Lucy cherchait Otis des yeux, elle devait le trouver maintenant. Sa curiosité avait été largement assez contenté pour le moment, elle avait trouvé cette Callie très sympathique, mais il était temps de mettre la main sur le père de sa fille. Elle le chercha encore plusieurs minutes avant de finalement voir son attitude caractéristique et sa petite bouille de chiot perdu. Lucy commença à s’avancer vers lui et l’interpela quand elle fut relativement proche de lui :


« Otis tu es là ! » Lucy ne courrut pas jusqu’à lui, bien qu’elle en est largement envie. Non, elle se contenta de marcher d’un pas rapide au point de presque lui rentrer dedans. Et pourtant, elle gardait une voix mesurée : « Depuis le temps ! Je te présente Persée. Lucy lui tend doucement leur bébé, qui a déjà bien changé, elle a les cheveux roux de sa mère mais le teint sombre de son père. Elle sera magnifique et aura très certainement un grand succès quand elle sera adulte.

A cette seconde, il n’y avait plus rien qui comptait pour Lucy, plus rien dehors d’eux trois. La fin du monde n’existait pas à cet instant. Même le ciel n’attirait pas le regard de Lucy. Elle ne voulait qu’une chose, c’était simplement partager la joie de retrouver Otis et de voir s’ils pouvaient être des parents normaux pour leur fille. Enfin, aussi normaux que possible du moins.

La rousse avait un sourire aux lèvres, mais quand elle releva les yeux, quittant quelques secondes Otis du regard, cherchant un endroit où ils pourraient s’installer plus confortablement, elle vit une chose qui la figea. Il y avait une tête un peu plus loin que Lucy reconnaissait sans le moindre problème, un visage adolescent moins maigre que la dernière fois : « Otis… cette fille-là, c’est elle qui m’a tiré dessus. » Que faire maintenant ? Lucy avait bien envie d’aller voir les responsable du camp pour les avertir que cette fille était une pilleuse sans scrupules violente et agressive. La rousse espérait qu’elle n’allait pas venir gâcher ses retrouvailles avec Otis… Sinon elle pourrait toujours lui mettre un coup d’épée ?

Oh putain, j'y crois pas !

Elle avait un doute, Zelda. Mais plus elle observe cette rouquine et plus elle la replace dans le passé. Elle se rappelle de ce toit, et de cette imbécile qui a jeté la bouffe qu'elle convoitait à l'époque pour Ka' et elle. Et qui s'était ensuite étonnée de recevoir une balle dans la jambe après l'avoir balancée dans la rue, hors de sa portée.

L'australienne hésite et continue de l'observer. Le regard de la femme se pose un bref instant dans sa direction puis cette dernière s'adresse à ce qui doit être son camarade. Un jeune homme auquel l'adolescente n'accorde qu'une vague intention. Elle la reconnue, là, non ? T'as des ordres, Zed' ! Des putains d'ordres ! se murmure-t-elle à elle-même, pour lutter contre cette envie d'aller à la rencontre des deux gueux. Oui, des ordres. Et notamment un qui stipule qu'il faut bien se comporter avec les autres survivants de la base. Tu l'sais, qu'ça va mal finir... Tu le sais ! insiste-t-elle, entre ses dents serrées. Rien de bon ne pourra sortir de tout ça et elle le sait bien, ça, l'australienne.

Mais c'est trop tentant !

Alors ouais, elle reprend sa marche. Et droit sur le petit duo. Par mesure de précaution sa main glisse machinalement sur la crosse de l'arme de poing qui pend à sa cuisse. Pas pour menacer les gueux mais simplement pour leur faire comprendre qu'elle n'a pas dans l'idée de se laisser faire si la vengeance murmure des mots doux à leurs coeurs. D'ailleurs la rouquine doit sûrement se rappeler qu'elle ne plaisante pas, n'est-ce pas ?

Eh mais ça alors ! Si c'est pas ma vieille pote, ça ! s'exclame-t-elle en venant se planter, sans la moindre gêne, face à la paire de gueux. Elle les observe l'un et l'autre d'un sourire parfaitement hypocrite avant d'attarder un instant son regard sur le bébé que l'autre tient dans ses bras. Putain qu'il est laid... Et roux, bien sûr, pour ne rien arranger. Un air de dégoût s'installe sur les traits de l'adolescente. Il faudra vraiment qu'on lui explique, un jour, comment on peut trouver un de ces trucs mignons. C'est quoi, son p'tit nom ? J'ai rencontré un Mowgli l'autre jour alors j'dirais, à tout hasard, mmh... Bagheera ? C'est ça, non, la coutume chez les gueux. Donnez des prénoms de chez Disney à leur progéniture, non ?

