Je regarde le sac, réfléchissant à ce dont j’ai besoin pour éviter de me taper des allers-retours à l’infirmerie. Pas que j’ai la flemme, mais un peu quand même. Je sais, ça se dit pas ce genre de trucs, mais tant que ça reste dans ma tête, c’est pas trop grave non ? J’avoue que depuis qu’on m’a annoncé l’arrivée du nouveau, je suis curieux, même si je sais rien de spécial sur lui, à part qu’il a été embauché quand il était à Kitsap. Bon, s’il a accès à cette base, c’est qu’il doit être fiable. Je suppose.

En tout cas, il est encore en… on va dire en quarantaine, c’est ce qui y ressemble le plus en tout cas, pour quelques jours. Je saurais pas dire quand Andrea et le reste du Conseil vont le libérer et c’est pas vraiment à moi de dire quoi que ce soit. J’ai quand même une pensée pour les jours que j’ai moi-même passé enfermé suite à mon arrivée ici et je me demande si c’est pas la même pour lui pour une situation similaire. Si on le prend pour un Scarecrow ou pas. Vu qu’en plus, ils sont de retour, ce serait un peu dingue comme coïncidence. Enfin, je suppose que je vais devoir prendre mon mal en patience et faire avec les informations qu’on va me donner. Ou pas donc.

« Bon, je vais faire le check-up du nouveau. A plus ! » J’agite la main pour saluer Lisandro et je finis par me diriger vers la caravane où il est cantonné, Dawn sur mes talons. J’attends quelques secondes avant de toquer à la porte et j’ai un large sourire alors que je tends la main en direction du brun. « Cooper, c’est bien ça ? Moi c’est Nolan, je suis un des docteurs du Fort. Elle, c’est Dawn. Elle est super sympa, mais je peux la laisser dehors si elle te stresse. » Je peux comprendre vu la taille de la bestiole, mais elle remue la queue avec un sourire tout canin, fixant Cooper sans s’agiter. Je sais que, souvent, sa présence détend les gens et les aident à mieux vivre les examens. Mais comme elle fait aussi parfois flipper, je les laisse décider de sa présence ou non. J’attends qu’il me laisse entrer et d’aviser de ce qu’il veut faire de Dawn, avant de continuer, d’un toujours aussi léger. « Je vais te faire un petit check-up général pour voir comment tu te portes. » Physiquement et mentalement, mais je vais pas entrer dans les détails de suite. « On pourra papoter un peu et tu pourras poser les questions qui te viennent sur le fonctionnement du camp. » J’imagine qu’il a pas forcément pu tout demander au Conseil quand il a été reçu. D’autant qu’il y a des questions que perso, j’avais pas forcément osé poser, surtout devant une Andrea un brin… distante à l’époque. Maintenant, ça va carrément mieux, mais les débuts ont été laborieux. C’est ptet pour ça que j’ai envie que les choses se passent bien pour Cooper, je sais ce que ça fait d’être à sa place.  

Cooper commençait sérieusement à tourner en rond dans la caravane, la prière ça allait bien quelques minutes, le reste du temps il restait à penser, allongé sur le lit, parfois il faisait un peu de sport, autant que possible dans l’espace étroit que lui offrait la boite en fer. Alors qu’il se relevait après un exercice justement, le visage grimaçant sous la douleur, il vit que quelqu’un approchait de sa caravane.

Quelques coups sur la porte et il ouvre, un homme un peu plus petit que lui se présente, il lui serre la main spontanément. Sois il est très poli, soit il n’est pas au courant du statut de Cooper, dans le doute, le grand blond décide de jouer le jeu pour pouvoir espérer avoir une relation normale depuis qu’il était arrivé ici : « Enchanté Nolan… Enchanté Dawn. » Il s’assit sur une des chaises et commença à se préparer à l’examen. Le médecin semblait vraiment vouloir lui souhaiter la bienvenue, il se proposait de lui expliquer le fonctionnement du camp :

« J’ai pas mal parlé avec Olivia déjà, elle m’a expliqué comment le camp fonctionne. Mais un second avis ne fait jamais de mal, n’est-ce pas. » Plaisanterie de médecin, au moins ça lui ferait quelqu’un à qui parler. Mais d’un point de vue un peu plus sérieux, Cooper lui décrivit rapidement l’état dans lequel il se sentait :

« J’ai encore des douleurs aux côtes et j’ai l’impression que mon poignet ne veut pas vraiment guérir. » Dès qu’il forçait un peu dessus, même très peu, ça lui faisait horriblement mal. Et pendant que Nolan l’examinait, il commença à faire la conversation, posant une question qui lui brûlait quelques peu les lèvres :

« Tu es jeune pour un médecin non ? » Non pas qu’il doutait de sa compétence, mais l’homme devait être à peine plus vieux que lui, ça voudrait dire qu’il avait à peine terminé ses études de médecine quand l’apocalypse avait eu lieu. Ou alors il avait appris sur le tas depuis cet évènement. Cooper était curieux de savoir.

