Octobre 2021

-Fin d’après-midi-

Felix est assis sur un tabouret au bar avec sa veste de costume bleue marine, son t-shirt blanc et son pantalon chino bleu. il fixe la photo de sa sœur qu’il a dans la main. << Si seulement tu étais ici, avec moi … On aurait pu parler de notre enfance … Tu aurais pu me raconter ce que tu as fait pendant tout ce temps, j’aurais fait la même chose. On serait allé à un concert tous les deux, on aurait aussi parlé des bons moments du passé … Tu me manques, Evelyn >> Dit-il à voix basse. Le barman se dirige vers Felix

<< Excusez-moi, vous allez bien ? Je vous ai entendu parler tout seul ? Ce n’est pas très courant ici. >> Dit-il surpris << Ouais, c’est juste que … Je n’ai pas revu ma sœur depuis un bail et … Elle me manque … Je ne sais pas ce qu’elle est devenue >> Felix montre la photo au barman << C’est elle, elle fêtait ses 14 ans … >> Répond-il d’un air triste. << Oh je vois, j’avais une petite sœur à l’époque … Elle est morte d’un cancer … Vous avez de la chance, enfin si elle est en vie … >> Affirme-t-il. Felix met la photo dans sa poche droite.

<< Ouais, vous avez raison. Elle doit être heureuse là où elle est maintenant, j’espère. >> Dit-il franchement. << Vous voulez boire quoi ? >> Demande le barman à Felix. << Hum … >> Felix réfléchit quelques instants, il a du mal à se décider << J’ai un paquet de cigarette Lucky Strike … Ça suffira pour deux verres de whiskey ? >> Demande t-il au barman << Oui, c’est largement suffisant >> Felix tend au barman le paquet de cigarette, le barman le prend ensuite et dit : << Je vous prépare ça tout de suite >> << Merci, j’ai bien besoin de whiskey pour me détendre >> Le barman pose deux verres sur le meuble et verse du whiskey dans chaque verre.

<< Voilà, tout est là >> Felix prend un verre de whiskey dans sa main et commence à boire une mince quantité du contenu, puis il repose le verre. Le garçon note ensuite ce qu’il a fait dans la journée sur une feuille blanche : Deux heures de course intense, De la recherche de provisions dans les coins abandonnés de Seattle, du rangement dans la maison dans laquelle il vit, il a échangé au No Man’s Land des balles qu’il a trouvée dans une armurerie contre une gameboy avec une dizaine de jeux et cinq barres chocolatées et il a trouvé des livres de Stephen King dans une librairie. Il range la feuille dans son sac et il boit à nouveau une mince quantité de whiskey. << C’est vraiment calme par ici, aujourd’hui >>

J'écrase le cadavre du joint dans le cendrier qui déborde et laisse la fenêtre de notre chambre ouverte un moment encore. Ça n'empêche pas la fumée d'imprégner chacun des murs, on fume, de toute manière, beaucoup trop pour laisser à l'air l'opportunité de se renouveler. Entre Curtis et moi … j'ose à peine imaginer l'état de nos poumons. J'ai jamais fumé autant de ma vie, que ce soit de clopes, ou de beuh.

Alors je suis un peu défoncé, mais c'est mon état habituel depuis quelques longues semaines. Enfilant rapidement un large sweat noir et mes Doc, j'attrape mon khôl noir pour m'en mettre grossièrement autour des yeux. Ce soir, je joue, et ce sera bien ma seule activité productive de la journée.

Je traverse d'un pas nonchalant et un peu dansant l'Orb, pour sortir, laissant l'air frais me fouetter le visage, et rejoindre tranquillement la Cage. Ce trajet, je le connais par cœur, je le fais tous les jours, parfois plusieurs fois. C'est ma routine, un peu triste peut-être, mais qui me convient. Ça faisait quand même des années que je n'avais pas eu autant de libertés. Le reste du monde me fait trop peur, de toute façon.

