Winston se faisait à la vie à l’hôtel, comme il l’avait promis à Ana, sa bibliothèque avançait bien et l’ancien militant faisait son travail comme il convenait. Il ne s’était pas trop approché des autres pour le moment, a part Ana et comme elle avait sa propre vie, autant dire que Winston ne parlait pas à grand monde. Mais c’était pas très grave et Winston avait envie de dire aussi, s’il ne parlait pas spécialement aux autres, ça ne veut pas dire non plus qu’il avait un problème avec la plupart d’entre eux et quand l’un d’eux venaient lui parler. Il ne les envoyait pas paitre.

En fait, à part Symea, il n’y avait qu’une seule personne qu’il évitait comme la peste. Un homme blanc et blond, un pur aryen, qui lui-même ne s’était pas approché de l’afro américain. De fait, Winston l’avait automatiquement placé dans la catégorie des racistes. Et en le voyant dans cette cuisine, il pouvait dire que cet homme, Rick, n’avait aucun respect pour quoi que ce soit : « T’as un problème ? » Sérieusement ? Cette bouteille que buvait le blond, c’était la sienne, la bouteille que Winston s’était mise de côté pour après sa patrouille et l’autre était en train de la vider ! « Tu sais j’suis pas certain que t’as le droit de venir fouiner dans les cuisines, surtout pour me piquer ma bouteille de flotte. » C’était pas comme avant, où l’eau se trouvait dans n’importe quel évier ! C’était précieux. Immédiatement, Winston s’énerva :

« Je me coltine la surveillance cette nuit, Alors t’es gentille la viande blanche, tu me repose ça et tu retournes te coucher. » Non mais c’était hallucinant le manque de respect de ce mec, même pas il se posait la question de savoir à qui était cette bouteille. Dans un monde à moitié mort comme le leur, où on aurait pu penser que la paix entre les races se serait instauré, mais non, il y a en avait toujours qui se pavanaient comme s’ils étaient les rois du monde.

Winston croisa les bras en récupérant sa bouteille : « Putain d’blancs qui se croient tout permis. » Pas question d’être courtois avec ce mec.

Putain de blancs de merde, Winston ne s’était pas attendu à ce que l’autre se comporte de cette façon. L’afro-américain regarda son t-shirt, ne comprenant pas vraiment ce que cherchait l’autre ? A assoir sa dominance de blanc privilégié, à se croire tout permis ? Ce n’était pas les cheveux blonds sales, les yeux bleus sans personnalité et surtout pas ces quelques centimètres que l’autre lui rendait qui allait impressionner Winston. Si ce que l’autre cherchait c’était la bagarre, alors il allait l’avoir.  Sans même prendre la peine de répondre à ses provocations, verbalement du moins.

Il lui décrocha un coup direct dans la bouche, sans sommation, sans chercher à faire dans la dentelle. Winston n’était pas un combattant né, mais il avait eu son compte de bagarre quand il était en taule et il avait un bon crochet. Les deux hommes échangèrent une série de coups, se saisissant et se bousculant, faisant tomber casseroles, poeles et assiette, causant un beau bordel dans toute la cuisine. Le tintement des ustensiles et de leurs coups faisait vraiment un bruit énorme sur le carrelage. Mais pas le temps de se demander si ça allait réveiller du monde car la réponse arriva sous la pire forme possible : « Oh merde. » Winston avait choppé Rick par le col et se préparait à lui mettre un coup dans le nez, alors que le blond armait un coup directement pour le foie du militant. Les deux tournèrent la tête vers la nouvelle venue, plus d’un mètre quatre-vingt, portant un débardeur noir, dévoilant une musculature marquée, des cicatrices, un visage avec un air mauvais et surtout une énorme batte de baseball cloutée.

Elle s’avança d’un pas et lança d’une voix menaçante : « Vous pouvez pas faire moins de bordel ? J’essaie de dormir. » Winston relâcha Rick et s’éloigna d’un pas, le blond aussi semblait perturbé par l’arrivée de la nouvelle venue… : « Qui a commencé ? » Elle tapota la batte de base ball, mais avant que Winston ait pu ouvrir la bouche pour accuser Rick, elle ajouta : « Oh et puis j’m’en fous les tapettes, j’vais vous dérouiller tous les deux. » Puis elle s’élança, frappant d’un grand coup à l’horizontale. Winston se jeta en arrière, imité par Rick. Les deux hommes échangèrent un regard et le noir lâcha : « Putain, fallait que tu nous l’énerve, tu casses vraiment les couilles le ser’aryen. » Mais pas le temps de s’insulter plus que ça, Symea continuait son assaut rageur, dévastant les plans de travail.

Cette meuf était vraiment une putain de timbrée.

A la provocation suicidaire de Rick, elle répondit : « Les deux tête de con. » puis elle se rua sur le blond pour lui assener un violent coup à la tête. Winston songea à profiter de la diversion pour se faire oublier, mais il eu pas fait un geste qu’un coup de batte lui coupa la route, Symea lui lança avec des yeux de folle : « Reste là toi ! » Elle enchaina par un coup de poings dans le ventre avant de reprendre son arme à deux mains et de lancer :

« Vous me faites chier avec vos disputes de merde. J’dormais bien moi ! » Winston esquiva un autre coup de batte et lui envoya un violent coup de poing directement dans les lèvres. La brune recula sur le coup, du sang coulant le long de son menton et un sourire terrifiant s’étira sur son visage, avant qu’elle ne se retourne pour chopper Zack par le cou et de le frapper de nouveau à la tête et de le lancer limite sur Winston. Et pourtant Zack n’était pas du genre à être léger, le militant se reçu le serayen dans les bras et lâcha pour les deux : « Putain elle est cinglée cette meuf. » Cinglée, folle et elle semblait presque excité par la violence et le sang.

Le militant se redressa comme il pouvait, cherchant la sortie de la cuisine : « Cours ! » Winston choppa l’autre par l’épaule et l’entraina à sa suite, ça n’allait pas retenir Symea très longtemps cette affaire, les deux hommes s’échappèrent et finirent par se retrouver dans le bar de l’hotel. L’afro plongea derrière le comptoir, suivit de prêt par Rick. Winston se fit aussi petit que possible, il n’avait même plus envie d’emplafonner le blond, c’était dire à quel point il avait les fois devant cette timbrée :

« Putain de merde, mais ils ont quoi tous les flics à être des barges ? Hé, tu ne veux pas la baiser, histoire qu’elle se calme un peu ? » Winston passa la tête par-dessus le bar où ils se cachaient. Symea venait d’entrer dans la pièce et elle tenait un couteau à la main gauche maintenant. Toujours plus.