3 au 6 novembre.

Elle ne s'était pas arrêtée de courir, jusqu'à en perdre haleine. Avec le froid d'un hiver précoce et l'effort donné, ses poumons étaient en feu, sans parler de sa gorge douloureuse ni même d'un cœur qui n'a jamais été aussi affolé. Le temps d'un bref instant, la blonde courrait en direction du cabinet de Richard, qui était le plus près, et où personne ne penserait à venir la chercher. Puis finalement, à peine dix mètres parcourus que Hope se dirige vers l'usine qu'elle utilisait avec Alex pour voir sa fille en sécurité.

Le lieu est désert. Heureusement. S'exilant dans le semblant de salon qu'ils avaient aménagés, Hope se colle à la fenêtre qui permet de surveiller le seul portail du coin, et reste ainsi durant plusieurs heures, s'assurant être seule. Elle n'avait pas sommeil ; comment pouvait-elle l'avoir ? Et si personne n'avait survécu ?

Trois jours passent. Trois jours durant lesquelles la jeune femme ne quitte pas le canapé du bâtiment, paniquée à l'idée de mettre un pied dehors, même si la faim lui tordait douloureusement l'estomac et que le manque d'eau lui pompait toute son énergie.

Elle voulait voir Oxana passer cette porte. Plus que tout au monde.

Hope avait commencée à fermer les yeux, la fatigue des ces derniers jours qui prenait de l'ampleur, ne se posant pas la question si c'était une bonne chose qu'elle se laisse tomber ou une mauvaise. Malgré le froid mordant, elle avait cessé de grelotter dans la journée, et ce n'était pas vraiment bon signe. Entre temps, elle avait récupérée dans son sac vieux vêtement de sa fille, sûrement la seule chose qui lui permettait encore de venir.

Puis elle entends une voix. Au début, elle n'ouvre pas les yeux, et se contente de sourire faiblement en soufflant : Oxana ? Non. Ses paupières s'ouvrent, et elle découvre le visage d'Alex, qu'elle essaye de toucher en espérant qu'elle soit réelle. T'es là ? Et même si ce n'était pas une amie à proprement parler, pouvoir être face à quelqu'un lui réchauffe le cœur. Elle verse quelques larmes, passant ses bras autour de son cou. Mon dieu Alex... Ils... Ils ont tout détruit.. Annonce-t-elle entre deux sanglots. Les filles.. Je sais pas.. Je sais pas où elles sont..

Hope n'hésite pas un seul instant lorsque Alex lui propose son manteau, et se recroqueville à l'intérieur en cherchant un maximum de chaleur. C'était très peu, oui, mais beaucoup pour l'ancienne actrice qui s'est retrouvée à dormir dans un endroit sans chauffage, ni même un feu. Et puis quoi ? Prendre le risque de se faire repérer ? Je.. je.. je sais pas, je... Elle passe grossièrement ses mains sur le visage pour retirer les larmes restantes, et celles qui persistaient à couler. J'ai dû laisser Aby et Kaycee, et.. et Johanna, on a dû.. j'ai dû l'abandonner... Son coeur lui faisait atrocement souffir, elle revoit le regard de Jo derrière les barrières. Les cris de sa soeur résonner dans ses oreilles. Brutalement, elle attrape les épaules d'Alex, le visage bouffi, paniquée. J'devais le faire ! Je devais.. ils étaient là, ils nous auraient attrapé !

Elle avise la gourde et la viande séchée qu'Alex lui montre, et c'est sans grande surprise que la blonde se précipite dessus comme un animal. Elle boit, s'en fout partout, mange comme si c'était son dernier jour. Elle reste silencieuse et se contente de se remplir l'estomac, remerciant la jeune mère du regard alors qu'elle croise le sien, qui semble perdue à cause de ses propos. Mais elle n'a pas la force de donner des détails. Pas maintenant.

Oui.. oui, pour Violet... Souffle Hope presque dans un murmure. Elle s'arrête un instant de manger, le regard perdu sur la viande séchée qu'elle avait presque entièrement engloutie comme une sauvage. Sa vue se floute à nouveau, elle repense à Johanna, sa bouille, son regard lorsqu'elle lui a sortie la même excuse valable : sa fille. Sa fille qu'elle a perdue depuis le début de l'apocalypse, le seul être humain qui lui permet de pas se tirer une balle. Et qu'elle vient enfin de retrouver.

Lorsqu'Alex lui donne autre chose à manger, la blonde lâche sans attendre le premier casse-croûte qu'elle lui avait donné pour s'attaquer aux gâteaux sans douceur. Elle avait si faim, qu'elle ne pouvait pas dire si ils étaient bons ou non. Moi non, je... Oui, elle faisait quoi, déjà ? Son boulot. Changer les idées des hommes et des femmes de Seattle qui voulaient être en sécurité. Elle lève un regard presque timide vers Alex. .. Je ne sais pas pour Oxana... Et on le saura jamais.

Alex.. Fait-elle après un long silence, la voix étranglée, n'ayant plus la force de manger. Je veux voir Violet, je... Elle déglutit péniblement, ne sachant plus vraiment ce qui lui fallait vraiment à cet instant. .. emmène moi loin d'ici, dans un autre endroit, s'il te plait.