Stan est pas rentré, il rentrera pas, et les mauvaises nouvelles s'accumulent. Je sais même plus quoi en penser, j'ai passé les derniers jours dans un état second, incapable de réfléchir, incapable de faire. M'occuper d'Esca et Esther a pris un temps fou, tant ça me semblait impossible. J'ai pleuré cent fois trop aussi, en essayant d'expliquer à notre fille que son père reviendra pas. Quand elle l'appelle, j'ai l'impression que j'aurais jamais suffisamment de mots pour lui faire comprendre. Sans Madisson, Cole et Indiana, je crois que je me serais effondrée tout simplement, mais ils m'ont empêché, ils m'ont aidé aussi.

Avec tout ça, on a appris également que New Eden fomentait une attaque dans la foulée. Quand l'alarme retentit, on sait exactement de quoi il est question et ce qu'il va se passer. J'échange un regard avec mon ami qui est chez moi, et pousse un soupir en fermant les yeux. Peut-être qu'on retrouvera pas notre maison en ressortant des souterrains. Cole m'aide a attacher l'écharpe autour de ma taille pour que j'ai pas besoin de tenir Esca, pendant qu'il saisit Esther dans ses bras dans la foulée. Maddie a du travail de son côté :

J'amène ton fils, si tu veux, que je lui souffle finalement en tendant les bras vers elle. On se retrouve en bas, ok ? Dès que l'évacuation est terminée, tu viens te cacher aussi avec nous, je lui laisse pas le choix.

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Depuis qu’elle a délivré le message – le terrible présage, en vérité – à Phelbs, Ellie n’a qu’une idée en tête : quitter l’île, avant que ces fous furieux ne débarque. Elle a cru pouvoir s’en tirer lorsqu’elle est montée à bord du bateau qui devait la ramener à Seattle, mais les balles qui ont fusé au-dessus de leur tête en approchant du rivage lui ont fait comprendre que ce n’était pas le cas.

Et depuis, Ellie tourne en rond. Piégée comme un rat. Sans aucune occupation à l’intérieur du camp, elle a trop de temps dans ses mains pour réfléchir. Réfléchir à un plan d’évasion, bien sûr. Après avoir envisagé de creuser sous la mer, puis de rentrer à pied, par la route, elle doit se rendre à l’évidence. Elle est coincée ici. Condamnée à devoir attendre l’arrivée éminente des bombes.

Lorsque la cloche retentit, elle se fige, comme tout les autres. Évidemment. Il fallait que ça arrive alors qu’elle se trouve à l’opposé de l’abri le plus proche. Merde, merde, merde, fulmine-t-elle alors qu’elle part au pas de course. Pourvu qu’elle atteigne un refuge avant le début de l’apocalypse.

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La cloche, le talkie qui grésillait, ça y est. New Eden fondait sur sa proie tel un carnassier aux ailes métallisées. La tension des derniers jours avait rendu la population à cran et cette cloche qui retentit fit perdre soudainement les pédales à la population. Les gens couraient, semblaient oublier tout bon sens, paniquaient.

- Ceux ne pouvant se battre, rejoignez l'abri. Vous connaissez le chemin. Respirez et allez à l'abri ! L’intendante leur criait des consignes en espérant les calmer suffisamment pour qu’ils se déplacent de façon moins erratique.

La population de Fort Ward savait quoi faire, une fois qu’elle reprendrait un peu ses esprits… Layla n’était pas plus calme qu’eux intérieurement. Terrorisée comme tous les autres par ce bombardement imminent, cette attaque violente qui s’annonçait dans les aires.

- Miss Summer, il faut commencer à diriger les gens vers les abris. Je vais à l’armurerie pour obtenir une arme et j’en ferai de même par la suite. Terminé. Avisait l’Anglaise à la jeune responsable.

Layla prenait donc la route de l’armurerie en joggant, le coeur au bord des lèvres et l'estomac noué de peur, tout en dirigeant ceux qu’elle croisait vers les abris.

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Alors qu’il se dirige lentement vers la prison dans l’espoir d’être autorisé à rendre visite à Zelda, même brièvement, le son de la cloche le stoppe dans son avancée. Les connards sont arrivés! Et très honnêtement, ils ne lui avaient pas manqué. La frustration de l’échec de leur mission, les pertes occasionnées qui continuent de le hanter, son état de santé qui ne s’améliorait pas assez rapidement à son goût, la sensation persistante de brûlure dans sa trachée. Est-ce qu’il a la trouille? Oui. Prétendre le contraire le rendrait au mieux prétentieux au pire stupide. Alors qu’il voit la plupart des habitants s’agiter et prendre la direction des différents abris au pas de course, il reste là, figé, son regard se tournant vers la prison. Il y a Luke là-bas, et il ne doute pas qu’il libérera Zelda pour qu’elle puisse gagner elle aussi un abri ou participer à tout ça.

Soupirant, il bifurque donc en direction de l’armurerie. Même s’il décidait d’aller se planquer lui aussi, être armé lui semble beaucoup plus sûr que sa bite et son couteau qu'il porte à sa cuisse dans un étui. Au pas de course, ne pouvant retenir une quinte de toux à cause de l’effort fourni, il arrive dans le dos de l’anglaise qui a, apparemment, eu la même idée que lui. Ou inversement. “Les grands esprits se rencontrent” lâche-t-il sans préambules avec une voix rocailleuse qui ne ressemble pas à la sienne. Ok, elle le méprise au plus haut point depuis qu’il l’a largué seule dans une ruelle. Mais ce n’était pas vraiment le moment de jouer dans le sentimentalisme. Profitant de sa présence, il se sert sans demander et s’arme de deux armes de poing après les avoir chargées toutes les deux, plus des chargeurs supplémentaires. “Y’a de la place pour combien de monde dans les abris?” Demande-t-il, n’ayant jamais été très intéressé par cette information avant ça.

Sûrement pas pour tout le monde, et s’il pouvait se rendre utile autrement, ma foi, autant céder sa place à quelqu’un qui en avait plus besoin ou la méritait davantage.

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