Tu es en retard. Lui souligne Frances en l'observant de bas en haut, alors qu'elle descend de Dune d'un bond après avoir franchi les portes du campement sans trouver quoi redire. L'afro américaine à de toute manière, ce regard intransigeant qui ne laisse aucune place à l'argumentation, alors qu'elle lui remets Wakiza dans les bras avec douceur. J'ai dit à Nolan que tu arrivais. Alors, presse toi. exige l'ancienne militaire avant de récupérer la longe du cheval, prête à le ramener aux écuries tandis qu'elle hoche la tête, ramenant sous sa cape le nourrisson emmailloté dans la couverture douce qu'il à reçu de la baby shower. Toujours rien ? s'enquit néanmoins Frances, alors qu'elle secoue doucement la tête. Rien.

Nulle trace d'Hayden, ou d'un quelconque indice laissant entendre s'il était encore en vie, ou avait rejoint l'autre côté du monde. Les joues encore rosie par le vent glacé de la course, alors que l'afro américaine se contente de presser brièvement sa main contre son épaule, avant de héler Tucker qui ne va pas assez vite à son goût pour l'aider dans la préparation de Dune pour un autre trajet, tandis que la native laisse retomber sa capuche dans son dos. Encore harnachée pour l'extérieur alors qu'elle prend le chemin de l'infirmerie, ayant promis à Nolan de venir régulièrement le voir pour s'assurer que sa santé, et celle de son fils, était au mieux.
C'est même un peu surprise, qu'elle franchit la porte pour constater que personne n'attend de rendez-vous avec leur médecin. Fronçant les sourcils à cette idée, avant de s'avancer et de croiser le regard du pédiatre, ne soufflant mot.

Qu'il s'agisse de sa cape ou subsistent encore quelques flocons, ses cheveux nattés, ou encore son corset de cuir, tout laisse deviner qu'elle était bien loin du lit qu'il lui avait exigé de garder le plus longtemps possible. Bonjour. se contente t-elle de dire pour esquiver toute question relative à sa sortie en extérieur, Wakiza fermement campé dans ses bras alors qu'elle vient avec douceur retirer la couverture pour dévoiler le petit corps du nouveau né.

Tu dis bonjour à oncle Nolan ? demande t-elle au nourrisson qui déjà gazouille gaiement, laissant l'espace d'une seconde naître dans son regard un air franchement attendri devant le regard clair du bébé. Souriant à Nolan pour lui présenter le bébé, qui est déjà visiblement parfaitement réveillé de sa sieste. Tu veux le porter, avant qu'on commence ? propose t-elle à son ami alors qu'elle dégrafe sa cape de fourrure de sa main libre, la laissant tomber sur le dossier d'une chaise proche pour ne conserver que sa tenue de cuir.

Je peux d'ores et déjà t'annoncer qu'il est loin de faire ses nuits. entame t-elle pour éviter le sermon de l'extérieur qui l'appelle pourtant chaque matin avec une sensation d'espoir, mêlé d'une crainte sourde qu'elle se refuse à entendre. Mais il est bien plus calme que Kaya ne l'a jamais été dans toute sa vie. Il pleurait rarement, gazouillait beaucoup. Moins furieux de vivre, que sa propre fille qui passait déjà à l'époque, son temps à crier pour rappeler son existence.

Installé au bureau, je gratouille d’une main distraite Alpha qui ronronne tranquillement, alors que de l’autre, je mets à jour quelques fiches patients. Si le système est rudimentaire, il a des informations essentielles et, petite parano oblige, je suis en train d’enlever tous les noms petits à petits. On est pas trop nombreux, on peut arriver à retenir sans trop de problèmes qui est qui. Et je préfère éviter de me demander ce qui se passerait si quelqu’un qui devrait pas vient à tomber dessus.

Je relève la tête quand j’entends qu’on entre, jetant un bref regard à l’horloge avant d’esquisser un sourire quand je reconnais la silhouette de Nihima dans l’embrasure de la porte. « Salut. T’es à la bourre. » Alpha se relève et s’étire longuement, saurant à terre pour aller se frotter aux jambes de la lakota avant de sauter sur le lit d’auscultation. Difficile de ne pas réprimer un sourire quand je vois le regard qu’elle porte sur le petit et, forcément, quand elle me propose de le porter, je tends les bras sans me faire prier.

