Re: piece by piece

Piece by piece / @Sloan Gybson

Deuxième claque. Grant les enchaîne. Et c'est franchement pas agréable, du tout.
En revanche, il entend...et alors qu'il avale les paroles de son fils, il ne peut nier ses dires, mais à aussi tout à se défendre. Rentrer dans le vif du sujet, ne fait guère du bien. Tant pour l'un, que pour l'autre. Grant le voit assez bien chez Sloan, et commence à gronder à l'intérieur de lui. Sa mâchoire se crispe alors que Sloan lui avoue pleinement qu'il ne veut pas avoir de frère ou de sœur. Mais d'un côté, Sloan n'a pas tord. Tout mariage à New Eden doit aussi être consommé. Et que Peyton tombe enceinte ou non, il en va de dame nature. Mais en l'entendant parler de Peyton sur ce ton, Grant rétorque sans hésitation et surtout, en haussant le ton. « Surveille ton langage Sloan. Je t’interdis de parler de Peyton comme ça ! » Parce que Peyton est désormais sa femme, et qu'elle bénéficiera d'un total respect, ici ou ailleurs. Que ce soit clair et que ça lui plaise, ou non.

Décidément, ils discutent...à leur manière. Et si se crier dessus les aide à mieux se comprendre, ainsi soit-il.
Assit sur sa chaise, l'ancien colonel resserre ses poings sur la table. Il est nerveux, déconcerté même de ce qu'il entend sortir de la bouche de son fils. Il le définit comme un inconnu. Et la blessure s'entrouvre un peu plus. Fixement, Grant le regarde. Sur le champ, il pourrait le bouffer, étonné et désespéré d'entendre ces formulations de phrases. C'est ce que pense Sloan ? Vraiment ? Coupable, Grant hoche vaguement de la tête en sentant cette vague de nervosité grimper en lui. Il soupire et reprend calmement. « Sloan…écoutes… » Il fronce les sourcils alors que Sloan enchaine ses belles paroles. Et plus il l'entend, plus ses poings se resserrent. Accusé, Grant s'énerve. « Tu crois vraiment que je voulais partir ? Mais Sloan réfléchis, bordel ! Je fais parti de l’armée, j’en ai toujours fait parti et je connaissais les conséquences. Putain mais tout l’monde sait qu’un soldat souffre du manque de sa famille. Tu crois que je partais à l’étranger pour le plaisir ? En ne pensant jamais à toi ? Tu crois que je bossais pour quoi, hein ? J’aidais ta mère pour qu’elle ne manque de rien, et surtout pour que TOI tu ne manques de rien ! Mais de ça, tu ne t’en ai peut-être jamais rendu compte après tout ! T'es qu'un gosse ! Alors oui, j’admets, oui j’ai été absent mais est-ce que tu crois que j’avais le choix ? Quand on s’engage dans l’armée, Sloan, ce n’est pas pour trois ans pour ensuite revenir à la maison comme une fleur ! J’avais des objectifs, des missions à organiser et à exécuter. » Tout le monde sait qu'un soldat ne peut combler pleinement une vie de famille. L'armée est un engagement, pas une partie de plaisir. Mais ça, Sloan semble encore bien trop jeune pour en comprendre le sens.

Mais alors qu'il fait allusion à Gin et à son bébé, Grant se raidit en poursuivant. « Attends, tu te fou de moi ? Tu es en train de me reprocher de m’être occupé du bébé de Gin alors que toi tu courais sous les jupes de Grace ? » largue t-il en ricanant nerveusement. « Ouais, là, tu te fou de moi ! » Nouveau soupire. Grant détourne son regard, mais reste encore assit sur sa chaise. C'est que ce gosse à manquer de baffes ! ou d'un père..accessoirement.