Peu importe, dans le fond. La réponse ne l'intéresse pas vraiment. L'australienne se tourne déjà vers l'afro-américain, qu'elle détaille de la tête au pied. J'imagine que t'es pas l'père ? Si elle se fie à la couleur de son épiderme, non, il y a peu de chances. Si elle t'a fait croire que tu l'étais, en tout cas, t'es l'cocu l'plus débile de l'histoire ! Mais peut-être qu'ils sont simplement potes. Là encore, elle s'en fout. L'accouplement et les règles sociales chez les gueux ne l'intéressent que fort peu. Bref ! Même si ça m'ferait hyper plaisir d'm'attarder des heures sur vos vies à la con, j'venais surtout t'poser une question ! indique-t-elle en se tournant vers la rouquine. Tu comptes te venger ? Autant y aller franco, pour savoir à quoi s'en tenir. Pas de chichis ! Et toi ? Tu vas m'briser les ovaires ou j'peux continuer à t'négliger ? demande-t-elle, cette fois-ci, au jeune homme à l'air un peu perdu. Ils sont sensés être plus ou moins alliés, maintenant. Un concept qui n'a pas de réel sens aux yeux de l'australienne. Qu'en est-il pour eux ?

Kitsap. Le trajet n’a pas été trop éprouvant, pourtant Otis est fatigué. Sur les nerfs depuis un moment, il se remet péniblement des événements récents. Et si le mariage d’Alex et Daemon a été une parenthèse agréable, la réalité du monde est vite revenue à la charge. Mais aujourd’hui, il doit faire bonne figure. Lucy l’attend. Après ces nombreux mois de séparation, il va pouvoir enfin retrouver la rousse et rencontrer sa fille. Alors forcément, c’est angoissé qu’il parcourt l’endroit d’un œil attentif.

Quand enfin il l’aperçoit, son visage s’illumine malgré ses traits tirés et ses cernes. Contrairement à la jeune femme, il ne peut pas s’empêcher de courir, bien trop impatient. Cela ne lui ressemble pas, mais il est pressé de rencontrer sa fille. « Je suis là ! » Souffle-t-il pour surtout se rassurer lui-même. Il n’est pas en train de rêver, elles sont bien là. Quand la rousse lui tend sa fille, il n’hésite pas. Ses gestes sont assurés, il place correctement ses mains et récupère Persée sans difficulté, comme il a pu le faire avec les plus jeunes au Domaine des Inglorious. Un sourire franc dévoile ses dents, il est tellement heureux. Sa gorge se serre mais il tient bon. Doucement, il passe l’un de ses bras dans le dos de Lucy pour l’inviter à se lover contre lui. Il embrasse son front, tendrement. « Elle est magnifique. » Murmure-t-il, ne réalisant toujours pas qu’il est bien là, près d’elles.

Mais lorsqu’il sent de l’inquiétude dans la voix de l’astronome, il relève la tête vers l’adolescente. Par réflexe, il se place entre les deux femmes, inquiet. Lorsque la plus jeune s’intéresse à sa fille, il serre le bébé contre lui avant de confier Persée à sa mère. Il ne fait pas vraiment attention aux remarques désagréables qu’on lui souffle. Il se contente de froncer légèrement les sourcils avant de répondre d’un ton qui se veut le plus assuré possible « Laisse là tranquille. » Il n’aime pas le ton qu’elle emploie, ni même cette façon qu’elle a de provoquer Lucy. Il faut qu’il calme le jeu, et vite. « Qu’est-ce que tu nous veux ? » Demande-t-il simplement avant de jeter un coup d’œil autour d’eux. Les autres membres de son groupe sont dans le coin, il n’a pas à s’en faire.

L' prends pas mal, hein... Mais t'es qui, toi ?

Et puis surtout, pourquoi pense-t-il utile de se dresser entre elle et la rouquine ? Zelda jette un regard dubitatif au garçon puis se penche un peu pour observer la fille qu'il tente de cacher derrière lui. Et putain, pourquoi tu t'es mis en tête que t'avais une chance de m'arrêter si j'voulais vraiment faire du mal à c'te fille ? C'est un peu ça, pour elle, le grand mystère de cette discussion pour le moment.

