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Regrets and doubts

Dim 3 Oct 2021 - 19:09

Après notre entrevue avec Andrea, Tiago et moi avions fait un crochet au No Man’s Land. Comme convenu avec Allïa quelques mois en arrière, j’avais laissé un mot à son attention sur le tableau des primes. Il était question d’un chien du nom de Max que je recherchais activement. Le message codé me ferait presque sourire en d’autres circonstances, mais j’étais plutôt d’humeur morose. Nous enchaînions les déconvenues, et quelque chose me disait que cette entrevue n’en serait qu’une de plus.

Mais, contre toute attente, Valérian avait accepté de me rencontrer… Seul à seul. La requête formulée par le biais d’Allïa me laissait méfiante. Je n’étais pas certaine de vouloir prendre un tel risque, surtout après tout ce qui s’était déjà passé dernièrement. Nous avions donc convenus ensemble d’un lieu neutre pour cette rencontre. J’avais assuré à Tiago que ça irait, et que nous en reparlerions plus tard. Après tout, je ne savais pas comment contacter Connor autrement que par leur biais, alors… J’étais bien obligée de m’en remettre à Valérian pour la suite. J’avais préféré ne pas mettre Joaquin dans la confidence, laissant Tiago seul détenteur de l’information. S’il m’arrivait malheur, il saurait quoi faire.

Je ne me souvenais plus quand pour la dernière fois j’avais voyagé seule. Des mois, peut-être. Le sentiment d’insécurité n’en était que plus fort encore, mais également celui de liberté. J’avais pris un peu d’avance sur l’horaire donné pour garer ma moto à l’abri des rôdeurs et faire un premier tour des environs. La grande-roue, au centre de Seattle, ne présentait aucun intérêt stratégique. J’étais même surprise qu’elle soit encore en place après toutes ces années. Les vitres des cabines avaient été brisées et sa peinture blanche était désormais maculée de rouille, mais elle se tenait encore fièrement sur les quais, en bord de mer.

J’avais trouvé refuge dans l’ancien restaurant de fruits de mer qui lui faisait face, restant en planque jusqu’à ce que je surprenne un peu de mouvement depuis la fenêtre. Un coup d’œil dans la lunette de mon fusil m’assura que c’était bien celui que j’attendais. Le revoir à nouveau, après tout ce temps, me procurait un sentiment étrange et indéfinissable. C’était encore plus vrai à avoir un an de rations dans ma ligne de mire… Et ne pas appuyer sur la détente. Il me fallut plusieurs longues minutes pour me décider à quitter mon perchoir et aller à sa rencontre.

Je soufflai aussitôt à son adresse : « Tu es seul ? » Je lançai des coups d’œil nerveux aux alentours. J’avais vérifié plusieurs fois que c’était bien le cas, sans pour autant en avoir suffisamment la certitude. Pourtant, s’il avait voulu me tuer, il l’aurait déjà fait depuis longtemps. Je restais à une distance raisonnable, de quoi me laisser l’occasion de fuir si le besoin s’en faisait ressentir. La confiance entre nous deux n’existait plus… Alors pourquoi j’espérais encore quoi que ce soit de lui ? « Allïa a dû te dire l’essentiel : New Eden continue de rechercher activement des informations sur le pillage de Georges. Ils sont passés par nous. » Je marquai un silence, le détaillant longuement, avant de pousser un soupir las. « On ne va pas vous vendre. » Ca m’avait bien traversé l’esprit, alors autant le lui confirmer. « Est-ce qu’une collaboration serait encore possible ? » Je relevai le regard vers lui, pour le fixer enfin. « C’est bien pour ça que tu as décidé de venir ? »
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Re: Regrets and doubts

Mar 19 Oct 2021 - 17:44

Un dôme de nuages surplombait Seattle, ce jour-là, et menaçait d’y déverser le déluge qu’il retenait à grand-peine. Une brise chuintait dans les rues de la cité d’Émeraude. Ses doigts glacés jouaient dans les cheveux noirs du grec tandis qu’il marchait vers la grande roue. Avec une grimace, il ramena sa capuche sur son visage. Les rues étaient a priori désertes dans cette partie de la ville. Pourtant, la prudence était de mise. Les décombres pouvaient cacher bien des dangers et les chasseurs de primes errer n’importe où, comme des loups à l’affût d’une proie.

Après avoir abandonné Carlota à la sortie des souterrains, Valérian effectua le reste du trajet seul. Ses orbes noirs volaient de chaque côté de la rue. Tous les sens en alerte, il ne cessait de jeter des coups d’oeil par-dessus son épaule. Sa main était, par ailleurs, refermée sur la crosse de son arme dans la poche de son blouson. Chaque bruit, chaque mouvement faisait brusquement tressaillir son palpitant. Il se morigénait intérieurement. Pourquoi avait-il accepté ? « C’est idiot. Complètement idiot. » maugréa-t-il dans sa barbe.

