BACK TO LIFE
@ana-lucia sanchez

22 mars 2022

Le retour de leur expédition a été difficile, laborieux. Le bilan est mitigé, et le fait est qu’ils ont vu des horreurs. Non seulement eux, mais les enfants qu’ils ont réussi à sauver de cet enfer. S’il n’a pas été directement impacté par tout ça, Matias en a été ébranlé. Voir ces visages sales, amaigris, lui ont rappelé ceux des enfants avec lesquels il a grandi ; ceux qui ont été abandonnés par leurs parents, ramassés par des services sociaux aux pouvoirs limités. Ceux qui ont souffert de l’incompétences des hommes, du rejet de celles et ceux qui auraient dû les aimer. Cela lui a rappelé, aussi, qu’il serait bientôt père.

Depuis l’annonce de la grossesse d’Ana, et surtout depuis le moment où ils ont décidé de garder cet enfant, Matias n’a pas vraiment pris le temps de réaliser tout ce que cela impliquait. Bien sûr, il a longuement réfléchi à la question depuis le début de l’épidémie, imaginait ce que ce serait que d’avoir un enfant dans un tel contexte. Mais entre la théorie et la pratique, c’est un gouffre qui s’ouvre devant lui, qui rebat entièrement les cartes de tout ce qu’il pensait savoir, croire, penser.  

Deux jours ont passé depuis leur retour et, alors que la nuit se couche sur Hungerford Point, il rejoint leur chambre. Ana est déjà allongée, l’attendant dans leur lit. Sa présence permanente est toujours un émerveillement pour lui, après des années de solitude. Surtout, il ne s’inquiète plus de la savoir loin, il ne s’inquiète plus de sa sécurité. Ou plutôt, il s’inquiète différemment. Il craint toujours qu’elle ne soit blessée, qu’elle disparaisse, ou pire, qu’elle soit tuée. D’autant plus maintenant, alors qu’il sait que son ventre ne pourra que la gêner dans les mois à venir.

Hey, souffle-t-il en se couchant à ses côtés, se rapprochant suffisamment pour passer un bras autour de ses épaules et l’attirer contre lui. Un baiser posé sur sa joue, et Matias pose son menton sur le haut de son crâne. Comment tu te sens, aujourd’hui ? Il sait que sa première grossesse a été particulièrement difficile à vivre et s’inquiète de son état. Il a déjà le sentiment de lui avoir imposé cet enfant, et culpabiliserait d’autant plus si, par sa faute, elle était malade comme un chien pour les mois à venir.

Sa moue boudeuse ne peut échapper à personne. Il faut dire que ces dernières heures ont été d'une rare difficulté pour Ana-Lucia, qui voit la silhouette de son amant passer pour venir s'allonger. Ce qui la dépite, c'est qu'il n'a dans la main pas du tout ce qui devrait logiquement la combler de joie et d'amour. Ce petit morceau de bonheur pur qu'on lui a pourtant assuré qu'il avait mis de côté pour elle. Le caramel. La gorge sèche, Matias n'a pas l'air de voir le regard assassin qui le suit, ou le fait qu'elle a plus des allures de chatte affamée que de compagne épanouie.

La grossesse lui retourne les nerfs si violemment qu'il est difficile de la suivre la majorité du temps. Entre ses lubies soudaines et ses envies aléatoires, Ana-Lucia enchaine les crises en tâchant de se canaliser. Elle ronge son frein depuis le retour de Matias d'ailleurs, parce qu'il a été blessé, parce qu'elle l'aime et veut le ménager. Mais son petit plaisir de la journée n'est toujours pas arrivé, et il est certain que l'hispanique ne tiendra pas une minute de plus sans l'obtenir.