Et je m’autorise quelques secondes à gagater devant le bébé avant de lever les yeux en direction de Nihima. « Tu étais encore dehors ? » A sa place, j’avoue que je ferais pas mieux de toute façon, même en ayant tout un camp qui essaie de me raisonner. J’ai tout de même un hochement de tête à sa remarque sur les nuits. « Il dort combien de temps au max ? » Et j’ajoute, alors que j’attrape la petite balance qu’on a dégotée pour le poser dessus. « Je vais pas te faire un cours sur les nuits des bébés. Tu en as qui peuvent directement dormir 4 ou 5 heures d’affilée, mais ça reste vraiment l’exception. En moyenne, faut attendre le troisième mois pour qu’ils commencent à faire une vraie nuit… enfin, si dormir 5 heures, c’est une vraie nuit pour toi. » Je relève la tête pour noter le poids avant de prendre un mètre pour le mesurer tout en continuant. « Si tu mets des petits rituels en place, ça pourra aider. Hein, t’en dit quoi Wade ? T’as envie de dormir la nuit ou pas ? » J’effleure sa joue et j’ai droit à un sourire de bébé alors qu’il attrape mon index pour le serrer. « Ils savent tu sais. Qu’il ne faut pas faire de bruit. Qu’il ne faut pas se faire remarquer. »

Je le récupère et je le garde contre moi quelques secondes. « Ils ont un bien meilleur instinct de survie que nous. J’avais lu pas mal de trucs sur les bébés nés dans des conditions extrêmes, genre dans des camps et… bref. Normal qu’il soit tout calme en tout cas. C’est même bon signe. » Je finis par lui tendre le petit et je reprends, d’une voix douce. « Il fait 58 centimètres et 5,7 kilos. Encore au-dessus de la moyenne donc. Ca va être un vrai géant. » Rien d’étonnant vu ses parents. J’ajoute, non sans la fixer longuement. « Et toi ? A part les nuits ? » Quoi ? Je suis supposé demander subtilement si ça va ? C’est pas trop mon genre.

A la bourre. Evidemment.

Et parfois, mieux valait savoir se taire, comme aimait à dire son père. C'est donc silencieusement qu'elle concède ce retard, alors que Nolan s'interroge de son séjour en extérieur, et que ses yeux noirs viennent croiser les siens. Hochant la tête à sa remarque, prenant la parole avec tout le pragmatisme dont elle était capable. Il n'est pas vers le l'avant poste. En tout cas, les cadavres que j'y ai trouvé ne lui appartiennent pas. Elle n'était pas encore suicidaire, évitait le centre ville au maximum. Et si elle avait supposé que l'avant poste aurait pu être un endroit par lequel il serait passé, les corps trouvés à même le sol lui confirmèrent rapidement que non. Pour la plupart, des survivants du centre, qui n'avaient pas de quoi supporter les premières nuits d'hiver, je suppose. Le gel avait recouvert leur peau d'un fine pellicule, et elle s'était chargée d'achever ceux revenus en rôdeurs. Mais si son ton paraissait imperturbable, Nolan la connaissait suffisamment pour savoir ce qu'elle ressentait, à n'en point douter.

Une heure... Deux, tout au plus. calcule t-elle rapidement à sa demande, avant qu'il ne se lance dans un cours qu'elle écoute sans broncher, esquissant un sourire à sa remarque. Je dors en moyenne cinq à six heures depuis 5 ans. Ce sera une vraie grasse matinée pour moi, quand il en fera de même. le taquine t-elle avec une ébauche de sourire, alors que Wakiza gazouille entre les bras de Nolan, comme pour donner raison à celui que Nima considère en silence comme l'oncle de son fils.

Je ne savais pas. souffle t-elle néanmoins, surprise de savoir qu'à son âge, son fils supposait déjà qu'il devait se faire discret. Et entendre Nolan annoncer le poids et la taille de son enfant, avant de faire une remarque sur ses mensurations déjà avancées lui arrachent l'espace d'une seconde un triste sourire, venant récupérer son fils dans les bras. Il tient ça de son père... Sans hésiter. Tout comme ce regard clair qui ne semble pas vouloir foncer. Et d'y penser lui fait fermer un court instant les yeux, pour chasser le visage d'Hayden de sa mémoire, et se concentrer sur Nolan qui pose une nouvelle question.

