Ce matin est difficile. Un peu comme tous les matins, je crois. Mais... celui-là c'est pire encore. En clair, je n'ai pas dormi de la nuit. Les choses m'ont échappé, une fois de plus, et une ultime fois je crois. Je suis fatigué, énervé et triste. Reese me dirait sans doute que j'ai fais le bon choix. Mais … j'ai aucune putain d'idée de ce qui est bon ou mauvais à faire.

Heureusement, je suis occupé en cette fin de matinée. Et pour cause ! C'est entraînement avec Thaïs. Oui oui, vous lisez bien. Moi, Daniel Calvi Nino Iacobo, me réjouit d'une séance de sport. Bon, j'ai toujours du mal et c'est quand même sacrément difficile pour moi, mais depuis quelques temps, je commence réellement à avoir des résultats, aussi bien sur mon physique que sur mes performances. J'avais pas de soucis particulier, pourtant, avec mon corps de lâche, mais j'dois admettre que c'est assez satisfaisant de pouvoir se regarder dans le miroir et voir les muscles se dessiner petit à petit.

Il fait déjà une sacrée chaleur quand je rejoins le petit coin extérieur qu'on s'est aménagé hors de la Péniche. Mon regard accroche aussitôt à la petite silhouette de Thaïs, et je la rejoins d'un bon pas, ma bouteille d'eau à la main. Les oiseaux chantent. L'atsmophère est ... paisible.

Hey guapa. Je croyais qu'on serait plusieurs, je lance en constatant qu'effectivement, elle est seule, et moi j'suis sûrement pas en avance.

Je réajuste mon bandana sur ma tête et ressers l'élastique de mon jogging un peu avant de commencer à m'échauffer distraitement. Ça doit se voir comme le nez au milieu de la figure que j'suis éclaté, mais j'essaie de faire un peu bonne figure quand je contracte mes bras, exhibé pour la première fois en débardeur.

T'as vu ça ? J'pensais pas que j'avais pris autant. À croire que faire semblant de travailler ça marche aussi bien que de travailler pour de vrai.

Je tape un peu la pose, clown que je suis. Un peu plus et j'oublie ma nuit de merde.

Et toi comment tu vas joli cœur ? Pas trop épuisée de tout ce qui se passe en ce moment ?

Parce qu'avec Aamir, y'avait pas à dire, ils ne s'arrêtaient, et j'étais toujours admiratif de leur travail et implication. Bill et Chris seraient fiers, c'est sûr. En tout cas, moi je le suis.

Thaïs profite du soleil qui se lève. A ses lèvres, une cigarette, une des dernières qu'elle a encore, il va falloir qu'elle se réapprovisionne vite. C'est rare que tout soit aussi calme, pas de rôdeur à l'horizon, pas de personnes pour venir la déranger pendant qu'elle est au calme. La militaire ferme les yeux et prend une petite inspiration, sereine. Il ne lui manque plus qu'une bonne tasse de café chaude pour bien commencer la journée.

Elle s'étire et finit par se retourner quand elle entend du bruit. C'est Dany qui arrive pour son entrainement. Elle jette sa cigarette au sol et l'écrase avant de ramasser le mégot pour le ranger dans sa poche. Inutile de polluer davantage un endroit aussi beau. « Salut Dany. Les autres se sont dégonflés on dirait. » Elle hausse les épaules, certains sont assidus dans les entrainements mais pour d'autres, c'est plus difficile. Tant pis pour eux. « Je suis contente que tu sois là en tout cas. » souffle-t-elle. « Mauvaise nuit ? » Il a l'air fatigué, épuisé même.

Elle laisse échapper un sifflement quand il montre ses bras. « C'est vrai que t'as pris ! » Thaïs en est satisfaite. Les Gentle Bastards manquent cruellement de muscles, surtout avec le départ de Liam, parti pour chercher des combattants à la cage et négocier pour eux. S'ils se font attaquer par New Eden ou les Oblivions, ils pourront difficilement s'en sortir. Elle aimerait beaucoup changer ça mais ce n'est pas aussi simple. Personne n'a été recruté pour ses muscles ici.

Daniel s'inquiète pour elle. Elle esquisse un petit sourire pour le rassurer. « ça va. Je suis contente que la réouverture de la cage se soit bien passée. C'est une charge en moins. » Ils pouvaient se permettre d'être un peu plus confiant pour la suite du coup. C'était tout ou rien sur ce pari un peu risqué. « Est-ce que ça te plait ? » Elle montre la péniche. « Tout ça ? Ce mode de vie est quand même bien différent de tout ce qu'on a connu jusqu'ici. » Oh oui, ils étaient à mille lieux de la cage de Seattle. Une autre vie, presque. Elle fronce les sourcils, soucieuse de connaitre l'avis de Dany à ce sujet. C'est une nouveauté : devoir prendre en considération l'avis des autres, leurs ressentis, leurs demandes. Elle n'a jamais été lead d'un groupe mais elle y prend peu à peu goût.