Déjà qu'il lui en coûte beaucoup de ne pas pouvoir passer ses journées nue collée contre lui parce qu'il parait qu'ils doivent "faire autre chose que coucher ensemble tout le temps" alors que les hormones lui donnent des airs de chatte en chaleur. Ana-Lucia a accepté de fournir des efforts sur ces aspects à la condition qu'on puisse répondre à ses envies impérieuses de femme enceinte. Le caramel restant, c'est bien la seule chose qui actuellement l'empêche de mener une véritable révolution dans toute cette foutue maison.

Alors les questions de Matias, il est bien mignon, mais il sait déjà où il peut se les mettre ! Elle prend le baiser, et contrôle les désirs que ça réveille en elle avant de grogner : Tu n'as pas quelque chose à me dire ? Elle n'a pas bougé d'un pouce. Sa voix souffre presque davantage la menace que d'une question qui augure une conversation posée. A dire vrai, il le sait : elle est à deux doigts de prendre les armes. Tu crois vraiment que je ne sais rien ? Ajoute-t-elle ensuite en s'écartant pour le fixer droit dans les yeux, d'une oeillade prête à le liquider sur place.

Fatigué par sa journée, le menuisier ne remarque pas tout de suite le regard assassin que lui lance la jeune femme, alors qu’il contourne le lit et vient s’échouer sur le matelas. C’est lorsqu’elle se montre visiblement réticente sous son baiser qu’il s’alarme et hausse un sourcil. Il prend néanmoins le risque de l’interroger, conscient qu’il pourrait se retrouver, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, gisant dans une mare de son propre sang, la gorge tranchée par les dents acérées de l’hispanique. La réponse, acerbe, ne se fait pas attendre et il se redresse, piqué au vif. De quoi tu parles, Ana ? À première vue, la réprimande – non, la déclaration de guerre – qu’il affronte à ce moment lui paraît totalement disproportionnée et surtout, injustifiée.

La jeune femme paraît tout aussi irritée que lui, sinon plus, et darde sur lui un regard chargé de colère. À toute vitesse, Matias s’efforce de réfléchir. Il est propre, ne sent pas le fauve, la vaisselle est faite, après qu’il a eu aussi préparé le repas pour eux tous, et il a même pris le temps de masser ses pieds déjà gonflés par la grossesse. Mis à part la question du sexe – à laquelle il était tout disposé à répondre ce soir, malgré la fatigue – il ne voit pas ce qui peut ainsi courroucer sa compagne. Il n’y a guère que… Merde, murmure-t-il, plus pour lui-même que pour elle.

Une main épuisée passe dans ses cheveux bouclés et il rejette la tête en arrière, heurtant le mur derrière lui. C’est à cause du caramel, c’est ça ? Il n’a pas besoin de sa confirmation pour comprendre qu’effectivement, c’est bien là le cœur de la discussion qui s’amorce. Soupirant, le cubain pince l’arête de son nez. Il n’a pas besoin de cela maintenant, mais elle semble décidée à argumenter, et il le sait, rien ne l’arrêtera. Écoute, j’ai fait comme on a dit : j’en ai mis un de côté pour toi, mais quand je l’ai cherché, impossible de mettre la main dessus. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, termine-t-il avec un air désolé.

Le pire, dans tout cela, c’est qu’il est sincère. S’il n’avait pas été si exténué, il aurait probablement retourné la maison pour retrouver ce foutu bonbon. Peut-être même qu’il se serait lancé dans la préparation d’une nouvelle fournée. Mais ce soir, elle va devoir faire une croix sur sa friandise.

Tu sais très bien de quoi je parle, répond Ana d'un ton ferme en se redressant sur le lit. A dire vrai, comme lui, la voilà qui s'extirpe des draps pour se mettre sur ses jambes. L'espace d'une seconde, l'histoire qu'il lui raconte lui donne envie de s'énerver. L'autre suivante, elle a juste les larmes qui lui montent aux yeux. Le pire ? C'est que ça n'a aucun sens de se mettre dans des états pareils pour un caramel. Mais la tempête d'hormones qu'elle vit au quotidien est là pour lui rappeler que rien n'a de sens et qu'ils sont tous voués à mourir. Et c'est suffisant pour qu'elle ait encore plus envie de pleurer. Tu ne sais pas ce qu'il s'est passé...

