Papa... J'allais devenir papa et je n'y croyais toujours pas. Cela faisait à peine quelques jours que je le savais, à peine quelques jours que cette réalité se tissait autour de moi. Evidemment, j'avais toujours la porte ouverte à mes angoisses, mes incertitudes et je continuais de me demander ce que j'aurai à offrir à ce petit bout de nous. De nous... Même ça, j'en revenais toujours pas.

Mon regard se relevait sur une Tori enthousiate à l'idée de me faire prendre conscience plus que jamais, entre les murs de l'infirmerie, alors qu'elle farfouillait avec une sonde, sur son petit ventre pâle. L'espace d'un instant, j'en vins à me poser une question en l'observant. Qu'aurais-je fais sans la musicienne, dans ma vie ? Rien. Clairement j'aurais absolument rien accompli et je serai sans doute encore perdu dans les draps d'une des filles du RoV, sans doute en train de me tuer avec de l'alcool à la Cage. J'aurais pu être la pire version de moi-même. J'osais tout de même un rire en la voyant si concentrée jusqu'à ce que j'arrête à sa question. Est-ce que j'étais sûr de vouloir entendre les battements de coeur de notre enfant ? "Non." répondis-je le plus simplement du monde. Comment pouvait-on être réellement prêt à ce genre d'avenir ? Comment pouvais-je être prêt à dédier ma vie entière à ce petit monstre ? Les questions venaient déjà se bousculer dans ma tête mais un élan de courage prit le dessus. J'insipirais profondément et calais le casque du mieux possible sur mes oreilles. Au premier battement, ma respiration se coupa nette. J'étais comme paralysé par ce son étonnant. Le deuxième me fit lever la tête, les yeux ronds, sur la musicienne. Est-ce que... Est-ce que c'était vraiment lui ? L'interrogation sur mon visage devait être parlant puisque la femme hochait alors la tête vivement.

C'était incroyable. Incroyablement vrai. Encore choqué par cette révélation, j'approchais doucement ma main tremblante du ventre à peine tendu et y posait mes doigts chauds contre cette peau que j'aimais. Mes yeux se fermèrent et mes poumons fonctionnaient au rytme du coeur que j'écoutais attentivement. "Je t'aime..." murmurais-je à l'asiatique alors que je sentais l'émotion venir me submerger. Enfin, tout prenait son sens, dans ma vie. Un rire nerveux s'échappa tandis que je peinais à calmer mon propre palpitant. Doucement, je venais mordre ma lèvre inférieure, retenant le plus possible les larmes qui menaçaient d'envahir mes yeux et me baissais pour que mon front vienne effleurer la poche protectrice. "Kei roto koe i toku ngakau... Tu es déjà dans mon coeur, enfant de notre amour..." que je laissais échapper, comme une prière et une promesse de dévotion éternelle. Désormais je n'avais plus le droit d'avoir peur, plus le droit de vouloir fuir, plus le droit de ne pas me sentir à la hauteur. Ce petit truc attendait une famille aimante, une père prêt à tout pour lui. Aujourd'hui plus que jamais, je comprenais l'amour que mon propre vieux m'avait offert toutes ces années, malgré mes galères, mes conneries. Aujourd'hui, plus que jamais, je voulais lui faire honneur et transmettre à ses descendants les valeurs qu'il m'avait inculqué... Soupirant profondément je relevais le visage pour venir observer ma moitié, pleurant finalement d'un bonheur infini. "Merci. Merci d'être là, de faire de moi un homme meilleur..." que je lui disais en prenant conscience enfin combien cette épreuve aurait pu être difficile à passer si je ne m'étais pas rendu compte que cette famille était un nouvel espoir. Pour elle, pour nous. L'espoir qu'on pouvait enfin vivre malgré nos traumatismes encore trop frais. Tendrement je venais poser mes lèvres sur les lèvres de la brune, euphorique à l'idée d'unir nos trois coeurs. Un plus un faisait donc bien trois...