La Cage est peu remplie à cette heure-ci. Avant d'entrer, je jette mon cadavre de clope au loin, gardant la fumée en moi le temps de passer les portes et de la souffler lentement par le nez. Je salue quelques têtes au passage et reconnais une silhouette, de dos, au niveau du bar.

Un sourire étire mes lèvres. J'envoie mon poing contre son épaule, sans grande douceur, avant d'ouvrir la bouche avec ma -non- discrétion habituelle :

HEY FELIX ! C'est Felix ! Reprends tes trucs, là, je lui offre !

J'agite ma main devant Vaughn pour qu'il lui rende les affaires qu'il a troqué, ce qu'il fait après avoir levé les yeux au ciel.

Tu dois en avoir besoin, quand même, c'est quoi ? Ah ouais des clopes ! On pourra le fumer après, que ça nous serve à nous hé !

Un rire m'échappe, je demande un verre de rhum. Vaughn tire la gueule, comme d'habitude, mais je l'ignore, posant mes fesses sur le tabouret haut et me tournant vers Felix. Je le connais pas de fou, on a fait quelques soirées ensemble. C'est après un concert qu'il était venu me voir. Un jeune, de mon âge, avec une belle gueule comme la sienne … autant dire que j'ai saisi la perche et on a fait connaissance. Jusqu'à présent, on a surtout eu l'opportunité de se poutrer la gueule et de danser ensemble. Ça fait presque bizarre de le voir ici, à un moment aussi calme.

Mon verre en main, je le lève devant moi pour trinquer avec lui, avant d'en descendre une gorgée comme s'il s'agissait d'un soda.

Alors, quoi d'neuf guapo ? Qu'est-ce qui t'amène ici, aussi tôt ? J'pensais pas que tu reviendrais avant un moment !

Felix reste avec son verre à la main pensif, il est moins pessimiste qu’avant concernant l’avenir. Sa découverte de Seattle l’a fait un peu changer d’avis sur certains points. Il ne pensait pas retrouver cette petite lueur d’espoir, qu’il avait perdue il y a fort longtemps. Du début de l’apocalypse à maintenant, il a pu rencontrer des survivants par-ci par là qu’il a aimé, mais surtout perdu au fil du temps. Ses rencontres l’ont plus ou moins changés, l’ont fait réfléchir à pas mal de différentes choses.


Nous naissons, nous grandissons … Nous évoluons, nous vieillissons et nous mourons. C’est le cycle de la vie, mais actuellement nous pouvons mourir à tout moment. La vie est pleine d’obstacles, il faut se relever à chaque fois que nous tombons, il faut continuer d’avancer pour exister.
Un coup de poing sur son l’épaule le faire sortir de ses pensées, surpris il pose son verre et se retourne en fronçant les sourcils. << HEY FELIX >> Il reconnaît le visage de Daniel et sourit instantanément. C’est un bon gars avec qui il a passé de bonnes soirées, en buvant de l’alcool. Felix ne pensait pas le voir, en fin d’après-midi. Il l’a rencontré à la fin de son concert Felix était venu le voir pour discuter avec lui.


<< C’est Felix ! Reprends tes trucs, là, je lui offre ! >> Dit Daniel au Barman en agitant la main, le barman lui rend le paquet de cigarette et lève les yeux au ciel. Felix dit poliment avec un sourire à Daniel << Merci, mec ! Tu régales. >>  << Tu dois en avoir besoin, quand même, c’est quoi ? Ah ouais des clopes ! On pourra le fumer, après que ça nous serve à nous hé ! >>   Il rit soudainement puis demande un verre de rhum. Le barman fait la tronche ce qui fait presque rire Felix, le garçon est souvent sérieux mais en cette fin d’après-midi il est plus détendu.


