Toi, t'es Joshua !

Zelda pointe son index dans la direction de l'homme qui vient lui ouvrir la porte. Mais si elle tente de paraître assurée dans sa déclaration, elle a surtout l'air dubitative. Il ressemble un peu à ce qu'on lui a décrit. Mais avec la semi-obscurité du début de soirée, elle n'est pas réellement sûre d'avoir affaire à la bonne personne. En tout cas t'as la tête d'un Joshua ! Ca suffira. Et elle n'attend pas vraiment son autorisation pour se glisser à l'intérieur du salon. Comme une anguille. Ou plutôt, comme un parasite qui a visiblement décidé de s'incruster un petit moment.

Elle observe un instant le hall avec plus ou moins d'intérêt puis se retourne vers le chimiste, enjouée, en claquant une fois dans ses mains. On se connaît pas encore, je sais ! Et c'est parfaitement logique puisqu'en temps normal j'ai franchement aucune putain de seconde à accorder aux demeurés des labos ! Autant être claire. L'honnêteté, parfois, ça paie. Mais pas souvent, oui, c'est vrai. Mais les temps changent, Joshua ! Et parfois même le feu et la glace doivent apprendre à cohabiter ensemble pour le bonheur du peuple élu ! C'est un peu trop imagé, là, peut-être ? L'australienne s'accorde un temps d'arrêt puis lève la main pour empêcher l'autre de répliquer quoi que ce soit de négatif, ou de constructif.

Attends ! Laisse-moi parler ! Parce que sinon j'te jure que dans cinquante ans - ou peut-être moins vu que t'as pas l'air tout jeune - quand tu repenseras à tes plus ou moins jeunes années, tu te demanderas ce qu'il se serait passé si tu m'avais laissée terminer ! lui promet-elle. Même si elle ne sait plus exactement comment elle est sensée amener la chose sur la table. Et elle n'est pas davantage sûre que l'autre puisse être intéressée par sa superbe offre.

Toutefois elle laisse passer un instant de silence, en profite pour lâcher un long soupir qu'elle accompagne de ses paumes. Et puis c'est avec un sourire retrouvé qu'elle s'adresse à son hôte quelque peu involontaire. Je t'imagine petit, Joshua ! Quand tu gazouillais dans un bac à sable et une connerie du style et que tu rêvais de devenir un grand patron de la pègre internationale ! Ou peut-être locale, qui sait ? Elle n'a pas vraiment eu l'occasion de mesurer son ambition jusque-là  il faut dire... Adulé ! Respecté ! Aimé ! Et sûrement un peu pourchassé par les forces de l'ordre, oui, c'est vrai. Mais c'est un détail. Avec des foules de femmes qui se jetaient à ses pieds ! Ou des hommes, si le petit Joshua préfère des hommes ! Voire des animaux pour ce que ça peut lui foutre, hein. Mais ce n'est pas le sujet. Et puis elle s'égare un peu, là, non ?

Ce que j'veux te dire c'est qu'on a une occasion en or de réaliser ton rêve, mon vieil ami ! reprend-t-elle d'une voix empreinte de gravité, le regard dardé sur lui. Car si je suis venue en ce jour ici, jusqu'à toi, c'est pour t'annoncer que tu vas enfin pouvoir m'préparer un truc qui s'appelle... Attends ! Elle fouille dans ses poches, en retire un papier qu'elle déplie pour lire ce qui y est inscrit : Méthylènedioxy-N-méthylamphétamine ! Ca lui parle ? À elle, pas du tout. Mais si elle se fie à ce qu'on lui a dit et à ses recherches à la bibliothèque - beurk ! - c'est un truc qui rend les gens vraiment heureux. Et qui les encourage à dire un peu la vérité, aussi, dans des moments d'abandon. Le truc parfait pour recueillir des infos, ou décrédibiliser des gens ! Youpi ? conclue-t-elle en lui décochant une petite tape sur l'épaule de son aîné, et nouveau meilleur ami.

