Nell avait été un peu surprise par le nombre de cartons que son petit appartement avait pu produire. Elle ne pensait pas avoir autant accumulé de choses en fait, mais force est de constater maintenant que si, vu le nombre de boites que Steve a dû transporter. Entre tout son matériel pour prendre soin de ses plantes, toutes lesdites plantes, ses vêtements, ses livres surtout et tout un tas d’autres bricoles, son mari va être éreinté à la fin de cette journée déménagement. La fleuriste essaie déjà de repérer le carton dans lequel elle a ses fleurs séchées et ses huiles essentielles. Elle ne sait pas si Steve a un bain, mais sans doute vu la taille de la maison, non ?

Déposant le dernier pot de fleurs sur la véranda, la brunette n’a le temps que de se redresser avant que le marine ne lui attrape une main pour y poser un baiser dessus. Un doux sourire étire les lèvres de Nell avant que son homme ne l’enlace tendrement. Elle ferme les yeux lorsqu’il pose cette fois un baiser sur son front, se blottissant un instant dans les bras qui la retiennent. Elle ne croyait pas ça possible. De retrouver quelqu’un comme ça. Malgré le mariage houleux, elle ne pouvait pas être plus heureuse en ce moment. Elle pouffe d’ailleurs de rire quand Steve prend la parole avec humour. Il lui décochait un énième baiser, cette fois sur la joue et s’occupait de déverrouiller la porte d’entrée. Nell soupirait de bonheur. Franchement, comment faire autrement ? Attrapant une plante verte, elle entre la première, tandis que le grand blond lui faisait signe de passer avant lui.

Elle découvrait ainsi la maison qui serait également la sienne désormais. C’était très… sobre ? Très propre aussi, ce qui lui plait immédiatement. Plusieurs fenêtres qui ne donnaient pas sur le nord. Excellent pour ses plantes. Ça manquait… un peu de vie elle devient bien l’avouer, mais avec sa petite jungle elle y remédierait dès cette après-midi. Le temps de trouver une petite place pour chacune de ses protégées.

Nell n’osait pas encore explorer toute seule, mais elle vit la cuisine de loin, là où allait Steve, puis observa un peu le corridor, puis l’escalier menant au premier, mais la petite brunette finit au salon, posant déjà sa jolie fougère près de la télévision. Se retournant, elle allait s’occuper d’un ou deux cartons pour aider son mari, mais celui-ci était venu la rejoindre et lui faisait plutôt signe de venir trouver ses bras à nouveau. Bien difficile d’y résister, Nell ne se fait pas prier et retourne se blottir contre son mari, retrouvant sa chaleur, son parfum dont elle s’enivre toujours un peu plus. Cette fois, dans l’intimité de cette maison, ils s’autorisent un baiser plus appuyé, plus intime et moins réprimé que lorsqu’ils sont en public. Le cœur de la brunette s’emballe bien rapidement et elle fond un peu plus au creux des bras de son amoureux.

Il s’écarte le temps de lui murmurer quelques mots qui arrache un sourire à Nell, avant de revenir l’embrasser de nouveau.

- Peu m’importe où je suis, tant que tu es là. Lui murmure-t-elle à son tour, en toute sincérité. Un appartement, une simple chambre, une maison, une tente, un abri de fortune… Rien de tout ça ne compte pour elle, tant qu’elle est avec l’homme qu’elle aime. Le matériel ne compte pas comme son passé le lui a durement appris. Moi aussi, je t’aime. Lui souffle la petite fleuriste tout en plongeant ses yeux clairs dans les siens. Aussi rapide cela avait été, oui Nell était tombée amoureuse.

À son âge et vu son expérience de vie, elle savait ce qu’elle voulait et ce n’était ni plus ni moins que Steve. Elle est agréablement surprise d’ailleurs par l’initiative de son mari.

- Oh ! Bonne idée, dis-moi… tu as des défauts ? Plaisante-t-elle à moitié. Non, car sincèrement elle ne lui en trouve pas. Pouffant de rire, elle espère simplement être à la hauteur de son côté. Tu as envie de manger quoi ? Je nous préparerai un bon repas. Et ce sera un véritable plaisir que de nourrir ces deux hommes-là.