Tu me connais trop bien pour que je te dise que je vais bien, pas vrai ? Sans doute parce qu'au même titre qu'Andrea, Nolan faisait partie de ce cercle d'amis si privé qui à force de traîner avec elle, commençaient à la connaître par coeur. Un soupir s'échappe de ses lèvres, avant de reprendre à l'attention du pédiatre.

Je montre aux autres que tout va bien. Parce que c'était plus rassurant pour tout le monde, et par pudeur. La seule qu'elle pouvait bien avoir par ailleurs. Mais ne pas savoir ou il est me rend folle d'inquiétude. J'ai déposé des lettres à son nom dans un endroit ou nous avions l'habitude de nous voir mais... Il n'y est pas retourné depuis des mois. Et de toute manière, elle ne peut pas rajouter d'autre chose. Se plaindre, ce n'était pas trop dans sa nature de toute manière. Relevant les yeux vers son ami en reprenant d'une voix plus douce, venant esquisser un sourire.

Et toi alors ? Comment se porte le futur papa ? Raconte moi un peu.

Bon, maintenant que j’ai pointé du doigt l’évidence, pas la peine de tergiverser 107 ans pour un mini-retard. Sans compter que c’est un coup de bol que je le sois pas moi-même, vu que je passe toujours du temps avec les patients, au point d’en oublier l’heure. Ca va qu’ici, tout est moins formel de toute façon. Pas dit que je serais capable de revenir en arrière pour ce genre de trucs. Je sais même pas pourquoi je pense à ça, même si c’est probablement dû au fait que j’arrive à partir dans tous les sens en un quart de seconde quand je m’y mets.

Bref, j’en étais où ? Ah ouais, j’ai une grimace quand Nihima me parle des cadavres trouvés sur le chemin. J’évite de lui rappeler que ça veut rien dire, je pense qu’elle est très bien placée pour le savoir et je me contente de souffler, rebondissant au reste de ses propos. « Ils étaient persuadés d’être tranquilles pour l’hiver. Personne avait imaginé que New Eden tomberait sur la ville comme ça. » Pas aussi vite en tout cas. J’ai pas trop pigé ce qui a pu se passe en vrai. Faut dire qu’on manque cruellement d’infos et que ça donne surtout envie de se replier sur soi-même en espérant que New Eden nous verra pas.

Au reste, je me contente de presser doucement son épaule avant de partir sur le sommeil des bébés. « Ah ouais, il aime bien veiller. Et il se réveille en pleurant ou juste il se réveille ? » Nan parce que, s’il a la dalle, va falloir trouver des parades. « Sinon, tu peux le vendre ici quand je suis de garde la nuit si t’as vraiment besoin d’une nuit de sommeil hein. » En attendant, je gagatise avec le petit quelques secondes avant de retrouver mon sérieux et de hocher la tête pour confirmer mes propos. « C’est assez impressionnant. J’avais vu un reportage sur un nouveau-né dans un camp de concentration. Elle savait qu’elle ne devait pas être vue, qu’elle devait pas exister. Elle a tenu des mois comme ça. C’est comme les dénis de grossesse hein, même combat. Le bébé sait ce qu’il y a de mieux pour lui, pour survivre. Je suis à peu près sûr que tous les bébés de l’apocalypse seront bien plus discrets qu’on le sera jamais. » Et c’est tant mieux.

En tout cas, le petit a l’air en pleine forme et j’ai un nouveau sourire attendri en le regardant. Et j’ai même pas besoin de lever les yeux pour imaginer la douleur dans son regard quand elle parle d’Hayden. Je finis par souffler, d’une voix plus douce. « S’il est encore en vie, il fera tout pour venir le rencontrer. Même si ça lui prendra du temps, il viendra. » Je ne veux pas lui mentir et lui dire qu’il est forcément toujours vivant quelque part, ce serait la prendre pour une idiote. Et je suis loin d’être un optimiste forcené. Mais je sais, du peu que je connais Hayden, qu’il viendra s’il le peut.