C'est vraiment des gros nazes, je lance, le pensant parfaitement à cet instant.

Puis, ouais, y'a une pointe de fierté quand même à me tenir à mon rythme. Chris serait super content, lui qui peinait à me tirer de mon lit pour me faire faire trois échauffements. J'espère toujours le revoir vivant un jour. Et alors, il pourra voir à quel point j'ai fais des efforts et être fier de moi.

J'ai un sourire touché quand Thaïs dit être contente que je sois là. Mon poids balance d'un pied à l'autre, je tripote mes cheveux. Puis elle remarque sans peine ma gueule de rôdeur pas frais. Je pince les lèvres, hoche la tête, et détourne son attention en dévoilant mes nouveaux muscles. J'ai de la chance d'avoir une bonne génétique, j'suppose. Déjà je suis pas sûr que j'aurais pu survivre à ce que j'ai vécu sans ça avec le peu que j'avais à manger et compagnie. J'devrais sans doute plus prendre soin de moi et de mon corps. Il me le rendrait bien.

C'était vraiment top comme soirée ! Je m'exclame quand elle parle de la Cage. Ça fait du bien de reprendre du service.

Même si c'est plus pareil, en effet. C'est peut-être mieux d'avoir eu à quitter notre domaine avec les disparitions de nos proches. Ici, c'était un terrain neutre. C'était sans doute mieux pour renaître de nos cendres que de se bâtir sur de douloureux souvenirs.

Je m'échauffe, roule mes épaules, étire mes bras en l'air, appréciant les sensations dans mon corps. Ça aussi, c'est nouveau. Avant, le moindre ressenti était pénible.
À sa question, je pose mes yeux sur elle, puis sur la péniche, avant de hausser les épaules.

Oui, ça me plaît.

Je suis pas difficile à la base, j'ai vécu bien pire. De toute façon, à partir du moment où on me considère un peu et qu'on me traîte comme un humain, moi, tout me va. C'est mieux que tout ce que j'aurais imaginé après tout ça.

On a un certain confort quand même, c'est mieux que ce que j'ai connu. Mais surtout, on est toujours entre nous.

Mes yeux se perdent un instant dans le vide, je soupire doucement par le nez, des vestiges de ma nuit mouvementée me revenant en tête. Je rebraque mes prunelles sur mon amie, un air peiné sur le visage.

Je suis plus avec Curtis, au fait. Et c'est … c'est officiel.

Ça a été difficile de mettre les choses au clair avec lui, d'arrêter de s'engueuler sans arrêt au point d'être à la limite d'y aller aux mains et d'admettre les choses. On y arrive plus. Ça ne nous empêche pas de nous aimer encore. Mais à ce stade … c'est carrément pour notre bien.

On se portait plus vers le bas qu'autre chose. On a décidé ça cette nuit. J'ai un peu de mal à le digérer je crois.

Je fronce le nez, un peu pour refouler mon envie stupide de pleurer, et secoue la tête, me concentrant sur mes mouvements, calqués sur ceux de la jolie brune.

« Comme tu dis... » souffle Thaïs avec un sourire en coin. Là dessus, elle n'est pas vraiment fière des autres Gentle Bastards. Au moins, Daniel est debout et en forme, lui. Elle commence doucement à sautiller sur place pour s'échauffer car ils sont là pour ça après tout. Elle aussi a bien besoin de se dépenser un peu. Elle met un point d'honneur à être toujours au top de sa forme.

Les deux matinaux évoquent la soirée à la péniche et la militaire hoche la tête vigoureusement. « Oui, ça fait du bien. On va pouvoir se remettre petit à petit. » Ils vivaient sur leurs réserves, mais ça n'aurait pas pu durer éternellement. L'hiver a été rude. « T'as assuré en tout cas. » Elle hésite un bref instant, pas vraiment habituée à faire des éloges aux autres. « C'est cool de pouvoir compter sur toi. » affirme-t-elle un peu maladroitement. C'est quelque chose de nouveau : diriger les autres. Avant, elle laissait volontiers tout ça à Zola et Bill, puis à Bill tout seul et maintenant ? Elle n'a pas trop le choix, elle doit reprendre le flambeau. Elle lui adresse un sourire sincère. Daniel a toujours été là depuis le début, elle sait qu'elle peut compter sur lui et ce constat est rassurant.