Un instant ses yeux coulaient vers la porte d’entrée et Nell faisait le compte de tout ce qu’il y aurait à ranger. Heureusement, il ne s’agit que de ses affaires à elle, tout ça serait terminé ce soir, mais…

- Tu me fais faire le tour du proprio ? Et… il y a des endroits où tu préfères que j’aille pas ? Tu me dis s’il y a trop de plantes aussi, j’suis un peu dingue je le sais. Elle rit doucement contre son mari, une fois de plus, tout en attendant qu’il lui réponde.

Nell pouffe de rire lorsque son mari lui dit avoir énormément de défauts. Très peu convaincue, elle se doute bien que tout le monde n’est pas parfait elle y compris, mais difficile pour elle de croire que Steve pourrait être un homme avec autant de tares. Impossible même. Rien ne serait insurmontable tant qu’il continuerait de la regarder comme il le faisait, tant qu’ils nourriraient cet amour qu’ils partageaient l’un pour l’autre.

- Hmm… ça sonne comme un défi M. mon mari ! Souffle-t-elle avec malice tandis que le grand blond dit ne pas aimer particulièrement les légumes.

Déjà la petite brune réfléchissait aux plats qu’elle pourrait lui préparer, à la façon dont elle pourrait apprêter tel ou tel légume, à petite dose pour espérer les lui faire apprécier. Par défi, par désir de lui offrir plus de possibilités alimentaires, mais aussi parce qu’elle voulait s’assurer qu’il mangerait des repas équilibrés. Oui, ça ne semblait pas romantique dit comme ça, mais la santé de Steve l’importait désormais énormément. Nell voulait de garder à ses côtés pour de longues années à venir et ça passait donc aussi par des choses plus… banales comme les repas.

Il se saisit à nouveau de la main de la trentenaire pour la porter à ses lèvres et y déposer un baiser. Un geste dont ne se lasserait pas de sitôt Nell. Les yeux perdus dans les siens comme une adolescente rongée d’amour, elle appréhendait un peu le verdict de son mari. Le rire de ce dernier fait rapidement taire la nervosité qui s’agitait au creux de son ventre et la fleuriste retrouve ce doux sourire à ses lèvres. Nell ne savait pas à quoi s’attendre, ils avaient tous deux eu des conjoints dans leurs vies avant de se rencontrer, les souvenirs pouvaient être difficiles. Plus encore, peut-être que Steve préférait garder des endroits pour lui, des choses pour lui et ça, Nell ne pourrait lui en vouloir. C’était elle qui se greffait à son domicile après tout, mais la réponse du militaire faisait fondre toutes ses suppositions comme neige au soleil.

Front à front, elle ferme les yeux un tout petit instant en souriant. Difficile de comprendre ce coup de chance qu’elle a eu. Résignée à marier quelqu’un pour respecter les lois de cette communauté, par devoir et non par amour et ce même si son cœur battait pour quelqu’un qu’elle croyait d’inaccessible, voilà que le destin lui avait offert plus qu’elle n’a jamais pu l’espérer. Anxieuse, elle a peur de tout perdre à nouveau bien évidemment, mais chasse rapidement ses pensées de son esprit, flottant encore sur ce nuage doux des premiers instants.

Se laissant entrainer à la suite de Steve, Nell découvre peu à peu sa nouvelle demeure. C’est grand. Toujours aussi bien rangé à l’étage qu’au rez-de-chaussée. Son cœur se serre un peu en posant les yeux dans ce qui devait être une chambre d’enfant en préparation… Son mari l’entraine ensuite dans son bureau en lui pointant une malle. Elle-même possède une boite dans laquelle elle a pu ranger ses souvenirs. Des photos d’elle et Grant, de son fils Jamie, une couverture pour Bailey. ÇA fait partie de leur vie, de leur passé et la brunette n’y voit aucun mal bien au contraire.
La visite se poursuit et ils redescendent au rez-de-chaussée, pour finir sur le canapé. Nell se love un peu plus contre son mari lorsque celui-ci passe son bras autour de ses épaules, posant un baiser contre sa tête. La fleuriste elle, vient déposer la sienne au creux de l’épaule de Steve. Chez eux. Ces mots font battre son cœur avec un peu plus de force.  Nell a tout simplement une deuxième chance à la vie, au bonheur.