Joshua recula et laissa l’adolescente parler… Elle n’avait pas la langue dans sa poche. Trop même, Elle babillait sans interruption dans un flot de mots qui menaient vers une conclusion piquante. Mais pour le chimiste, ça n’avait rien d’amusant, au milieu du courant des mots, il comprenait très clairement qu’elle voulait utiliser ses compétences à des fins purement égoïste, peu importe la pommade : « Tu es fatigante. »

Il regarda autour de lui et chercha un peu de gel pour se laver les mains et l’épaule. A force de fréquenter Bonnie, il commençait à prendre ses mauvaises habitudes. Enfin, bonne si on se fiait au risque bactérien en réalité. Il soupira après avoir reposé le gel et il rétorqua à Zelda, qui venait de lire péniblement la formule chimique sur son bout de papier : « Tu prononces des mots dont tu ne connais pas le sens on dirait. » Là, il lâcha très clairement sa suffisance et son arrogance, elle n’avait visiblement pas fait d’effort pour apprendre : « Tu me demandes de te fabriquer de la MDMA. » Il avait devant lui une droguée…

Mais autant il méprisait sa démarche, autant Joshua devait reconnaitre que ça lui faisait plaisir qu’on vienne le trouver pour une mission : « Je sais en fabriquer, c’est même très facile, mais j’ai plusieurs questions pour toi en fait. » Mais il était hors de question de marcher au pas de l’oie avec cette gamine, elle allait devoir mériter qu’il se mette au travail. Et puis c’était un défi amusant, un produit qu’il n’avait jamais synthétisé pour le moment. Il s’assit confortablement dans son canapé et invita Zelda à faire de même : « Déjà, qui est-tu ? Ensuite, pourquoi tu veux absolument de la drogue et enfin, pourquoi je t’aiderai ? » Oui.

« Fabriquer de la MDMA va me demander du temps, alors je vais te poser une question… petite… Pourquoi je perdrais mon temps à te faire plaisir plutôt que de fabriquer du napalm ou des antibiotiques ? Donnes moi une raison autre que « te faire plaisir » et « tu vas être célèbre. » Il détourna le regard avant de se gratter le bout du nez : « J’ai deux doctorat, mon temps est précieux, alors sois convaincante. » Allez, qu’elle fasse sa thèse la petite, que lui aussi rigole un peu.

Merci !

Et pour un peu elle serait presque sincère, Zelda. Parce que le terme fatigante, ce n'est clairement pas le pire dont on l'ait affublée. Ouais, elle ne s'en sort pas trop mal. Surtout si elle se fie à l'air de cet homme. Ou plutôt, à ses manières. Et à cette drôle de façon qu'il a de se désinfecter les endroits où elle l'a touché. Ou qui ont touché d'autres surfaces, comme la poignée de la porte visiblement. Intéressant...

Et alors ? Les premiers aviateurs n'savaient même pas ce qu'ils faisaient, c'est pas ça qui les a empêchés d'se jeter dans l'vide... J'me trompe ? Elle n'a pas réellement besoin de savoir ce qu'est cette substance qu'elle vient d'évoquer. L'important, là, c'est que ça parle à Joshua. Et ça semble plutôt être le cas puisqu'il lui donne le petit nom de la drogue... Voilà ! De la MDMA ! s'exclame-t-elle. Sans trop savoir si elle doit se réjouir vu l'air rétif affiché par le bonhomme. Mais oui, ça semble être le cas puisqu'il lui annonce qu'il sait en fabriquer.

Et alors que Zelda savoure l'information, elle se rend compte aussi que la partie n'est pas encore gagnée et que l'autre entend obtenir certaines réponses. Et quel genre de questions, exactement ? s'inquiète-t-elle en croisant les bras, un brin sur la défensive. Et ça ne manque pas... Joshua veut savoir qui elle est, pourquoi elle veut de la drogue et en prime, veut qu'elle le convainque de sacrifier son temps pour ça. Bon... J'm'appelle Zelda ! annonce-t-elle en guettant la réaction de l'autre. Il va partir en courant, ou quoi ? Ah non, ça a l'air d'aller...

Vu que t'as techniquement aussi été jeune un jour j'crois que j'ai pas vraiment besoin de t'expliquer pourquoi j'veux de la drogue, si ? se hasarde-t-elle ensuite à répondre. Avant d'estimer qu'il faudrait peut-être lui donner la réponse dans la foulée : Parce que c'est cool ! Il faut vraiment une raison pour s'amuser ? Est-ce qu'il n'a jamais fumé de l'herbe et éprouvé le désir d'essayer de nouvelles choses quand sa carcasse lui permettait encore de tenir le choc ?