La suite la réconforte également : Daniel se plait sur la péniche. « On a un toit sur la tête, oui et comme tu dis, on est tous ensemble au moins. » Son regard se dirige sur l'étendue bleutée autour d'eux. « Et puis, c'est temporaire, bientôt on ira chercher de quoi se loger un peu plus confortablement. Ce serait bien qu'on ait tous un petit chez-soi. » Elle ne serait pas contre un peu plus d'intimité. « Ceux qui subissent les ronflements des autres seront contents aussi. » lâche-t-elle sur un ton un peu plus léger. Si elle est persuadée que les différentes épreuves les ont soudé entre eux, pour autant, elle est aussi persuadée qu'avoir un peu d'intimité est important aussi.

Daniel se confie alors sur la fin de sa relation avec Curtis. Thaïs fait une petite grimace. Daniel a l'air affecté et ça la désole. « Oh... Désolée... » Un silence s'installe entre eux. Elle réfléchit quelques secondes avant de se tourner vers Daniel. « Tu es triste, en colère peut-être ? Et bien, il faut que tu t'en serves pour ton entrainement. » Elle lui lance une paire de gants de boxe. « Canalise tes émotions et projette les sur ta cible. » De son côté, elle attrape un sac de frappe qu'elle tient devant elle. « Allez frappe. » ordonne-t-elle. « Je te promets que ça te fera du bien ! » Le sport est un vrai échappatoire, pouvoir transférer ses émotions négatives sur autre chose est efficace pour avoir l'esprit plus serein.

Je souris, touché par les mots de la jeune femme et par ce que ça fait raisonner en moi. L'impression d'être utile, réellement utile. Réussir à dépasser mes limites, à m'imposer en tant qu'être humain à part entière, et ne plus m'excuser d'exister au moindre trébuchement, à la moindre parole qui dépasse mes pensées, c'est une véritable victoire. J'aurais jamais pensé pouvoir m'en sortir ainsi, et je sais parfaitement que c'est également grâce à des gens comme Thaïs, et les autres du groupe. Vaughn a eu du flair de nous faire entrer ici.

Je déglutis, me mords la lèvre inférieure.

Merci. T'imagines pas à quel point ça me fait du bien d'entendre ça, j'ose admettre sans la regarder.

Elle peut s'assurer que je ferai toujours tout pour le mieux de notre communauté. Rien que pour voir encore un peu de fierté dans son regard.

C'est en partie grâce à toi que je suis comme ça aujourd'hui. Parce que vous avez cru en moi même si c'est pas toujours évident et que j'suis pas toujours facile à vivre.

Je hoche la tête quand elle parle de la Péniche et de la suite de nos aventures. Moi, tout me va. On pourrait même se planter une tente que je serais le plus enchanté du monde. J'ai juste du mal à tolérer l'air du grand large et les secousses du bateau, mais même ça, tant pis. Je suis pas du genre à me plaindre de si peu.

Vrai que tout le monde n'est pas super discret, je lâche dans un rire.

Certains introvertis ont besoin de se retrouver par eux-mêmes. Tout le monde, d'ailleurs, je pense. Même moi, même si j'ai peur de la solitude.

Finalement, je lâche le morceau concernant Curtis et moi, le cœur serré. J'ai pas envie d'en faire tout un drama, mais il est difficile de cacher à quel point ça me touche, et Thaïs le remarque bien sûr sans peine.
La paire de gants rebondit contre mon buste et je les rattrape de justesse, relevant mes prunelles sur elle alors qu'elle annonce donc le premier exercice. Je cligne des yeux, ravalant mes larmes rebelles, et les enfile rapidement. Taper, j'aime toujours pas ça. J'me sens gauche et stupide à chaque fois que j'dois me prendre pour un boxeur.

Alors je fais la moue, me balance d'une jambe à l'autre, pas à l'aise, remontant mes bras dans une position incertaine de garde - même si j'ai clairement fais des progrès -. Mes coups sont un peu mous, maladroits, je sais que Thaïs est solide et encaisse bien mais j'aime pas l'idée quand même. J'arrive juste ... pas à me mettre dans le truc. C'est un peu bête, mais bon.

Chris n'arrivait même pas à me faire enfiler les gants, je souffle entre deux coups. Je lui ai clairement fais vivre un enfer.

Ca aussi, ça a été un problème, avec Curtis. Que j'sois obligé de tout ramener sans arrêt à Chris. Non pas qu'il était jaloux, enfin, j'en sais rien, mais ... selon lui, il n'était plus là. Alors ça ne servait à rien de ressasser le passé. Et sans doute qu'il a raison.

J'me sens nul pour ça, je baragouine alors que je me réajuste sur mes appuis. Ca a l'air tellement naturel pour toi !