Elle rit doucement d’ailleurs, alors qu’il est finalement question de ses plantes.

- Tu ne sais pas ce que tu viens de faire Steve. Le prévient-elle taquine. Ne t’inquiète pas, je m’occuperais de ma jungle. Le rassure-t-elle. Je ferai un grand jardin dehors aussi, je mettrai plein de fleurs partout. Ne resterait qu’à faire pousser des enfants au sein de ce nid douillet et heureux, puis y vieillir ensemble. Comment se passent les entrainements d’ailleurs ? Demande la petite brune d’un coup en relevant la tête. Je suis désolée que vous ayez à… payer comme ça. À cause d’un… homme comme ça. Qu’elle ne connaissait pas, qui ne lui avait jamais signifié ses intentions… Vous avez une sortie de prévue pour le mois prochain aussi je pense, non ? Il lui semble avoir entendu ça.

Déjà l’idée de le savoir dehors, loin d’elle…

Son rire accompagnait celui de son mari, tandis qu’il trouvait ça trop formel qu’elle l’appelle par son prénom. C’était amusant et attendrissant à la fois.

- Stoot, d’accord. Soufflait-elle dans un sourire.

Nell s’excusait à nouveau pour les entrainements, se sentant bien coupable de toute cette situation. N’avait-elle pas été l’instigatrice inconsciente ? C’était à cause d’elle que Welston s’était présenté au mariage. Son poignet était encore douloureux, suite à l’agression qu’elle avait subie devant tout le monde et ça lui rappelait que tout avait presque été gâché le jour de leur mariage.

Elle sentait d’ailleurs l’Alaskain s’écarter et n’osait pas trop relever les yeux, mais la main qui se posait pour une énième fois avec douceur sur sa joue l’apaisait un peu. Pinçant les lèvres pour ne pas trop sourire pendant qu’on la réprimandait, son amoureux chassait d’un coup tous les nuages noirs qui rôdaient au-dessus de sa tête. Allongée contre ses cuisses, les caresses à ses cheveux avaient finalement raison de son anxiété. Ce que lui disait Stoot faisait battre son coeur avec un peu plus de force. La petite fleuriste ne croyait tout simplement toujours pas à la chance qu’elle avait. Bien d’autres lui en auraient voulu, auraient été grognons et mécontents, mais pas son mari. Pas celui-là. Pas Steve.

Un mois. Ce serait… si long. Un mois sans l’homme de sa vie, alors qu’ils goutaient tout juste à la vie à deux. Alors qu’elle savait déjà qu’il lui manquerait durant de simples journées de travail. Forcément… Elle s’inquièterait, elle se ferait du sang d’encre, mais elle ne voulait surtout pas le lui dire. Pour ne pas qu’il s’en veuille. C’était son métier et il devait partir la tête légère. La peur de le perdre lui tordrait les tripes jusqu’à son retour, mais elle se mettrait à prier s’il le fallait, si ça pouvait lui éviter le même sort que son ancien mari… Elle était prête à tout, même a essayer ce qu’elle jugeait un peu niais.

Les doigts contre sa gorge la firent rapidement sourire de nouveau. Il valait mieux profiter des moments qu’ils leur restaient avant le départ. Ce qu’elle aimerait qu’il lui ramène ? L’espace d’un instant, les images de sa demeure emplirent son esprit. Sa maison, ce qui s’y trouvait encore, la tombe de son fils… La fleuriste chassait tout ça immédiatement. Ça ne servait à rien de ressasser ces souvenirs-là. Les épreuves faisaient partie d’elle désormais, elle acceptait, mais Nell ne chercherait pas à stagner dans son passé pour autant.

- Je sais pas. Quelque chose qui te fera penser à moi. Proposait-elle toute sourire. Toi, ça me suffira par contre. Le plus important de tous.

Elle offrait d’ailleurs une petite grimace à son amoureux, alors qu’il lui demandait elle aussi de faire attention à elle durant son absence.

- Mala-quoi ? Plaisantait-elle avant de pouffer de rire elle aussi. Promis. Elle se redressait pour venir voler un baiser on son mari pour sceller cette promesse entre eux.