Cela dit il marque un point, Joshua ! Parce qu'il est vrai que ses talents pourraient sans doute aider le camp d'une meilleure façon qu'en fabriquant de quoi s'alléger l'esprit... Tu pourrais faire ça pendant ton temps libre, non ? Comme une sorte de... passion particulière ? propose-t-elle avant de se rendre compte qu'elle n'a pas vraiment envie de se lancer dans un petit jeu de devinettes. Bon ! J'ai pas deux doctorats, moi ! Mais j'sais d'expérience que quand un humain refuse pas une offre bizarre dès le départ, c'est qu'il y trouve forcément un peu d'intérêt ! La voici donc qui plisse les yeux en l'observant. Il veut négocier, donc ?

Allez, pourquoi pas ! Après tout elle lui demande effectivement de sacrifier de son temps et du matériel pour une drogue festive. Alors il mérite sûrement une petite compensation. Bon, tu veux quoi ? C'est la seule question qui semble importer en cet instant. J'suis ouverte à toute suggestion mais j'dois quand même t'prévenir : t'auras pas mon ADN ! Ni mon sang, ou mon cul ! Pour le reste, ils peuvent discuter...

Joshua la regarda se débattre encore et encore, elle semblait très fière d’elle et doté d’une assurance qui n’acceptait aucune contradiction. C’était peut-être admirable dans de nombreux cas de figures mais pour un scientifique c’était ni plus ni moins qu’une tare affreusement handicapante. Mais elle venait de lui donner son nom et alors Joshua se laissa rattraper par la réputation de son interlocutrice : « Zelda comme dans Zelda je passe mon temps à faire ce que je veux et pas ce que je dois ? » La question est purement réthorique, mais il suffit d’écouter Maddison pour comprendre que Zelda ne connait pas le sens des responsabilités.

Et d’ailleurs, elle ose les comparer sauf que ce n’est pas comme ça que ça marche. Joshua n’a jamais été un enfant comme les autres, très loin de là. Alors il lui rétorqua très sèchement : « A ton âge, je terminais mon premier doctorat, ton argument est invalide, ma seule drogue c’était le café. » Pas de drogue, pas de sexe, pas d’argent, Joshua ne voulait rien de ce que l’adolescente lui proposait d’une façon très arrogante… : « La seule chose que je veux, c’est un défi. Comme tout scientifique digne de ce nom. » faire avancer la science et ses connaissances pour le bien du plus grand nombre et pas pour de vastes penchants égoistes et lubriques.

Non pas que Joshua était fermé au sexe, loin de là, mais quand elle refusait tout net de coucher avec lui, devançant très largement la moindre question là-dessus, comme si c’était son meilleur argument à faire voilà. Il sentait du malaise monter en lui, que cette gamine puisse se penser désirable et pouvoir lui offrir ça : « Et je te trouve présomptueuse de penser que m’offrir un moment de sexe ou ton sang vaille que fabrique une telle drogue. Modestie n’est pas dans ton vocabulaire si ? » Et sans compter que ce serait foutrement malaisant.

Si Zelda voulait de l’aide, elle allait devoir trouver la parole de quelqu’un d’autre pour la soutenir : « Ce que je veux, c’est que tu arrives à me trouver un responsable de secteur. Peu importe lequel, qui jugerait utile une telle démarche. Et là, j’accepterai de t’aider.» Voilà, c’était dit.

Quoi ?! Non !

Qu'est-ce qu'il lui raconte, là ? Zelda plisse les yeux en observant son interlocuteur. Lui, il a parlé à Maddie. Ou encore à une des nombreuses personnes à qui elle a pu causer du tort. C'est pour ça son prénom semble le déranger à ce point ! Tu dois confondre avec l'autre ! Moi j'suis Zelda comme... Zelda-la-voisine-qui-vous-veut-du-bien ! improvise-t-elle. Elle esquisse une petite grimace : elle aurait pu faire mieux, là, non ? Tant pis...

Ah ouais ? grogne-t-elle quand l'autre se vante à nouveau et lui rappelle ce qu'il faisait, à son âge. Comme si la comparaison était permanente, ou ne serait-ce que légitime. Et t'avais déjà buté combien d'personnes, toi, à dix-sept ans ? Il va l'agacer, là, s'il continue à la prendre de haut alors qu'elle vient lui faire une offre qu'elle estime tout à fait équitable.

