Un sourire se devine sur ses lèvres alors que Caleb fait mine de mal prendre sa remarque, assurant savoir manier la hache. Je n'ai jamais remis ça en question. Mais entre utiliser une hache, et manier l'art du combat, il y à toute un apprentissage. se moque t-elle à nouveau, hochant la tête quand au maniement des armes à feu. Je pense que Frances pourra nous trouver un moment pour s'en occuper. assure t-elle au brun avant de reprendre. Mais si tu as besoin de partir en extérieur, parles m'en. J'y suis plus souvent que d'habitude.

Et la disparition d'Hayden y était pour beaucoup, il allait sans dire. Bien qu'elle ne chercha pas à s'attarder sur le sujet. L'écoutant évoquer ses craintes concernant Lily, la possibilité d'être revenu trop tard, ou encore les horreurs qu'avait dû subir la blonde en son absence.

Elle à essuyé beaucoup d'épreuves, c'est vrai.

C'eut été mentir, que de dire l'inverse. Tu auras les réponses à tes questions si tu affrontes tes doutes Caleb. Et je ne pourrai pas te renseigner exactement sur ce qu'il se passe dans la tête de Lily.

Si la blonde et elle s'étaient rapprochés en l'absence du bûcheron, il n'empêchait. Ce qui s'était dit entre elles deux, ne sortirait jamais du lieu ou elles avaient discuté bon train. Il n'y à bien qu'elle pour te donner des réponses. Vas-y en douceur. Apprends à connaître la femme qu'elle est devenue. Qui n'avait plus grand chose avec celle qu'il avait connue un jour, sans doute. Entre la fausse couche, sa solitude, et les Oblivions... Lily avait certainement été taillée à la serpe pour devenir celle qu'elle était désormais.

Tu appréhendes ?

De la revoir, de lui parler. De constater les changements auquel son absence n'a pas aidé pour l'épauler. Sans doute que oui, du moins le supposait-elle. Venant presser sa main sur son avant bras pour le rassurer, avant de reprendre. Parfois, il faut savoir se séparer pour mieux se retrouver tu sais. Ou à l'inverse, aller de l'avant et lâcher prise sur vos regrets respectifs. Ca ne servira à rien de t'en vouloir, ce qui est fait est fait. Et se flageller sur ce qu'il n'a pas fait n'empêcherait pas à Lily cette fausse couche seule, ou cette rencontre avec les Oblivions...

Les mots de la native étaient justes. D’ailleurs, en termes de justesse, ils pouvaient facilement se confondre avec une lame aiguisée, dont l’estoc fendrait la pierre et les bords trancheraient le métal le plus solide du monde. Était-ce uniquement l’apanage de la native ? Ou celui de toute sa tribu ? En tout cas, le bûcheron ne peut qu’acquiescer. Entre le maniement de la hache et l’art du corps-à-corps, il existe un monde.

« Oui, c’est vrai. » Dit-il, continuant de marcher, et acquiesçant encore au passage. « A dire vrai, si je suis venu te voir, c’est en partie pour cela. Je crois me souvenir que tu possèdes des compétences dans ce domaine. Je veux dire, je me souviens de toi maniant la lame comme personne… Je serais bien bête de refuser ton aide… D’autant que l’avenir demandera forcément d’autres combats et… Bon… Je dois reconnaître que plus je m’entraînerais, plus je pourrais protéger ma vie, celles des autres et… Celle de… De Lily… »

Sa confession, il la fit difficilement. Il se racla la gorge, tentant de masquer sa gêne, mais lui et la Lakota avaient déjà beaucoup échangés à ce sujet, et elle connaissait les regrets et les remords du bûcheron, quant à la douce Lily. Sa douce Lily… S’il était encore possible de parler d’elle en ce sens, et de cette manière.