L'adolescente toise le jeune homme d'un air dubitatif puis lève les yeux au ciel lorsqu'il lui demande qui elle est là. Tu lui as même pas parlé d'moi ? demande-t-elle en retour à la rouquine, se penchant à nouveau pour pouvoir discerner à peu près son visage. Là encore, elle ne sait pas vraiment comment réagir. Quelque part elle devrait être plutôt soulagée que cette femme n'ait pas parlé d'elle. Mais d'un autre côté elle a l'impression de ne pas avoir droit aux honneurs qui lui reviennent. C'est agaçant !

Bon et bien j'imagine qu'c'est moi qui vais devoir m'y coller ? Elle n'avait pas vraiment prévu de faire les présentations mais il vaut peut-être mieux que ce soit elle qui s'en charge, oui. Ne serait-ce que pour ne pas laisser à la rouquine l'occasion de la présenter en des termes plus flatteurs... J'suis la future reine de Seattle, grosso modo ! On m'appelle Zelda, dans l'milieu ! Et pas que dans le milieu, d'ailleurs. Mais il vaut peut-être mieux simplifier les choses, au cas où ce mec aurait le même quotient intellectuel que la femme qu'il cache derrière son dos.  Mais on n'a qu'à faire simple et dire que j'suis la meuf qui a troué la jambe d'ta pote ! Simple, net, efficace. Que demander de plus ?

Cela dit ça manquait peut-être un peu de tact et il paraît qu'ici, les gueux ont droit à une forme de respect. Après, pour ma défense, elle l'avait bien cherché ! Il faut dire ce qui est ! Quand on se retrouve face à une gamine affamée qui exige votre bouffe et qui, en prime, pointe un flingue dans votre direction, la plupart des personnes sensées n'ont pas pour réflexe de balancer la nourriture en question dans le vide... Et j'ai été plutôt cool vu qu'visiblement, j'lui ai pas explosé une artère... Sinon la rouquine n'aurait sans doute pas survécu, non ? Bon après c'est sûr, c'était pas vraiment fait exprès...

Mais ça date, tout ça ! À l'époque vous n'aviez aucun avenir ! Pas eux en particulier mais les gueux en général, quoi. Zelda ne juge d'ailleurs pas utile d'expliciter. Et aujourd'hui vous touchez du doigt la civilisation et en plus, vous êtes considérés comme une espèce protégée ! Donc j'ai pas l'droit d'vous frapper, et vous non plus ! Théoriquement. Parce qu'après une brève hésitation, l'australienne se penche un peu vers l'afro-américain. Avec un petit sourire sur le visage. Maintenant si tu veux m'octogoner dans un coin tranquille, j'dis pas non ! Ils peuvent régler ça à l'abri des regards, comme des vrais survivants. Sinon sois cool et décale-toi un peu, tu veux ? Tu niques mon champ d'vision, là ! Difficile d'avoir une discussion avec l'autre s'il reste planté comme ça, au milieu, pour l'éternité...

Lucy serra les dents et chercha quoi répondre à l’adolescente devant elle, l’égo de la rousse était piqué au vif, évidement et elle eu des flashs de cette soirée… mais elle s’efforça de rester impassible, de ne pas lui donner le plaisir de s’énerver. Non, Lucy respira longuement et laissa glisser les insultes sur elle, elle avait connu pire. Par contre, elle avait retenu que Zelda n’avait pas le droit de la toucher, alors elle allait en profiter :

« Je t’ai donné de la nourriture, comme tu as… exigé. » un doux euphémisme que Lucy souligna d’un ton assez froid, mais sous cette neutralité la rousse était bien décidée à ne pas plier et elle n’allait pas se laisser dominer par sa cadette, si elle jouait le jeu de la supériorité, alors Lucy allait entrer dedans et la surpasser… sans difficulté.

« Mais tu avais trop de fierté pour aller la récupérer dans la rue, te baisser et ramper. Comme les rats… Après tout, tu avais la même odeur dans l’obscurité, j’ai confondu et je pensais te traiter de la meilleure des façons. » Elle eut un regard vers Otis, un regard d’amour et de confiance envers son compagnon, oui elle jouait à un jeu dangereux mais après tout, ils n’étaient plus seuls, il y avait d’autres gens sur cette base et Lucy était certaine d’une chose :

Si Zelda les attaquaient alors qu’il y avait un enfant, ça serait de facto elle le monstre et la coupable. Forte de cette conviction, Lucy ajouta : « Je suis astrophysicienne, j’étais, je suis et je serais toujours plus éduquée et civilisé que toi… » Lucy étira un très léger sourire en disant ça, elle avait fait Berkeley après tout, elle avait fait ses preuves, elle en avait oublié plus que Zelda ne savait :