Il aurait aimé se draper dans son plus bel orgueil face à Allïa, renifler avec dédain et envoyer Ruby au diable. Il en avait cependant été incapable. Quelque chose le liait étroitement à la jeune femme, et ce depuis des années ; comme de lourdes chaînes dont il ne pouvait pas s’affranchir.

Valérian avait l’impression d’être prisonnier d’une toile inextricable ; d’un écheveau d’émotions dont il était incapable de débrouiller le fil principal. Ce qui l’agaçait profondément.

La mine renfrognée, il s’immobilisa lorsqu’une silhouette apparut dans son champ de vision : une silhouette dont les cheveux blonds, la petite taille et le fusil passé en bandoulière laissaient peu de doute quant à l’identité. Le coeur de Valérian se serra, et la tempête qui martelait ses tempes se dissipa brusquement. Il contempla longuement Ruby. Le grec était en vérité déconcerté. Il avait en effet l’impression de voir un fantôme ; un fantôme dont la vue resserra davantage le noeud de ses entrailles.

Regagnant contenance, il avança finalement à sa rencontre. La jeune femme, dont l’attitude trahissait sa nervosité, l’interrogea aussitôt. Valérian hocha la tête sans la quitter des yeux. Le visage de Ruby était plus émacié que la dernière fois qu’il l’avait vue. Des cernes creusaient son regard et elle semblait prête à prendre la fuite à tout instant, comme un cerf aux abois. « C’est ce qu’Allïa m’a rapporté, oui. » lui confirma-t-il succinctement avant de s’éclaircir la voix. Le grec croisa le regard de la blondinette. Une sensation désagréable glissa alors le long de son échine. « Je sais. » répondit-il en détournant le regard. « Tu ne m’aurais autrement pas convoqué pour m’informer de ton intention. » Elle aurait certes pu lui tendre une embuscade ; mais une telle manoeuvre l’aurait placée en porte-à-faux vis-à-vis des autres groupes du pacte. Valérian n’y croyait pas.

Il accrocha à nouveau les orbes clairs de Ruby. Pourquoi avait-il décidé de venir ? C’était une excellente question. Le grec resta silencieux puis hocha la tête. « Il semblerait, en effet. » Il regarda autour de lui : « peut-être pourrions-nous discuter à l’abri des regards ? Tu es certainement au fait de ma notoriété nouvellement acquise. J’évite à tout prix mes admirateurs, et ce restaurant me semble tout indiqué pour une discussion en tête à tête. Qu’en dis-tu ? »

Valérian sonda alors la jeune femme et sourit placidement. « Sois rassurée : je n’ai pas l’intention de t’empoisonner avec du poisson pas frais. Loin de moi une telle idée. »


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Re: Regrets and doubts

Mar 26 Oct 2021 - 23:58

Quand Valérian s’avança vers moi, il me fallut contenir cette envie irrépressible qui m’incitait à prendre aussitôt mes jambes à mon cou. J’avais la cruelle impression que nous en étions revenus au même point que lorsque j’avais gratté à sa porte, en espérant qu’il veuille bien m’accueillir à la distillerie. Je me retrouvais de nouveau à devoir lui réclamer son aide, alors que nous nous étions entredéchirés aussi fortement qu’après la mort de Warren. Je pouvais toujours fuir, bien entendu… Mais quelque chose finissait toujours par me ramener à lui, irrémédiablement. Nous étions liés tous les deux à une chaîne toujours plus lourde et pesante, que ni lui ni moi ne parvenions à briser.

Je ne le quittais pas du regard quand il s’éclaircit la voix pour me lâcher quelques mots prudents. Je n’avais pas besoin de lui expliquer à nouveau la situation. Allïa lui avait déjà dépeinte, et pourtant… Il était venu. Evidemment, il se doutait que ma démarche n’aurait aucun intérêt si nous avions l’intention de les vendre. Je soufflai doucement : « Je te trouve beaucoup trop calme pour quelqu’un qui a une prime sur la tête qui équivaut à un an de rations. » Je parlais en connaissance de cause. J’avais déjà eu le droit au même traitement que lui, et avec une somme bien moins colossale… De mon expérience ? J’avais complètement paniqué. Je leur avais même cédé, quand ils m’avaient proposé de me réfugier au loin, le temps qu’ils règlent mes affaires. Sans doute qu’à sa place, je n’aurais pas fait un pas vers moi. Valérian était quelqu’un d’intelligent, mais surtout, il avait bon fond. C’était là-dessus que nous nous distinguions le plus. Je n’avais pas des convictions aussi fortes que lui pour dicter ma conduite. Bien souvent, je me contentais uniquement de survivre, ce qui m’empêchait de me projeter plus loin.

