Allïa patiente avec Emilie dans une ancienne maison inhabitée. Normalement, quelqu'un des Gentle Bastards doit les rejoindre d'ici quelques minutes avec la radio qu'elles doivent réparer.

La chasseuse fait les cent pas, nerveuse, son arc dans la main. Elle craint de voir surgir des chasseurs de prime, comme à chaque fois qu'elle met un pied dehors. Elles se sont données rendez-vous ici, car pour rejoindre le refuge de la résistance situé dans les souterrain de la ville, il faut bien connaitre son emplacement et dans le dédale des égoûts, c'est mission impossible pour quelqu'un qui n'y a jamais mis les pieds. Allïa a mis longtemps à réussir à se repérer, manquant à de nombreuses reprises de se perdre là-bas.

L'archère finit par se tourner vers sa belle-sœur. « Comment vas-tu au fait ? Et Logan ? »  Emilie est venue la rejoindre ici il y a quelques minutes à peine mais elles ne se sont pas croisées depuis un petit moment. La vie d'Allïa est un peu compliquée ces derniers temps. Elle vit principalement dans le nouveau bunker avec quelques Exilés où ils s'occupent d'organiser la résistance contre les New Edens. Elle ne sort que pour rejoindre sa fille et son mari dans l'ancien refuge des Robins. Maya grandit bien, mais c'est un déchirement de la laisser pour regagner l'abri des égouts. C'est pourtant nécessaire. Sa tête est mise à prix par les New Edens, elle ne peut pas risquer de mettre en danger celle de son bébé également. Elle sait que sa fille est en sécurité avec Maes, c'est un père exceptionnel.

La réparation de la radio des Gentle Bastards est la prochaine étape cruciale de la résistance. S'ils peuvent joindre les anciens alliés du village qui a brûlé, établir un nouveau moyen de communication entre toutes les factions alliées, voir même passer des messages de propagande contre les New Edens à destination de tout Seattle, ce serait un vrai miracle. Elle ne s'y connait pas vraiment en radio, généralement, elle s'agace même vite sur les engins de ce genre dont le fonctionnement lui échappe. Allïa est surtout là pour préciser à la nouvelle arrivante l'utilité de cette radio et ce qu'elles doivent en faire.

La moto s’arrête non loin d’une maison délabrée que la vie ne semble plus animer depuis plusieurs années déjà. Le bois est usé, pourri à certains endroits, la plupart des tuiles du toit ne sont plus, les fenêtres brisées à certains endroits laissent s’engouffrer le vent et les rideaux tentent de s’y échapper dans cet appel d’air aux échos angoissants. N’ayant pas vraiment l’âme d’une survivantes, Swann met quelques minutes avant de se décider à poser le pied à terre, remontant sur ses épaules le sac qui contient quelques vivres et surtout la radio tant promise et récupérée dans des conditions plus morbides encore que ce décor de vieux western. Thaïs, qui l’a amenée jusqu’ici, la rassure sans effusion inutile sur cette rencontre. Visiblement, les accords entre les différents groupes assurent une confiance que l’ingénieure ne ressent pas encore pour le moment. Ici, tout le monde lui est étranger et par conséquent, tout le monde représente une menace. Mais elle n’a pas d’autre choix que celui de mettre ses sentiments de côté et tenter de survivre. Ce sont les conséquences directes à son arrivée sur la métropole et elle ne le doit qu’à elle-même. Sa décision. Ses conséquences.

Attendant que sa camarade reparte, elle expire un grand coup et s’approche doucement de la maison, jetant un dernier coup d'œil aux alentours. Thaïs s’est montrée prudente et a pris nombre de chemins de traverse pour s’assurer que cet entretien reste secret. Personne à l’horizon, la jeune femme se retrouve devant la porte, sans savoir comment procéder. C’est stupide mais doit-elle frapper ou entrer? Est-elle la première ou est-ce qu’on l’attend? La main levée, elle trouve finalement le geste un brin inutile dans ce contexte et pousse doucement le battant de bois qui grince comme dans un mauvais film d’horreur. La binoclarde sympa restait vivante en général non?