« Il suffit de voir tes manières, tu sais à peine parler, tu n’as même plus l’excuse de la faim. Tu es juste…pathétique. » La rousse donna Persée à Otis, elle ne doutait pas une seconde de perdre un combat contre l’adolescente si elle voulait se battre. Mais au vu du comportement erratique de celle-ci, Lucy ne voulait pas prendre le risque de se faire charger avec son enfant dans les bras :

« Je te pardonnes ce que tu m’as fait en fait. J’ai un sentiment de pitié pour toi, enfant qui s’agite pour exister et espérer que quelqu’un… d’important la remarque. Et si Zelda continuait, ça pourrait arriver et elle n’aimerait pas ce qui se passerait. Lucy pensait évidement à Thaïs ou Reese pour les gentles bastard et pour les expandables, elle pensait à Connor ou Aaron, des gens qui auraient la capacité de mettre physiquement Zelda au pas : « Mais avant de pouvoir partir, dis-moi, ta complice n’est pas là ? Elle est occupée à mendier ou à menacer quelqu’un d’autre ? »

Tu t'crois drôle ?

Les attaques de la rouquine sont d'une platitude incroyable. Bordel même un gamin ferait mieux. Et Zelda obtient au moins une confirmation de plus : cette Lucy est vraiment débile ! Nan, sans déc'... Elle y croit vraiment, à son délire ? Cette fois c'est à son accompagnateur social qu'elle s'adresse, celui qui se montre bien silencieux depuis quelques instants et à qui elle point l'autre dévergondée du doigt. Ce n'est pas plus mal, hein ! Mais il a tout de même le droit de s'exprimer un peu. Elle préfère encore l'entendre lui plutôt qu'une grognasse qui se croit spirituelle...

Bon, bah... souffle l'australienne, visiblement empruntée. Puisque techniquement j'peux pas t'exploser un genoux mais qu'j'suis quand même bien obligée d'te démonter, j'vais devoir innover un peu et m'la jouer vieille prof' reloue ! Et ça l'emmerde un peu, de devoir faire le job d'Ao' avec des gueux. Même si là, bon, elle n'a définitivement pas le choix.

C'est donc son index qu'elle commence par lever en faisant de son mieux pour rester aussi scolaire que possible : De un, j'sais pas trop où t'as été éduquée. Mais normalement quand on te demande de la bouffe - surtout avec un flingue pointé sur ta sale gueule ! - tu la donnes et tu t'amuses pas à la jeter d'un toit ! Après, ça, j'te l'accorde, c'est seulement si t'es doté d'un instinct de survie... Et très franchement, jusqu'à présent, Lucy ne lui a rien montré qui puisse venir le corroborer. De deux, si tu l'fais quand même parce que t'es assez conne pour croire qu'la personne qui te menace osera pas t'buter, c'est qu'tu mérites définitivement d'te prendre une balle ! Et quelque part ça se place au niveau de la sélection naturelle. Cette meuf est vraiment trop bizarre pour vivre. Zelda prend d'ailleurs l'afro-américain à témoin sur ce coup-là : T'es d'accord avec moi, non, Machin ? Ou il croit aussi qu'on peut ignorer la menace d'une arme simplement parce qu'elle est tenue par une gamine ? Y'en a bien un qui est sensé, dans ce trio. Et ça ne peut quand même pas être leur espèce de progéniture...

De trois, si t'es astrophysicienne alors moi j'suis Hermione Granger ! Tu vas m'faire croire qu'tu sais reconnaître des étoiles alors qu't'es même pas foutue de faire la différence entre une meuf armée et un putain d'rongeur ? Elles ne vont pas y passer la nuit quand bien même ce ne serait pas non plus trop déconnant, vu le niveau intellectuel de l'autre gueuse. Mais ce n'est malheureusement pas terminé. De quatre, si t'étais aussi maline que ça, j'aurais pas besoin d'perdre mon temps à te rappeler les fondamentaux d'la survie ! Et vous seriez pas en train d'vous trimballer cette horreur ! ajoute-t-elle en désignant le gamin d'un petit mouvement de la tête. Avoir des gosses ? Si c'est pas une preuve de connerie, ça !