D’ailleurs, les mots de la Lakota continuent et martèlent des informations à propos de Lily que le Canadien connaissait déjà, ou du moins, dont il se doutait. Oui, elle avait vécu plus d’horreurs qu’aucune autre personne. Oui, elle avait vécu plus que son comptant de mauvaises choses. Oui, elle avait souffert… Elle avait été maltraitée… Elle avait été abusée… Elle avait été abandonnée… Notamment par le bûcheron. Et tous les remords du monde ne suffiraient jamais à réparer les tords causés.

« Oui, j’appréhende. Je crains que la femme qu’elle est aujourd’hui soit trop différente de celle que j’ai connu… Et je crains d’avoir trop changé moi-même. » Avoua-t-il, non sans ressentir le rouge sur ses joues. « Je veux dire… Avant, je refusais beaucoup de choses… Tu te souviens aussi de l’être torturé que j’étais… » Bien sûr qu’elle s’en souvenait, elle avait été aux premières loges, et l’instrument de la survie du Canadien. « Les choses ont bien changées… Peut-être qu’elle détesterait tout cela. Sans doute, oui. »

Elle l'écoute en silence évoquer ses volontés de reprendre le combat, hochant doucement la tête. Se remettre en selle était rarement chose aisée, et elle ne doutait pas une seconde que le sort de Lily ces derniers mois avait dû également entrer en considération. Je ne dirai pas être la meilleure dans ce domaine. Mais si tu as besoin de reprendre l'entraînement, je t'y aiderai avec plaisir. souffle la native au brun, relevant brièvement ses yeux noirs sur lui. Le laissant reprendre, évoquant cette appréhension que la femme qu'il ait pu un jour aimer ai trop changé, sans doute tout autant que lui, et que plus rien ne soit compatible.

Je m'en souviens, oui.

Il n'y avait pas de réel besoin d'évoquer sa tentative de mettre fin à ses jours. Sans doute qu'ils se rappelaient tous deux chaque détail exacte.

De toute manière Caleb, tu réfléchis trop. tranche la Lakota pour conclure la discussion, alors que lui semble prêt à remettre en cause l'intégralité de leur survie respective à Lily et lui.

Vous avez tous les deux changés, et évoluer. Parce que vos vies ont fait que vous avez dû vous adapter pour survivre. Peut-être que ça mettra fin à votre histoire, peut-être que ça vous aidera à passer outre. Tu n'en saura rien, tant que tu ne lui aura pas parlé. Rester ici en évoquant les pourquoi du comment, ne te serviront à rien d'autre que te torturer et te donner envie d'aller te rouler en boule dans un coin.

Etait-elle trop sèche ? Sans doute, même si ce n'était pas l'effet premier désiré. Son regard ancré dans celui du bûcheron, elle se revient néanmoins à l'assaut avec un ton plus mesuré.

Crois en mon expérience. A trop te poser de questions, tu finira pas craquer. Celles qu'elle se posait constamment sur le sort de Hayden et de son groupe n'en étaient qu'un aperçu. Il y avait les nuits sans sommeils, les regard de Wakiza qui ne connaîtrait peut-être jamais son père. Le poids des regards compatissant de ses proches, et cette pitié qu'elle refusait à accepter.

Il faut que tu aille de l'avant Caleb. Et ça commence par accepter le fait que vous avez changé tous les deux.

Ah, Nihima. Comment un être aussi fier, et aussi fort, pouvait-elle avoir raison à autant d’occasions ? Ce n’était pas la première fois que la Lakota avait des paroles acerbes, pointues, acérées, tranchant en l’esprit de Caleb comme tranche le couteau de la vérité. D’ailleurs, les propos de la native revenaient par bribe dans l’esprit de Caleb, lorsqu’elle l’avait suivi jusque dans la forêt proche de Fort Nisqually. Lorsqu’il avait réussi à prendre une arme… Dans l’idée de s’enfoncer une balle dans le crâne afin de dormir pour toujours… Affutée, clairvoyante, percutante, Nihima avait été le roc solide au cœur de la tempête. Sans elle… Nul doute que le corps du bûcheron aurait nourrit les racines des arbres, ces mêmes arbres qui poussent en silence, et qui donnent du travail au Canadien.