Un pas qui fait grincer les lattes du plancher puis un second et deux silhouettes apparaissent dans son champ de vision. Sa main vient trouver dans un réflexe la crosse de son arme à feu - ou peut-être qu’elle est là depuis le début - Swann n’en a pas vraiment conscience mais elle ne fait rien qui pourrait attirer ou attiser les foudres des deux femmes déjà présentes. “Swann” lance-t-elle presque pour justifier sa présence ici, remontant du bout de l’index ses lunettes sur son nez. “Allia c’est ça?” Elle n’a eu droit qu’à un nom et ignore laquelle des deux possède ce nom. Désignant le sac à dos, elle le fait glisser le long de ses épaules et le dépose doucement au sol. “Je crois que j’ai quelque chose qui vous intéresse et qui nécessite mes talents.” Sans vantardise. Pour tout dire, le ton est timide. Sociable, la jeune femme l’est mais le décor et la situation ne l’aide guère à se sentir à l’aise.

Allïa hoche la tête, soulagée d'apprendre que le petit Logan va bien. Elle regrette de ne pas pouvoir le voir souvent. Elle l'a juste vu une fois avant qu'Isha et Emilie ne décident de partir de la faction pour une destination mystérieuse. « Maya est en pleine forme. Elle change de jour en jour » souffle-t-elle, un petit sourire apparaissant sur ses lèvres en songeant à son bébé. Ils sont bien loin les doutes qu'elle pouvait avoir concernant sa maternité. Quant aux autres, c'est plus compliqué, elle ne les voit plus beaucoup elle non plus. « Maes va bien, Valérian et Hayden aussi. Je passe beaucoup de temps dans la planque dans les égouts, je ne croise plus beaucoup les autres. » Et ça lui manque. Elle est très attachée aux Exilés. Leur division même si elle est temporaire l'affecte forcément.

La mystérieuse jeune femme arrive enfin. Allïa la salue d'un petit signe de tête, en levant la main. « Je suis Allïa, oui. » Elles ne se sont jamais vues ni croisées mais elle a immédiatement toute sa confiance. La brune est plutôt méfiante aux premiers abords mais elle a foi en les choix de leurs leadeurs. Si ces derniers estiment que Swann est digne de confiance, alors Allïa l'accepte sans aucun soucis. « Merci de nous donner un coup de main... On va pouvoir se mettre en route. » Moins de temps elle passera à la surface de la Terre et mieux ce sera, pour Emilie et pour elle. La chasseuse se rapproche de la nouvelle arrivante. « Je ne sais pas ce qu'on t'a dit sur notre refuge... On va devoir descendre dans les égouts. » Elle fait signe aux deux femmes de la suivre.

Allïa jette un regard à l'extérieur. Il n'y a personne. Elle sort, se rapproche rapidement de la bouche d'égout la plus proche et la soulève. « Suivez-moi ! » leur conseille-t-elle. Elle descend l'échelle et arrive dans un long couloir sombre. Elle allume sa lampe et en tends deux autres à ses partenaires du jour. « Faites attention, il y a beaucoup de rats. » conseille-t-elle. Espérons qu'aucune des deux ne soit phobiques. Allïa commence à avancer. « Ne me perdez pas, vous ne retrouveriez pas votre chemin. » C'est un véritable labyrinthe sous terre. Il a fallu beaucoup de temps pour Allïa pour apprendre à mémoriser son chemin. Il y a un vaste réseau d'égouts et de souterrains sous Seattle.

Vingt minutes plus tard, elles sont arrivées à destination. Le refuge situé dans un ancien bunker est très précaire, sombre sans confort. La chasseuse montre une petite table où Swann peut poser la radio. « Installez-vous !  » Elle se tourne vers la jeune femme : « Est-ce que tu as une petite idée de ce que tu dois faire ? Tu as besoin d'outils en particulier ? » Ils ont un peu de matériel, des tournevis entre autres.

L’accueil que lui réserve les deux femmes a au moins le mérite de lui faire retrouver l’éternel sourire qui trône habituellement sur ses lèvres. “Enchantée” répond-elle dans un petit signe de la main, langage tout aussi développé chez elle que le verbal. “On m’a déposé et les précautions ont été de mise” précise la jeune femme pour les rassurer elles autant que sa propre personne. Elle l’avoue sans honte, tout ça, ce n’est pas son univers. Relativement préservée jusqu’ici dans le sud de la région, tous ces complots et ces secrets ne font pas vraiment partie intégrante de son quotidien mais elle s’adapte. C’est le propre de l’humain non? Auquel cas elles ne seraient pas ici pour mettre au point… peu importe leurs réelles motivations en réalité. Si Swann en a compris les enjeux, si la tension s’accumule et que le ciel s’alourdit au-dessus de leur tête, si rien de tout ceci ne présage le meilleur, ses propres motivations lui suffisent pour continuer et faire sa part dans tout cet imbroglio.

