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Let the -Sun-shine

Sam 19 Fév 2022 - 21:51

Janvier 2022

La foulée régulière, il conserve une bonne allure alors qu’il bifurque vers le stand de tir pour s’éloigner du cœur même du camp. Le soleil est levé depuis seulement une heure et dans le froid hivernal, il sent l’air lui brûler les narines et la gorge alors qu’il inspire et expire dans un halo blanchâtre, profitant du calme et du silence du camp à cette heure-ci.
Dans cette semi obscurité, il n’y a que ceux rentrant de leur tour de garde ou allant en remplacer d’autres qui sont de sortie. Saluant d’un simple signe de tête ceux qu’il connaît, il se renferme dans sa bulle, savourant cette liberté qui n’appartient qu’à lui. C’est une nécessité autant pour sa phobie des petits espaces que pour le besoin tacite de s’entretenir. Qui lui aurait dit qu’atteindre quarante ans signifiait fournir deux fois plus d’efforts pour tenter d’être au même niveau que tous ces petits jeunes? Le retour de Stan signifiait aussi la reprise de ses engagements envers ce camp, un an après son arrivée dans ces lieux.

Un an déjà et si Jeremiah n’est pas du genre à s’appesantir sur le passé, il ne peut nier le chemin parcouru en si peu de temps. Parfois, il a l’impression que cette simple année a effacé les cinq autres, avant que les cauchemars ne les lui rappellent. C’est d’ailleurs une énième crise nocturne qui l’a poussé à quitter la chaleur de la couette et surtout celle des bras de Layla pour se défouler d’une manière plus saine que son renfrognement habituel. Il n’aime pas parler de ces choses là, qu’il veut révolues. Les mettre de côté n’est pas la solution, pas plus que les enterrer, mais c’est plus facile. Et il choisit souvent la facilité. Pas toujours, comme avant, mais souvent.

Ralentissant la foulée, il reprend son souffle, durement. Grimaçant sous la contrainte et l’effort, l’injection de ce foutu vaccin ne l’aide pas. Si la fièvre est tombée depuis quelques jours, les crampes et courbatures, elles, persistent et ralentissant encore jusqu’à parvenir à un rythme de marche rapide, il s’étire pour tenter de se soulager. Deux minutes de pause et il repartira pour dix autres.

Réglant sa montre, il n’est pas impatient d’entendre le bip caractéristique de la reprise mais il faut ce qu’il faut et à défaut de soulager ses muscles, ça a au moins le mérite de lui vider l’esprit des images de cette nuit.

Reprenant sa course, il bifurque à nouveau à un croisement et absorbé par ses songes et surtout sa respiration ne voit pas l’un de ses comparses prendre le même angle en sens inverse. Il a beau tenter une embardée sur le côté, il ne dévie suffisamment sa course que pour que leur épaule respective s’entrechoque violemment, les déséquilibrant. Se rattrapant de justesse en évitant de s’étaler comme une crêpe au sol, il stoppe net son élan, se pliant en deux, mains sur les cuisses pour reprendre son souffle. Relevant son regard vers le boulet de canon qu’il vient de percuter, il se rend compte que c’est un petit bout de femme pas très épaisse mais à la force d’un rugbyman. “Priorité à droite merde!” lance-t-il sans agressivité pourtant. “Femmes au volant…” accident au tournant, c’était bien connu. Sauf qu’ils sont à pied et que sa réplique sonne un brin machiste pour quiconque le connaît peu. Comme Sun en somme.
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Re: Let the -Sun-shine

Dim 20 Fév 2022 - 1:07

« Excusez-m... »
Oui, l'espace d'un instant, Sun a souhaité s'excuser. Les mécanismes sociaux qui l'ont forgée l'encourageaient d'ailleurs à agir de la sorte. Elle avait même commencé à s'incliner par réflexe, malgré son épaule endolorie par le choc et cette cheville malmenée par le geste salvateur qui l'a empêchée de tomber au sol.

Et puis l'homme s'est exprimé...

Ce faisant, il est parvenu à cumuler deux défauts que la nippone n'a jamais réussi à supporter : l'impolitesse et le sexisme. En soi, ça ne l'étonne pas vraiment. Les américains ne s'embarrassent que rarement de l'étiquette. Sun n'a d'ailleurs toujours pas vraiment compris comment ils parvenaient à composer avec son absence. Ces gens-là préfèrent se tirer dessus dès qu'ils en ont l'occasion. Pour un oui, un non et même un peut-être.