Et s'il n'y avait que ça... De cinq, j'pense que tout le monde est plus ou moins d'accord sur l'fait qu'il vaut mieux être pathétique qu'une espèce de dégénérée qui se trimballe un toyboy issu d'une minorité ! Zelda lève néanmoins sa paume en direction de la minorité en question : C'est pas personnel ! Ce n'est même pas après lui qu'elle en a. Elle en est même à le plaindre, vu qu'il doit supporter l'autre tarée au quotidien. Quelque part il mérite une médaille, ce mec !

De six tu m'as p't-être pardonnée mais moi, j'suis pas une chrétienne à la con ! Tu m'dois toujours des excuses et bordel, j'te jure que tu vas m'les faire un jour ou l'autre ! Si possible contre son gré, alors qu'elle terminera ce qu'elle aurait dû terminer des mois plus tôt, déjà. Sans Ka', cette femme ne serait d'ailleurs plus de ce monde. Et elle, elle ne serait pas en train d'enseigner la vie à une putain d'astro-merde ! De sept, si j'te fais pitié alors il n'existe aucun mot pour décrire ce que tu m'inspires ! Mais pour info ça s'place quelque part entre les hémorroïdes, le dégoût et l'allergie ! Et encore, c'est trop sympa. Non, vraiment, elle va devoir inventer un mot !

Et on embraille avec le numéro huit... Tu sais quoi, connasse ? J'm'agite p't-être pour exister mais c'est pas mon cul qui m'a gardée en vie, moi ! Alors elle ferait mieux de ne pas trop la ramener. La discussion avec ce Cormac fut instructive. D'ailleurs lui aussi ne semblait pas particulièrement séduit par le neurone de Lucy... Pour le point neuf j'te rappellerai simplement que c'est grâce à ma complice que t'as encore l'opportunité d'baragouiner d'la merde depuis cinq minutes ! Alors parle mieux d'elle, non, p't-être ? Parce que oui, cette fois Ka' n'est pas présente. Et ce n'est sûrement pas une bonne chose pour la rouquine, ça ! Et de dix, putain, qui t'a dit qu'tu pouvais partir ? Elle est mignonne, l'autre...

Otis regarde l’adolescente avec de grands yeux. Cette façon qu’elle a de lui parler, de l’interpeller ; le jeune homme a le réflexe de se figer. Il ne devrait pas, il le sait, mais ses réflexes d’autrefois le rattrapent toujours dans ce genre de situation. Et s’il confie Persée à sa mère pour se mettre entre la rousse et l’adolescente, il doit bien vite se rendre à l’évidence qu’il n’est pas vraiment impressionnant.

Et alors qu’il s’apprête à demander – encore une fois – à Zelda de les laisser tranquille, c’est une joute verbale qui s’entame alors. Que ce soit l’une ou l’autre, les deux jeunes femmes n’ont pas l’intention de se laisser faire. Le métis sait que Lucy ne se laissera pas faire mais très vite, l’ambiance devient quelque peu électrique. Otis finit par récupérer Persée, la petite fille s’agite doucement dans ses bras et il la berce comme il peut. Relevant les yeux vers sa petite-amie, il lui accorde un regard inquiet profitant d’une accalmie pour lui souffler. « Lucy… Ça ne sert à rien de discuter avec elle… Viens… » Mais le monologue de la plus jeune reprend et elle se montre alors plus provocante et désagréable.

Fronçant les sourcils, la façon qu’elle a de parler à Lucy ne lui plaît pas. Il prend une profonde inspiration, gonflant sa poitrine avant de souffler bruyamment. Pourquoi est-elle si méchante ? Le dessinateur peine à comprendre pourquoi certaines personnes se montrent aussi mauvaises… Soit. L’artiste n’est pas à son aise et lorsque l’impertinente a fini son discours, il regarde à nouveau la rousse avant de lui demander « Tu veux que j’aille chercher les autres ? » Il jette un œil autour d’eux, apercevant quelques membres de son groupe.

Berçant toujours sa fille pour la calmer, il sait qu’il transmet son inquiétude à sa fille, même s’il tente de le dissimuler sous un masque imperturbable. Tenir tête aux autres, ce n’est clairement pas dans ses habitudes. Mais là, il ne peut pas se laisser dépasser par les émotions. Lucy et Persée ont besoin de lui. Alors prenant sur lui, il finit par clamer à l’attention de l’adolescente « Ecoute… Tes remarques abjectes, tu peux te les garder. Tu as dit ce que tu avais à dire. Bien. Maintenant, laisse nous tranquille avant que mes amis nous rejoignent. Et, je te l’assure, ils seront bien moins sympas que moi. »