Je ne reste pas vraiment sur le sujet. Parce que je me doute que c'est un peu complexe, au fond. Tout est déjà difficile au jour le jour, moins pour nous que ceux dehors mais autant tenter de rester sur un sujet de conversation plus simple. Au moins dans l'immédiat.
Et dans l'immédiat, le travail, la vie d'avant et ce qu'elle peut aimer faire semble être la chose la plus simple à discuter.

- J'en suis sûr. On a tous quelque chose qui nous corresponds.

Si c'est la cuisine de mon côté, ça peut-être tout et n'importe quoi pour d'autres. Chacun est différent, chacun possède une passion. En parlant d'ailleurs de boulot, je n'aime pas la vente plus que ça. C'est un coup de main à prendre, en réalité. Mais à entendre Béa, elle a eu aussi quelques difficultés pour ne pas rentrer dans la tronche des clients. Il faut avouer que ca a été plus que compliqué pour moi au départ.

- Oh tu sais, quand j'ai fais mes études, ma prof me balançait la pire des choses pour pouvoir apprendre à nous contenir. Même si des fois, tu as juste envie de leur coller la tête sur le plan de travail et les enfariner. Ca m'a prit beaucoup de temps avant de pouvoir faire abstraction.

Mais comme je suis doté d'une certaine patience, je suppose que ça aide à ne pas vouloir emplafonner qui que ce soit. Et aussi la loi à NE, je n'ai pas envie de réellement me prendre la tête et subir la moindre chose en retour. Je ne sais pas si Bea a été prévenue de tout ça. Je pense que si. Mais on ne sait jamais.

- Et puis, les punitions pour s'être battu sont relativement... complexes. Alors, préférable de tenir sa langue.

Entre deux directives, je lui donne quelques informations banales sur moi. Notamment sur mon métier. Je suis content d'en parler. Parce que travailler ici me permet de faire abstraction de la situation à l'extérieur. Ce qui n'est pas plus mal. Ca permet d'avancer et de faire ce que l'on aime pendant un temps. Je hoche donc la tête à sa question, un sourire aux lèvres.

- En effet. Un peu comme tout le monde. J'ai arrêté parce qu'il fallait se barricader ou s'enfuir.

Comme tout le monde. Et encore, je serais resté cloitré chez moi si Mark n'était pas venu au milieu de la nuit pour me sortir de mon bordel. D'un autre côté, je ne sais même pas combien de temps je serais resté en vie si j'étais resté là-bas. Pas bien longtemps, je pense. Je regarde simplement ces gestes avant qu'elle ne me pose une nouvelle question. Question qui a l'air d'être... importante pour elle, visiblement. Je ne sais pas vraiment comment lui répondre. C'est un peu difficile à expliquer. Je pince finalement mes lèvres avec lenteur et hoche alors la tête.

- Un peu... Pas impossible si tu as les qualités nécessaires pour survivre... Je veux dire, j'ai survécu grâce à un petit groupe puis grâce à mon frère. Alors.. à moins d'être un militaire, je pense que c'est pratiquement impossible d'avoir survécu seule, oui. Je suis désolé, ça ne doit pas être bien rassurant pour toi.

D'un autre côté, ce n'est que mon ressenti. Je ne sais pas ce que Béa faisait avant. Je suppose qu'elle avait de l'aide ou alors, qu'elle a eu une chance incroyable. Tout est une question de point de vu, évidemment. Après quelques minutes, je lui indique de récupérer la casserole pour pouvoir pousser la tarte vers elle.

- Tu peux verser la compote. Place les pommes comme tu l'entends mais généralement, on le fait en spirale mais c'est au bon vouloir de chacun, en réalité. Pendant que ça cuit, on aura juste à nettoyer un peu.