C'est à toi de voir. En fonction de toi, de tes besoins. Un peu de sport ne peut pas faire de mal.

Et oui, c'était bien lui qui disait ça. Il devait admettre qu'il se sentait mieux depuis qu'il en pratiquait de manière régulière. Outre sa silhouette qui avait changé, il respirait mieux, peinait moins, était plus performant. C'était agréable de ne pas se sentir prisonnier de son corps. Ça n'empêchait qu'il n'était toujours pas friand de sport, mais il se soignait.

Ils plaisantèrent ensemble, au sujet de sa possible ressemblance avec un vampire. Ils comparèrent leur peau, leur teint, leurs yeux.

C'est vrai que je brûle au moindre rayon de soleil, admit-il dans une expression désolée.

Un rire lui échappa quand elle affirma qu'il avait de beaux yeux. Il haussa une épaule, sentant ses joues chauffer, comme chaque fois qu'on pouvait le complimenter.

Merci. Ils ne marchent pas non plus, plaisanta-t-il en remontant ses lunettes qu'il devait porter pour éviter des maux de tête.

Il aimait bien parler de Tomas. Son frère avait longtemps, plus jeune, était son sujet de conversation préféré, lui qui l'admirait au plus haut point. Il était heureux, tous les jours un peu plus heureux, d'avoir pu le retrouver après tout ce temps. Et il était d'autant plus ravi de le savoir toujours aussi sympathique et extraverti avec les siens.

Il est … très sociable. Depuis toujours. Son caractère se fond bien avec tous les autres.

Il marqua une pause pensive.

Je trouve ça fascinant. Je n'ai jamais compris comment il faisait ça.

Son visage oscilla ensuite de bas en haut. Lui aussi, était rassuré de savoir tous ces enfants en sécurité. De savoir qu'un avenir était possible, que le monde pouvait redémarrer. Il y a quelques années, il avait perdu espoir. À ce jour, il était soulagé d'être toujours là pour le constater de ses yeux, et il était chaque jour reconnaissant envers cet inconnu qui, un beau jour de printemps, avait croisé sa route … et l'avait empêché de commettre l'irréparable.

Un petit rire lui échappa ensuite. Teresa ne lâchait pas le morceau, mais il ne la trouvait pas intrusive pour autant.

Ça me plaît de m'occuper des autres. Voilà … je pense qu'on est bon pour aujourd'hui. Dis-moi si tu as des zones encore très douloureuses.

Il termina son massage, se tourna un instant pour essuyer ses mains avant de ranger un peu son bazar. Lâchant un petit soupir, il prit une seconde pour réfléchir.

Je lis beaucoup, tu le sais. Chaque livre est un trésor, et j'ai toujours essayé de les sauver de l'abandon, au-dehors. Donc … les bouquins, c'est ma vraie passion. J'aime aussi …

Il s'appuya sur le comptoir, leva le nez une seconde. Finalement, ce n'était pas compliqué, comme exercice.

La musique. Beaucoup de classique. Et … l'art, en règle général. Le dessin. La musique. Rafaël me donne parfois des cours de guitare. Et la peinture, même si je n'en fais pas.

Un silence pensif suivit sa phrase, et un sourire se dessina brièvement sur ses lèvres.

Mais tout ça, tu as déjà dû le remarquer. J'essaie de mettre en place des ... cours ? Oui, un genre de cours ou d'atelier, quelque chose comme ça, à présenter au No Man's Land, pour les survivants solitaires ou qui n'ont pas la chance de pouvoir prendre le temps de lire, de s'instruire, juste de ... faire travailler un peu leur tête. Mais ça prend du temps. Je ne suis sûr de rien.

Ca faisait surtout un bon moment qu'il n'avait pas mis un pied à l'extérieur, et il devait admettre que cela le faisait angoisser.

Teresa étira un sourire amusé, taquin même en fixant son ami.

- Contrairement à toi, je fais volontiers régulièrement du sport, tu sais..? C'est drôle d'ailleurs.. j'en faisais jamais avant l'invasion. J'étais une citadine pure et dure, qui se déplace jamais à pied et encore moins à vélo.. Drôle d'époque, quand on prend du recul. Elle le regarda quelques secondes encore, perdue dans ses souvenirs, avant de revenir au présent. Et toi.. C'était comment ta vie avant ? Tu vivais déjà aux USA ?

Elle était toujours curieuse de la vie que chacun avait pu avoir avant toute cette merde, de leurs habitudes, de tout ce qu'ils avaient pu vivre avant que tout le monde se retrouve dans le même bateau. Enfin.. à quelques exceptions près, a priori certains groupes s'en sortaient mieux que d'autres. Et faut avouer qu'elle enviait ceux qui avaient réussi à garder d'avantage de technologies que The Haven. Sa vie douillette lui manquait parfois. Souvent, en fait.

- J'te donnerais bien un peu de ma peau pour te protéger.. Je suis même pas sure que les cubains puissent prendre un coup de soleil !
Mais y'a des désavantages.. je supporte vraiment mal le froid, a contrario. A croire que mon corps est pas adapté. Elle sourit en discutant, étirant les doigts pour attraper délicatement les lunettes de Ludwig et les poser sur son nez une seconde, sifflant entre ses dents. Hé ben.. sacrée correction. Elle les lui rendit aussitôt, retrouvant son immobilité pour le laisser reprendre le massage. J'me demande comment on va gérer les problèmes de vue des prochaines générations.. j'suppose qu'il faudra se démerder sans lunettes, toute façon.

La conversation se tourna vers Tomas, et Teresa écouta son frère parler de lui, retrouvant un léger sourire. Il semblait l'apprécier, presque.. l'admirer ?
Elle-même aimait passer du temps avec l'un comme avec l'autre des frangins, sans partager les mêmes choses avec chacun.

- Vrai qu'il s'intègre facilement.. et il a assez d'assurance pour faire un bon chef de mission au besoin. Elle dodelina un peu de la tête, pensive, avant de reprendre : Je crois que c'est... naturel ? c'est une question de personnalité. Je suis un peu comme lui, au final, j'ai des facilités pour aller vers les autres. Ça a toujours été comme ça, et pourtant je t'assure qu'on m'a pas facilité la tâche quand j'étais gamine.

Finalement Ludwig termina son massage et la cubaine remua doucement son épaule, dans un léger soupir d'aise. Tu fais des merveilles, tu sais ? J'ai pas de grosses douleurs autres, c'est surtout mon épaule qui douille avec le froid. Elle renfila rapidement son haut et s'emmitoufla dans sa grosse écharpe, se tournant vers le doc pour s'asseoir en tailleur, pas décidée à lui foutre la paix pour le moment.

- On a besoin d'altruistes aujourd'hui plus que jamais... C'est tellement plus facile de se tourner vers soi-même et ne penser qu'à sa propre survie. Elle le suivit des yeux, s'accoudant à un genou pour poser sa tête dans sa paume.
- Ok, donc des bouquins. Le plus dur c'est de t'en trouver un que t'as pas encore, en fait ! Elle lui offrit un nouveau sourire taquin, avant de poursuivre : J'ai pas été élevée dans l'amour ni... l'intérêt de l'art. Laura, ma compagne jusqu'à l'invasion, m'a un peu initiée mais.. je suis loin d'être une connaisseuse.

La brune hocha doucement à l'idée que Ludwig lui exposait.
- C'est une très bonne idée. Un bon moyen de ne pas perdre nos connaissances, aussi. J'espère que ça aboutira... Et si t'as besoin d'aide, hésite pas à me demander, je commence à connaître pas mal de monde sur le NML, à force de m'y balader.