Dawn remue sagement la queue, visiblement contente d’avoir un nouvel endroit où aller fureter. Et elle commence à renifler un peu partout avant de s’assoir à mes pieds une fois son petit tour terminé. Je rends un sourire amusé à Cooper à sa répartie avant de hocher la tête. « Toujours important d’avoir un deuxième avis ouais. Mais première chose à savoir, si tu tiens à bien manger, ne pas contrarier Olivia. » Question de survie quoi. Sauf à ce qu’il soit super doué pour se faire à bouffer lui-même mais, perso, ça a jamais été mon cas. « J’imagine que t’as dû passer devant le Conseil à ton arrivée. » J’ai un bref regard autour de moi avant d’ajouter avec un sourire en coin. « Perso, quand j’ai débarqué et que j’ai été enfermé une semaine, c’était un peu plus sommaire niveau confort, t’as du bol qu’on ait récupéré des caravanes entre temps. » C’est autant pour le rassurer que pour lui tendre une perche et lui faire comprendre qu’il est pas le seul dans ce cas-là.

Quand il me parle de ses blessures, j’ai un froncement de sourcils alors que je jette un coup d’œil à son poignet. « Faudra qu’on fasse une radio. Histoire de vérifier qu’on s’est pas ratés. Si j’peux amener la radio portable, ça m’arrangerait de pas avoir à trop la trimballer. J’verrais avec Andrea si je peux t’embarquer à l’infirmerie pour ça. » J’ajoute, d’un ton plus sérieux, alors que je continue de l’ausculter. « Pour les côtes, tu vas douiller encore quelques semaines malheureusement. On a très peu d’antidouleurs et on les garde pour les cas les plus graves, mais ma femme a pas mal de plantes qui peuvent aider à calmer la douleur. Je te trouverais ça. » Cass’ aura bien un tour dans sa manche pour lui trouver une tisane ou un truc qui apaisera un peu les douleurs le temps que ça finisse de se ressouder.

Forcément, mon âge l’interpelle et j’ai un sourire malicieux avant de souffler, non sans un clin d’œil. « C’est parce que je suis pédiatre. Je me nourris de la force vitale des enfants que je peux ausculter. » Bon, avant qu’il risque de prendre au sérieux ma connerie, j’ajoute, d’un ton léger. « Je venais de commencer ma spécialisation quand ça a commencé. J’avais un peu d’avance sur le programme. Donc on peut dire que j’suis un vrai médecin, si tant est que ça ait encore vraiment du sens. » Je continue mon examen avant de reprendre, songeur. « Mais j’ai vraiment dû apprendre un autre type de médecine, surtout avec les moyens du bord. » Si j’ai eu de la chance d’avoir des bases, j’avais pas été préparé à gérer tout ce que j’ai dû gérer ces dernières années. « Et toi alors ? Tu faisais quoi avant ? » Vu qu’on a l’air d’avoir à peu près le même âge, il a pu avoir fait des études, voire bosser sans trop de soucis avant tout ce bordel.

Cooper eut un petit sourire amusé, non en effet, il ne valait mieux pas se mettre Liv à dos : « Olivia cuisine bien, je m’en voudrais de me priver de ça. » Surtout qu’elle était visiblement quelqu’un d’adorable et très vivante, une vraie bouffée d’air frais après tous ces mois de guerre et de galère. L’ancien new eden refusa aussi très poliment la proposition des antidouleurs naturels de la femme de Nolan.

Outre le fait que Cooper ne croyait pas vraiment à leur efficacité, il n’avait pas assez mal pour vraiment justifier de devoir prendre un traitement quelconque en réalité : « Je vais me passer des plantes de ta moitié, ça devrait aller. » Quelle garde ça pour quelqu’un d’autre, qui en aurait un peu plus besoin… Mais au moins, quand il écouta l’histoire de Nolan, il fut rassurer de savoir qu’il avait fait des études régulières, que c’était un médecin de l’ancien monde et pas un médecin du j’ai appris sur le tas… : « J’vais te faire confiance alors. » Même si la fin de sa formation était surtout du « sur le tas », au moins l’histoire de son docteur était intéressante : « Je vois, c’est sympa comme histoire. Enfin sympa, disons que tu as bien su rebondir.»