J’hochai la tête avec un temps de retard quand il me proposa plutôt de discuter à l’intérieur, à l’abri des regards. « Tu es dans la ligne de mire de n’importe quel sniper actuellement. » Ce n’était pas une menace. Je l’avais constaté par moi-même quand il était arrivé. « Viens. » Je l’invitai prudemment à me suivre à l’intérieur, toujours un peu réfractaire à lui tourner complètement le dos. Le grec tenta de me rassurer en usant de l’humour, ce qui avait un succès mitigé auprès de moi. « Tu perdrais ton temps. C’est plus simple de me tirer dessus maintenant que je n’ai plus la distance comme mesure de sécurité. » Nous avions combattus assez souvent ensemble pour que le chef des exilés sache que si je laissais quelqu’un m’approcher de suffisamment près, c’était que je lui faisais un minimum confiance.

Mes pas crissèrent sur les débris de verre, quand nous montâmes tous deux à l’étage de l’ancien restaurant. La brise était fraiche à travers les vitres brisées. Les tables et chaises renversées renforçaient le sentiment de désolation du lieu. J’en remis une en bon état sur pied, pour m’installer non loin d’une fenêtre, à l’abri des murs de l’enceinte. Mon regard s’attarda un temps dehors pour vérifier que nous n’avions pas été suivis, avant que je revienne finalement à lui. « Comment vont les autres ? » J’aurais sans doute dû commencer par là. Une part de moi craignait qu’il me serve la même réponse prudente qu’Allïa, et me refuse d’en savoir plus. « J’ai appris que vous aviez dû déménager, à cause d’informations qui auraient fuité de The Haven… Mais s’ils ont déposé une prime sur ta tête et celle de Connor, ça doit signifier qu’ils piétinent dans leur enquête. Surtout s’ils en sont réduits à nous demander de l’aide, ou alors… Ils nous testent. Les deux ne sont pas incompatibles. »
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Re: Regrets and doubts

Ven 19 Nov 2021 - 23:53

À la répartie de Ruby, le sourire de Valérian s’élargit. « Oh, détrompe-toi : je suis terrifié. Je comprends pourquoi tu te chiais dessus à l’époque. C’est assez ironique, d’ailleurs, que je me retrouve à présent à ta place, tu ne trouves pas ? » Le grec ressentait un profond malaise en compagnie de la blondinette, et se réfugiait par conséquent derrière un mélange d’impertinence et de désinvolture. D'étranges appréhensions louvoyaient pourtant insidieusement en lui. Pourquoi était-il autant incommodé par la présence de Ruby ? C’était tout à fait absurde.

Il maintint néanmoins un sourire de façade face à la jeune femme. Celle-ci paraissait tressaillir à chacun de ses gestes. Elle braquait dans sa direction un regard alerte et le surveillait avec une attention toute particulière. L’espace d’un instant, Valérian se projeta de longs mois en arrière, lorsqu’il avait pourchassé Ruby hors de la distillerie. Convaincue qu’il voulait la tuer, elle lui avait lancé un regard effrayé où avait miroité toute la cruauté dont il était capable. Le grec avait été profondément déstabilisé par ce face-à-face avec la blondinette ; et cette sensation désagréable persistait aujourd’hui encore, alors qu’il se heurtait à ses craintes silencieuses.

En dépit de sa méfiance, elle accepta de poursuivre cet échange dans le restaurant. « Mmh. » opina silencieusement le grec en lui emboîtant le pas après avoir jeté un regard par-dessus son épaule. Dans le sillage de Ruby se répandait une traînée électrique, nerveuse. « Je vois. » commenta-t-il distraitement en franchissant la porte du restaurant. « Quel dommage. C’est une stratégie mûrement réfléchie qui tombe à l’eau. » Ses semelles crissèrent sur le verre brisé. Il grimpa les marches à la suite de la jeune femme, et embrassa d’un vaste regard l’étage tandis que Ruby se pelotonnait à l’abri des murs. Le grec sourcilla à la vue de cadavres de rats dans un coin de la pièce. « Charmant. »

Il s’adossa alors contre un mur et croisa les bras. Valérian se figea ensuite à la question de la jeune femme et la contempla un instant sans mot dire. Il s’humecta enfin les lèvres et répondit posément : « nous sommes tous en vie et libres. Ce qui, compte tenu de la situation, est presque inespéré. Des primes ont également été posées sur les têtes d’Emilie et d’Allïa ; et c’est probablement une question de temps avant que l’intégralité des Exilés n’ait son portrait placardé au No man’s land. (il croisa le regard de la blondinette et consentit enfin à ajouter) ... mais, outre ces désagréments, tout le monde va bien. »  

Son regard, indéchiffrable, se posa longuement sur Ruby. « Et vous ? » demanda-t-il finalement d’un ton brusque. « J’ai eu vent de votre altercation avec les Inglorious Fuckers. Elena Hortos est une amie. Elle m’a fait part des circonstances de votre... entrevue. Il semblerait que ses démons ne cessent de rattraper Joaquin. » La voix du grec était égale, détachée.