Daniel s’assied sur un tabouret juste à côté de Felix. Felix reprend son verre dans sa main, Daniel le lève et Felix fait pareil puis tous les deux trinquent. Felix boit ensuite tout le contenu du verre, dont il avait bu une mince quantité peu de temps avant.
<< Alors quoi d’neuf guapo ? Qu’est-ce qui t’amène ici, aussi tôt ? J’pensais pas que tu reviendrais avant un moment ! >>


Felix pose une fois de plus son verre et répond à Daniel. << Ben … Aujourd'hui J’ai terminé toutes les petites choses à faire que j’ai listé sur une feuille. J’ai commencé par faire deux heures de courses intenses en pleine forêt ce matin. Rien de bien fou mais, c’était très plaisant. Je suis allé faire un petit tour dans les coins non habités de la ville pour voir si je pouvais trouver quelques trucs intéressants. J’ai fait du rangement dans ma maison, c’était vraiment nécessaire. Je suis allé faire un petit échange au No Man’s Land … Genre j’ai trouvé des balles dans une armurerie que j’ai échangée contre une gameboy avec plus d’une dizaine de jeux et aussi cinq barre chocolatées. Je suis un vrai geek, depuis toujours >> Dit-il en souriant.


<< Et j’ai trouvé des livres de Stephen King dans une librairie, c’est la routine quoi. Je suis venu ici pour me changer les idées ... Je pensais pas te voir ici non plus. Et toi t’as fait quoi ces derniers temps ? Au fait, je ne fume pas. J’ai ce paquet de cigarette depuis un bail et je comptais l’offrir à un fumeur … Donc c’est parfait.  >>

Felix a un sourire tendre qui le caractérise, je l'ai constaté dès qu'on s'est rencontré. Un sourire qui plisse ses yeux et creuse ses fossettes, qui illumine de chaleur quiconque le regarde à ce moment-là. J'en fais parti, en cœur d'artichaud que je peux être, il ne me faut pas grand chose pour que je sois séduit.

Il m'explique son quotidien, que j'écoute avec toute l'attention dont je suis capable. Les jambes croisées, le verre levé à hauteur de mes lèvres, je le sonde du regard. J'dois ressembler à une daronne qui écoute sa copine raconter sa vie, dans cette position.
Mes lèvres s'étirent dans une moue impressionnée alors qu'il me fait comprendre qu'il a des journées bien remplies pour un solitaire. Ouais, ça m'impressionne toujours. Dehors, seul, je saurais pas quoi faire, et à coup sûr que je me laisserais mourir dans un coin, trop effrayé pour tenter quoique ce soit. Parce qu'il m'arrive des merdes dès que je mets un pied dehors. À croire que le karma a décidé qu'il allait faire de moi son souffre-douleur.

Je descends quelques gorgées de ma boisson, fais claquer involontairement le cul du verre sur le comptoir. J'ignore le regard accusateur de Vaughn qui m'aurait fait nettoyé ma merde si je l'avais pété et me concentre sur Felix.

Putain tu t'arrêtes jamais … t'es tout seul pour faire tout ça, en plus, non ? T'as pas … t'as pas peur ? Il t'arrive jamais rien ?

Un petit rire m'échappe quand il avoue qu'il n'aurait pas imaginé me voir ici. J'écarte les bras pour englober le lieu.

Ici, c'est chez moi hermano ! C'est à la fois mon lieu de travail, et ma maison. Bien sûr que y'a une chance sur deux pour que j'sois là !

Il m'avoue ne pas fumer. Ça m'arrange, ça. Je jette un regard au barman qui n'a pas l'air d'avoir entendu. Tant mieux. Ce paquet de clopes sera donc pour moi. Mes doigts l'emprisonnent, je l'ouvre pour constater qu'il est plein, et un sourire ravi étire mes traits.

C'est parfait, je répète en le glissant dans ma poche. Est-ce qu'on va dehors ? Il fait pas trop froid, aujourd'hui. Et j'ai bien envie de m'en griller une, du coup !

