Même si le bien vu de son aînée ne lui paraît pas totalement sincère, au moins Alyona sait qu’elle n’est pas en train de dire de grosses conneries: après tout, elle ne s’est jamais vraiment retrouvée dans ce genre de situations, c’est donc tout nouveau pour elle. Parce que ce genre de trucs, avant l’apocalypse, c’était le boulot du FBI et des forces de l’ordre après tout… Chassant ces pensées de sa tête, elle s’attèle assez rapidement à la recherche d’indices, s’appliquant à bien tout observer pour ne pas rater le moindre détail. Ce n’est pas franchement un exercice facile, mais elle y parvient, notamment en trouvant une carte.

Revenant sans plus tarder vers Jill et le véhicule, elle lui tend ensuite l’objet, avec une légère satisfaction lorsque cette dernière lui dit bien joué. Bon techniquement elle n’a trouvé qu’une simple carte par terre, elle n’a pas eu besoin de trop se fouler la chercher, mais vu qu’elles recherchent deux survivants égarés dans la nature, ce genre d’objets peut être particulièrement importants. Et puis la nuit… Pas sûr qu’ils soient allés bien loin, surtout dans la forêt. Entre les animaux et les potentiels rôdeurs, autant dire qu’y marcher en pleine nuit est tout sauf synonyme de sécurité.

Son regard se pose à son tour sur le plan: assez général en somme, vu qu’il couvre tout l’état de Washington. Elle a une légère moue. Ce n’est pas avec ça qu’elles auront des détails de rues ou d’endroits précis. Néanmoins, elle remarque bien assez rapidement des zones entourées avec des dates, qui étrangement sont liées à leur groupe. C’est possible… Par contre, ça ne nous dit pas depuis quand. A moins que E soit un cinquième endroit, et que du coup ils sont déjà au courant de l’existence de quatre autres… Non, elle ne trouve pas d’explication concrète à cela. Ouaip, bien sûr.

Sans plus tarder, elle la guide vers les traces de pas, prenant soin de les contourner pour les laisser intactes. Elles vont un peu plus loin dans la forêt, explique-t-elle simplement à Jill, bien qu’elle peut elle aussi le constater. Elle laisse son aînée observer tout ceci, tandis qu’elle commence à se frayer un chemin pour suivre les traces. Tu penses qu’on devrait les suivre ? Certes, elles ne savaient pas sur qui -ou sur quoi- elles pourraient bien tomber, mais cela ne fait pas vraiment peur à la jeune femme. Après tout, si elles veulent savoir qui sont ces gens, c’est peut-être la seule option à leur portée. Alors, sans plus attendre, elle se met de nouveau à suivre ces mystérieux pas...

- Ouais, on va aller voir un peu plus loin, confirmé-je.

Tout cela m’intrigue. Ce n’est probablement pas des plus prudent de s’aventurer si loin, uniquement à deux et sans avoir prévenu nos collègues qu’on allait pousser les recherches, mais… j’aime le travail bien fait. J’aurais la sensation d’avoir bâclé ma mission en revenant sans être allée au bout de ce qui est logiquement faisable.

On s’aventure donc dans les bois, à l’affût des traces des pas qu’a déjà repéré Alyonna. Ce n’est pas vraiment dur : les deux personnes n’ont pas cherché à être discrètes ou à effacer leurs empreintes. Après quelques longues minutes de marche attentive, on débouche sur un petit lotissement de baraques, non loin des rives de l’Agathe passage.

- Attends.

Là, la tension monte d’un cran. Il n’est pas impossible que les personnes que l’on traque soient encore là. Je passe la première, précédée par le canon de mon arme, la crosse bien calée dans le creux de mon épaule. Les pas semblent avoir contourné le pavillon le plus proche, puis forcé une fenêtre. Même si elle a été refermée, je reconnais les marques laissées par un couteau venu torturer le mécanisme.

D’un geste silencieux, je demande à ma partenaire de me couvrir, puis je me plaque le long du mur. Je tends ensuite un bras pour frapper au carreau, et j’attends. Rien ne vient. Je réitère l’opération, mais l’intérieur de la maison reste muet. C’est au moins gage qu’il n’y a pas de rôdeur en liberté à l’intérieur. Je tente un regard… personne.

- Je vais tenter d’entrer. Tu fais le tour pour voir s’il y a d’autres traces de pas ? Ils sont peut-être ressortis ailleurs que par ici.

Elle a l’œil, elle a prouvé que c’est un binôme de qualité, alors je n’ai pas de regret à lui confier un peu d’autonomie. Pour ma part, je fais glisser le battant de la fenêtre vers le haut et me faufile à l’intérieur. Accroupie au sol, j’écoute la demeure qui ne réagit toujours pas à mon intrusion. J’ai la sensation qu’il y a personne, mais je peux me tromper.