Mais lui, il place la barre très haut. C'est un autre réflexe qui pousse désormais la kenshi à lever la main par-dessus son épaule. Sa main se referme sur le vide. Et elle se rappelle qu'elle n'a pas jugé bon d'emporter son shinai avec elle. Grave erreur. Car certains ont visiblement besoin qu'on leur inculque une certaine forme d'éducation dès les premières heures du jour.

Si l'espace d'un instant Sun envisage de dégainer l'un de ses couteaux, elle se rappelle également que la connerie ne devrait pas être punie de mort. Alors elle se rabat sur une arme tout aussi efficace, quoique plus sournoise : les mots. « Oui ? » l'encourage-t-elle sur un ton qu'elle s'emploie à conserver neutre. Tout comme l'air qu'elle peine à continuer à arborer, d'ailleurs. « Vous n'avez pas terminé votre phrase ! » Et quelque part, elle espère qu'il sera assez stupide pour l'insulter ouvertement. Car si la culture japonaise appelle à la maîtrise de soi et à la retenue, elle octroie aussi certaines libertés lorsqu'une personne vous manque ouvertement de respect.

Sun se retrouve à faire un pas dans la direction de cet homme qui la domine de la taille et des épaules. Certains verraient ça comme un désavantage. Elle, elle le perçoit comme un défi. Elle se plante devant lui, se retrouve forcée de lever la tête pour le toiser avant de croiser les bras. Même si ce geste semble anodin, il dénote surtout de l'impatience. « Que font donc les femmes au volant ? » Elle croit connaître la suite, mais n'en est pas sûre. Et quelque part, elle suppose qu'elle a le devoir de laisser une chance à cet homme de ravaler les quelques mots que la frustration, la colère ou la simple imbécilité l'ont encouragé à prononcer.

« Vous vous appelez Jeremy, c'est ça ? » Elle le connaît de vue, et presque de nom. Pas parce que ça l'intéresse mais parce qu'elle tend souvent l'oreille. Un peu malgré elle, d'ailleurs. « J'aime beaucoup les proverbes, moi aussi. Me permettriez-vous de vous partager l'un de mes préférés ? » La kenshi conserve cette politesse dont l'homme l'a privée. Là encore, ce n'est pas une question de choix. Simplement l'expression d'un code inscrit dans son éducation. Et peut-être même dans ses gênes. Quoi qu'il en soit, il convient de poursuivre avant que l'autre trouve juge utile de proférer d'autres inepties : « Les clous qui dépassent attirent le marteau ! » Elle doute qu'il ait déjà entendu ce dicton. Ce type ne s'est visiblement jamais rendu au Japon. Ou alors, il n'y rien retenu du Reigi. Mais il aura peut-être la jugeote nécessaire pour comprendre qu'il n'est pas le marteau, ici ?
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Re: Let the -Sun-shine

Dim 20 Fév 2022 - 15:00

”Bah mort au tournant!” S’exclame ce dernier, toujours courbé en deux et les mains sur les cuisses tandis qu’il reprend son souffle. Est-ce qu’il a conscience qu’il vient de vexer la jeune femme ou heurter son ego? Non. Parce que le garde forestier est bien loin de toutes ces considérations sociales de petite princesse et qu’il est adepte de pas tortiller du cul pour chier droit ou d’appeler un chat un chat. On ne le trouve pas bourru et grossier pour rien, de prime abord. Et si c’est surtout un genre qu’il se donne pour s’éviter l’embarras de la gêne des premiers échanges et les complications associées, c’est aussi inscrit dans son caractère. Direct, franc. Simple. “T’façon c’est des conneries, statistiquement les hommes avaient plus d’accidents mortels” ajoute ce dernier. Ce n’est pas une façon de se dédouaner. Pour ça, il faudrait qu’il ait conscience d’avoir manqué de politesse à la petite asiat’ qui lui fait face.