J’ai un vague sourire quand elle continue. « Faut dire qu’on finit par se connaitre un peu à la longue. » Et je la laisse continuer, laissant filer un soupir silencieux. « Je suppose que te faire la morale sur le fait que tu vas t’épuiser si tu continues comme ça, ça servira à rien hein ? » J’ajoute, toujours d’une voix tranquille. « T’as déjà fait ton maximum en laissant des mots un peu partout. Si son groupe et lui sont malins, ils ont trouvé un endroit où se planquer pour l’hiver et ils en bougeront le moins possible. Va ptet falloir te faire à l’idée de pas avoir de nouvelles pendant quelques mois. » Je sais, c’est un peu brutal, mais elle détesterait que je prenne trop de gants avec elle de toute façon.

Par contre, quand elle me demande comment je vais, j’ai un temps d’arrêt, sans trop savoir quoi répondre. Il ne reste qu’une poignée de mois avant l’arrivée du bébé et j’avoue que je sais pas trop si je suis prêt ou pas. Faut dire que ouais, on a un peu moins de temps que la moyenne pour se faire à l’idée qu’il débarque le petit alien. Et si j’essaie d’avoir l’air assuré, en confiance, en vrai, je flippe comme un con. J’ai un soupir et j’ai un sourire alors que je finis de noter quelques trucs. « Tu sais que tu vas avoir droit à ton check-up complet aussi hein. » Et je continue, d’une voix tranquille. « Ca… ça va. Je crois. Cass’ se fait à l’idée et ça commence à devenir un peu plus… concret. Il devrait être là dans moins de trois mois maintenant. Je sais juste pas vraiment si je suis plus flippé qu’excité à l’idée de le voir arriver. J’ai aucune idée de comment on va gérer tout ça. » Et j’ai pas envie que Cass m’en veuille ce qui, au final, reste le plus compliqué en vrai.

Ils ont survécu toutes ces années, et se sont fait avoir comme des débutants... souffle t-elle concernant le corps des solitaires qu'elle à pu découvrir par instants. Une véritable perte, il allait sans dire. Et si elle semblait neutre dans ses propos, il n'empêchait. Ces vies volées restaient une injustice sans précédents, sans doute une des premières depuis la dernière attaque de Dread. Relevant la tête à sa question, haussant les épaules. Non, il se réveille juste et gazouille un peu. concède t-elle néanmoins. Souriant légèrement à sa proposition de le garder ici quand il est de nuit, écoutant la suite de ses propos sur les bébés nés en situation de crise. Merci pour ta proposition, mais je ne veux pas vous rajouter du travail supplémentaire à Quinn et toi. souffle t-elle en venant effleurer la joue de son fils qui n'a désormais d'yeux que pour son oncle, reprenant. Je te rejoins néanmoins. Je doute que ces enfants fassent pire que nous. Les morts leur paraîtront sans doute comme une routine, ils sauront mieux les éviter, et ... En avoir moins peur ? son regard l'interroge en silence, avant de rester silencieuse à l'évocation d'Hayden.

Parfois, j'ai envie de prendre le risque d'aller au centre-ville. avoue t-elle du bout des lèvres, observant son fils. Au moins pour savoir s'il fait partie des cadavres crucifiés. C'était la pire idée du monde, elle le savait. Rien ne disait qu'Oliver n'avait pas ancré son visage dans sa mémoire, et donné sa description à d'autres. Dis moi à quel point c'est la pire idée du monde. Je dois m'en persuader, pour ne jamais prendre ce risque. Mais parfois.. Je ne peux pas m'empêcher d'y penser, même en sachant que c'est de la folie pure. Il y avait un écart entre le penser, et sauter le pas. Mais si un jour, elle n'en pouvait plus ? Il fallait qu'Andrea et Nolan le lui martèlent, pour que jamais elle ne prenne ce risque stupide. Je sais que Wakiza à besoin d'une mère. Et j'arrive à me tenir à ça. le rassure t-elle néanmoins pour qu'il ne tente pas de l'attacher derechef, esquissant un sourire sincèrement désolée à la remarque du pédiatre.

