La confirmation d’Ela ne tarde pas, et il sent son souffle se bloquer dans sa gorge. Cette fois, c’est vrai. Cette fois, il n’y a plus de retour en arrière possible. Jusqu’à maintenant, tout relevait du rêve, du fantasme. Tout, dans leur plan, ne repose pourtant que sur cette grossesse. Si elle n’était jamais arrivée, alors tout – leur cour, leur arrangement, leur mariage – aurait été pour rien ; des mois d’efforts réduits à néant. Hochant la tête péniblement, Luther prend quelques minutes supplémentaires pour réfléchir, avant de répondre. Très bien. Nous aurons tout de même besoin de confirmer, dit-il, comme pour se rassurer.

Puis la jeune femme entreprend de lui expliquer ses impressions et à nouveau, il hoche la tête. En médecin, il note déjà les examens, les prescriptions, qu’il va pouvoir mettre en place pour faciliter la vie d’Ela au cours des prochains mois, pour monitorer sa santé et celle du bébé. Tiré de ses pensées par sa question, il semble se réveiller. Non, non, pas besoin d’attendre. Une simple prise de sang suffit. Nous pourrons nous rendre à la clinique plus tard dans la journée, pour être sûr. Le fait est, néanmoins, qu’il est lui aussi certain, au vu de la description d’Ela, qu’elle est bel et bien enceinte. Et cette perspective le terrifie.

Si elle n’était pas elle-même à la fois angoissée et pleine d’espoir, elle aurait probablement rit de l’immobilité soudain de son époux. Si elle ne pouvait lire dans ses pensées, elle pouvait néanmoins voir son regard voilé par elles, défilant à une vitesse incroyable.

Une prise de sang dans la journée, donc. Son cœur battait fort dans sa poitrine. Elle était sûre de son ressenti, mais elle avait hâte que cette intuition soit confirmée. Elle finit par s’approcher du médecin. De cet homme froid et pourtant prévenant qu’elle avait un peu appris à connaître. Elle aurait aimé glissé sa main sur sa joue pour le rassurer, mais elle ne se le permit pas justement parce qu’elle avait appris à le connaître. Non, au lieu de ça, sa main trouva son poignet pour le ramener à elle. Un geste suffisant pour qu’il la regarde et qu’elle aperçoive la peur dans ses iris. Qu’il se rassure, elle partageait la même.

« Nous y arriverons… J’y arriverai, Luther. » Qu’elle tente de le rassurer. « C’est la raison de tout ceci, de notre… mariage. J’ai confiance… » Qu’elle lui souffle, avec douceur. Cette froideur qui tenait droite leur silhouette était quelque chose qu’ils avaient en commun, elle était persuadée qu’il n’y avait pas que ça. « Pour ma part, je suis prête pour aller à la clinique quand vous le serez » Ses doigts pressent délicatement son bras, alors qu’elle tente un léger sourire pour lui. « Ce sera une merveilleuse nouvelle. » Même si ce bébé n’était pas vraiment désiré pour les bonnes raisons.