D’ailleurs, elle se rapproche un peu trop, bien droite malgré sa taille inférieure et le menton haut plein de fierté. Merde, encore une princesse coincée visiblement. C’est qu’elles étaient légion dans ce camp. Se redressant à son tour, mimétisme inconscient, il fronce les sourcils quand elle empiète un peu trop son espace vital. C’était une technique de drague japonaise? Du moins la pense-t-il japonaise, mais il doit avouer qu’il n’est jamais trop sûr. Ses voyages l’ont conduit au Vietnam et les pays limitrophes, clairement, elle n’a pas le même métissage. Mais pour le reste, c’est un peu comme essayer de différencier un ricain d’un canadien, de son strict point de vue d’homme des cavernes.

Son prénom écorché lui offre une moue fugace et pensive avant de hausser les épaules. “Jeremy” répète-t-il pour tester la consonance du nom. “Ouais c’pas mal” finit-il par approuver sans la corriger. Et plongeant à nouveau ses yeux dans les siens, il acquiesce. “J’te permets tout ce que tu veux” répond-il simplement, pas du genre à dire aux autres ce qu’ils doivent faire ou dire. Peut-être parce qu’il détestait les ordres et qu’il prônait une certaine liberté.

Fronçant les sourcils face au proverbe donné, le quadragénaire cherche le rapport entre les mots soufflés et la situation présente, avant de rapidement abandonner. Peut-être qu’elle aime juste s’entendre dire des trucs profonds mais vides de sens. Y’en a pas mal qui aimaient emprunté des phrases d’intellos que d’autres avaient pondu y’a genre trois siècles juste pour se prouver qu’ils étaient tout aussi intelligents. Force est de constater qu’aucune pensée, maintenant, n’est originale. Peu importe l’avis, quelqu’un l’a déjà débattu avant eux. “Bah ça fait surtout mal aux orteils” affirme ce dernier avec assurance.

Se massant l’épaule, il détaille la carrure de la jeune femme qui lui tient tête pour il ne sait trop quelle raison. “Comment un p’tit bout de femme comme toi peut faire aussi mal?” Demande-t-il dans une grimace. “Et comment ça se fait que t’es même pas essoufflée, Sun shi?” Bordel c’est qu’il se faisait vieux. Au moins se rappelait-il de quelques rudiments japonais entendus y’a quelques décennies. D’ailleurs, il ne sait pas si le suffixe formel apposé à son prénom ressemble davantage à sushi que sunshine. Mais il se tait bien de lui demander son avis vu le petit air pincé de cette dernière.
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Re: Let the -Sun-shine

Dim 20 Fév 2022 - 15:41

« Savez-vous pourquoi ? »
L'autre semble avoir pris conscience de sa bêtise. Et s'il a eu l'outrecuidance de terminer sa phrase - mais pour sa défense, elle le lui avait demandé - il a au moins eu le bon goût de préciser que les hommes sont plus dangereux au volant que les femmes. Elle ne sait pas s'il se base sur des statistiques réelles. Mais ça lui semble refléter la réalité. Pourtant Sun hésite. Elle ne sait pas si son interlocuteur tente simplement de se rattraper ou s'il a réellement compris que le véritable danger sur les routes étaient les hommes. Et pas que sur les routes.

« Vous vous appelez bien comme ça ? » demande-t-elle ensuite lorsqu'il semble accepter le prénom qu'elle vient de lui associer. D'une manière un brin étrange. Comme tout ce qu'il a dit depuis qu'ils se sont percutés, en fait. « Vous ne devriez pas ! » corrige-t-elle aussitôt, par la suite, lorsqu'il lui permet de faire tout ce qu'elle souhaite. « Une trop grande liberté mène inévitablement au chaos ! La société a besoin de règles. Elles sont les piliers qui garantissent la stabilité, et le bien-être ! » Elle s'exprime un peu comme un livre ouvert en cet instant. La faute aux propos trop souvent rabâchés par ses parents et à cette culture dont elle est imprégnée. « N'octroyez jamais de droits aux gens s''ils n'ont pas prouvé qu'ils en étaient dignes ! » Alors même si quelque part elle le trouve plutôt sympathique lorsqu'il l'autorise à se permettre des choses, elle n'estime qu'elle n'a pas gagné ce droit.

