Lucy roula des yeux d’ennuis au monologue de Zelda, vraiment d’ennuis. Elle semblait avoir préparé un discours pour se donner raison et justifier de son comportement. En un sens, ça semblait logique, ce n’était qu’une adolescente qui ressentait ce besoin viscéral d’exister et de faire valoir son importance à ses supérieurs par tous les moyens possible. La rousse comprenait après ce long discourt que la seule chose que voulait Zelda c’était ça, de l’attention et qu’on la prenne au sérieux.

Mais dans l’état actuel des choses, elle semblait simplement avoir besoin de se défouler d’une frustration pathétique. Lucy ne chercha même pas à argumenter, ni même à relever les vexations qu’elle tentait de lui infliger. Otis intervint avec toute la fougue dont il était capable et si Lucy trouvait ça adorable, ça manquait cruellement de menace sous le texte. Heureusement, il avait de bons arguments et c’est vrai que faire appel à des gens de son groupe comme Connor ou Aaron saurait peut-être faire taire Zelda.

Mais la fierté de Lucy lui interdisait clairement de se cacher derrière eux, elle se contenta de poser une mains sur l’épaule d’Otis et de s’adresser à Zelda : « Tu parles beaucoup trop. » Un tel argumentaire pour pas grand-chose au final. Lucy avait simplement la certitude que Zelda et elle se détestaient. Mais pour ce que ça importait à la rousse… D’une voix calme, elle décida de tempérer la situation et d’inviter son compagnon à partir, ça ne servait plus à rien de discuter : « Viens Otis, pas la peine d’appeler les autres, Connor ou Thaïs finiraient par la tuer, ça serait mauvais pour nos relations. »

Maintenant que Lucy s’était remise à la chimie, elle espérait pouvoir en apprendre plus de la part de scientifiques dignes de ce noms et ils étaient à TR, donc elle avait besoin de bonnes relations entre leurs groupes. En guise d’ultime humiliation, elle s’adressa à Zelda d’un ton qui pourrait presque passer pour amicale : « Bonne journée Zelda, j’espère que tu mourras bientôt. » Puis elle tourna le dos à la jeune femme pour montrer qu’elle n’obéirait pas à son ordre de rester.

Quoi, tu sais toujours pas t'défendre seule ?

Zelda arque un sourcil lorsqu'il semble évident que le jeune homme a dans l'idée d'appeler du renfort. Oui, bien sûr que ça l'amuse. Et ça ne fait que souligner l'incapacité de ces deux-là à se battre pour défendre leurs convictions. Finalement ça ne l'étonne pas vraiment. Déjà à leur première rencontre, Lucy n'a cessé de se cacher derrière les membres de son groupe. Et ça semble être une tradition puisque c'est maintenant l'afro-américain qui propose d'aller chercher du renfort. P't-être qu'à quatre vous serez assez, oui, qui sait ? raille l'australienne, sincèrement amusée par la lâcheté de ce petit groupe.

Au final elle reporte son attention sur l'enfant et penche un peu la tête en l'observant : Eh ben on dirait bien qu't'as déjà plus de couilles que Papa et Maman réunis... S'il s'agit bien du père, évidemment. Mais aucun des deux ne l'a infirmé jusque-là, donc bon. Zelda finit par détacher son attention du bambin pour poser un regard blasé sur la rouquine. Surtout lorsque cette dernière lui reproche de trop parler. Ca nous fait un point commun, non ? Elle n'a pas été avare en critiques jusque-là, celle-là. Et maintenant elle lui reproche d'être loquace ? Cela dit note bien un truc, tu veux ? Quand j'insulte les gens, moi, j'assume. Et j'cours pas chercher des renforts parce que j'ai les jambes qui s'entrechoquent... Elle conclue par un petit regard entendu à l'intention de la rouquine. Elle peut la ramener si elle le souhaite. Mais l'australienne commence à se dire que c'est à peu près la seule chose qu'elle soit capable de faire, au final.

C'est un rire quelque peu désabusé qui finit par quitter les lèvres lorsque les deux finissent par s'éloigner. En prétextant que si leurs camarades la tuaient, ce serait mauvais pour leur relation. Ah ben oui, j'suis bête... C'est à nos relations qu'vous êtes en train de penser, là ! C'est l'excuse la plus pathétique qu'elle ait entendue jusque-là. Mais si c'est vraiment la seule chose qui les inquiète... Si vous voulez on s'donne rendez-vous à l'extérieur ? Et si vous arrivez à m'tuer alors vous n'aurez qu'à dire qu'on est tombés sur des rôdeurs ou d'autres survivants ? Elle ne peut pas davantage leur faciliter le travail, là. Mais il semblerait que ce ne soit pas encore suffisant. Alors, résignée, Zelda finit par hausser les épaules. Elle ne va pas les forcer à se battre non plus. Ni se tirer une balle dans la tête parce qu'ils sont incapables de joindre le geste à la parole, et de se comporter en survivants dignes de ce nom. Ouais, c'est bien j'que pensais... Des excuses, toujours des excuses. Enrobées de lâcheté. Et d'une suffisance de bien mauvais goût.

N'y compte pas trop... conclue-t-elle lorsque la rouquine lui souhaite une bonne journée et espère qu'elle mourra. Oh ça arrivera, c'est certain. Mais pas aujourd'hui. Et certainement pas de leurs mains. L'australienne les observe encore un instant s'éloigner. Elle pointe son index et son majeur, serrés, en direction des deux gueux, ferme un oeil puis mime un tir de pistolet. Un second ne tarde pas à suivre. Putain mais quelle bande de lâches...