“Hm ?” Du russe, probablement. Vu le ton de sa voix et l’expression de son visage, certainement pas un mot doux, mais je m’en accommoderai. Il parait que certaines filles sont trop fières pour montrer leur admiration et masquent ça sous la taquinerie, nul doute que ce soit le style d’Anastasia avec moi.

Quand elle se plante devant moi dans les graviers au pied de son wagon, je prends quelques secondes pour la détailler. Cheveux tressés, l’air agacé, je suppose, et les yeux qui laissent deviner un réveil un peu trop récent. “Ok.” L’attendre ici. Esquisse d’un sourire mécanique, avant de monter dans sa chambre.

Je reste un moment bêtement assis sur le rebord de son lit, les mains posées sur les cuisses et le nez levé vers la décoration. A la recherche d’indices sur sa personne, peut-être. Pas que sa vie m’intéresse particulièrement - hormis cette histoire de proxénétisme que j’aimerais qu’elle me détaille plus longuement - mais si je dois passer par un chemin plus classique pour la mettre dans mon lit… ça vaut bien quelques petits efforts du genre. Enfin, je n’irai pas non plus me tuer à la tâche, clairement.

Lorsque la porte se rouvre, je tourne les prunelles vers elle et le plateau qu’elle apporte. Petit rictus au coin des lèvres, c’est déjà très satisfaisant de se faire servir un repas. Je prends le verre de jus et en bois volontiers une gorgée, sucrée et rafraîchissante.

Ce que je veux ? Ça me démange de lui répondre “une pipe”, mais j’ai cru comprendre qu’il y avait un accord plus ou moins tacite à ne rien lui faire faire de tel au risque d’en perdre un morceau.

“Tu vois ce genre de tableau où t’as un mec étendu dans son canapé à qui une nana donne des grains de raisin ?” J’ai vite fait de retirer mon T-shirt pour le balancer derrière moi et reculer sur le lit. Je m'appuie sur mes coudes face à elle afin d’illustrer mon propos. “Tu peux le faire en lançant. Si tu réussis à viser, t’as le droit de garder ton haut. Pour l'instant.” Dans un sourire un brin provocateur. C’est aussi prétexte à voir où il faut précisément placer la ligne dans ce soi-disant traitement en esclave.

Les mains sur les hanches, Anastasia écoute attentivement cet enfoiré lui expliquer la suite de son plan pour la journée ; et il n'a même pas besoin de finir, qu'à la moitié de sa première phrase, elle comprend déjà. Bordel de merde. Elle était tombée bien bas, mais ça lui servira de leçon pour la prochaine fois, quand elle proposera un nouveau combat. De jouer la boniche, ça lui rappelle de merveilleux souvenirs avec ses anciens camarades, tiens.

Elle observe son invité se dénuder, sans en perdre une miette évidemment - tant qu'à faire, si elle devait jouer les esclave, autant apprécier le tableau - même si la suite des évènements ne l'intéresse pas. Et si il était persuadé qu'un simple défi lui permet de la contrôler de a à z, il se mettait le doigt dans l'oeil et jusqu'aux couilles. Un souffle s'échappe de son nez, alors qu'un sourire, léger, s'installe sur ses lèvres, amusé. L'orpheline saisit alors le bol dans lequel elle avait placé du raisin, le désignant quelques secondes à Lee. Tu parles de.. ça ? Evidemment que oui, mais la russe n'attendait pas de réponse.

Tout en s'approchant du lit, elle retire un grain de sa grappe, arborant un visage totalement angélique, innocent, bien loin de l'habituel ; fermé, peu accueillant. Ses doigts fins s'amusent avec le fruit minuscule fruit, qu'elle balance sur la tête de Lee, sans viser. Bien-sûr, elle rate. Mais c'était voulu. Je veux bien.. jouer, la boniche, mon coeur.. Commence-t-elle, en récupérant un autre grain. Qu'elle tire. Qu'elle loupe. .. mais il y a des limites, évidemment.. La jeune femme dépose le bol près de son enfoiré d'invité, se faufilant sur la surface du lit et par la même occasion de Lee sensuellement, féline, ses yeux ne quittant par le jeune.

