- Ok, fais-je à May qui me confirme reconnaître le style des agresseurs, on va venir vous récupérer, Lenore, réponds-je ensuite à notre camarade.

Ensuite, il ne nous reste qu’à se mettre d’accord sur la fréquence à utiliser entre nous avant que mes deux partenaires ne s’avancent avec discrétion. J’imagine qu’elles ont conscience que leur capacité à ne pas se faire repérer va déterminer le taux de survie de nos alliés. Et d’ailleurs, la voix de Zekke se fait entendre à nouveau.

- « Qu’est-ce qui vous fait croire que je vais les libérer ? »
- Parce que… je pense que tu n’as pas le choix ?
- « Me cherche pas, Jill… »
- Je te cherche pas, je donne les faits. Tu vois, on vient d’un groupe assez nombreux, on est plusieurs centaines. On fabrique des munitions, on a des véhicules blindés, des avions, tu vois le tableau, ou il est trop jeune ? Dans ce cas, j’espère qu’il a de l’imagination, tu peux tuer nos amis, on va débarquer avec l’artillerie et on aura même pas besoin de vous approcher pour vous faire exploser, littéralement, je continue, sur un ton calme et posée qui contraste avec la gravité des propos, ou bien tu es raisonnable, on trouve un terrain d’entente, et tu pourras t’en sortir tranquillement avec tes petits camarades. Tu en dis quoi ?
- « J’ai pas peur de vous ! »
- C’est pas une question de peur, mais je crois qu’il ment.
- « … Je te recontacte. »

Ça coupe ensuite, mais je ne suis pas – trop – inquiète. Je pense quand même avoir effleuré une corde sensible : ces gosses veulent vivre, c’est une certitude. Il n’y a plus qu’à espérer que cette volonté soit plus forte que l’inconscience de la jeunesse, qui les pousserait à résister. Je change alors ma fréquence, juste à temps pour entendre la surprenante question de Sun.

- C’est notre priorité, que je rappelle à ma camarade – et je me retiens de lui dire que c’est bien beau de défendre « l’honneur » des guerres, si c’est pour envisager de sciemment faire de ses partenaires des dégâts collatéraux, je vais peut-être réussir à leur faire entendre raison. Pas de contact pour l’instant : essayez de voir s’ils n’ont pas des gus planqués ou des patrouilleurs, j’imagine que si l’équipe de Lenore s’est fait surprendre, c’est parce qu’ils avaient manqué quelque chose, repérez aussi leurs options de fuite possible.

Y a-t-il des voitures en état de fonctionner ? Des vélos ? Des voies faciles d’accès en direct depuis leur position ? C’est ce qu’on va devoir couvrir, si jamais ils cherchent à se barrer.