Celui qui voit tout

Très rapidement je me rappelle qu’Eli est avec une jeune fille qui n’a pas l’air d’avoir d’enfant et il me faut peut de temps pour réaliser qu’il a dut y avoir une autre Madame Eli qui élève sa fille… sans lui. Je ne le voyais pas comme quelqu’un de responsable, je pense que ca n’arrange rien de ma vision des choses de lui.

« J’avoue que j’ai du mal a l’imaginer dans ce rôle… »

J’avise du visage de Chiara qui semble se crispé a cette discussion et me contente de lui donner une légère accolade amicale en guise de soutien muet avant de changer de sujet. Si en parler est trop dur, ce n’est pas moi qui vais la contraindre à s’infliger ce supplice. La discussion dérive vite sur les menaces qui nous entoure et difficile de ne pas confirmer les craintes de la jeune fille concernant la prise en tenaille.

« On est bien entre le marteau et l’enclume mais on a encore assez de marge de mouvement pour éviter le pire, quant à se complaire dedans… »

Je réfléchis rapidement en revoyant les yeux épuisés d’Elena qui passe des heures à ruminer pour trouver une stratégie pour lutter contre les NE. Je vois bien que cet hiver qui dure après la prise de Seattle mine presque tout le monde ici et que tous voudraient autres choses que de se terrer dans le domaine.

« Je dirais plutôt que, pour le moment, on cherche des solutions, mais entre les NE qui sont des milliers suréquipés, les Oblvions qui ne sont pas loin de 2000 ultra violents, tant que nous n’aurons pas réussi a nous regrouper avec d’autres survivants, nos options sont minces. »

Pour ne pas dire inexistantes hormis se cacher ou fuir. Si la menace semble terrible, il ne faut pas oublier que notre mission n’est pas une simple promenade pour discuter. Le corps du sanglier en est la preuve et je devine bien, a l’expression de l’Irlandaise, que nous sommes loin de l’endroit ou elle a vu les morts. Quoi d’autre pour manger de la chair a même une créature vivante qu’un zombie ? Une chance que les animaux ne se transforment pas, mais, dans le doute, je m’arme de ma batte et ouvre l’œil pour regarder autour de nous alors que Chiara m’interpelle.

« Plus important ? »

J’avoue ne pas être friand des mauvaises nouvelles et en imaginer une pire qu’être trop proche d’une horde ne me donne pas des envies festives. Elle me montre des traces, cette fois, c’est régulier, ces des pas appuyés, et surtout, ça a bien deux pieds et pas un avec un moignon de l’autre côté. Je me penche pour examiner avec attention la scène, au sol, posant ma mais dans l’emprunte pour en mesurer la taille et avisant d’autres traces de passage bien moins régulier. Quand elle me demande si c’est des Oblivions, je redresse la tête et la regarde avec un petit sourire amusé :

« Difficile a dire, je ne me souviens plus de la pointure standard des Oblivions. Mais ces pieds sont petits, un enfant, ou une femme… la démarche est appuyée, la personne courrait.»

Je me redresse et scrute minutieusement la verdure autour de nous avant de détecter des petits détails qui m’avaient échappé : branche cassées, toiles d’araignée arrachées…

« Je pense qu’il y a une personne vivante qui a des morts au fesses, peut être ceux que tu voulais rabattre. On ne va pas avoir le choix que de suivre cette piste. »

Je crois me souvenir que dans cette direction il y a une ancienne cabane de chasseur, mais encore faut il la trouver et, surtout, ne pas tomber sur les morts qui traque un ou une malchanceuse.

HRP:

Codage par Libella sur Graphiorum

J'souris quand à son accolade. Il est chouette Seb. Seulement, j'souris moins ensuite, quand j'vois qu'il a pas grande solution aux problèmes que j'soulève... Deux milles trous de balles, quand on voit ça à l'échelle de notre p'tite famille, c'est beaucoup, quand on voit ça à l'échelle des grands groupes présent dans le coin, hors les chrétiens orthodoxes, ça fait encore beaucoup, mais quand on voit ça à l'échelle d'une ville, on s'dit qu'il suffit d'faire péter tout ça et les centaines qui resteront, s'boufferont entre eux, sec et net. Dans une vision utopique, nan, cinématographique où Bruce Willis infiltrent sans pépins le réseau de ces hooligans pour l'faire péter sur un fond hip hop, de l'intérieur. Sauf qu'on a pas d'Bruce Willis. On a Edwin Broden nous...

"Faut voir avec qui s'regrouper..."

J'lâche ça en soupirant parce que, au final ? Même en regroupant tout les gens que la famille Fuckers connaît, on est toujours loin de faire le poids et comme la merveilleuse connasse méfiante que je suis, j'laisse de chances à personne et j'fais confiance qu'aux miens. Mais bon. Comme j'le dis, y'a plus urgent qui s'profile...

"Oui ça." Répondis-je. J'lève exagérément les yeux au ciel non sans échapper un rictus quand à sa taquinerie mais je réponds avec sérieux : "Ou un bonhomme à p'tits pieds, faut pas sous-estimer les p'tits."

J'avise ensuite le reste de ce qu'il en pense et j'suis évidemment d'accord avec son hypothèse. L'air de rien, c'est un bon point, ça les éloigne de nous et ils partent plus ou moins vers où j'voulais les mener. D'un autre, si c'n'est pas eux... Il vaut mieux vérifier.

"Tu connais un peu ? Y'a quoi par là bas ?" Interrogeais-je en avançant précautionneusement entre les arbres et fourrés,. Une cabane qu'il disait... "Une personne seule... Des morts aux trousses..." J'fais la liste à voix haute pour prendre conscience, à nouveau, de deux choses.

L'une, pourquoi on s'emmerderait à lui sauver la vie à cet inconnu ? L'autre, si c'est un allié ou au contraire, un ennemi isolé, on a tout intérêt. J'crois que l'option altruiste est la meilleure. Alors on continue d'avancer en prenant garde d'où on met les pieds mais également de c'qui s'cache à chaque coin.

Avant d'apercevoir la cabane, y'avait quelque chose qui sentait mauvais. Au sens propre comme au figuré. Du premier, l'odeur de la mort. En masse et avec les râlements qui sifflaient de plus en plus dans mes tympans alors qu'on avait le pas de plus en plus lent.

Soudainement, j'ai la manche tiré et un claquement de dents passe à quelques millimètres de mon avant bras découvert par mes manches retroussées mais j'achève facilement le retardataire de la horde qui a bien failli avoir ma peau. J'me laisse emporter avec lui au sol et rampe ensuite jusqu'à mon camarade qui s'est réfugié derrière un arbre.

"Putain... Ils étaient pas censés être autant normalement." J'peux même pas savoir si c'est les miens d'ailleurs. Y'en a bien une cinquantaine là, voir plus. Agglutinés autour d'une sorte de guérite de garde forestier. "T'as vu juste en tout cas. On fait quoi ?"

Y'avait peu de chance pour que ce soit l'inverse. La question maintenant, c'était de savoir comment opérer. On avait un mort, même si j'étais pas enchanté à l'idée d'utiliser la technique du trompe-pif-de-macchabées et on était quand même assez proche de la horde, sans être forcément exposé mais l'danger allait venir de derrière. Ca n'empêchait qu'il fallait s'décider vite.

"Si c'est un d'tes copains, j'aurais l'droit de jouer avec ?"