Sans lui laisser le temps de me répondre, je saute sur mes jambes, attrape mon verre d'une verre, son bras à lui de l'autre pour le tirer et l'entraîner avec moi. D'une démarche nonchalante et joyeuse, je rejoins l'extérieur, et je nous arrête un peu plus loin, dans un coin que j'apprécie et un peu isolés. Ici, on sera tranquille.

Je me laisse tomber sur ce vieux canapé abandonné, pose mon verre sur un bidon en métal qui me sert de table. Le coin fait un peu repère de junkie, on y passe du temps, parfois, avec Curtis. Bon, okay, on est sans doute ce qui se rapproche le plus de junkies, alors ça ne choque personne.

Moi en ce moment … ça va.

Ma main droite attrape mon bras gauche, méchaniquement, alors que je sens revenir la brûlure de ma blessure.

J'me suis fais tirer dessus, pour la premère fois de ma vie, j'avoue finalement
Ça fait pas du bien. Regarde.

Je retire la manche de mon sweat pour découvrir mon bras nu, et, avec précaution, je décolle le gros pansement stérile qui recouvre encore ma plaie recousue. Elle se soigne bien, j'ai eu de la chance. Mais j'ai encore du mal à bouger mon bras. J'devrais sans doute toujours porter mon écharpe, mais … j'oublie.

Comme si j'avais pas assez de marques et cicatrices, je plaisante en remettant mon haut. Le pire c'est que c'est une ado qui m'a fait ça. Au départ elle voulait me tirer dessus, puis après je l'ai convaincue de pas le faire, mais elle a eu peur d'un seul coup car y'a eu un rôdeur à côté de moi, et en voulant le tuer lui, elle m'a touché moi. C'était bien con.

J'en parle d'un air détendu, mais la vérité c'est que cette histoire elle m'a bien traumatisé, aussi. La gosse vit désormais avec nous, et elle s'est plus d'une fois excusée pour m'avoir blessé. J'peux pas lui en vouloir. J'aurais sans doute fait pareil.

Du coup j'peux plus trop faire de guitare en ce moment, c'est relou. Mais ça me permet de me concentrer un peu plus sur le piano. Ça sollicite moins mon bras.

Après une petite discussion Daniel demande à Felix : << Est-ce qu’on va dehors ? Il  fait pas trop froid, aujourd’hui. Et j’ai bien envie de m’en griller une, du coup ! >> Daniel ne laisse pas le temps à Felix de répondre, il prend son verre et tire le bras de Felix pour l’entraîner avec lui. Felix se laisse faire, Daniel l’emmène dans un coin qui semble isolé. Le coin est un peu spécial, Daniel se laisse tomber puis pose son verre su un bidon en métal. Felix rejoint Daniel sur le canapé << C’est sympa ici >> Dit-il agréablement.

<< Moi en ce moment ça va >> Daniel attrape son bras gauche avec sa main droite : << J’me suis fait tirer dessus, pour la première fois de ma vie… Regarde >> Avoue t-il. Il retire la manche de son sweat pour montrer son bras sur lequel il a un pansement. Il le décolle avec soin, sous ce pansement Felix voit qu’une plaie a été recousue. Il regarde Daniel, intrigué.

<< Comme si j’avais pas assez de marques et cicatrices >> Dit-il en plaisantant en remontant son haut. << Le pire c’est que c’est une ado qui m’a fait ça. Au départ elle voulait me tirer dessuis, puis après je l’ai convaincue de pas le faire, mais elle a eu peur d’un seul coup car y’a eu un rôdeur à côté de moi … Et en voulant le tuer lui, elle m’a touché moi. C’était bien con. >> Explique Daniel à Felix légèrement détendu.
<< Du coup j’peux plus trop faire de guitare en ce moment, c’est relou. Mais ça me permet de me concentrer un peu plus sur le piano. Ça sollicite moins mes bras >> << Merde … J’espère que ça ira mieux pour ton bras et que ce n’est pas trop difficile pour toi. Tu es très talentueux … Si le virus, n’aurait pas existé tu serais sûrement devenu une grande star aux États-Unis et même dans le monde. Enfin je pense que tu aurais eu beaucoup de succès >> Dit-il sincèrement.