Cooper dû ensuite parler de lui-même, il chercha ses mots pendant plusieurs secondes avant de finalement les trouver dire : « Je suis d’une famille de fermier, alors j’aidais souvent là-bas, mais sinon, j’étais éducateur dans un centre pour jeune. J’étais aussi chanteur dans un groupe local, on était pas encore célèbre, maiiiis je pense que ça aurait pu marcher. » Un doux rêve de jeune homme tout ça, Cooper repensait souvent à cette période bénie et innocente, un monde plus simple qui lui manquait cruellement. Ce qu’il donnerait pour pouvoir jouer un peu de guitare aussi là… : « Tu as des enfants ? » La question tomba un peu comme un cheveux sur la soupe, mais Nolan avait mentionné une compagne, alors il était curieux maintenant.

Je lui rends son sourire avant de hocher la tête. « Elle arrive à faire des miracles avec presque rien en plus. » J’avoue que, pour quelqu’un qui a mangé des plats préparés pendant des années et ce qu’il trouvait de vaguement comestible après l’apocalypse, ça a quand même été un des trucs les plus agréables une fois arrivé ici.

Et au reste, je hausse une épaule. « Comme tu le sens. Mais pas la peine de jouer au vrai mec ou une connerie du genre en te disant que t’as pas si mal que ça. La douleur est ptet une information, mais ça doit non plus devenir habituel. » Au reste, je souffle, d’une voix légère. « C’est facile de rebondir quand on a fait des études de médecine. T’es toujours utile, d’une façon ou d’une autre, quel que soit le connard que tu peux avoir devant toi. » Ca m’a sauvé la vie et m’a permis de manger quand c’était grave la dèche, alors je vais pas m’en plaindre ou faire mine que mon choix de carrière a pas été ma meilleure carte pour ma propre survie.

Je l’écoute quand il lâche quelques bribes le concernant. J’ai l’impression que c’est compliqué pour lui et je me demande à quel point il a pu être traumatisé. Ptet que son ancien groupe est mort ou pire encore. Je me demande comment je le vivrais d’être séparé des miens et de devoir tout recommencer dans un nouveau groupe. « Une famille de fermier ? Dans quelle région ? » Forcément, je suis curieux en tant de fils de fermier aussi. « En tout cas, tu vas pas être dépaysé ici alors. » Il a bien dû voir qu’on vivait un peu à l’ancienne. « Educateur aussi, ça pourra servir. Tu pourras être bien utile je pense. » Je sais que c’est souvent quelque chose de nécessaire, se sentir utile, trouver sa place. Et j’espère que lui saura le faire sans top de difficulté. « A force d’avoir des musiciens ici, vous devriez remonter un groupe. » Je souffle, d’un ton amusé. « On a un guitariste et au moins un autre chanteur, faudra que tu vois avec eux, ce serait cool non ? Sinon, tu peux apprendre aux petits à chanter. » Ce serait marrant. Tout pour qu’il se sente bien quoi. « Tu verras, y a pas mal d’enfants en bas âge. » Et, à sa question, j’ai un sourire avant de hocher la tête. « J’ai un petit de trois mois oui. En papa gâteau et pas du tout objectif, je te dirais qu’il est parfait, mais… » J’ai une grimace, même si j’ai une œillade amusée. Je finis par reprendre, un brin plus sérieux. « T’as d’autres blessures plus anciennes ou problèmes de santé dont tu veux parler ? Grosso modo, on est deux médecins en charge du groupe. On a une équipe avec d’autres personnes en formation mais tu auras surtout à faire à Lisandro ou moi-même. Au début en tout cas. Et évidemment, tout ce que tu diras ne passera pas cette porte. Le secret médical a encore du sens pour nous. » Même si ça peut paraitre un peu idiot aux yeux de certains.

Cooper ne jouait pas plus que ça les bonhommes, il avait simplement son idéologie. Mais il ne répondit rien ,se contentant de répondre très poliment à Nolan sur ses origines : « Nous étions situé dans l’est de l’état de Washington, je suis un enfant du pays et de la région. » Simple et sans prétention, voilà ce qu’était la ferme et la vie de Cooper dans l’ancien temps. Certes, il y avait son ambition de devenir un grand musicien et un grand groupe de musique… mais c’était encore une autre histoire.