Elle le grimpe sans hésitation, venant s'asseoir exactement sur son service trois pièces qu'elle arrive à sentir au travers des vêtements. Un sourire à la fois espiègle et mauvais s'immisce sur ses lippes, alors que la russe récupère la grappe entre ses mains. Hors de question que je me foute à poil. Tu.. ne le mérite pas. Innocemment, elle s'agite un peu, comme si elle cherchait un moyen de correctement s'installer, venant ensuite placer la grappe au-dessus d'elle pour arracher les grains un par un pour les manger.

Mais peut-être qu'au final, c'est elle qui en faisait trop ? Elle se souvient d'un dicton que s'amusait à dire un des tarés avec qui elle traînait : à trop jouer avec le feu on finit par se brûler. Ou un truc dans le genre. Bref, c'est du raisin qu'il voulait, alors il en aura. Arrachant un nouveau grain, elle le garde avec soin entre ses dents, avant de se pencher lentement vers son invité pour lui déposer délicatement entre ses lèvres, sans y toucher.

J’acquiesce d’un léger hochement de tête lorsqu’elle saisit le bol rempli de raisin, impatient qu’elle se mette au travail. Je détaille un instant le visage dont l’expression semble changée, content qu’elle accepte de se prendre ainsi au jeu, et me redresse un peu sur mes coudes lorsqu’elle lance le grain qui rebondit bêtement sur mon front pour aller rouler sur ses draps. Une esquisse de sourire qui se dissipe lorsqu’elle parle de limites et qu’un autre grain finit directement sous son oreiller.

Elle approche, féline, mes yeux ne se décrochent des siens que pour plonger dans la courbure de ses reins. Et lorsqu’elle monte sur moi, je me laisse faire sans trop comprendre ce qu’elle a en tête. Ma respiration se coupe une seconde quand elle s’installe nonchalamment sur mon entrejambe, dans un agréable frottement. C’est bien mieux ainsi que ce que j’avais en tête.

Mes mains coulent sur ses hanches pour les agripper très fermement, la pressant un peu plus contre moi alors qu’elle étire sa gorge pour décrocher les fruits de la grappe. Qu’elle sente bien entre ses cuisses tout l’effet de son petit numéro sur moi. Hors de question qu’elle se foute à poil ? Voilà qui est assez contradictoire - et extrêmement décevant.

Elle se penche sur moi, le tissu de ses vêtements se plaquant avec légèreté sur mon buste. Je prends le raisin qu’elle m’offre entre mes dents, assez proche pour sentir la chaleur de son souffle, et l'éclate de manière à ce que le jus gicle sur ses lèvres - un sourire perfide sur les miennes alors que j’avale le reste.

L’une de mes mains lâche prise pour grimper tout le long de son dos, le bout des doigts redessinant le creux de sa colonne à travers son vêtement, le repoussant sur ses lombaires. J’empoigne ses cheveux et l’amène plus près de moi, de manière à murmurer à son oreille, “T’as oublié que c’est moi qui fixe les règles.” Ce serait facile de la retourner. De forcer mon passage. Mais je suppose qu’il faudra que je me contente de ce jeu aussi absurde qu’excitant. C’est probablement une autre fille qui prendra pour elle quand je n’en pourrai plus de me tenir. Et ce sera de sa faute, à elle.

“Il y a des limites, évidemment.” en prenant soin de répéter ses mots, dans un ton plus dépité que le sien. “Mais si tu continues de me chauffer, je t’assure que je les ferai sauter.” Je relâche sa tignasse pour la laisser s’écarter, récupérant ses jolis yeux clairs. Je prends un grain de raisin entre deux doigts pour lui poser sur les lèvres, légère pression pour qu’il s’y enfonce - si elle se laisse faire. “Si tu veux garder le haut, tu peux enlever le bas. Je veux juste une jolie vue pour mon repas.”

Anastasia se redresse lentement, laissant le jus violacé du fruit dégouliner de ses lèvres où elle y passe avec sensualité et insistance sa langue, sans quitter Lee de ses yeux de biche. Elle ne retient pas un frisson de plaisir secouer son corps lorsque ses doigts grimpent le long de sa colonne, apportant sa main à sa bouche, prête à lécher ses doigts pour insister sur cet instant grossier. Ca serait mentir de dire qu'elle ne prenait pas plaisir dans ce petit jeu malsain, où elle avait enfin l'occasion de faire languir un mec. Evidemment, toute les bonnes choses ont une fin.