Elle se contente ainsi seulement de lui partager un peu de culture nippone. Surtout pour lui transmettre un message sans le menacer ouvertement. C'était une mise en garde enrobée de sagesse. Et l'autre, de toute évidence, ne l'a pas comprise puisqu'il évoque maintenant ses orteils. Son air frôle la surprise. Juste un instant. Le temps que les habitudes reprennent le dessus. « Vous êtes blessé ? » Son regard glisse naturellement sur les chaussures de l'intéressé. Elle n'a pas particulièrement envie de lui venir en aide et pourtant c'est ce qu'il fera s'il en exprime le souhait. Car c'est après tout aussi un peu de sa faute, s'ils se sont percutés. Elle n'aurait pas dû terminer son jogging matinal par un sprint.

Il aurait peut-être pu se contenter de répondre par l'affirmative ou la négative. Mais il tombe à nouveau dans ses travers en lui demandant comment elle peut faire aussi mal. Quelque part, elle devrait être honorée. Mais c'est surtout le fait d'être qualifiée de petit bout de femme qui domine ses pensées. Ou encore, le fait d'être qualifiée de Sun Shi. « Vous êtes toujours aussi désobligeant ? » Et oui, il semble évident qu'il mérite sans doute qu'elle écrase ses genoux dans son entrejambe. Il aurait ainsi de véritables raisons de se plaindre. Que cherche cet homme ? Pourquoi se comporte-t-il ainsi alors qu'elle fait encore de son mieux pour ne pas l'insulter, ou le fracasser ? « Texan ? » se hasarde-t-elle finalement à demander. Car cela pourrait sans doute expliquer bien des choses.
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Re: Let the -Sun-shine

Lun 21 Fév 2022 - 0:20

“Pourquoi quoi? Pourquoi les hommes ont plus d’accidents mortels?” C’est quoi? Un débat scientifique sur les statistiques de la route et des risques encourus? “Rapport à leur b… zigounette” se rattrape-t-il juste à temps. “Indirectement, tout est lié à leur zigounette. Accidents car conduite à risque, excès de vitesse et grosses voitures qui font mal. Grosses voitures pour compenser ce que tous les mecs cherchent à compenser.” Cela dit, comme il était connu que les asiatiques avaient des petites bites, peut-être que c’est un problème effectivement très connu par sa vis-à-vis mais il se gardera bien de lui poser la question pour vérifier son hypothèse. De toute façon c’est pas comme s’il était particulièrement fasciné par les phallus.

Se passant une main sur le visage et ajustant le bonnet qu’il porte vu la température extérieure ce matin, il laisse un sourire étirer ses lèvres. “Jeremiah” concède-t-il en insistant sur la dernière syllabe pour qu’elle perçoive la différence. Son sourire perd cependant bien vite de sa superbe quand la jeune femme lui sert une diatribe d’un autre temps sur la sphère sociétale et ses enjeux. Wow merde celle-là il ne l’avait pas vu venir et s’il n’avait pas eu l’assurance que Sun était du genre sérieuse, il penserait qu’elle se foutait clairement de sa gueule. Si c’est le cas d’ailleurs, cette dernière mérite un putain d’oscar. Elle croit vraiment à son charabia? Nan parce qu’il veut bien admettre une différence culturelle mais le balai que la brune semble posséder ne se situe définitivement pas dans les syllabes -tu et -relles du mot. Elle débarquait de quelle planète l’extra-terrestre? Plus loin que le Japon, à n’en pas douter. “Y’a comme un hic dans tes beaux préceptes. On vivait dans un monde régi par des règles et des lois et ça ne l’a pas empêché de se casser la gueule” Fait-il remarquer alors qu’elle poursuit, lui offrant gratos ce qu’il juge être un conseil avisé mais creux à son sens. En tout cas au mieux hypocrite, au pire pédant. “Les mots sonnent bien mais encore une fois, y’a un hic. Qui juge de la dignité d’un autre. Toi? Moi? Ce n’est qu’un sentiment et un jugement humain parmi tant d’autres donc faillible, donc à la valeur discutable” Ou comment tenter de noyer le poisson. Débattre philosophie, très peu pour lui mais renvoyer la balle et mettre les gens le nez dans leur incohérence, c’était toujours un plaisir simple et sans prétention.

“J’dirai pas blessé non” se contente-t-il de répondre, fronçant les sourcils quand elle regarde ses pieds alors que c’est son épaule qu’il masse. Merde, elle est peut-être un peu autiste en fait, genre Asperger truc là. De beaux mots mais socialement inadaptée.

