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Re: Trail and farewell

Jeu 2 Sep 2021 - 3:55

« Des paroles sages prononcées par une femme sage... »
Oui, sa mère a parfaitement raison. Les considérations personnelles et le ressenti ont un peu aveuglé l'adolescente. Mais cette femme était une humaine avant d'être une épouse, une belle-mère ou une rivale. Et son âme mérite d'être aux côtés de celles de ses ancêtres, oui. « J'espère seulement que son esprit est apaisé... » Car elle redoute un peu que la défunte cherche à se venger. Kaya n'a pas peur des coyotes et des êtres vivants. Mais elle craint pas dessus tout la colère de ceux qui s'égarent sur le chemin des grandes plaines.

C'est animé par une maturité dont elle fait trop bien rarement preuve que la jeune lakota monte à l'étage. Elle se retrouve devant cette porte fermée qui la sépare d'un nouveau rôdeur. Et c'est là qu'une foule de sentiments l'assaillent et la submergent. Le courage s'évade au même titre que le désir d'apprendre enfin la vérité. Et alors qu'une simple poignée la sépare de cette dernière, l'instinct et la peur soufflent à l'adolescente d'aller se réfugier dans sa chambre.

Nima mets un peu de temps à la rejoindre. Et aussitôt qu'elle rentre dans la pièce, Kaya lui déballe ce qu'elle a sur le coeur. Comme toujours. Sans filtre, sans crainte d'être jugée ou méprisée. Elle se contente d'être honnête avec l'assurance, en retour, d'être entendue mais aussi écoutée. Les propos rassurants de la fière amérindienne ne délestent pourtant pas la fille des doutes et des craintes qui se ruent à l'assaut de sa conscience. « Moi, je me jugerai ! » Et c'est pire que tout. Car si elle sait se protéger contre les reproches des autres, les remords sont des adversaires nettement plus redoutables. Des fantômes dont on ne se débarrasse pas aisément. « Je sais que ça va me poursuivre ! Si ce n'est pas dans mes souvenirs, ce sera durant mes nuits ! » Les rêves qu'il lui reste se mueront alors en cauchemars. Et elle en fait déjà assez comme ça, non ?

« Ina... » grogne-t-elle lorsque Nima lui indique qu'elle va se charger de Kerry. Si Kaya veut s'éviter ce poids, ce n'est pas pour l'ajouter à ceux qui pèsent déjà sur les épaules de sa génitrice. « La mort est la continuité de la vie, oui. Mais... pas ça Pas les coyotes. Ce ne sont que des monstres. Des choses qui insultent les esprits et disgracient les ancêtres. Quelque chose qui n'a rien de naturel, un affront à la vie comme à la mort. « Il faut le libérer et je le sais. Mais... » Elle hausse les épaules, ne trouve pas les mots pour exprimer précisément ce qu'elle ressent. C'est trop complexe et elle, elle est bien trop éprouvée pour ordonner ses pensées ou ses mots de manière cohérente.

Alors elle se laisse entraîner par l'habile réconfort que lui prodigue sa mère. Elle noie son regard sur cette photo et se rappelle l'instant où elle a été prise. Ce n'était que quelques années plus tôt. Et pourtant, elle a l'impression que des siècles la séparent du cliché. Oui, elle veut se rappeler de lui comme ça. Souriant. Le regard vif. « Je n'arriverai jamais à conserver ce souvenir si j'ouvre cette porte... » Elle ne verra plus que le monstre, le coyote. Et la vision de son cadavre balaiera toute la beauté de ses souvenirs. Elle le sait, maintenant : venir ici était une mauvaise idée ! Parce que la connaissance peut être plus cruelle que l'ignorance...

L'adolescente comprend que sa mère se propose de se sacrifier pour elle. Encore une fois. Et Kaya sait déjà qu'elle va accepter. Tuer ce coyote-là, c'est tout simplement au-dessus de ses forces. Et Nima l'a bien compris, ça. « Je n'veux pas ouvrir cette porte et je n'veux pas non plus que ce soit toi qui le fasse. Mais je n'ai pas envie non plus de le laisser dans cet état... » C'est un dilemme qui se livre dans ses pensées, entre le pragmatisme et l'instinctif. Elles doivent sauver Kerry. Mais elle souhaite aussi qu'elles se préservent. Le monde est déjà assez moche comme ça... « Je crois que j'peux vivre avec le doute, Ina... Je peux accepter l'idée que c'est bien mon père qui se cache derrière cette porte. Mais... On est peut-être pas obligées d'en être sûres ? » Elle relève les yeux de la photo pour les poser sur sa mère. « Mettons le feu à cette maison ! Laissons-le purifier notre passé ! » propose-t-elle. Ca lui semble être le meilleur compromis. Car si elle ne souhaite pas vivre avec l'idée d'avoir tué son père, elle ne veut pas que Nima ait à endurer ça non plus.
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Re: Trail and farewell

Dim 12 Sep 2021 - 15:30


Sa fille n'avait pas à être le propre bourreau de ses nuits. Pas pour un jugement qu'elle s'auto infligeait gratuitement. Nima restant silencieuse en l'écoutant se confier, non sans sentir son coeur se serrer d'avantage à chaque mot qu'elle prononçait. Resserrant son étreinte contre elle, alors qu'elle assurait qu'elle se chargerait de libérer Kerry. Laissant sa fille observer une des photos de son père et elle, à l'époque ou tout était plus simple. Plus doux, moins atroce à vivre au quotidien.

Kaya... la douleur étreint sa gorge alors que sa fille insiste pour ne jamais ouvrir cette porte, et laisser le voile du doute dans leur vie. Si peu de chance laissait la possibilité que Kerry ne soit pas derrière cette porte, il n'empêchait. Y mettre le feu et laisser les souvenirs partir en fumée ne serait pas une solution viable, elle non plus.