Il se détourna de la jeune femme et reprit : « du reste, je doute que New Eden vous teste. S’ils avaient le moindre soupçon à votre sujet, ils vous auraient simplement capturés, puis torturés. Ce petit manège ne leur ressemble pas. S’ils ont fait appel à vous, c'est probablement parce qu’ils préfèrent que la plèbe de Seattle fasse le sale boulot à leur place. »
 
Valérian secoua imperceptiblement la tête et sortit son paquet de cigarettes de la poche de son blouson. « Tôt ou tard, les noms des responsables tomberont. » Il lança à nouveau un regard étrange à Ruby. « Vous jouez à un jeu dangereux, toi et Joaquin. Pourquoi prendre autant de risques ? Pourquoi ne pas disparaître tant que vous en avez encore l’opportunité ? »


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Re: Regrets and doubts

Sam 20 Nov 2021 - 12:12

Ironique, en quoi ? Je lui lançai un regard de biais, sans bien arriver à le suivre. « Ce n’est en rien comparable. Une prime ne peut se résoudre que de deux façons : Par la mort du visé ou de l’employeur. Dans ton cas, tu es face à un colosse invincible. Ce n’est qu’une question de temps pour que ton sort ne soit scellé. » J’aurais certainement dû me satisfaire qu’il éprouve les mêmes tourments que moi à l’époque, mais toute trace de colère s’était envolée à sa simple vue. Le fait que Valérian soit venu était une marque de confiance, que je ne parvenais toujours pas à comprendre. Et la désinvolture dont il faisait preuve brouillait encore davantage les pistes. S’il était terrifié, il avait bien moins de peine que moi à dissimuler ce sentiment. « J’aurais cherché à quitter l’état, à ta place. » Pour être parfaitement honnête, je ne les aurais pas accompagné sur cette voie. Dès que les choses seraient devenues trop dangereuses, j’aurais certainement pris le large, malgré toute l’affection que je pouvais avoir pour eux à l’époque. Mais Valérian était différent, il ne reculait pas face à l’adversité. Un jour, il allait finir par se brûler les ailes. J’aurais pu le condamner plus vite. Ca aurait été presque faire preuve de miséricorde… Mais même si ses mots de colère me revenaient encore à l’esprit, quand il nous avait mis dehors, ils ne parvenaient pas complètement à occulter ce qu’il avait pu faire pour moi par le passé. Si cette prime n’était plus sur ma tête, c’était en grande partie grâce à lui.

Réfugiée sur ma chaise à l’étage, je lançai des regards inquiets au dehors, tout en vérifiant quelques fois que Valérian n’avait pas lui-même bougé. Mes deux mains enserrèrent doucement mon fusil, dont le contact métallique parvenait toujours à me rassurer. Je restais l’épaule calée contre le mur, à observer le lointain, pendant que Valérian tentait de faire un peu d’humour pour détendre l’atmosphère encore tendue. « Je n’ai pas compris l’intérêt de tuer ces rats sans les manger. Sans doute parce qu’ils sont chargés de maladie. » Ma vision pragmatique se heurtait à ses traits d’esprit avec force, comme marquant le fossé qui  s’était formé entre nous.

Je relevai le regard vers lui quand il m’assura que tout le monde allait bien, et qu’ils étaient toujours libres. Un mince sourire vint se graver sur mes lèvres. « Tant mieux. » J’hochai lentement la tête quand il m’informa que d’autres primes avaient été placardées. « J’ai remarqué, oui. » Je ne connaissais pratiquement pas Emilie, mais je m’en faisais pour Allïa, surtout avec son enfant nouvellement né. C’était déjà difficile de garder un nourrisson en vie par les temps qui courraient, alors avec une prime sur la tête ? « Si, à un moment, vous avez besoin d’un refuge… Nous en avons un peu partout. Il y aura toujours moyen de vous cacher. » Je soufflai doucement : « Je sais que vous avez déménagé, et que vous pouvez compter sur vos alliés… Mais ce qui fait notre force, c’est notre discrétion. On sait se montrer insaisissable. » New Eden pouvait bien détruire l’un de nos refuges, nous étions constamment en mouvement. Nous n’aurions qu’à nous rendre au suivant, encaissant juste un contretemps. Même s’ils mettaient la main sur l’un d’entre nous qui avouait tout, les autres réussiraient toujours à fuir. Nous avions mis en place ce système qui était une nécessité absolue pour exercer notre activité. Nous en savions trop pour prendre le moindre risque.