<< Et … oui je survis tout seul la plupart du temps depuis le mois de Février. J’ai perdu mon groupe … On était une dizaine dans un hôtel dans la ville d’Olympia … Je suis né là-bas … Une horde d’infectés a envahie le lieu, personne ne s’en est sorti vivant … J’étais le dernier survivant de mon groupe … Au fil des années j’ai été sauvé beaucoup de fois par différentes personnes, j’en ai sauvé quelques-unes également. Une grande partie d’entre elles sont mortes … Enfin certaines m’ont aidé, pendant un temps puis nous sommes partis chacun d’un côté différent. >> Raconte-il avec un air un peu moins joyeux.


<< Au début j’avais peur … J’ai perdu mes parents dans un accident de voiture … On devait aller retrouver ma petite sœur chez ma tante. Ils sont venus vers moi en titubant, ils étaient infectés comme tout le monde. J’ai fui … Je ne me sentais pas capable de leur planter quelque chose dans le crâne ou de leur mettre une balle pour mettre fin à leur souffrance … J’ai appris à me débrouiller seul, j’ai vécu des périodes de dépression difficile mais je me suis toujours battu jusqu’au bout pour mes proches décédés. Je me bats encore aujourd’hui … Je suis assez pessimiste mais en arrivant à Seattle j’ai découvert des choses … J’ai rencontré des personnes incroyables. Tu fais partie de ces personnes là et avec ce que j’ai vu ici je me dis que j’ai un bel avenir et de belles années à vivre encore >> Dit-il sérieusement en regardant Daniel.

En plus, le Felix, il est pas chiant. Il trouve l'endroit sympa. Je le remercie d'un sourire en englobant mon repère du regard. Sympa, c'est pas le mot que j'aurais employé, mais … j'accepte le compliment.
Après mon monologue d'ailleurs, Felix en rajoute une couche en me qualifiant de 'très talentueux'. Je roule des épaules en me mordant la lèvre inférieure de manière théâtrale. J'rougis toujours quand one me complimente, j'y peux rien, je suis une dramaqueen.

T'es vraiment trop un amour toi ! T'sais que j'allais faire un concert décisif pour ma carrière quand l'épidémie a éclaté ? On s'est retrouvé tous coincés, les autres artistes et moi, dans l'hôtel qui nous hébergeait pour le festival de musique. Quand l'hôtesse d'accueil a commencé à nous bouffer, au bout de quelques jours de quarantaine, on a pas fait les malins.

Je termine mon verre cul sec, resongeant à cette histoire comme s'il s'agissait d'un scénario de film. J'ai l'impression que j'ai jamais vécu ça tellement ça remonte et tellement j'ai vécu de merdes entre temps.

Felix enchaîna en parlant de lui et de sa situation actuelle. Il est donc seul, en effet, après la perte de son groupe. Empathique, je hoche la tête.

Ah ouais … toi aussi t'as besoin des autres pour survivre ? Je demande d'une voix plus hésitante, parce que j'suis pas fier d'être autant un incapable.

La différence entre lui et moi, c'est que lui, bah il se débrouille en solitaire. Malgré les traumas, malgré la souffrance et la dépression.
À ces mots, face à sa gentillesse tournée vers moi, je souris. Par réflexe, ma main se pose sur sa cuisse, que je presse affectueusement.

Ça me touche ce que tu dis hermano. J'ai pas fais grand chose pourtant. Toi aussi t'as de l'importance pour moi.

Les choses, dans le coin, allaient bien. Enfin, elles allaient bien, avant que les New Eden débarquent. Depuis quelques temps, il est plus difficile de voir l'avenir avec optimisme. On a peur, encore. On est plus ambitieux. On veut juste qu'ils nous foutent la paix.
Je marque une pause, réfléchi – sérieusement, pour une fois -.

