Le déluge de questions qui s’abat sur elle, lui donne des impressions de fins du monde. C’était, peut-être, la fin du sien d’ailleurs. La prise de conscience avait été douloureuse, mais il était temps de passer à autre chose. Car en réalité, elle n’avait pas tout le temps du monde pour accélérer un processus auquel elle allait devoir prendre une part entière, une complicité explicite et une responsabilité inavouable. En héros… se crispe t-elle légèrement sur sa chaise. Daisy comprenait que tous les moyens étaient bons. Que son Époux puisse conservé cette aura autour de lui même dans sa mort, la rendait presque nauséeuse. Elle se prenait encore à espérer, qu’il ne ferait aucun mal à son fils, leur fils, mais elle se reprenait, cette naïveté n’avait plus de place dans sa vie, elle avait été écrasée par le poids de la réalité.

C’est surtout en fonction de ses envies et les jours de congés sont souvent les week-ends, même s’il ne refuse jamais une partie de golf au country club pendant l’après-midi, répond t-elle. Daisy n’avait jamais été en reste concernant son devoir conjugal, mais elle arrivait à son huitième mois de grossesse et l’affaire devenait de moins en moins simple, de moins en moins plaisante surtout pour lui. Elle, elle venait à l’évidence, au second plan. Si tant est qu’il y eut un second plan.

Elle l’écoute, lui expliquer les conséquences terribles qui pouvait lui tomber dessus si elle venait à échouer et se faire prendre. Elle en a des frissons d’horreur, l’idée simple qu’elle puisse un jour laisser son fils dans la gueule du loup, donnait à la future mère des cauchemars affreux, qu’elle ne consolait jamais. Le docteur Minh-Oh avait entièrement raison. Mais elle préférait être veuve ou divorcée, plutôt que mère absente et oubliée. Elle prend un longue respiration, garde le silence alors qu’elle regarde vers le plafond, une minute, le temps de ravaler les larmes qui lui brulaient la cornée. Daisy se reprenait, doucement, dans un silence pensant, la main sur son ventre.

Si je ne fais pas cela, je ne pourrais jamais me dire mère, fait-elle, la peur et la détermination au fond des yeux. Si elle laissait faire son époux, alors qu’il lui battait son fils au point de lui casser les os, sachant pertinemment qu’elle aurait pu faire quelque chose, elle était certaine que son fils ne lui pardonnerait jamais. Mais si elle venait à disparaître, elle le laisserait en proie à l’angoisse et la peur constante. Je n’ai pas le choix.

Le portrait fait de son Époux la glace, elle aurait presque pu fermer les yeux mais il s’était attaqué à son foyer, à ses enfants. Elle écoute, alors que le docteur lui énonce et annonce les vils actes de son époux. Elle n’avait jamais côtoyer son Époux en dehors de leur maison, il avait toujours été charmant, courtois, brillant sur bien des aspects, mais cette ombre qui planait désormais au dessus de sa tête, effrayait Daisy.

Suis-je naïve de vouloir y croire, à cette justice ? demande t-elle sans réelle conviction, il avait tué tous ses plans dans l’oeuf. Mais Daisy n’en démordrais pas. Il était préférable d’avoir tous les plans du monde, plutôt que de ne compter que sur une unique tentative. Si.. Si nous venons à faire ce que vous dîtes, personne ne doit savoir, personne.