Elle répète ces mots d'un ton trop sec pour ne pas être dangereux. Ana est partagée entre trop d'émotions. La faute aux hormones. La faute à Matias, aussi. J'ai un témoin, ajoute-t-elle d'un ton ferme. Bon, un témoin de circonstances, et aveuglée par ses émotions, elle n'a pas évalué sa crédibilité. Mais la disparition du caramel constitue un crime trop odieux et insupportable pour qu'elle puisse vraiment réfléchir rationnellement : Comment as-tu pu- Non, elle s'arrête. Son ton s'est emporté avant qu'elle inspire profondément. Ne pas l'agresser. Surtout, ne pas l'agresser. Je vais respirer, ça m'évitera de t'étouffer sur un malentendu...

Elle a les armes à dispositions pour ça après tout. Ana fait en sorte de souffler, mais plus elle le fait, plus elle sent les larmes lui monter aux yeux. Alors elle marche, commence à faire les cent pas, essaie de... Ne pas hurler. Son timbre est tremblant : Tu sais que ce petit morceau de caramel, c'est mon seul petit plaisir de la journée, entre les crampes, les mouvements anecdotiques du bébé que tu rates à chaque fois, les nausées, les remontées acides, la poitrine douloureuse et... tout, en fait ! ajoute-t-elle alors, en le fixant, les yeux embués de larmes : Alors pourquoi ? Insiste-t-elle.

Pourquoi la torturer avec ça ? Comme une grande dame d'une telenovela, Ana s'effondre sur le lit, la tête entre les bras, les épaules secouées de sanglots qu'elle ne tient plus. Plus rien n'est digne, plus rien n'a de mesure alors qu'elle pleure à chaudes larmes cette fois. C'est toujours mieux que de s'énerver et de raser l'intégralité de ce campement ou poignarder Matias pour un caramel. Elle essaie de se convaincre que ça n'est pas grave, qu'il n'est même pas si bon. Mais ça n'est pas vrai... Et c'est d'autant plus terrible que les petites attentions de son amant, elle en raffole.

Tout un tas d’émotions passent dans les yeux d’Ana, de l’exaspération à la pulsion meurtrière. Sa propre existence ne tient plus qu’à un fil, Matias le sait. Et, alors qu’elle s’énerve seule, monte en épingle une affaire qui ne devrait même pas en être une, il soupire. Pèse le pour et le contre. Doit-il s’engager dans cette bataille, essayer de faire entendre son point de vue, ou abandonner tout de suite et se mettre au lit, en espérant que la tempête sera passée lorsque le jour se lèvera ? Quelque chose lui dit, néanmoins, qu’attendre ne servira à rien, sinon attiser encore plus la colère d’Ana. Autant essayer de l’endiguer tout de suite, dans la mesure du possible. Mais bon Dieu, ce qu’elle lui tape sur les nerfs en répétant ses propres paroles.

Exactement, je n’en sais rien, assène-t-il fermement. Matias ne ment pas, pas une seule seconde : il a bel et bien tenté de garder un caramel pour Ana, mais quelqu’un n’a visiblement eu aucun scrupule à le dérober quand il avait le dos tourné. Un témoin ? Qui ça ?, interroge-t-il en levant un sourcil circonspect. Il est curieux de savoir qui a le culot de l’accuser d’avoir mangé le dernier caramel, quand cette personne, de toute évidence, est la coupable. Il ne comprend même pas que l’esprit retors et habituellement si aiguisé de l’hispanique n’ait pas songé à cette possibilité.