Grant lui offre bien l'occasion de poursuivre ses reproches. Et voilà que Sloan s'attaque à Peyton. Ca, il ne peut pas le cautionner. Pas Peyton, non. Elle n'a rien à voir dans tous leurs conflits qui perdurent depuis bien trop longtemps. Et ce qu'il entend, le sidère... « Fallait s’y attendre Sloan. J’ai dû me marier oui, tu veux que je te rafraichisse la mémoire ? C’était un mariage arrangé ! Je n'ai pas eu à choisir, contrairement à certaines personnes. » Mais ça, sans doute que son fils ne peut le comprendre. Et même si ce mariage était arrangé, il ne l'a plus été. Grant est tombé sous le charme de Peyton, oui. Bien qu'ils aient autant d'années de différence. L'amour ne choisit pas. Mais ça, Grant se le garde bien encore pour lui. « Et tôt ou tard, tu vas devoir te marier. Toi aussi ! Ici c’est comme ça que ça fonctionne, alors quoi ? Maintenant tu remets aussi en question les convictions de New Eden ? Je vous avais prévenu, vous le saviez tous qu’en appartenant à cette communauté, il faudrait se plier aux règles. Et figures toi que c’est ce que j’ai fait ! » Sloan est bien le fils de son père, oui.

Et comme tout Gybson, il poursuit en se levant de sa chaise, venant affronter davantage le regard de son fils. « Tu n’es qu’un p’tit con, tu le sais ça ? Tu ignores tout..tu réfléchis avec quoi, hein ? Tu veux que j’te donne raison ? Alors prends le comme tu veux Sloan, que tu sois mon premier fils bâtard ou une cause perdue que j’ai trainé pendant des années dehors pour te garder en vie ! J’ai tout fait, mais tu sembles bien plus intelligent que moi, alors dis moi maintenant, ce que TOI tu aurais fait, hein ? Quand les mois défilent, que tu te retrouves avec une arme dans les mains à devoir gérer tout un régiment, que tu ne peux rentrer à la maison familiale parce que l’armée compte sur toi… Toutes les permissions que j’ai pu prendre, je les ai prises. Et quand bien même tu m’ignorais alors que j’étais là, j’ai pris sur moi ! Et maintenant oui, je remercie toute cette merde apocalyptique parce que tu es auprès de moi ! Et j’te laisserai jamais partir de cette baraque, tu entends ? JAMAIS ! » Aussi borné que son père, aussi.
Ca fait mal. Ca fait terriblement mal d'entendre ces reproches, et de ne pas réussit à se faire entendre. Sloan n'est ni une cause perdue, ni le premier fils bâtard de Grant. Il restera toujours son fils, coûte que coûte.
Cœur tremblant dans sa poitrine, respiration écourtée, Grant pleure intérieurement.

...

PAR ZAJA.

Ce serait un mensonge de dire que Sloan crie uniquement pour décharger ce poids immense qui lui écrase la poitrine. En vérité, il veut blesser son père, il veut le détruire. A cet instant, la seule chose qui compte, c’est que Grant partage enfin sa peine et son désespoir. Pourtant, alors qu’il enchaîne les reproches, la première fois qu’il est interrompu, c’est pour Peyton. L’ordre de son géniteur est sec, il a crié. Une insulte danse sur le bout de sa langue. Pourquoi devrait-il la respecter ? Qui était-elle pour lui ? Pourtant, il se tait. Pour l’instant. Il préfère enchaîner sur autre chose. Il a tellement à dire. Des années de retenue. Une vie entière même.

Il observe avec un plaisir cruel les poings de son père se resserrer à mesure qu’il parle. C’est lui qui a lancé le sujet. Et enfin, il s’énerve. Le discours qu’il lui sert est décevant et réchauffé. On lui a déjà dit un millier de fois. Sa mère, d’abord. Réconfortante, elle lui racontait que son père était un héros. Rachel, ensuite. Elle l’apaisait. Ou du moins tentait de l’apaiser. Sloan n’est pas idiot, il est conscient que toutes les familles de militaire en souffrent. Son père ne dit que des évidences. Si bien qu’à un moment donné, c’en est trop. « ARRÊTE DE PARLER DE TON BOULOT ! » hurle-t-il, au bord de la rupture. « C’est trop facile… On tourne en rond encore et encore. Tu te sers de ton statut de militaire comme excuse et je trouve ça pitoyable ! Pire, c’est honteux ! Arrête de te faire passer pour un héros ! Je ne demandais pas une présence quotidienne, tu le sais très bien ! Je demandais un père ! La vérité, c’est que tu ne savais juste pas comment t’y prendre alors tu t’es caché derrière ton boulot… » Il déteste le regard de son père. Comme s’il n’était qu’un gamin incapable de comprendre le métier de grand de son papa. « Je ne suis pas stupide, je sais que l’armée est un engagement. Sauf que faire un enfant aussi ! Tu avais des devoirs envers le Canada, je sais… Mais aussi envers des devoirs envers moi ! Alors arrête de me sortir ton excuse de devoir patriotique parce que j’en peux plus de cet argument ! »