Tu sais … je crois qu'il y a de la place chez nous. T'aurais pas envie de te poser, dans ta vie ? D'avoir un toit, l'eau chaude et de l'éléctricité ? On a ça. Faut bosser en échange, mais t'as l'air débrouillard.

Mes pupilles le détaillent. Je ne veux pas aller trop vite en besogne, ni crier victoire trop vite, mais je pense qu'il aurait sa place ici. Et je serais ravi d'avoir un nouvel ami à mes côtés, en le sachant en sécurité.

C'est pas une décision facile à prendre, et faudrait d'abord que j'en parle aux miens. Mais … c'est une possibilité, tu sais.

Daniel trouve Felix extrêmement sympathique, il lui dit qu’il est un amour. Il devait faire un concert pour sa carrière lorsque l’épidémie a commencé à plonger le monde dans l’obscurité. Il pose sa main sur la cuisse de Felix, ce qui le fait aussitôt rougir.  Il est touché par les paroles de Felix et lui avoue que Felix aussi compte pour lui. Il lui demande s’il veut rejoindre son groupe … Apparemment ils ont de l’électricité et de l’eau chaude en échange de cela il faut bosser.

La proposition de Daniel est alléchante mais il sait que sa sœur vit dans une communauté quelque part … Il ne veut pas s’arrêter là et rejoindre un groupe pour au final s’attacher aux différents membres puis repousser la date où il pourrait retrouver sa sœur, il répond alors

<< Ton offre est séduisante mais je ne crains de devoir refuser … Ce ne serait que temporaire en plus … En septembre j’ai assisté à un combat d’un certain Eli Delgado qui se battait contre deux hommes … Une femme se battait à ses côtés. À la fin du combat je suis allé discuter avec lui, on s’est présentés et il se trouve qu’il connait ma sœur, je lui ai montré une photo d’elle et il me l’a confirmé. Elle vit dans une communauté, qui fonctionne un peu à l’ancienne. Je vais régulièrement au No Man’s Land dans l’espoir de rencontrer quelqu’un de cette mystérieuse communauté ou quelqu’un qui connait des membres de celle-ci et qui pourrait m’organiser un rendez-vous.

Si j’ai croisé cet Eli qui est dans cette communauté je rencontrerai possiblement d’autres membres. J’aimerai pouvoir la rejoindre et vivre là-bas, je ne sais pas si ça pourrait se faire aussi facilement que ça … Mais je ferais tout pour que ça puisse se faire. J’espère que tu comprendras, si je n’avais plus ma sœur j’aurais bien rejoint ton groupe mais la famille c’est tout ce qu’on a et je ne l’ai pas revue depuis deux-mile treize. Je ne baisserai pas les bras, j’espère que tu ne le prends pas trop mal pour ta proposition. >> Felix se sentait un peu mal de ne pas avoir accepté mais revoir sa sœur c’est ce qui le compte plus. Il sort de son sac à dos la boite de capotes que lui avait offert son meilleur et qu’il a gardé pour la tendre à Daniel.

<< J’ai un cadeau pour toi, je ne sais pas si tu vas aimer … Moi je n’en ai pas vraiment besoin … Mon meilleur ami me l’a offert en deux-mille dix-neuf, je me souviens … Je voulais l’échanger dans un lieu d’échange nommé The Store. Mais la femme qui devait faire l’échange a refusé de me la prendre, elle m’a dit qu’elle voulait des balles de pistolets en plus. Une jolie rousse qui devait avoir dans la vingtaine m’a proposée de m'aider à en chercher. Je connaissais une armurerie à Olympia, mon meilleur ami m’avait donné l’adresse. Bref, c’était une excellente journée … Cette fille s’appelle Alaska, elle est très sympathique. >>