Je te cause du soucis malgré moi. J'en suis désolée. ses barrières étaient levées, au moins le temps de l'entrevue. Fermant un court instant le regard pour empêcher les larmes d'affluer, hochant la tête à sa nouvelle remarque. Et s'il à vraiment trouvé une planque, je voudrai qu'il y reste en sécurité le plus longtemps possible. avoue t-elle, bien que cela lui arrache le coeur. Un rire bref s'échappant néanmoins de ses lèvres quand à ce check up dont elle sait qu'elle ne pourra s'échapper. Fais ton office, bourreau. se moque t-elle en venant dégrafer son corset et jeter sa tunique dans un coin pour ne conserver que son débardeur, relevant la tête à son avis sur son futur rôle de père.

Ca allait. Elle fronce légèrement les sourcils à sa remarque tout en le laissant continuer, comprenant ses ressentis.

Tu ne seras pas seul pour gérer ce bébé. Tu ne comptais pas te débarrasser de moi si facilement tout de même ? demande la brune avec un sourire un peu plus sincère. Et puis entre nous... Je ne doute pas une seconde que tu seras un père formidable. Il me suffit de voir comment tu te comporte avec Wade, pour le savoir.

J’ai un silence, avant de souffler dans sa direction, pensif. « S’ils s’étaient faits avoir comme des bleus, on aurait été informés, d’une façon ou d’une autre. M’est avis qu’ils ont surtout disparu le temps de se retourner. » De toute façon, c’est pas comme si on pouvait vraiment avoir des réponses à nos questions. Mais, pour une fois, j’ai pas envie de voir le verre à moitié vide, même si en théorie, c’est le boulot de Tomeo de faire ça. J’ai un sourire attendri en direction du bébé qui m’accorde toute son attention et, à la réponse que la lakota, j’ai un bref haussement d’épaules. « C’est toi qui vois. Mais la proposition a pas de limite de temps. Si t’es à bout de nerfs, si t’as besoin de souffler, tu peux nous le déposer quelques heures. Promis, on éviter de te le rendre abîmé. »

J’ai un temps de réflexion à sa question, alors que j’observe le petit bonhomme avec attention. « Je ne sais pas si c’est une bonne chose qu’ils aient moins peur. Ca risquerait de les rendre plus imprudents. Je pense qu’au contraire, il faut leur apprendre à vivre avec, à pas se laisser bouffer par elle. » Parce qu’on sait pas comment les rôdeurs seront dans quelques années. On a déjà vu masse de changements depuis le début, avec les mutations. Alors, forcément, faut rien tenir pour acquis. « Ils seront plus forts que nous en tout cas, j’en suis sûr. » Habitués à la survie, contrairement à nous qui avons dû apprendre pour la plupart. L’espace d’une seconde, j’essaie d’imaginer mon propre fils dans cet univers et j’avoue que ça me fout un peu le vertige.

Je réprime un soupir quand elle reprend. « Je comprends que t’aies envie d’y aller. Mais… en effet, Wakiza a besoin d’une mère. Kaya aussi, même si elle serait prête à scalper le premier qui osera le dire à haute voix. Et très égoïstement, nous aussi on a besoin de toi. Sans compter que, si ça se trouve, en allant là-bas, tu n’auras aucune réponse. Tu risquerais de te mettre en danger, de mettre les gens qui t’accompagneront en danger parce qu’on te laissera jamais risquer ta vie toute seule… t’imagine le bordel que ça peut engendrer ? » Je sais qu’elle en est parfaitement consciente, sinon elle serait déjà partie et on aurait jamais eu cette discussion. Mais elle a aussi besoin qu’on lui confirme qu’elle a choisi la bonne option. « Etre raisonnable, c’est chiant et frustrant, je sais. Mais là, c’est une question de survie. Et tu le sais. »

Au reste de ses propos, je lève les yeux au ciel. « Enlève-toi ça de la tête. Si les amis sont pas là pour pouvoir discuter de ce qui nous tracasse, à quoi on sert ? Enfin, si j’ai juste droit à l’option picole et blagues douteuses, où est l’alcool ? » Je reprends, un brin plus sérieux. « Ils sont malins. Pas de raisons qu’ils s’en tirent pas. Regarde-moi, j’ai bien survécu presque deux ans tout seul. Ca tient du miracle, alors des types comme ça… » Je secoue la tête quand elle me dit de faire mon office. « T’es impossible… » Et je commence à l’ausculter, non sans grimacer à sa question.