« Salem et Joaquin vont bien, jusqu’à preuve du contraire. Nous sommes toujours en mouvement, difficile à dire qui reviendra ou non à chaque mission mais… Pour le moment, on s’en sort bien. On a remonté la pente, après l’hiver. » Je le fixai longuement, alors qu’il devait comprendre à quoi je faisais allusion. Ca n’avait pas été évident les premiers temps, quand il nous avait mis à la porte. Il neigeait tellement que le troc avait été gelé au No Man’s Land, et nous étions repartis avec le minimum syndical. « Nous avons scellé bon nombre d’accords. The Haven, les Remnants… En plus de quelques communautés à Seattle et à Olympia, notamment. »

Une légère moue vint déformer mes traits quand Valérian mentionna notre altercation avec les Inglorious Fuckers. Ce nom me paraissait toujours un choix très curieux. « Il s’agit de la même Elena que tu recherchais, deux ans en arrière, j’imagine. Elle a réussi à s’extraire des griffes de New Eden ? C’est… Surprenant. » Je l’avais aidé dans cette enquête à l’époque. Je faisais seulement le lien maintenant qu’il m’en parlait. « Ils ont eu des démêlés plus récentes avec les Sinners, qui sont toujours en action. La vue de Joaquin a fait remonter des souvenirs d’une époque que nous croyons révolue. Nous n’en avions apparemment pas fini avec eux. Tu as eu d’autres informations sur eux depuis ? » Je le fixai plus longuement. Une autre question me taraudait. « Les Inglorious Fuckers ont voulu nous menacer, puis nous faire chanter, en nous faisant croire qu’ils allaient ruiner notre réputation auprès des autres factions. C’est pour cette raison qu’elle était venue t’en parler ? » Je ne pensais pas un seul instant que Valérian se serait laissé endormir, ni même Connor, Billie ou Oxana. Nous n’étions pas de parfaits inconnus pour eux, d’autant plus que nous avions participés à la ratification du pacte entre les factions à l’époque, pour le compte des exilés.

Je secouai négativement la tête, comme pour balayer cette question. Ca n’avait pas d’importance au fond. « Nous avons décidé de reprendre l’enquête, même si… » Mes mains se crispèrent un peu sur mon fusil, lui lançant un regard plus incertain. « Ca me fait peur, vraiment. Mais nous devons y mettre un point final, pour enfin pouvoir tourner la page. » Je n’avais pas envie de me replonger dans cette époque sombre. Je craignais encore ce qu’il pouvait me faire. Croiser Elena et les siens avait fait remonter à la surface ce que j’aurais préféré oublier.

Et comme si ça ne suffisait pas, nous avions aussi New Eden qui nous pressait de trouver des réponses pour eux. Je me sentais prise entre deux feux. Le plus ironique, là-dedans ? Comme à chaque fois que ça m’arrivait, je me retrouvais à lui demander de l’aide. Je n’avais pas changé autant que j’aurais voulu le croire. J’étais restée la même gamine terrifiée qu’il avait accueillie à sa distillerie, deux ans plus tôt. Il m’avait seulement forcé à prendre davantage les choses en main, en me chassant de chez lui. « Rien ne nous dit que New Eden ne le fera pas. Si les réponses que nous leur apportons ne leur conviennent pas, ils risquent fortement de nous tendre un piège pour nous faire cracher le morceau. Seulement l’un d’entre nous est mouillé là-dedans, mais il n’est pas question que nous l’abandonnions à son sort, ni que nous leur tournions le dos. Nous avons une chance d’en apprendre plus sur eux, sur leurs prochains mouvements et… De créer de la désinformation, si nous faisons preuve d’assez de subtilités. Ce n’est pas sans risque, mais nous avons déjà pu apprendre qu’ils piétinaient dans leur enquête sur Georges. » C’était plutôt bon signe, pour nous comme pour eux. « Les noms des responsables sont déjà tombés. » Leur attention était concentrée sur Valérian et Connor, qui étaient les principaux instigateurs. The Haven parvenait encore à jouer les équilibristes mais… Pour combien de temps ?

J’ancrai mon regard en le sien, à sa dernière question. J’étais persuadée qu’il connaissait déjà nos raisons d’agir ainsi, même s’il ne voulait peut-être pas encore l’entendre. « Quand tu nous as mis dehors, Val’… Ca a été dur, vraiment très dur. Après ça, nous aurions pu simplement jeter l’éponge et partir mais… Nous avons décidé de rester ensemble pour fiabiliser davantage les informations collectées, pour qu’un tel échec ne se reproduise plus. La mort de Markus… » Ma voix se brisa un peu sous le coup de l’émotion, sans que je puisse le réprimer. Même après tout ce temps, la douleur était encore bien présente. Je pris quelques longues inspirations, avant de reprendre : « Ca aurait pu être évité, si nous avions pu vous prévenir à temps, si nous avions été sûrs de nos informations. J’en suis consciente. Alors… J’espère encore que nous pourrons nous éviter le pire. »
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Re: Regrets and doubts