Se tournant vers la dénommée Allïa, elle grimace légèrement. Effectivement, on lui a offert quelques informations, souvent compartimentées pour, elle le suppose, plus de sécurité. “Que ça ne me plairait probablement pas mais que c’était un mal nécessaire pour la suite” Et elle s’en accommoderait, même dans les égouts. Bon, peut-être qu’elle regrette un peu sa présence ici mais qui d’autre sinon elle pour réparer cette radio?

Suivant les deux femmes, l’odeur qui se dégage de la bouche à présent ouverte n’augure rien de très appétissant pour la suite mais l’ingénieure tente de ne rien montrer et descend en seconde position. Le sol retrouvé sous ses pieds, elle remercie sa nouvelle partenaire pour la lampe et balaie rapidement les environs à la recherche des fameux rats en question, qui semblent avoir déserté la zone avec tout le bruit qu’elles ont fait. “Ils sont plus malins qu’on ne le pense, en cas de problèmes, je les suivrais plutôt eux qu’un humain” Swann ou sa capacité à trop parler et à débiter des informations inutiles qui n’ont d’importance que pour elle.

Collant néanmoins au train de la première Exilé, elle tente d’imprimer chaque direction choisie par cette dernière et se les répète inlassablement à chaque changement de cap, incertaine effectivement de s’y retrouver dans ce dédale de couloirs.

Ce n’est qu’une fois arrivées dans ce qui semble être un ancien bunker d’époque qu’elle dépose son sac sur l’établi pointé du doigt par Allïa et défait rapidement l’attache. “Heureusement pour nous j’ai plus qu’une idée de ce que je dois faire. Le groupe m’a fourni les outils et ils ont réussi à récupérer les pièces manquantes. Je n’ai besoin que de brancher un fer à souder pour réparer l’un des circuits imprimés, c’est faisable?” Demande-t-elle en balayant du regard la pièce exiguë à la recherche du précieux Graal. “D’autres personnes sont dans la confidence ou c’est juste nous trois?” Du moins pour aujourd’hui. Autant savoir dans quoi elle venait précisément de mettre les pieds.

« Super. » affirme Allïa quand Swann précise que les précautions ont été de mise pour la déposer loin des regards indiscrets. « De toute façon, en bas, personne ne retrouvera notre trace mais il faut mieux éviter les mauvaises surprises en revenant à la surface. » Swann serait d'ailleurs aussitôt cataloguée comme alliée de la résistance par les New Eden. Ils ne feraient pas de différence entre les trois femmes et elles seraient probablement fusillées sur place.

Une fois en bas, ses deux alliées du jour évoquent les rats. Allïa hoche la tête en réprimant un frisson. « Je passe pas mal de temps ici, je m'en souviendrais si besoin. » souffle-t-elle à propos de ces bestioles. Elle n'est pas phobique et la cohabitation ne la dérange pas spécialement, mais bon, elle préfère tout de même les éviter. Et surtout, elle sait les maladies que peuvent trainer ces rongeurs alors mieux vaut les garder loin. La brune continue à avancer, sûre d'elle et de leur destination. De toute façon, si besoin, elle a une boussole dans son sac. L'odeur en bas est forte, elle a toujours du mal à s'y faire.

Swann s'installe. « On a un générateur. » affirme la chasseuse et Emilie lui montre où brancher son fer à souder. « Effectivement, les grands chefs sont au courant et quelques personnes de nos groupes respectifs. » Elle croise les bras, se demandant à quoi elle peut bien lui être plus utile. Swann défait son sac et installe ses affaires. La brune lui amène une grosse lampe pour que la jeune femme puisse y voir plus claire.

Elle pose son regard sur l'appareil en question. « Cette radio serait utile pour nous permettre de communiquer entre les groupes alliés, pour pouvoir surprendre des communications ennemies ou pour pouvoir lancer des messages de propagande. Tu crois que tu pourrais arriver à la bricoler pour tout ça ? » demande l'archère curieuse. Elle pose également à portée de mains un lourd sac d'instruments divers : tournevis, vis... Pour beaucoup, elle n'a aucune idée de leur utilité mais peut-être que ça sera indispensable à Swann.

Allïa s'adresse à Emilie et à Swann. « Vous voulez boire quelque chose ? » Elle montre le petit espace cuisine aménagé. « On a des tisanes, du thé ou du café soluble. » Rien de bien folichon, mais c'est mieux que rien. Ils ont même une bouilloire pour chauffer l'eau.