Et si elle m’arrache un sourire, ça fait pas disparaitre ce poids qui me pèse sur l’estomac depuis l’annonce de la grossesse. Que Cass’ voulait pas être mère. Qu’elle en a toujours pas envie. Et j’ai pas envie de la perdre à cause de ça. « Parait que la venue d’un bébé, ça change pas mal de choses dans un couple. Et j’ai pas envie qu’on s’embrouille pour ça. » Là, c’est un bon compromis entre rien dire et lui balancer ce que j’ai vraiment sur le cœur. « J’ai peur qu’on arrive pas à tout concilier. On a mis plus de dix ans à se retrouver, ce serait con de se foirer maintenant. » Quant à être un père formidable, tout le monde arrête pas de me le dire. Mais ils ont pas idée d’à quel point j’ai peur de foirer ça aussi en plus du reste. « Je suis un bon pédiatre. Ca veut pas dire que je serais un bon père. » Un sourire sans joie alors que j’ajoute, posant le stéthoscope dans son dos. « Respire un coup. »

Les esprits t'entendent. souffle la brune à la tentative de Nolan de la rassurer. Peut-être que oui, après tout. Que New Eden aurait laissé fuité l'information, qui aurait fini par leur revenir ? Elle ne pourrait de toute manière pas le savoir dans l'immédiat. Esquissant un bref sourire alors qu'il réitère l'idée de lui garder Wakiza, et qu'elle n'hoche doucement la tête. Peut-être un jour ou deux, alors. Histoire de pouvoir souffler ? Essayer de faire le vide. Ce serait toujours ça de gagné, oui. Et alors qu'il reprenait concernant ses envies presque suicidaires de retourner au centre ville, Nolan lui rappela sans s'en rendre compte à quel point il pouvait être important dans sa vie. Sachant trouver les mots avec douceur, rappelant les points sensibles qu'elle n'arrivait pas à mettre en avant quand aux risques d'aller la-bas. Les incidents envisageable, les potentiels blessés. Tu aurais fait un excellent chaman. le taquine t-elle avec douceur. Le genre de conseils avisés qu'il offrait sans être tranché dans ses propos, restait une qualité que son peuple avait toujours mise en haute estime.

Je sais que tu as raison. Mais parfois... J'ai besoin de l'entendre. D'être ramenée à la réalité. concède t-elle du bout des lèvres. Admettant ses propres faiblesses, cette douleur sourde dans sa poitrine que rien ne parvenait à apaiser, pas même quelques heures de sommeil. Au moins, son médecin avait le mérite de la rassurer sur cet embarras qu'elle ressentait. Venant un instant poser sa main contre son épaule pour le remercier en silence, ne pouvant s'empêcher de rire légèrement à sa question. Frances et Tucker ont trouvé quelques bouteilles de rhum dans un vieux bar. Je peux t'en ramener une, et on se confie nos problèmes en se noyant dans l'alcool si tu veux ?

Ca pourrait toujours être amusant. Et je peux ramener le calumet. Histoire de planer un peu. Nolan n'était pas sans savoir qu'elle ne se cachait pas des réactions hallucinogènes de certains des composants du tabac qu'elle utilisait pour ce genre de séance après tout. Et peut-être qu'un peu de méditation spirituelle l'aiderait également à prendre du recul sur la situation désespérée qu'elle vivait inlassablement depuis la chute du centre ville.
Somme toute, ça confirmait sa remarque. Elle était définitivement impossible. Esquissant à nouveau un sourire en le laissant l'examiner, tournant brièvement la tête vers lui quand il évoque de potentielles disputes. Pourquoi ça ? demande la brune avec une curiosité certaine, reprenant à ses propos. Trop y penser ne t'aidera pas. Regarde moi. Sa situation en était la preuve. A trop cogiter, elle ne faisait que s'affaiblir, et n'était pas pour autant capable de changer le temps. Être parent est terrorisant. Je te l'accorde volontiers. Mais si tu as des doutes, quelque chose qui t'effraie. Je peux toujours t'écouter, et te conseiller. Tu ne m'as pas dis que les amis étaient aussi fait pour ça ?

Histoire que ça aille dans les deux sens. Sans compter qu'elle avait désormais deux enfants à son actif. Autant dire qu'elle pouvait comprendre sa situation, plutôt aisément.

Se taisant uniquement pour inspirer profondément, et expirer avec lenteur. Grimaçant au contact du métal froid contre sa peau.