Désagréablement surpris quand elle s’efforce de se contenir, le cubain ne peut retenir un sourire moqueur. Donc tu reconnais que c’est un malentendu, et que je n’y suis pour rien. Allez, l’affaire est close, qu’ils aillent se mettre au lit maintenant. Après sa journée, le quarantenaire n’aspire plus qu’à cela, et rien d’autre. Mais Ana en a décidé autrement et soudain, elle commence à arpenter la pièce, les larmes aux yeux. Désarçonné, Matias fronce les sourcils et l’écoute, son expression un peu plus défaite à chaque mot qu’elle prononce.

Que je rate à chaque fois ? Mais bon sang, Ana, je n’y peux rien ! Tu t’attends à quoi, que je te colle toute la journée pour être présent lorsque le bébé donne des coups ? Crois-moi, j’aimerais mieux faire ça, plutôt que de m’occuper de faire fonctionner cet endroit. Hungerford Point est son premier bébé, assurément. Avant même que l’épidémie ne décime la population, la maison et le projet qui l’accompagnait constituaient le centre de son univers, l’unique objet de ses pensées. Il n’imaginait pas, cependant, que la communauté construite au fil des années deviendrait un tel fardeau. Ou plutôt, que les problèmes extérieurs à leur petit microcosme viendraient les parasiter de la sorte, et ruiner lentement leur bon fonctionnement.

Quand Ana se laisse tomber à genoux pour pleurer sans retenue, Matias soupire et se glisse à ses côtés, l’attirant contre lui malgré ses réticences. Prévenant, il l’enlace et caresse ses cheveux, la laissant pleurer tout son saoul. Ana, je suis désolé… Sincèrement, je ne sais pas qui a pris ton caramel, mais si tu veux, on peut aller en refaire tout de suite, propose-t-il d’une voix douce. Après un instant, il reprend : Pourquoi tu ne demandes pas à Allegra de te préparer quelque chose pour les nausées et tout le reste ? Rien ne lui ferait plus plaisir que t’aider, et je suis sûr qu’elle aura tout ce qu’il faut dans sa pharmacopée pour te soulager. Au fond, il est surtout ennuyé de ne pas pouvoir l’aider lui-même, mais son champ d’action reste limité. A part l’aimer et la soutenir, il n’y a vraiment rien de significatif qu’il puisse faire.

Tu penses que...? Elle réalise à l'interrogation de Matias. Le témoin. Ses poings se serrent, elle comprend qu'elle s'est trompée, que ses émotions la dépassent et qu'elle n'a plus que ses larmes pour évacuer ses nerfs. Son amant finit par la rejoindre et la prendre dans ses bras, elle s'y serre avec appréhension, cherchant finalement à récupérer la force dont elle a besoin pour passer cette tempête. Je déteste les hormones, marmonne-t-elle contre lui.

Il lui suffit souvent d'un pas en arrière pour comprendre que ce déchainement n'est la cause de personne. Mais pour le faire, Ana a souvent besoin qu'on l'y oblige. Matias commence à prendre la main là-dessus, pour parvenir à l'apaiser quand la situation l'y oblige. Je suis désolée, por favor, perdóname mi amor, murmure-t-elle à l'homme d'une voix basse, de petite fille prise en faute dans sa propre bêtise. L'orage est passé aussi vite qu'il est venu, il n'en reste que la pluie et les ravages.

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Un petit sursaut, elle se redresse, à côté de Matias. Les deux sont en train de rebâtir, maladroitement, les barrières balayées par la tempête. Avec les crampes et contractions qu'elle a subi lors de cette dernière, son enfant n'a plus donné signe de vie depuis. C'est perturbant, même si Allegra lui assure que ça va, qu'il est vivant. Ne pas le sentir est une purge, une punition douloureuse. Elle pince les lèvres. Combien de fois a-t-elle tourné en boucle dans le lit, sans parvenir à trouver le sommeil. Mais là, il y a cette sensation.