Jeu 9 Déc 2021 - 14:56

Une moue agacée froissa les lèvres de Valérian à la répartie de Ruby qui se bornait à lui exposer sa vision pragmatique des choses. « Merci pour cet exposé très instructif. J’imagine qu’il ne me reste plus qu’à trouver une corde suffisamment solide et à sceller mon sort par mes propres moyens. » persifla-t-il en secouant la tête. Il ne précisa pas sa pensée auprès de la jeune femme. L’aveu qu’il avait formulé à demi-mot lui avait en effet donné l’impression de lui brûler la langue et de retourner quelque chose de désagréable dans ses entrailles. Le grec se mura par conséquent dans un silence maussade et lança un regard de biais à Ruby lorsqu’elle reprit la parole. « Je n’ai pas le luxe de prendre la fuite. » rétorqua-t-il brusquement. Il tut bien évidemment à la jeune femme la vérité : le fait qu’un mélange de colère et de culpabilité l’enchainait étroitement à cette lutte disproportionnée et l’empêchait de s’en détourner.

Escortés par un silence électrique, ils grimpèrent à l’étage du restaurant où Valérian s’installa contre un mur à l’opposé de Ruby. À intervalles réguliers, ils se jetèrent des coups d'oeil curieux, faisant mine de s’intéresser à leur environnement chaque fois qu'ils surprenaient le regard de l’autre. Le grec se contenta de hausser les épaules d’un air égal à la remarque de Ruby au sujet des rats.

Pour une raison qui lui échappait, il avait besoin de se réfugier derrière cette façade indifférente, presque hautaine, en compagnie de la jeune femme ; par crainte probablement qu’elle ne discerne autrement les doutes qui le rongeaient. Ruby le prit toutefois au dépourvu lorsqu’elle s’enquit du reste des Exilés et le grec darda vers elle un regard surpris. Elle acheva de le désarçonner en lui proposant son aide. Valérian la dévisagea un instant puis se renfrogna. « Vous nous aideriez ? Pourquoi feriez-vous une chose pareille ? » l’interrogea-t-il d’un ton acerbe. En plus de le déstabiliser, le comportement de la jeune femme éveillait chez lui un inexplicable malaise. « Je ne comprends pas. »

Ces mots lui avaient échappé et le grec les regretta aussitôt. Il s’empressa toutefois de dissimuler son trouble derrière un masque revêche et se détourna brusquement de Ruby. Il accrocha à nouveau ses orbes bleus lorsqu’elle lui parla des siens et de ce qu’ils avaient accompli ensemble. On a remonté la pente après l’hiver, disait-elle et le grec soutint son regard sans qu’une quelconque émotion ne fracture l’obsidienne de ses yeux. « Je vois. » commenta-t-il simplement.

Les traits de son visage se détendirent subrepticement à la mention d'Elena. « C’est elle, oui. Quelqu’un l’a aidée à s’échapper de George où elle était retenue prisonnière. Nous ignorons l’identité de son bienfaiteur, mais sa fuite était… inespérée, en effet. » La voix de Valérian s’enroua sur ces mots. Combien de temps avait-il cherché la grecque en redoutant qu’elle ne subisse entre les mains de ses bourreaux les pires supplices imaginables ? Il s’était effrité la raison à cette période-là, oscillant entre des angoisses vertigineuses et une violente colère à l’égard de New Eden. Une colère qui n’avait depuis pas perdu en intensité. « Elle m’a raconté ce qui est arrivé à ses amies. J’ai moi-même accueilli deux femmes victimes de ces salopards au sein des Exilés. Si ce groupe d’esclavagistes semble d’envergure, il est toutefois difficile de remonter sa piste. Je ne sais rien à leur sujet, hormis qu’ils vendent une partie de leurs prisonniers à la frontière du Canada. Mais dans quel but ? Je l’ignore. »

Il soutint le regard de la blondinette qui l’interrogeait quant aux motivations d’Elena. Valérian plissa alors les yeux et la scruta avec attention. « J’ai été mis au fait des crimes de Joaquin contre une certaine Tori. D’après les… Inglorious Fuckers, il l’aurait tabassée, puis aurait tenté de la violer. Elle aurait échappé de justesse à ses agresseurs, contrairement à son amie. » Il se frotta le menton puis soupira. Pour une raison qu’il ignorait, cette histoire lui inspirait une profonde lassitude. « Je savais d’où venait Joaquin quand je l’ai accueilli à la distillerie. Il serait donc hypocrite de ma part de prétendre être surpris par ce récit. Nous nous doutions de ce qu’il avait pu commettre en compagnie de ces salopards… cela dit je… je ne l’aurais pas cru capable de viol. » C’était peut-être là ce qui l’accablait tant dans cette histoire. Une part de lui refusait en effet de croire l’hispanique capable d’une chose pareille. Le grec leva les yeux vers Ruby. « Elena n’a rien exigé de ma part. La décision de reprendre ou non contact avec vous me revenait entièrement. »