« Oui, j’aimerais m’entraîner. Je suis rouillé avec un flingue, et manœuvrer la hache et le couteau contre un homme, ce n’est pas pareil que contre un arbre… Alors… Je suis prêt ! »

Prêt, il l’était. Parce qu’encore une fois, Nihima avait raison. Réfléchir seul, durant des jours et des jours à ce qui se passerait entre lui et Lily était d’une inutilité monstre… Lily vivait de son côté, et elle évoluait, souffrant, pensant, pleurant sans doute, et tout ceci, Caleb devait en prendre compte. Réfléchir seul, sans rien faire, sans rien tenter, était semblable à un acte de lâcheté… Et le premier jour du reste de la vie de Caleb débuterait lorsqu’il aurait enfin le courage d’aller voir l’être principal de toute cette histoire. Caleb devait aller la voir.

« Tu sais Nima… » Commença-t-il, se stoppant soudainement et se tournant de trois quart vers le Lakota, mettant une fin temporaire à leur marche. « Tu es une des femmes de ma vie. Si tu ne m’avais pas sauvé ce jour-là, je serais… Qu’un cadavre aujourd’hui. Un cadavre, qui n’aurait rendu hommage ni à ses enfants, ni à son épouse. Grâce à toi, j’ai rencontré Lily, et j’ai pu revivre. Cette femme… Elle est ma lumière dans ces foutues ténèbres… » Avoua-t-il, prenant une profonde inspiration, souriant doucement comme si son sang s’était gonflé d’adrénaline… Et de courage. « Je veux aller de l’avant. Mais c’est comme si tout mon être criait qu’il m’était impossible de le faire sans elle. C’est difficile à expliquer, mais j’ai l’impression que ma vie se fait avec elle, quoi qu’il arrive. Et je ne compte ni l’abandonner, ni laisser cette vie m’échapper. »

Il était prêt. Elle hoche la tête avec lenteur, l'air de dire qu'elle l'a bien compris. Ravie de l'entendre, alors. qu'elle souffle avec un semblant de douceur, ne relevant le regard que lorsqu'il reprend la parole en la nommant. Et si elle s'attendait à une quelconque question sur l'entraînement, elle n'aurait jamais cru s'attendre à un tel discours.
Silencieuse, lui laissant le temps de choisir ses mots, de trouver ceux qui lui conviendraient mieux que d'autre, évoquant Lily et leur histoire passée, et cette volonté d'aller de l'avant.

Tu ne me dois rien Caleb. souligne t-elle enfin au barbu, venant esquisser un bref sourire. Tu es encore là, et tu as fais ce qu'il fallait pour avancer. Elle n'avait de toute manière, jamais apprécié les dettes. Dans un sens, ou dans l'autre. Hochant néanmoins la tête à son discours, reprenant de plus belle.

Je comprends, ton ressenti. Mais parfois, les chemins se séparent pour mieux se retrouver.

Ou pas. Son exemple avec Hayden est de toute manière criant de vérité, et elle se doute qu'il n'a aucune envie d'entendre à nouveau la possibilité d'avoir perdu Lily à jamais. Pour le moment, tu dois avancer pour toi. Ne rien devoir à personne d'autre que toi même. Ensuite, tu pourras renouer avec Lily.

Sans doute qu'elle aussi, avait bon nombre de choses à faire de son côté pour se réapproprier sa vie. Elle ne comptait de toute manière pas se mêler de ce qui un jour, avait scellé leur histoire, ou l'avait détruite.

Tu fais aussi partie de mon existence, en tout cas. confirme t-elle néanmoins au brun avec un sourire, elle qui était pourtant avare des effusions de sentiments. Il crierait toujours le nom de quelqu'un, parce que l'homme était ainsi fait. Mais s'il souhaitait se surpasser, il ne devait croire qu'en lui. C'était de toute manière, beaucoup plus difficile, quoi qu'il puisse en supposer.