Déjà quatre ans ? C'est fou, oui, que je lui souffle avec un sourire en coin, consciente que ça n'est pas vraiment facile non plus de voir son enfant murir sans avoir le temps d'en profiter. Du moins pour le commun des mortels. Pour ma part, je suis plutôt contente que Romy et Nicolas murissent, ne plus avoir à leur changer les couches, à les habiller, à les laver, c'est tout ce que j'attends ! Ils grandissent rapidement, que j'ajoute sans grandes convictions, avec une petite grimace de circonstances.

Enfin, ce n'est pas tout ça. Wini essaie de faire la conversation, mais ne rebondit que sur les évidences, ce qui me donne un peu de mal à réfléchir au reste. A croire que c'est à moi de tout faire. Je soupire, essaie de ne pas m'en formaliser. Mais je sens quand même un bon malaise s'implanter soudainement et ça me gêne. J'ai vraiment du mal avec les gens qui ne savent pas se faire honnêtement curieux, ou ne serait-ce que par politesse.

Et puis, ça n'est pas difficile d'apprendre, non ? que je souffle, essayant de trouver ce qu'il faut pour relancer la discussion. Je veux dire que même à cinquante ans, il est toujours possible d'acquérir de nouvelles connaissances et de pratiquer un nouveau métier, rien ne nous l'interdit, que j'ajoute dans la foulée avec un sourire qui se veut confiant, sans l'être vraiment. Si avant, nous avions des professions peu intéressantes pour ce type de situation, rien ne peut nous retenir de faire autre chose !

Bon, je m'emballe peut-être. Tout ce que je sais, c'est qu'ici, on ne laisse pas les flemmards se la couler douce pour autant. Ce qu'il faut faire, c'est essayer au maximum. Qu'est-ce que tu faisais, avant, toi, d'ailleurs ? Que je lui demande finalement en fronçant les sourcils. Peut-être qu'à partir de là, il nous sera plus facile de te trouver quelque chose à faire pour la communauté, que j'ajoute.

Vraiment ? J'ai un rire amusé qui m'échappe en y pensant, alors qu'elle m'explique son ancien métier. C'est vrai que vu comme ça, on s'imagine assez peu si c'est utile. Cela dit, je ne dénigre pas, je suis persuadée que certains seraient contents d'avoir quelqu'un capable de fabriquer certains savons, et c'est dans les cordes d'une esthéticienne, non ? Cela dit si tu t'y connais en coiffure ça peut être utile quand même, je suis sûre que Shawna accepterait de t'apprendre les bases pour couper les cheveux ! Que je souffle simplement en tâchant d'être optimiste.

Sa fille ne tient pas sur ses béquilles et j'esquisse un sourire en jetant un coup d'oeil à mes propres enfants. Ils ont l'air toujours bien vivant, c'est l'essentiel. Ton père était cuisinier ? Je pense que tu peux travailler avec moi alors ! Surtout si elle sait cuisiner comme elle me le confie. C'est un bon début je trouve. Un soupir m'échappe et quand elle me retourne la question, je reprends très vite mon sourire : J'étais moi-même cheffe dans mon restaurant, avec mon mari, un couple de cuisinier ! Du coup oui, ici je peux continuer à faire ce que je faisais, que j'ajoute. Néanmoins l'attention de Wini se tourne vers l'infirmerie et j'hésite un instant...

Oh bonne question... Il me faut réfléchir à qui fait quoi déjà. C'est un peu confus. Nous avons Nolan qui était pédiatre, mais il y a un croque-mort, une médecin légiste, un pompier,... Bon je n'ai certainement pas fait le tour ! Et des vétérinaires, ce qui est encore utile pour les animaux, que je souffle avec un sourire de circonstances : Mais certains se forment, Joachim par exemple, le fils d'Isaac, apprend pour devenir vétérinaire à son tour, que j'ajoute. Je suis assez fière de ça d'ailleurs, même si ça n'est pas du tout de mon fait, Wyatt a essayé aussi et a été très doué. Comme quoi, rien n'est perdu, la prochaine génération est bientôt prête, que j'ajoute avec un sourire. Tu voudrais essayer aussi ?