Les doigts de Lee, eux, viennent agripper sa chevelure pour la forcer à se pencher à nouveau, pour pouvoir glisser avec facilité sa bouche jusqu'à son oreille. Une grimace glisse sur son visage, sa mâchoire se serre, elle glisse à son tour une main jusqu'à l'emprise de Lee par réflexe. Elle écoute ses mots avec colère, se retient, lâche quelques souffles faussement amusés par le nez. Elle pouvait très bien lui mettre une ou deux tartes, mais ce type c'est clairement le genre à aimer se faire frapper au lit.

Il relâche enfin la pression exercée, et elle peut enfin se redresser, lentement, par crainte qu'il s'amuse à refaire le même geste. Mais il n'en est rien. A la place, il ramène un grain de raisin jusqu'à sa bouche, qu'il essaye de faire entrer en force ; les traits de son visage se plisse, elle a une nouvelle grimace de dégout, avant de se résoudre à ouvrir la bouche sur quelques millimètres seulement. Quel porc. Et encore une fois, aucun son ne franchi la barrière de ses lèvres.

Quittant donc sa place avec mécontentement sans quitter son invité des yeux, Anya se résigne à retirer son haut sans hésitation pour le balancer dans un coin de son wagon, ses mains posées sur ses hanches. Hors de question qu'elle retire le bas. Elle avait sur ses jambes qu'un petit short de sport sans culotte ; ça serait lui faire plaisir. Ok, et maintenant ? Elle craint le pire.

Anastasia se plie enfin à ma volonté, respectant les termes de notre pari, et je me demande ce qu’elle aurait exigé de moi dans le cas improbable où elle aurait gagné le combat. Elle aurait sûrement cherché à me rabaisser. A m’humilier.

Mes yeux suivent les mains qui remontent son débardeur le long de son ventre pâle, sa peau criblée de cicatrices. Mon attention s’attarde tout naturellement sur ses seins et je me pince légèrement les lèvres en en détaillant les courbes, avant de relever le regard vers le sien, sans chercher à dissimuler ma satisfaction. “Brave fille.” Le mépris transparaît volontairement dans ma voix. Je ne suis pas un expert en torture mentale, loin de là, mais j’adore lire l’agacement et le dépit sur les jolis traits de la jeune femme.

Je tends le bras pour attraper un morceau de pain brioché sur son petit plateau et l’amène à mes lèvres tout en la reluquant ouvertement. C’est dommage qu’elle ne veuille pas qu’on s’explore davantage. Et que je sois bien obligé de lui laisser le choix.

Et maintenant ? Je finis ma bouchée et essuie ma bouche d’un revers de bras. “Maintenant un massage.” en l’articulant plus doucement, parce qu’elle n’a apparemment pas percuté la première fois. “J’ai des tensions dans les épaules de t’avoir mis ta raclée hier.” Sa défaite, elle n’est pas prête d’arrêter d’en entendre parler. Il paraît qu’il n’y a pas de gloire à se battre contre une fille, mais en réalité, et même si je n’ai rien contre les victoires faciles, Anastasia sait plutôt bien se défendre. “On s’entraînera ensemble, si ça te dit.” La proposition est sincère, mais peut-être noyée dans tout ce mépris.

Peu importe, au final. Je repousse le plateau d’un geste de la main et me retourne, croisant les bras devant moi pour y poser le visage, légèrement tournée sur le côté. Losange gravé au fer rouge entre mes omoplates, et quelques cicatrices plus fines disséminées ça et là sur ma taille et dans mon dos. Certaines se sont allongées avec ma croissance, leur donnant une forme étrange.

Coupé de la jolie vue, je n’ai heureusement aucun mal à me la représenter derrière moi. “Après ça, je verrai. Si tu t’y prends bien, je serai peut-être conciliant.” Ou peut-être pas. Mais j’espère bien qu’elle ne bâclera pas son travail.

Un soupire rauque s'extirpe du nez de la jeune femme, qui exprime bien le mépris qu'elle peut ressentir à l'égard du gamin étendu sur son lit. Il tend une main, apparemment affamé, et Anya récupère donc le plateau de viennoiserie pour le tendre à son invité pour qu'il choisisse son menu, tout en soutenant ce regard de pervers dégueulasse qu'il laisse glisser sur son corps à moitié nu, heureusement encore couvert par quelques petits tissus. Lui qui ne cache pas son envie de fourrer son membre dans les zones intimes d'Anastasia, ce n'est sûrement pas comme ça qu'il arrivera à ses fins.

