Je lui rends un sourire assuré, même si je le suis pas vraiment. « J’ai toujours été la voix de la raison voyons, pourquoi ça serait pas encore le cas une fois de plus ? » Et je vois qu’elle commence à céder du terrain pour garder le petit. Pour changer son peut-être en oui, j’ajoute, le plus sérieusement du monde. « Sans compter que ça m’entrainera ! C’est tout bénéf pour tout le monde ! » Ah, là, je l’ai coincé j’suis sûr, elle sera obligée de dire oui.

Et je hausse une épaule quand elle me dit que je ferais un excellent chaman. « Parait que je suis guérisseur, ou quelque chose du genre. Ca se rejoint un peu non ? » Bon, je vais ptet me prendre un taquet pour hérésie, d’autant que je suppose que c’était un compliment. Que j’ai pas trop capté du coup. Au reste, j’ai un mince sourire à son attention. « Tu vois, rien que pour ça, je vais pas me vanter d’avoir eu raison. Mais c’est pas pour autant que ça reste agréable à entendre. A ta place, je serais déjà paumé dans la pampa à essayer de retrouver Cass’, quand bien même je sais pertinemment que je serais plus utile ici. » J’ai un bref regard autour de moi avant de lui lancer un regard curieux. « Du rhum ? Tu m’intéresses là. Si tu me promets de pas essayer une nouvelle fois de me faire lancer un tomahawk, ça doit pouvoir se faire. » Une vague grimace à un des quelques souvenirs alcoolisés de cet endroit, avant que je reprenne, avec un rire. « Ah ouais, carrément le combo ? Ma foi… j’dirais pas non à un peu de détente. »

Que ce soit la grossesse avancée de Cass’, le TPST de Tom qu’on arrive toujours pas à gérer, la mort de trop de proches les derniers mois qui ont suivi ou, tout simplement, leur disparition, ça commence à faire vraiment beaucoup. Et si certains arrivent à bien tenir le coup, je suis pas sûr que ce sera encore mon cas bien longtemps. Sauf que je peux pas me permettre de flancher, surtout pas maintenant. Encore moins pour de simples états d’âme.

J’ai un bref soupir à sa question, sans trop savoir quoi répondre. « J’en sais rien. » Ouais, c’est pas la meilleure réponse du monde, juste que je flippe comme un con alors que je devrais pas. Je finis par la fixer quelques secondes alors qu’elle continue. « Cass’ a l’air tellement persuadée que j’serais genre le père de l’année que j’ai peur de tout foirer. » Et je laisse filer un rire en secouant la tête. « ‘tain ça sonne encore plus pathétique à haute voix. C’est n’importe quoi. » Je continue de l’examiner, l’intimant au silence quelques secondes, avant de prendre son pouls. « Tu fais un peu de tension. Mais rien de bien étonnant. A part l’absence de sommeil et l’envie de scalper tout New Eden, t’as d’autres symptômes ou petits soucis que t’aurais oublié de me dire ? » Je les connais là, tous à vouloir ménager le monde entier pour pas qu’on s’inquiète pour rien. Y a des jours où c’est l’horreur d’être le médic de survivants, surtout après autant d’années à lutter contre le monde entier, j’vous le dis moi. Ils viennent pas tant qu’ils sont pas en train de ramasser leurs viscères après avoir été coupés en deux ou après dix jours à avoir de la fièvre. Sans déconner, j’exagère à peine.

Tu pensais que les natifs n'avaient pas l'attrait de la boisson? se moque t-elle avec douceur, quand il devient intéressé par cette histoire de rhum, étouffant un rire bref. Ironique, quand elle songeait à tous ces gens de son peuple qui avaient succombé à la drogue ou à l'alcoolisme, à cause des mauvais traitement hors de la réserve. Préférant néanmoins conserver l'information pour elle, pour se concentrer sur l'évocation de Cassidy, qui malgré elle, lui impose un stress supplémentaire.

Il n'y à pas de parents parfaits. Mais je sais que tu feras de ton mieux. A mes yeux, c'est encore mieux que la perfection. Cass à juste confiance en toi, et si je comprends ton angoisse, n'oublie jamais que tu ne seras pas seul pour cette naissance. D'accord ?

Grimaçant à l'évocation de cette tension qui n'est qu'un chiffre dérangeant à ses yeux. Baissant un bref instant le regard à sa question, avant de relever ses yeux sur les siens, secouant doucement la tête.

Rien que tu ne sais déjà. un sourire mélancolique venant naître sur ses lèvres à cette idée. Il y avait de toute manière bien trop de questions dans son esprit, pour qu'elle ne se risque à noyer les autres avec, sans aucune possibilité d'avoir une réponse concrète à recevoir. Il faut juste que j'apprenne à laisser le temps au temps, je suppose.

Il n'y avait que ça à faire de toute manière. Laissant néanmoins le pédiatre s'assurer que tout le reste fonctionnait, avant de se saisir de sa cape et se rhabiller rapidement. Laissant un petit silence passer, avant de reprendre à son attention.

Frances m'attends, je pars à l'avant poste. Si tu as besoin de vêtement pour le bébé, n'hésite pas à me le faire savoir. Je profiterai du trajet pour voir si je trouve quelque chose dans les villages alentours, d'accord ?