Quoi qu'il en soit l'australienne décide d'aller droit au but et de lui expliquer les raisons précises de sa visite. Et même de négocier puisqu'elle ne peut pas vraiment lui exploser un poignet pour l'inciter à coopérer. Il en aura besoin... La modestie, c'est pour les nazes ! confirme-t-elle lorsque l'autre d'accuse d'en être dénuée. Cela dit ça doit faire trois minutes que j'suis là et tu m'as déjà balancé deux fois tes doctorats à la gueule ! Alors si j'étais toi j'la ramènerais pas trop sur l'sujet, hein, là ! Elle croise les bras et le toise : s'il croit l'impressionner avec des bouts de papiers à la con, c'est un peu foiré...

T'es sérieux, là ? demande-t-elle, presque dégoûtée, lorsqu'il lui annonce enfin son exigence. Il croit vraiment qu'un des responsables acceptera de signer une telle chose ?! Entre ceux avec qui elle est en guerre et ceux qui sont trop droits pour soutenir une initiative du genre, ses chances doivent avoisiner le zéro. Tu roules à quoi, toi ? Elle plisse à nouveau les yeux. Est-ce qu'il n'en aurait pas déjà fabriqué, de la drogue, lui ? Parce que même la beuh n'aurait pas pu lui donner une idée de plus stupide. Quoique...

Zelda lève les yeux au ciel et opte finalement pour une autre approche. Quelque chose de plus... diplomatique. Aussi commence-t-elle à se balader dans le hall d'un air nonchalant. Laissant traîner un doigt sur un meuble par-ci, testant un fauteuil par-là. Avant de revenir se planter devant lui. Joshua... Y'a un truc sur pas mal de gens semblent d'accord : t'es l'meilleur chimiste du camp ! Une sorte de... Zeus d'la molécule, tu vois ?  Doublé d'un sacré con, si elle se fie à ce qu'il lui a déjà montré. Et si personne t'surpasse dans c'domaine, logiquement, ça doit faire de toi l'responsable du secteur d'la chimie, pas vrai ? La voici qui dépose alors ses mains sur ses épaules, qu'elle masse sans grande délicatesse, tout en lui décochant un regard entendu : Alors t'as qu'à m'le faire toi-même, non, c'petit mot d'autorisation ? C'est maintenant un large sourire encourageant - et quelque peu froid - qu'elle lui adresse pour l'inciter à opter pour la voie de la raison. C'est chiant, la manière douce...

Joshua l’écouta avant de lui déclarer d’un ton sans appel : « Tu es Zelda-qui-me-prend-pour-un-con. » Voilà comment il résume l’argumentaire de Zelda, qui tente de flatter son égo pour le pousser à faire ce qu’elle demande. Certes, Joshua est un génie de la chimie, il le sait, mais il n’est pas « Zeus ». Même lui, avec son handicap en relation sociale et sa maladie, il pouvait très clairement voir que Zelda ne voulait qu’une chose de lui et ça ne lui plaise pas.

Elle se targuait d’avoir déjà tué, fort bien pour elle, lui à son âge, il aidait les gens à tuer en réalité : « A 17 ans ? j’ai mis au point une nouvelle formule de gaz innervant pour l’armée canadienne et j’ai signé un contrat à six chiffres avec un contractant qui livrait la plupart des polices d’Amérique du nord. C’était faux en soit, il avait 21 ans à ce moment-là, mais qui irait vérifier ?

« Et tu peux me traiter de Zeus de la molécule si tu veux, c’est là que tu t’égards » S’il était un dieu, il serait immortel et il n’aurait même pas l’idée d’adresser la parole à une vulgaire mortelle comme elle : « Zelda, il y a une chose commune à tous les chercheurs, tous les humains du monde. Le temps. » Rien n’est éternel, c’est un fait : « Mon temps est limité, comme le tien et je ne veux pas le perdre à faire de la drogue pour que tu puisses planer.» Il n’hausse pas encore le ton, mais il n’aime pas du tout la tournure que prend la conversation. Alors il cesse les faux-semblants dit très franchement à Zelda : « Et ma confiance en toi est proche de zéro, toutes les personnes à qui j’ai parlé me disent que tu es « turbulente », pour utiliser un euphémisme. » Et il conclus sa tirade par un sévère :

« Donc, convainc un responsable du bien fondé de ton initiative et j’accepterai d’y consacrer du temps. Sinon tu m’excuseras, je préfère encore fabriquer des gaz de combats pour combattre New Eden. » Une occupation fort plaisante au demeurant.