Sa bouche se déforme sous sa mâchoire qu'elle contracte dans tout les sens, exprimant bien sa retenu de venir lui coller son poing dans la figure. Un massage. A croire qu'il a préparé son coup des semaines à l'avance ce petit connard. J'ai pas besoin de toi pour m'entraîner. Crache la jeune femme, ni voyant pas là une proposition sincère, mais plutôt une énième remarque pour lui rappeler sa défaite. Elle se retient même d'ailleurs de lui balancer le plateau à la gueule pour exprimer son mécontentement.

Lee le repousse d'ailleurs d'un geste de la main hautain, ce qui approfondi son envie de lui envoyer. Mais l'orpheline se retient, et le dépose sans un mot sur sa table de nuit près du lit - à portée de main de Lee - avant de venir à califourchon sur les fesses du jeune homme, une vue d'ensemble sur les innombrables cicatrices qui peignent son dos. Celle qui l'intrigue le plus est évidemment le losange, mais Anastasia fait taire sa curiosité, roulant des yeux quant à sa dernière remarque. Mais bien-sûr, comme si elle allait le croire.

Face à ce dos nu esquinté, Anya ne savait pas vraiment par où commencer. Elle n'avait jamais fait de massage de sa vie, et n'en avait jamais vue d'ailleurs. Elle fait glisser ses mains d'une façon un peu hasardeuse, dérangée par ces gestes, puisque ça ne glissait pas. Un maigre sourire perfide dans le coin de ses lèvres, Anastasia crache à deux reprises sur le dos de son invité, et reprend immédiatement un visage angélique, l'air de rien, lorsqu'elle croise son regard. Tu comprends.. ça glisse pas. Et au moins de cette manière, c'était plus.. agréable.

Evidemment, au fil des minutes, l'orpheline réussit de moins en moins à contenir sa curiosité. T'as eu ça où ? Demande-t-elle à tout hasard.

“Tu aurais tout à y gagner.” A s’entraîner avec moi. Je pourrais même me montrer à peu près pédagogue pourvu qu’elle ait vraiment envie de travailler. Améliorer nos capacités à nous battre, ce serait bénéfique pour tout le camp - et donc pour moi. Enfin, peut-être changera-t-elle d’avis elle-même. Sinon, tant pis.

Confortablement enfoncé dans la couette, le visage tourné contre mes bras croisés, je guette avec attention les mouvements de la russe. Elle pose les genoux de chaque côté de mes hanches, assise sur mes fesses, et je ne doute pas qu’elle profite à son tour de la vue.

Le contact de ses mains est un peu… aléatoire, mais satisfaisant. Je me fiche bien qu’elle performe un massage efficace, pourvu qu’elle me touche. Je rouvre les yeux en sentant un… liquide perler dans le sillon de mes muscles. “Est-ce que tu viens de me cracher dessus ?” que je demande d’une voix neutre, plus par curiosité qu’autre chose. "Ça t'excite, c’est ça ?” Il n’y a bien que dans ce genre de contexte qu’on fait un tel usage de la salive. Enfin, de mon expérience. Je la laisse faire à son idée, appréciant moi-même les gestes un peu plus fluides de la jeune femme.

Finalement, c’est plutôt agréable en soit. Je ferme les yeux et me laisse bercer par ses gestes, pas loin de m’endormir. Je lève légèrement un sourcil à sa question. “Quoi ? Le losange ?” Vue la position de ses mains, sans doute. Je souffle, un peu las, “Mon père m’a fait ça pour m’endurcir.” A ce jour, j’ignore encore si cela m’a effectivement rendu service ou non. A l’époque, j’étais effectivement un peu trop… faible. Ça a bien changé, maintenant, mais est-ce que ce n’est pas juste l’effet du temps ? “Il s’est fait faire la même chose. Paraît que chaque côté représente une personne de notre famille. Mais je suppose qu’il a surtout fait avec ce qu’il avait sous la main.” Le besoin constant de symbolique m’échappe parfois.

Je souffle et me retourne doucement, les mains innocemment posées sur les cuisses de la jeune femme. “Ne t’arrête pas.” lui fais-je par rapport au massage qu’elle aura tout loisir de poursuivre sur mon buste. Les yeux levés sur les siens, j’ajoute, “Et toi ? T’as une cicatrice dans le dos, aussi.” Je m’en rappelle bien, de la dernière fois qu’on s’est retrouvés à jardiner en plein cagnard. “C’est Jacob ?”