Quand Sloan fait une allusion à Gin, il sent son père se remplir de colère et la réponse qui vient immédiatement est violente et fait mal. Il n’aurait jamais pensé se sentir plus mal qu’à cet instant et pourtant, son père a réussi. « Tu fais des comparaisons fumeuses. Ne parle pas de Grace ! » Il n’a pas la force de s’engager sur ce terrain. D’ailleurs, la lueur qui brille dans les yeux de Grant lui indique qu’il risque quelques baffes s’il s’obstine.

De toute façon, il a beaucoup d’autres choses à dire. Sloan ne peut retenir un ricanement sarcastique. Ainsi son père le pense vraiment idiot à ce point ? « Je vis ici, tu sais ? Tu crois que j’ai pas remarqué vos regards langoureux ?! Tu peux me faire gober ce que tu veux, mais tu vas pas me dire que ton mariage est une torture ! » Et Sloan est jaloux, quelque part. Son père et Peyton – bien qu’il n’en comprenne vraiment pas la raison – ont la chance d’être vraiment amoureux. Pour lui, il en est tout autre et quand Grant évoque son propre mariage, il grimace. Il ne veut pas y penser. Son cœur est pris et le sera toujours. Et toute perspective de mariage heureux semble empêchée par New Eden. Il rêve alors de lui dire ce qu’il pense sur New Eden. Lui dire qu’il n’est pas en accord avec cette communauté archaïque, que son père se plie au règlement avec trop de ferveur et que ça fait de lui un connard. Que chaque jour supplémentaire où il soutient cette idéologie, il devient un peu plus mauvais. Sloan voudrait lui dire tout ça mais les mots s’étranglent dans sa gorge. Il faudrait en parler, pourtant il a peur. Il est terrifié parce que plus que tout, il veut croire que son père est un homme bien. Et une telle discussion pourrait s’avérer fatale pour leur relation.

Alors que son père se lève, Sloan accueille ses cris avec presque un certain soulagement. Les larmes naissent dans ses yeux et avant qu’il ne parvienne à les retenir, elles s’échappent de ses paupières. « J’aurai pas fait d’enfant ! » hurle-t-il en retour. « Ou alors, j’aurai fait mieux ! J’aurai serré mon fils dans les bras à la mort de sa mère ! » Un sanglot déchire sa voix et Sloan maudit sa faiblesse. Il se retourne pour masquer ses larmes. Les cacher de cet homme fort, solide comme un roc. « Tu ne m’as même pas serré dans tes bras papa… C’était le pire jour de ma vie… T'étais pas vraiment là... J’avais besoin de toi… » Sa voix n’est plus qu’un murmure. « Je ne pourrai jamais te le pardonner… »

Jeu 6 Jan 2022 - 15:53

Piece by piece / @Sloan Gybson

Comment faire taire un militaire qui n'a connu que la discipline, les entrainements, les ordres et qui n'a tenu que des armes au lieu de la main de son fils ? Et bien c'est clair. Il n'y a qu'un seul mot : Sloan. Alors qu'il lui hurle d'arrêter enfin de parler de son boulot, Grant se raidie davantage, se lève de sa chaise, appuis son regard dans celui de son fils, et laisse le reste de ces nombreux mots s'écouler.
C'est une chute douloureuse et vertigineuse qu'il entame.
A l'écoute de son fils, Grant sent une rage grimper en lui, s'agrippant à ses tripes pour remonter dans le fond de sa gorge. Ces paroles le sidèrent, lui arrache le cœur, le tranche au fur et à mesure. Et malgré qu'il tient sa position, l'ancien colonel se rend compte de l'état dans lequel Sloan se met.
C'est une remise en question qui s'offre indéniablement à lui. Avalant les reproches que son fils peut bien lui faire, Grant reste stoïque.
Ca fait terriblement mal.