Toujours pas !

Elle ne le prend pas pour un con ! Enfin si, quand même un peu... Mais Josh' devrait surtout considérer l'opportunité qu'elle lui offre plutôt que de s'entêter à voir le négatif. Plutôt Zelda-qui-se-demande-de-plus-en-plus-pourquoi-elle-s'acharne-à-demander-des-trucs-alors-qu'elle-pourrait-juste-défoncer-des-putains-de-glottes-à-la-place ! Ouais, là, on est clairement plus proche de la réalité. Parce qu'elle n'a pas beaucoup de patience, Zelda. Et que ce type commence sérieusement à égrainer la maigre réserve dont elle dispose.

Alors l'australienne pense à Zi, Yu' et à leurs conseils. Elle cherche cette fameuse petite voix de la raison, et détend ses poings pour se fendre d'un sourire sans doute un peu trop forcé. Qui se mue surtout en grimace quand le chimiste argue que lui, à dix-sept ans, il avait inventé un gaz pour l'armée canadienne et décroché un contrat avec les polices américaines. Génial ! ironise-t-elle. Ca a l'air tellement stylé que j'en ai jamais entendu parler, d'ton gaz énervant ! Et bien sûr elle use de ce ton qui prouve le peu de cas qu'elle fait de ses exploits. Le monde d'avant n'existe plus, les gens qu'ils étaient non plus. Tout ça relève plus de la mythologie que de la réalité, pour Zelda, en prime...

Le fait est que Josh' n'est toujours pas convaincu et qu'il lui fait à nouveau comprendre qu'il n'a pas le temps, d'autres choses à faire et plus, qu'il n'a pas envie de l'aider à cause de ce qu'il a entendu à son sujet. La voilà donc, la vraie raison ! L'australienne renifle, agacée. Les gens n'arrêteront-ils donc jamais de dire du mal d'elle derrière son dos ? J'aurai jamais l'autorisation d'un responsable et tu l'sais très bien ! grogne-t-elle. En fait c'est sa manière à lui de lui dire non, sans le dire clairement. L'expression d'une précaution ou juste d'une difficulté à assumer ? Et visiblement t'es pas capable d'prendre des initiatives sans qu'on t'balance une putain d'signature sous l'nez ! En fait c'est une saleté de Vogon, ce mec. Un procédurier qui doit adorer classer des documents et se branler devant des éprouvettes bien alignées...

Toujours est-il que Zelda n'est pas venue supplier. Et qu'elle doit bien admettre que c'est avant tout son propre plaisir qu'elle cherchait à satisfaire en venant ici. Tant pis ! J'me casse, tu m'saoules ! annonce-t-elle alors en haussant les épaules. Elle devra trouver une autre façon de s'amuser, et de ridiculiser Maddie aux yeux de tout Fort Ward.

Mais alors qu'elle dépasse le chimiste, une autre perspective lui traverse l'esprit. Elle s'interrompt et relève les yeux vers l'homme. Pourtant elle ne prend pas la parole tout de suite alors que les rouages de ses pensées finissent d'assembler son idée. Eh ! On est d'accord que c'te drogue pousse les gens à parler ? Ca les dénisi... Désinisi... Ca les rend débiles, c'est ça ? Elle ne peut se fier qu'à ce qu'elle a lu, et ce qu'on lui a dit. Mais si c'est bien le cas... Genre... Si on en donnait à des prisonniers, par exemple ? Ils pourraient avouer plus facilement leurs p'tits secrets honteux ? La torture, elle ne connaît pas trop. Mais elle sait que ça peut prendre du temps. Il n'y a qu'à voir la durée du premier séjour de Roza en cellule... Avoue qu'ce serait quand même vachement pratique ! Et apprécié... Par les interrogateurs, et les militaires dont elle fait désormais partie. Et Josh', comme toute les personnes supposées sensées, a sûrement envie d'être bien vue par ceux qui tiennent les armes, non ?