Et enfin, Ana a un sourire soulagé. Salut, toi, souffle-t-elle en passant doucement la main sur son vêtement. Matias lève les yeux vers elle, étonné qu'elle prenne la parole. Ils sont ensemble depuis plusieurs heures, évidemment qu'elle n'est pas en train de lui dire bonjour. Donne ta main, fait-elle en l'attrapant de toute façon. Ana n'est pas vraiment en train de négocier avec lui, c'est l'occasion parfaite. Elle plaque sa paume contre son ventre trop rond, trop tendu : Di "hola" a tu padre, gatito, souffle-t-elle.

Elle se fait encourageante, douce, et enfin, il y a ce petit tapotement contre sa peau qui repousse la main de Matias. C'est étrange comme sensation, n'est-ce pas ? Souffle-t-elle à son amant dans un rire amusé. Oui, ça l'est. Pour elle sans doute encore plus. Mais surtout fascinant.

Ana paraît enfin comprendre ce qu’il essaie laborieusement de lui expliquer depuis quelques minutes et l’abattement se lit soudainement sur ses traits, dans la ligne de ses épaules. Il ne faut pas longtemps au cubain pour franchir la distance qui les séparent et l’enlacer de tout son amour. Certes, cette grossesse est en train de tester leurs limites, mais il n’en est que plus heureux de constater qu’ils passent ces épreuves sans une éraflure – ou presque. Les mots d’Ana amènent un pauvre sourire sur ses lèvres, qu’elle ne peut pas voir. Je sais, mon amour. Je suis désolé, s’excuse-t-il pour la centième, la millième fois. Elle aussi réclame son pardon et d’une main apaisante sur son crâne, il balaie ses craintes. No te preocupes, todo está bien.

***
La chaleur moite qui les entourent fait perler la transpiration à son front et Matias l’essuie d’un revers de main avant qu’elle ne glisse dans ses yeux. Gorgée d’eau à la suite des inondations et aux pluies torrentielles qui ont balayé l’état, la terre se réchauffe lentement et recrache dans l’air l’humidité qui la gonfle, rendant l’atmosphère suffocante et irrespirable. Pourtant, ils doivent travailler à la reconstruction de leurs défenses au plus vite, pour se protéger contre les dangers de l’extérieur. Il a eu beau protester, Ana a refusé de l’écoute et s’est attelée à la tâche comme les autres. Face à son obstination, Matias a choisi de baisser les bras, conscient que ce n’était ni la première, ni la dernière des batailles qu’il perdait contre la volonté de fer de sa compagne.

Il est occupé à charrier des sacs de terre lorsque la voix d’Ana se fait entendre, tout doucement. Surpris, il hausse un sourcil interrogateur à son adresse, attendant une explication. Au lieu de quoi, Ana attrape sa main sans ménagement et la plaque sur son ventre et encourage le bébé à bouger en elle. Emporté par son élan, il tombe à genoux devant elle. Après un instant, il ressent lui aussi le mouvement et porte un poing serré à ses lèvres, pour en dissimuler le tremblement. Oh, Ana… Elle n’imagine pas combien ce tout petit mouvement de rien du tout le précipite au bord du gouffre. Un abîme d’angoisse, de terreur, d’excitation et de joie mêlés, qui menace à chaque instant de le faire chavirer. Cet enfant, il en rêve depuis des années. Il arrive au pire moment, mais c’est comme ça, et pas autrement.

Relevant les yeux vers sa compagne, il essuie pudiquement les larmes qui perlent à ses yeux. Excuse-moi, c’est stupide… je suis si heureux Ana, tu n’imagines pas… Se relevant lentement, Matias enlace la jeune femme, sans se soucier de la maculer de boue. Elle l’était déjà avant, de toute façon et il ne sert plus à rien de prendre des précautions. Tu devrais vraiment te reposer, mi amor, insiste-t-il une nouvelle fois, avant sans doute plus de conviction qu’avant. Maintenant qu’il a senti leur enfant bien vivant contre sa main, il est plus déterminé que jamais à les préserver tous les deux, peu importe les dangers qui se dressent devant eux.