici bas alors que le corps ne leur appartenait plus au même titre que les witkikos.
Quand à Kerry... Avait-il pu vraiment s'échapper ? Son coeur se serra à l'idée que ce ne soit pas le cas. Il aimait trop sa femme pour l'abandonner ici. Et les traces d'impact dans la poitrine de la morte laissaient entendre que quelqu'un avait essayé de la tuer. Mais les pas de Kaya s'éloignent, s'approchant de cette porte alors qu'elle la regarde faire sans comprendre. Se rapprochant de sa fille comme une ombre, avant d'entendre ce râle qui depuis longtemps, ne lui fait plus vraiment peur. Pourtant, face à cette porte close, celui qui s'en échappe vient glacer son sang. Bloquer ses muscles alors que son coeur semble s'arrêter de battre une seconde ou deux. Attendre. Bien sûr qu'elles le pouvaient. Elles avaient attendues cinq longues années pour avoir cette vérité. Et désormais, elle n'était pas sûre de vouloir la connaître.
Kerry ? sa voix se fait murmure alors que sa fille détale, et qu'elle fixe la porte sans mot dire. Venant poser une main tremblante contre le bois, avec la sensation de sentir de l'autre côté celle décharné, de l'homme qu'elle a un jour aimé plus profondément que sa propre vie. Sa gorge se serre alors que son instinct lui murmure que c'est fini. Qu'elles n'ont pas à cherché plus loin, et que dans cette pièce erre l'âme de son mari. Mais la raison l'emporte en rejoignant sa fille d'un mouvement vif, la retrouvant dans cette chambre d'enfant ou pour la première fois depuis longtemps, Kaya paraît enfantine. Innocence même d'une fillette qui à grandi trop vite, qui en à trop vu, et qui à nouveau, doit affronter une épreuve trop grande pour une seule et même personne.
Personne ne va te juger Kaya... murmure t-elle en masquant cette voix brisée du mieux qu'elle peut, venant récupérer sa fille contre elle alors que qu'elle sent ses yeux la brûler. Relevant le regard vers le plafond lézardé pour empêcher sa douleur de couler sur ses joues, se concentrant sur les mots de sa fille.
Elle mourrait d'envie pourtant, de lui dire qu'il ne s'agissait pas de lui. Qu'il pouvait tout aussi bien s'agir d'un voisin, d'un ami. Pourtant au fond de son coeur, quelque chose lui murmurait dans une litanie funèbre qu'elle ne se trompait pas.
Je le ferai. Et intérieurement, ça la brise. D'imaginer devoir fendre le crâne d'un homme qui à partagé son lit, ses rêves et ses désirs, au même titre qu'elle achevait les autres coyotes sans aucune émotion. Ce n'est pas une mise à mort. Lui souffle t-elle en resserrant sa prise, glissant un instant son visage dans les cheveux d'encre de sa fille, si similaire aux siens. Rappelle toi ce que je t'ai appris. La mort, ce n'est qu'une continuité de la vie.
Mais alors, pourquoi cela faisait si mal ? Si c'est vraiment lui... Sa voix meurt dans sa gorge, inspirant profondément pour reprendre ses esprits. Ne préfères tu pas garder une bonne image de ton père ? tout, plutôt que de laisser sa fille voir le corps décharné de l'homme qui l'a vue grandir. Ses yeux noirs se posent presque par instinct sur les photos poussiéreuses qui ornent sa chambre, saisissant le premier cadre à sa portée en sentant son coeur se serrer. Regarde... souffle t-elle avec cette douceur qu'elle n'utilise plus vraiment, laissant sa fille redécouvrir la photo. Elle n'a rien d'exceptionnel pourtant. Ce n'est qu'un simple cliché pris sur le vif de son père à la meilleure époque de leur vie, tenant sa fille dans ses bras comme si elle était le plus beau cadeau qu'on ait pu lui porter; Et si quelques mois après leur séparation avait été rude, le cliché en lui même conservait pour toujours cette courte seconde de bonheur.
Tu dois te rappeler de lui comme ça. Pas dans l'état qu'elle ne pouvait que deviner. Pas de ses râles, ni d'une démarche titubante. Juste d'un père qui n'avait pas eu la chance de la voir survivre dans ce monde.
Il y avait tout un tas de souvenirs ici, qui permettrait à Kaya de mieux gérer son deuil. Des photos, des peluches... Et elle ? Ca ne serait qu'un deuil de plus. Celui qu'elle avait commencé le jour de notre rupture, et qu'elle n'avait finalement jamais terminé.
Tu n'es pas faible. promet-elle à sa fille en desserrant enfin sa prise, effleurant sa joue du bout des doigts. Tu es bien plus forte que ce que tu n'imagines. Mais tu reste une enfant qui n'a pas besoin d'imaginer son père autrement que comme tu l'as connu.
stay safe on the Path
- Spoiler:
- Nihima Sihasappa
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