Et quand elle le qualifie de désobligeant, il ne peut s’empêcher de sourire davantage encore, amusé par la situation. “J’aurais dit charmant mais tout est une question de point de vue j’imagine” commence-t-il et voyant que ça ne prend définitivement pas, il lève les deux paumes en signe de reddition. “Okay okay, je range l’humour” s’excuse-t-il plus ou moins. Par contre, quand elle le traite de Texan, il prend un air offusqué et porte une main à son cœur. “Pas la peine d’être insultante!” Se choque le quadragénaire faussement mais en jouant plutôt bien la comédie. La politesse semblant être une notion importante pour la demoiselle, il espère bien la faire se sentir coupable. Est-ce qu’il la traite de chinoise elle? “Madame, je ne puis échanger davantage avec quelqu’un qui a aussi peu de respect pour mes origines et déshonore avec une telle aisance et véhémence mes ancêtres, paix à leur âme” Et sur ce, il s'incline légèrement vers l'avant dans un salut poli et poursuit son chemin, le menton haut, attendant de lui tourner le dos pour se fendre d’un large sourire.
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Re: Let the -Sun-shine

Mar 22 Fév 2022 - 11:17

« Leur phallus, oui. »
Sun n'a pas peur des mots, même quand ces derniers ont tendance à provoquer une légère gêne chez les autres. Ou même chez elle. Même si elle reste impassible, évoquer l'anatomie intime d'un reste tout de même étrange. Quoi qu'il en soit, la nippone est agréablement surprise par l'élan de lucidité de ce Jeremy. Si bien qu'elle trouve un peu bête, voir déplacé, la manière dont elle s'est adressée à lui. « Mais les femmes ne sont pas exempts de reproche non plus... » avoue-t-elle. Car après tout si les hommes accordent une telle importance à leur virilité, n'est-ce pas pour les impressionner ?

« Veuillez m'excuser pour la méprise ! » demande-t-elle lorsque l'autre lui donne son véritable prénom. Elle n'était pas loin. Mais le diable ne se cache-t-il pas dans les détails ? « Je m'appelle Sun. Masako. » Elle hésite mais s'incline conformément aux impératifs du reigi.

Là elle la kensi désapprouve, c'est lorsque l'homme s'élève contre les règles, allant même jusqu'à les critiquer en soulignant leur incapacité à avoir empêché la fin du monde. « Si les survivants n'avaient pas oublié l'ordre et la discipline, nous aurions pu faire face. La force de l'humanité réside dans sa capacité à se discipliner dans les moments éprouvants. » Oui, elle est convaincue que ce qui a provoqué la chute du monde, c'est précisément la liberté dont chacun s'est emparé lorsque plus personne n'était là pour faire respecter les lois. Au japon, suppose-t-elle, les choses se sont passées différemment. « Bien sûr qu'il appartient aux autres de juger de la dignité d'une personne. Ca n'a rien de subjectif de dire qu'une personne qui vole, ou qui tue sans raison n'en possède pas... » Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. La dignité échappe à la perception de la morale. Elle relève de la conscience collective, non individuelle.

« Alors qu'est-ce que vous diriez ? » Pourquoi ne peut-il pas simplement répondre par l'affirmative ou la négative. Pourquoi la force-t-il à faire un pas prudent dans sa direction pour obtenir un meilleur angle de vue sur sa chaussure, et les orteils qu'il cache. « Vous avez besoin d'aide, oui ou non ?» le presse-t-elle. Cet homme n'est peut-être pas aussi mal élevé qu'elle le pensait mais il possède indéniablement un don pour compliquer les choses. Les américains adorent complexifier leurs vies pour des raisons qui lui échappent d'ailleurs encore.

Et puis il y a finalement une forme de contrariété qui se dépeint sur le visage de la nippone lorsque son interlocuteur se qualifie de charmant. Quelle... arrogance. Même s'il n'est pas désagréable à regarder, il n'en reste pas moins imbu de lui-même. Et le narcissisme est un défaut. « C'était de l'humour ? » s'étonne-t-elle lorsqu'il lui indique qu'il va arrêter de faire le clown. Sans trop savoir si ça la rassure, ou non.

