D'accord, je vois. Ce n'est effectivement pas facile mais... Il y a des chances que tu retrouves la mémoire, de ce qu'en disent les médecins ? Demande-t-elle avec une pointe de soucis dans la voix en scrutant la jeune femme face à elle. Evidemment, elle le lui souhaite. Les souvenirs sont précieux, Neela ne sait pas ce qu'elle ferait sans. Une part d'elle aimerait pourtant oublier certaines choses, ne jamais avoir à s'en souvenir mais... En même temps, là encore, elle ne serait pas elle-même sans ça.

Elle reprend un sourire à la question de Beatrice, et hoche la tête : Je travaille à la gazette, nous rédigeons là-bas le New Daily Eden. Le souci étant qu'avec ce qu'il s'est passé à l'imprimerie, nous sommes un peu sans travail dernièrement, ajoute-t-elle. Ce n'est qu'une question de temps avant que cela change d'ailleurs, ils trouveront un moyen rapide de reprendre la production, même si c'est agaçant. En espérant que la peur soit néanmoins installée dans l'autre camp. Donc le reste du temps, je le passe au couvent pour aider les sœurs, leur logement n'est pas tout le temps aux normes, les peintures ont besoin d'être refaite, certaines isolations aussi...

Un soupir lui échappe, notamment parce qu'avec sa punition, elle a eu le temps de beaucoup avancer sur la question. Soeur Mary ne l'a pas épargné, elle n'en est cependant pas mécontente. Sinon, je peins sur mon temps libre, ajoute-t-elle. Elle aurait aimé en faire son métier et ça n'est jamais arrivé, tant pis. De toute façon, elles parviennent toutes les deux au district cinq, et s'approche déjà d'un groupe d'immeuble où on lui a confié y avoir quelques appartements libres. Viens, ici sont les premiers logements qui sont proposés aux nouveaux arrivants. Vu que vous êtes deux, nous allons trouver quelque chose dans tes moyens. Ce ne sera pas très grand mais... Je ne crois pas que tu puisses forcément prétendre à beaucoup mieux, explique-t-elle à Beatrice.

Il lui faut un endroit propre, avec de quoi faire. Tout est sans doute vide, donc les meubles seront à trouver dans un second temps, mais Neela a bon espoir que ça ne soit pas la partie la plus compliquée. Au moins, essayons de faire en sorte que vous ayez une chambre chacun, pour ton fils et toi ! Ajoute-t-elle en permettant à Beatrice de la suivre à l'intérieur d'un hall d'entrée. Le temps de regarder sur les boites aux lettres les lieux occupés, elle hoche la tête : le premier étage en a deux, convenables sans doute. Nous verrons ensuite pour le meubler correctement, souffle-t-elle.

Je peux peut-être voir pour une consultation avec mon fiancé. Il est urgentiste mais je suis persuadée qu'il pourrait au moins te communiquer des informations importantes pour ta convalescence et ta prise en charge, et mieux t'expliquer tout ça, propose-t-elle à Beatrice avec sérieux. C'est nécessaire, non ? Et la brune sera fixée ainsi, c'est ce qui compte le plus. Quand elle a subi les premiers temps de son traumatisme crânien, Neela a trouvé plus de réconfort dans les certitudes médicales que dans les peut-être et les espoirs désuets. Enfin, c'est à sa vis-à-vis de prendre une décision de toute façon, elle n'insiste pas.

Neela n'a qu'un sourire un brin faux en répondant : Effectivement oui, j'ai eu la chance de pouvoir conduire quelques interviews en compagnie de personnes importantes, souffle-t-elle d'un ton égal. Son interview avec Djamal Vanhooten évidemment, mais parler de conduire alors qu'elle avait des questions toutes faites et surtout un cahier des charges... tout ça pour remettre ses informations aux mains d'incompétents qui ont en plus faits des fautes... C'est toujours instructif, ajoute-t-elle avec un peu plus de conviction. Pour de faux toujours, elle n'y gagne pas grand-chose, n'entend pas continuer là-dedans trop longtemps. Elle trouvera autre chose.

L'aquarelle, sourit-elle plus sincèrement. Tu peins aussi alors ? Demande-t-elle. Le sujet a l'air de plaire à Beatrice dans tous les cas, Neela saisit juste l'occasion pour creuser un peu. Si ça l'inspire, c'est sans doute pour une bonne raison. Laquelle ? Aucune idée. Mais c'est toujours agréable de trouver une complice. Tout dépend de la qualité et de la quantité j'imagine, tu vas quand même recevoir des aides vis-à-vis de Finn justement, pour t'aider à le nourrir et en prendre soin, même si ça ne te permettra pas totalement de vivre, soupire-t-elle.

Elle pince les lèvres. Elles parviennent jusqu'à l'appartement. L'endroit semble large quand il n'y a aucune décoration, seulement le strict minimum. Un grand salon déshabillé, une chambre - pour un enfant, convenable. Une salle de bain propre. Mais Beatrice serait contrainte de dormir dans le salon. Quand on est seule de toute façon, il vaut mieux soit travailler, soit trouver quelqu'un avec qui vivre... ajoute Neela en plantant son regard dans la brune : Je pense que tu es au fait qu'ici, les unions sont vivement encouragées, ajoute-t-elle pour la précision.