D’ailleurs en parlant de musique, la mention d’autres chanteurs, de jeunes qui pourraient apprendre et… pourquoi pas l’idée de pouvoir refonder un groupe donnait à l’ancien fermier une autre raison de sourire, c’était une excellente nouvelle :

« Il faudra que je rencontre les autres alors. Je suis sûr que nous pourrions animer les soirées et faire de super fêtes d’anniversaires. » ça serait certainement une chance sans aucune mesure de pouvoir de nouveau chanter librement et pouvoir choisir les paroles de ses chansons sans craindre une quelconque censure de la part des autorités. Il pourrait enfin parler de sujets qui lui tiennent à cœur.

« Et pour le reste, non je n’ai pas du tout de maladie ou quoi que ce soit. J’ai une surdité de l’oreille gauche à cause d’une explosion, mais pour le reste je vais bien. » Il fit une pause de plusieurs secondes avant de couper une éventuelle prochaine question : « Il y a eu une émeute couplée à une attaque de rôdeur, pour calmer la situation, les militaires ont tirés à coups de roquette et j’étais trop prêt quand une d’entre elle a explosé. » Et puis… il montra la cicatrice sous l’œil, qui courait à la verticale jusqu’au milieu de sa joue : « Une escarmouche avec les remnants je crois. » Un souvenir inoubliable, à n’en pas douter : « D’autres questions ? »

Bon, j’insiste pas rapport aux options possibles pour le soigner, en espérant que ça posera pas de problème à l’avenir et je lui lance quand même un regard curieux, me demandant bien d’où il peut débarquer. Vu sa façon de se comporter, clairement, c’est pas un type qui est resté trop longtemps tout seul dehors. Pour autant, ça laisse encore un paquet d’options. Et puis, si le Conseil a pas jugé utile de m’informer, c’est pas à moi de trop en demander. Je reste curieux, mais j’arrive sans problème à mettre ça de côté. Par contre, j’ai un franc sourire quand il me dit qu’il est un gars du pays. « Ah ouais ? Je viens de Burlington. Mes parents tenaient une ferme avec un élevage bovin. » Des fois, je me demande à quoi ça peut ressembler maintenant.

Et je laisse filer un silence, non sans lui lancer un regard curieux. « Je suis sûr que tout le monde sera ravi d’avoir de la musique le soir au coin du feu. » Et j’ai un rire avant de reprendre. « Okay, ça fait super cliché, mais ça fait pas de mal non ? Et ça permet de garder le moral. » Je note dans un coin de ma tête de parler de lui aux autres musiciens, qu’ils soient déjà prêts à venir lui parler dès qu’il aura fini son petit séjour forcé dans la caravane. Alors ouais, il pourrait être plus mal loti, mais je peux comprendre qu’il soit impatient.

Par contre, je reste un peu quand il me raconte sa blessure à l’oreille. « Oh wow… mais ça date de quand ça ? » Parce que des militaires, une émeute et compagnie, c’est clairement pas un truc qui arrive souvent. « Ta perte d’audition est définitive alors ? » Je chope mon carnet je note les informations qu’il me donne. « Et à quel moment on tire sur des rôdeurs à coups de roquettes pour les calmer ? » Je secoue la tête, dépité, avant de me pencher pour observer sa cicatrice sous l’œil. « Hum. T’as eu du bol sur ce coup-là on dirait. » Un léger froncement de sourcils avant que j’ajoute, songeur. « T’es militaire ou un truc du genre depuis la fin du monde ? » Pour se retrouver dans le feu de l’action aussi souvent, je vois pas d’autres options. J’ajoute, non sans une grimace. « Tu sais qu’on est alliés avec les remnants ? » De circonstances, certes, mais ce sont plus des ennemis en tout cas, malgré tout ce qui a pu se passer entre nos deux groupes. « J’aurais des questions de routine à te poser. En fait, on met en place un petit fichier médical sur chaque nouvel arrivé, histoire d’être paré à tout. Genre tes allergies, si t’as déjà eu l’appendicite ou des trucs du genre. » Tout en parlant, je fouille mon sac pour lui tendre ledit questionnaire. « Tu me rempliras ça quand t’auras deux minutes s’il te plait. » J’en profite d’avoir mon sac ouvert pour en sortir quelques bouquins que je pose à côté de lui. « Je sais pas si t’aimes lire, mais c’est un peu la seule activité que tu vas avoir les prochains jours. Alors, je me suis dit que ça pourrait être pas mal que t’aies du stock. »