Le doute te rongera. C'est ainsi. Elle le sait au plus profond d'elle même, car il n'a cessé de la malmener depuis le premier jour de toute cette nouvelle vie. Fermant un instant les yeux avant de reprendre d'une voix qu'elle maîtrise du mieux qu'elle peut. Ton père ne voulait pas être incinéré. Il n'était pas croyant, mais il souhaitait être enterré comme ses parents. Et s'il n'avait sans doute plus rien d'humain, il n'empêchait. Elle se rappelait cette conversation qu'ils avaient eu, peu après l'enterrement de sa grand mère maternelle. Allongée à même la terrasse de leur premier appartement en fixant le lever du soleil, évoquant leurs propres souhaits pour l'au delà.

J'ai aimé ton père. D'un amour pur et sincère, pendant des années. C'est à moi de le faire. On doit savoir, et stopper cette folie.

Il en était ainsi. Parce qu'elle se refusait à imaginer Kerry errant dans cette pièce close, en proie à la décomposition. Prisonnier d'un corps qui n'en possédait que le nom, tant les ravages du temps avaient dû oeuvrer sur lui. Et d'y songer la ramena des années en arrière, à l'époque des premiers amours. De ces rires et moments partagés ensembles, jusqu'à cette séparation difficile ou il avait obtenu la garde exclusive de leur fille. Incapable de la regarder dans les yeux au moment de la sentence, ni même de tenter de lui parler par la suite, de craindre de rouvrir une blessure qui peinait à cicatriser correctement.

C'était presque mécaniquement qu'elle s'était relevée du lit, laissant sur le matelas son tomahawk pour venir se saisir de son couteau de chasse, et d'un ultime objet. Enveloppée dans un linge grisé par les années, découvrant au jour l'or abîmé d'une alliance qui longtemps, avait été à son doigt. Parfois, les chemins s'éloignaient. Et parfois, ils étaient amenés à se retrouver sur les sentiers du deuil et du chagrin.

Je veux que tu prenne tes affaires. lâche t-elle à sa fille sans oser tourner le regard vers elle en sentant ses yeux noirs la brûler à l'idée des ultimes retrouvailles. Prends ... tout ce qui te paraît important. Tout ce qui peut te rappeler ton père, ou t'amener de bons souvenirs. D'accord ? Je ne serai pas longue. assure t-elle en revenant brièvement poser un baiser contre son front, yeux résolument baissés vers le sol.

Quand ce sera fait... On l'enterrera. Lui, et Elisabeth. Sa femme aussi, méritait une sépulture après tout. Et si tu le souhaite vraiment, on incendiera cet appartement par la suite. D'accord ?

Au moins, Kaya garderait une image humaine de son père. Et c'était le plus important à ses yeux.

Elle avait laissé sa fille seule dans la chambre en refermant la porte, se dirigeant d'un pas lent en direction de la porte, alors que les souvenirs l'assaillaient de toute part. Chaque pas la ramenait à une époque différente de leur vie ensemble, alors que son souffle semblait se perdre à chaque mètre avancé. Repoussant la porte avec lenteur, alors que son coeur cessait de battre un instant en avisant la triste vérité. Ce qui errait dans cette pièce, n'était plus Kerry depuis longtemps. Et pourtant, tout en lui rappelait à quel point un jour, il avait été un homme. De ces vêtements noircis par le sang, à ce regard vide qui un jour, l'avait observé avec une affection sincère. De ces mains osseuses qui étaient venus glisser une alliance à son doigt, et la prendre pour épouse, à ce râle inhumain qui s'échappa de ses lèvres au moment précis ou les siennes ne pouvaient retenir un sanglot.

Sans doute qu'une partie d'elle venait de mourir à l'instant précis, alors qu'il s'était relevé en titubant pour avancer vers elle de cette démarche hésitante, sans qu'elle soit capable de bouger. La vérité faisait toujours mal, bien plus encore quand elle concernait une part de son passé. Pardonne moi... murmure t-elle dans un souffle alors qu'il essaie déjà de mordre sa gorge, au moment ou l'acier de son couteau vient s'enfoncer dans sa tempe, et que le râle ultime de la créature sonne à ses yeux comme un soupir de soulagement, après des années d'errance. Sans doute est-ce la raison pour laquelle elle fond en larme, sa main libre se crispant sur ses vêtements usés pour l'empêcher de s'écrouler au sol comme elle l'aurait fait avec un blessé.

Refermant la porte d'un coup sec pour empêcher Kaya d'accéder au spectacle mortuaire, se laissant tomber a même le sol avec cet homme qui lui a permis un jour, d'avoir cette fille qui déjà à quitté l'enfance. Avisant ça et là les indices qui laissent à penser ce qui à pu se passer ici en leur absence. Quelques vivres, une couverture. Sans doute que Liz l'a mordue, et qu'il n'a pu se résoudre à la tuer. La maladie ayant pris le relais par le biais de la morsure qu'elle devine au niveau de son bras gauche.

Et puis, il y à une dernière chose, alors qu'elle termine d'enrouler le corps dans la couverture. Avisant une photo qu'elle récupère en sentant son coeur se briser à nouveau, et qu'elle glisse dans sa poche pour ne pas craquer à nouveau ici et maintenant. Plus tard. qu'elle se promet en silence, réussissant à porter le cadavre sans réellement de difficulté maintenant qu'il ressemble d'avantage à un squelette.

Je suis prête. Qu'elle souffle à Kaya dont elle devine les pas, juste derrière la porte scellée.


stay safe on the Path


Spoiler:
Nihima Sihasappa
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