Sloan a raison : ce mariage n'est pas une torture. En tout cas, pas pour Grant. Mais voyant déjà bien sa souffrance, ce père ne compte pas véritablement le lui dire. Non. Il ne veut pas plus enfoncer cette lame suintante dans le cœur de son fils, en lui confirmant que oui, ce mariage était voulu ; que oui, il aime cette femme ; que oui, il la désire - bien qu'ils aient autant d'années de différence. Ca ne servira à rien de le lui rappeler. Sloan s'en doute, il le sait pertinemment même. Alors Grant cesse d'approfondir ce sujet là.

Debout face à Sloan, Grant admet qu'il remercie cette épidémie. Car sans elle, il n'aurait surement jamais été aux côtés de son fils. C'est un fait. C'est aussi une vérité. Et il tient aussi à savoir ce que lui, aurait fait. Sans doute de mieux. Et ses paroles l'abattent sur le champ. Il n'aurait pas fait d'enfant. Ou mieux, il l'aurait serré dans ses bras alors qu'il se retrouvait orphelin de sa propre mère... Décelant les larmes de son fils, c'est la mâchoire du militaire qui se met à trembler.
Prise de conscience. Grant ne trouve plus les mots. Intérieurement, son cœur chute jusque dans ses entrailles. C'est un déchirement qu'il subis. Conscient que, sur l'instant, alors qu'il larguait ce cercueil au fond de ce caveau, Grant n'a pas été là pour Sloan. Et bien même si physiquement, il se tenait auprès de lui, Sloan aurait voulu plus.
Mais comment Grant aurait pu le prendre dans ses bras, alors qu'en réalité, il n'avait jamais été réellement là pour lui ? Et alors qu'il le surnomme "papa", le militaire lâche ses larmes qui viennent à remplir ses yeux clairs. Désormais, il ressent - pour la première fois - ses larmes salées qui s'écoulent le long de ses joues creusées. Sloan se cache, laissant son émotion l'envahir. Alors que ce père ne quitte toujours pas sa position, les pieds bien ancrés dans ce salon. Et le silence prend désormais place...

Il l'a entendu. Et il le comprend. Parce que Grant connait parfaitement la place dans laquelle son fils se tient. Lui-même ayant énormément souffert de l'absence de son père... Parce que finalement, c'est le même schéma qu'il reproduit...
Cœur effondré, Grant vient à s'essuyer le visage de ses mains tremblantes en abaissant son regard. Là, il s'incline face à tout ça, face aux paroles déchirantes qu'à eut Sloan envers son père, face à lui... Fixant le sol un instant, Grant reste silencieux. Sloan vient littéralement de lui clouer le bec. Il ne sait plus quoi dire, plus quoi penser...

Affligé et souffrant, le militaire daigne reposer son cul sur la chaise avant de laisser son dos tomber sur le dossier, de fixer le plafond encore quelques secondes, soupirant d'amertume, laissant encore des larmes s'écouler avant de venir les essuyer d'un revers d'une main. Et d'une voix ébranlée, il arrive encore à articuler quelques mots. « Tu sais, Sloan...crois-le ou non.. » Il laisse ses derniers mots lui déchirer un peu plus l'esprit... « ..je t'aime.. » Il marque une pause... « Je ne peux pas faire marche arrière, c'est trop tard. Mais à chaque fois que je rentrais à la maison, j'espérai qu'on se rapproche..que j'apprenne un peu plus à te connaître. Tu es mon fils, merde ! » Grant renifle en s'essuyant une nouvelle fois le visage, mais gardant son regard détourné de son fils.

...

PAR ZAJA.