La jeune femme s’agita alors nerveusement. Dans son regard, miroita une myriade de doutes. Peut-être même de la peur. Valérian la contempla silencieusement, un pli indéchiffrable entre les sourcils, puis hocha la tête. « Joaquin est peut-être un homme différent aujourd’hui, mais il lui revient effectivement de réparer les torts qu’il a autrefois causés. Cela dit… » il hésita un instant, et se pinça les lèvres. « Vous allez au-devant d’un grand danger. Quelqu’un vous épaule-t-il dans ces recherches ? Comment comptez-vous procéder ? » Pourquoi répugnait-il tant à ce qu’elle et les siens se lancent à la poursuite de ces monstres ? Cette perspective nouait quelque chose d’indéfinissable dans ses entrailles. Au fond de lui, le grec réalisa par ailleurs qu’un changement s’opérait chez Ruby : elle aurait autrefois systématiquement pris la fuite face à une menace de cette envergure ; et pourtant, elle affrontait aujourd'hui ses pires craintes pour assurer la pérennité de son groupe.

Valérian alluma sa cigarette dans un geste détaché et tira profondément dessus. Il expira par les narines des volutes de fumée et dévisagea pensivement la jeune femme. « En effet. » Un piège s’était de toute évidence inextricablement refermé sur Ruby et les siens. « En accédant à leur requête, vous risqueriez de subir les représailles des groupes de Seattle. Mais si vos informations n’étaient pas à la hauteur de leurs attentes, New Eden vous soupçonnerait de pendre notre parti. Quelle que soit l’alternative que vous choisissez, vous êtes dans une impasse. »  

Il lui lança ensuite un regard perçant. « Pas tous non. » Ruby, Joaquin et Salem jouaient aux équilibristes : ils prenaient des risques démesurés quand il aurait été infiniment plus simple pour eux de prendre la fuite ; et de disparaître tant qu’ils en avaient encore l’opportunité. Pourquoi se mêlaient-ils de cette guerre dont ils n’avaient pas voulu ?

La réponse de la jeune femme le défit soudain de son armure dédaigneuse. Il la contempla longuement, incrédule, tandis qu’un silence étrange s’installait entre eux. Sa cigarette se consuma au bout de ses doigts et Valérian secoua finalement la tête, atterré. « Vous faites ça en partie pour nous ? » répéta-t-il. « Ruby… »                    

Le grec contracta alors les mâchoires et serra les poings. « Nous portons tous une part de cette responsabilité. Tu n’as pas à assumer seule le poids de sa mort ; ni à prendre autant de risques pour faire amende honorable. Toi, Joaquin et Salem devriez être loin à l’heure actuelle, pas entre les pattes de New Eden ! » Ses propos étaient ponctués d’une certaine virulence et il balaya l’air d'un geste désemparé. « Vous auriez dû fuir tant que vous le pouviez ! Qu'avez-vous fait ?! »


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Valérian Zacharias
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Re: Regrets and doubts

Lun 27 Déc 2021 - 18:00

Là où je faisais preuve d’un pragmatisme froid et détaché, Valérian m’opposait en retour une attitude bien plus désinvolte et sarcastique. J’avais l’impression qu’il se réfugiait derrière ce masque pour ne pas avoir à me révéler ses véritables sentiments sur la situation actuelle. Est-ce qu’il avait toujours agi ainsi, avec les inconnus ? Peut-être bien. J’en étais une désormais à ses yeux, non ?

Ma main enserra lentement le canon de mon fusil, comme à chaque fois que je cherchais un peu d’assurance. J’aurais dû enterrer comme lui cette amitié forgée dans les épreuves que nous avions traversées ensemble. Je l’avais fait, en vérité. En tout cas, je m’en étais persuadée, en m’accrochant à cette amertume qui m’avait permise d’avancer. Sauf que les S.T.A.R.S étaient nés de cette volonté farouche de ne pas reproduire les erreurs passées. Je n’étais pas venue chercher son pardon pour autant. C’était une étrange nécessité qui nous avait provoqué ces retrouvailles.

Valérian paraissait surpris que nous soyons prêts à les aider en retour, après qu’il nous a mis dehors. Je le dévisageai un temps, alors qu’il me répondit avec une agressivité qui cachait autre chose… De l’incompréhension. Je soufflai doucement en réponse : « En souvenir du passé. » Je ne voyais pas quoi lui répondre de plus.

Il détourna soudainement le regard, comme s’il en avait laissé trop entrevoir. Le masque se fissurait peu à peu. Il s’était sans doute blindé en prévision de cette entrevue. Valérian s’était peut-être attendu à recevoir une déferlante de colère et de mépris, mais il n’en était rien. Le récit de nos mésaventures ne lui arracha que peu d’émotions. L’instant était passé, envolé.