« Est-ce insultant de qualifier un américain, d'américain ? » Bon, d'accord, ce n'est pas exactement ce qu'elle vient de faire. Elle le sait bien, Sun, qu'il y a des rivalités entre états, entre villes et campagnes. Mais le reconnaître, ce serait admettre qu'elle l'a effectivement insulté. Et elle devrait alors lui présenter des excuses. Et elle attend toujours les siennes depuis qu'il l'a percutée... Quant à la suite, la kenshi n'y était tout simplement pas préparé. Il s'incline, l'accuse plus ouvertement de lui avoir manqué de respect et poursuit son chemin. « Si je vous ai offensé, j'en suis... désolée ! » finit-elle par lâcher du bout des lèvres. « Veuillez accepter mes excuses ! » La voici qui s'incline à nouveau, crispée par ces obligations qui ont parfois tendance à l'agacer. « Et me présenter les vôtres ! » Car après tout, le reigi, c'est surtout un échange de bons procédés.
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Re: Let the -Sun-shine

Ven 25 Fév 2022 - 20:42

Le discours sonne creux. Non pas qu’il juge les beaux préceptes évoqués par sa comparse, juste qu'il n’y croit pas. À toute cette diatribe de bon ton et aux mœurs bien pensées. Ce n’était que des mots, aussi beaux soient-ils. Des mots vides si les actes n’étaient pas appliqués en conséquence, et pour ça, la vie entière lui donnait raison. Il en avait connu des beaux parleurs, des gens prétendument de bien, évoquant quelque valeur morale sans les suivre et pointant du doigt avec dédain tous ceux différents de leur code bien régi. Exemple parfait de ces prêtres aimant fourrer leur phallus - puisqu’ils en étaient là - dans des petits garçons. Ok, sa pensée n’allait pas très loin et le raccourci était facile mais il se contente de hausser les épaules. Si Sun désirait suivre des règles appartenant à une autre époque, soit, il était mal placé pour juger les siennes meilleures que d’autres. Elles lui convenaient et c’était là tout l’essentiel.

Prenant la poudre d’escampette, son sourire s’élargit encore un peu plus quand la jeune femme se confond en excuse pour son ego faussement blessé. Sourire qui disparaît aussitôt que cette dernière le rattrape. Il a envie de lui dire qu’il se fout de sa gueule et qu’il se contrebalance de la méprise mais elle semble trop à cheval sur certaines choses et il a déjà poussé sa chance un peu trop loin. Il connaît sa réputation et malgré son gabarit, il ne doute pas qu’elle le mettrait minable en un contre un. Encore une fois, rien que son ego ne puisse pas dépasser.

Et parce que la quadragénaire n’est pas de ceux cherchant midi à quatorze heures et qu’il n’a aucune envie de rebondir sur une quelconque pensée philosophique de pacotille, il hausse de nouveau les épaules. “Ok, excuses acceptées” lâche-t-il le plus simplement du monde. Et parce qu’elle exige les siennes pour il ne sait trop quelle raison, il décide de la prendre à contre pied en lui accordant sans discuter ce qu’elle désire. “Si tu veux” reprend ce dernier en la regardant bien dans les yeux. “Désolé” Le ton n’est pas larmoyant, pas rieur non plus. Difficile de dire s’il capitule et pense réellement ce qu’il dit, concède seulement cette manche ou se moque un peu d’elle mais le doute était toujours plus délectable que l’assurance, surtout envers des personnalités froides et carrées comme l’asiatique. “Et pour info Texan est une insulte pour qui ne l’est pas” pointe-t-il sur le ton de l’évidence comme s’il narrait une vérité universelle. “Un peu comme tous ces gros cons qui confondent japonais, chinois et coréens sous prétexte d’un métissage proche. C’est insultant, discriminant, irrespectueux et un brin raciste aussi” Continue-t-il en conservant un ton sérieux pour ne trahir le fait qu’il en fait des tonnes. “Tous les blancs ne se ressemblent pas” fait-il remarquer avant de stopper ici son petit laïus. Il l’avait assez fait tourner en bourrique pour les quelques minutes seulement passées ensemble.

“Et moi, je sais qui tu es, Sun Masako” reprend le garde forestier pour lui signifier clairement qu’il n’a pas massacré son prénom. Une petite dose supplémentaire de culpabilité, il l’espère. “Votre réputation vous précède très chère” sans pourtant souffler le moindre mot sur ladite réputation, qu’elle soit bonne ou mauvaise. “Paraît que t’es vachement douée en…” Et au lieu de poursuivre sa phrase il mime quelques gestes d’arts martiaux type Bruce Lee.
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