Je me concentrai sur les informations précieuses qu’il était prêt à me livrer sans détour. J’hochai lentement la tête quand il me confirma l’identité d’Elena. Si j’avais su qu’il s’agissait de la même personne… J’aurais pu me renseigner auprès de lui au préalable. Tout aurait pu être différent. Nous avions tout à gagner à resserrer nos liens avec les autres factions de Seattle. Les grands groupes ne faisaient pas tout. Ils n’avaient pas le même sens des priorités que nous. Ils nous mettaient à l’abri du besoin, mais l’entraide n’était pas de mise avec eux. « Tu as dû être soulagé de la voir en vie. Echapper aux griffes de New Eden… C’était effectivement inespéré. » Ainsi, Valérian comptait aussi parmi ses effectifs des femmes qui avaient fini entre les mains des Sinners ? « On dirait que leur réseau est bien plus étendu que nous le croyons. C’est… Effrayant, en vérité. » Dans quelle guerre comptions-nous nous lancer exactement ? « C’est déjà une piste en soi. Si nous glanons d’autres informations, et si elles t’intéressent, nous pourrons vous les échanger également. » Tout se monnayait, surtout étant donné les risques que nous allions prendre pour en savoir plus.

Mes lèvres se plissèrent, dans une légère grimace contrite, quand Valérian me rapporta ce qu’Elena avait pu leur dire concernant Joaquin. Une ombra passa dans mon regard. Je ne savais moi-même pas quoi en penser. Je savais également ce que Joaquin avait dû faire par le passé, mais j’avais l’impression que nous parlions de quelqu’un d’autres que de celui qui partageait ma vie. « J’ai longtemps craint ce que Joaquin pouvait me faire, surtout quand j’étais la plus vulnérable… Mais il ne m’a jamais rien demandé que je ne sois pas prête à lui offrir. J’ai du mal à l’imaginer faire des choses pareilles… Mais je sais également qu’il est facile de se mentir à soi-même pour se contenter de rentrer dans le rang. » Combien de fois avais-je accepté de coucher avec un homme, uniquement pour m’acheter un peu de sécurité ? Il m’avait fallu du temps pour être capable de me passer de cette protection. Ca avait été difficile, mais je ne voulais plus jamais revivre ça.

Valérian faisait preuve d’une objectivité appréciable, étant donné notre passif mutuel. Et, contrairement à leurs dires, les Inglorious Fuckers n’avaient pas cherché à jeter de l’huile sur le feu auprès des autres factions de Seattle. Elena me paraissait bien plus intègre qu’elle ne me l’avait laissée entrevoir. Je relevai la tête vers Valérian, confiante sur la suite. « Joaquin aurait effectivement à cœur de racheter ses erreurs passées. »

J’étais surprise qu’il s’enquiert de comment nous comptions nous y prendre, et si nous recevions de l’aide dans nos recherches. Je le fixai longuement, sans bien savoir comment réagir. « Non, personne ne va nous aider. Nous devons prouver notre bonne foi auprès d’Elena et des siens, alors… Nous reviendrons les trouver quand nous aurons un début de piste. De par le passif de Joaquin, nous avons quelques idées des endroits que nous pourrions visiter en premier lieu pour obtenir des indices. Tu les connais déjà. » Je ne lui révélais rien en soi. Valérian aurait fait les mêmes déductions que moi, avec les mêmes informations en main. Bien sûr, mon estomac se nouait rien qu’à l’idée de retourner là-bas mais… Il le fallait.

C’était maintenant à lui de souligner à quel point nous étions également dans une impasse, en ce qui concernait New Eden. Je lâchai un souffle ironique, en levant les yeux au ciel. « Alors nous voilà deux dans ce cas-là. » Que voulait-il que je lui dise d’autres ?

J’aurais voulu conserver cette attitude détachée, mais c’était bien plus difficile quand le grec m’interrogea quant à nos motivations profondes. Et face à cette tristesse mal dissimulée, il réagissait avec un élan de colère qui me figea sur place. Pourquoi réagissait-il ainsi ? Je ne parvenais pas à comprendre ce qui lui prenait subitement. Ma voix peinait à cacher l’émotion qui m’étreignait en retour. « Tu nous as mis dehors… En rejetant toute la faute sur nous. Mais à quoi tu t’attendais au juste ? Markus était mon ami. » Mon regard s’embua subitement. Je me relevai soudainement de ma chaise pour avaler la distance qui nous séparait et me planter devant lui. Les paroles fusèrent, avec autant de véhémence qu’il en faisait preuve. « J’ai fait ce que je pensais être juste, pour une fois ! Ce n’est pas tout le temps ce que tu fais, sans penser aux conséquences ?! »
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