Thaïs se rend compte qu'elle ne devrait pas être aussi avare en compliments, elle est fière de l'équipe et de la famille qu'ils forment tous, et au vu de la réaction de Daniel, elle devrait le leur dire un peu plus. Elle se promet de le faire, dès qu'elle en aura l'occasion. Ce n'est pas évident pour elle aussi. Habituellement, la militaire est assez solitaire et ne s'attarde pas forcément sur les félicitations ou les applaudissements. Quand il affirme que c'est en partie grâce à elle, la brune lève une main et secoue la tête. « Détrompe-toi. » murmure-t-elle. « Déjà, tu n'es pas plus difficile à vivre que tous les autres énergumènes qui sont ici, moi y compris. » Un petit sourire soulève ses lèvres, elle sait qu'au quotidien, elle peut être pénible aussi. « Ensuite, tu ne dois tes changements qu'à toi-même. Tu as évolué, comme nous tous. Il ne tenait qu'à toi de te relever après tout ce que tu as connu et tu l'as fait. Sois fier de toi pour cela. » Parce qu'il était passé par beaucoup de choses dramatiques par le passé, Dani était toujours là, debout, prêt à aider, et il le prouvait encore aujourd'hui, alors qu'il venait de rompre avec Curtis. Elle aussi avait connu le pire, elle avait tué son ex-mari qui la battait et avait dû survivre seule. Comme tous ici, elle revenait de loin.

« Non effectivement. » La militaire mime un ronflement sonore. Et encore, ce n'était rien comparé à ce qu'elle pouvait entendre dans les dortoirs communs. Certains ont le sommeil vraiment profond. « Et puis, on retrouvera nos propres affaires, une chambre chacun peut-être. Ce serait cool. » Elle rêve de pouvoir dormir seule au moins une nuit.

L'entrainement commence. « Et bien tu vois, si on retrouve Chris un jour, je pourrais me vanter d'avoir réussi à te faire enfiler des gants ! » réplique-t-elle. Un instant, ses pensées s'égarent, est-ce qu'ils vont les revoir ? Bill, Horacio, Chris, Katherine ? Elle n'en a aucune idée. Elle espère qu'ils ont réussi à survivre aux Oblivions mais leurs chances de survie sont minces. « Ce n'est pas naturel. C'est un entrainement, long et depuis pas mal d'années. » Elle l'observe frapper et s'arrête quelques secondes. « Relève la tête, tiens toi légèrement de côté et garde toujours un poing vers toi. » Elle lui montre la manière dont il peut garder plus facilement ses appuis pour ne pas être déstabilisé quand il lance son autre poing en avant. « Allez frappe encore. Imagine que c'est la tête d'un New Eden ou d'un Oblivion en face. » Elle, elle tient le sac de frappe, solide sur ses jambes.

Je hausse une épaule, un petit sourire glissant sur mes épaules. Bien sûr, j'ai envie de la croire. De croire que je suis pas le pire énergumène du groupe. De croire que j'ai évolué, que j'ai réussi à me relever. Et je sais que dans le regard de Thaïs, c'est la vérité.
Mais moi je ne vois qu'un pauvre type qui confond une fois sur deux la réalité avec ce que son cerveau malade lui fait voir, un gamin qui chiale dès qu'il est dans le noir, qui a un réflexe de protection au moindre mouvement brusque proche de moi et qui fait des crises de panique tellement puissantes que ça m'en fait attaquer les gens autour de moi. J'appelle pas ça avancer, mais je n'ose même plus le dire, car en prime, j'ai peur de passer pour celui qui se plaint sans arrêt ou qui ne fait pas d'effort.

J'émets un rire un peu enfantin à son imitation.

Ah ça c'est Aamir ! J'ai reconnu le timbre de voix, je plaisante volontiers avec elle. Y'a pas de raison pour qu'on retombe pas sur nos pattes oui ! On a survécu à bien pire par le passé. C'est juste une question de temps. Mais on va y arriver, c'est sûr.

Et contrairement à ma manière péjorative de me voir moi, je suis joyeux et optimiste pour mon groupe et notre évolution.

J'enfile alors les gants et ne peux m'empêcher de mentionner Chris. Ça aussi, j'essaie de me limiter. Mais sa disparition, avec les autres, a sonné un gros retour en arrière dans mes avancées psychologique.

Il serait même impressionné de voir que je fais plus de crise d'asthme au moindre effort physique !

Thaïs en plaisante aussi, mais elle comme moi, on sent qu'il y a un gros fond de tristesse. On parle d'eux comme s'ils étaient partis en vacances et que leur retour était certain. Une manière de continuer à les faire vivre, peut-être. Ou de se voiler la face.

Encore une fois, la jeune femme me démontre sa modestie en me rappelant que son niveau n'était pas arrivé comme par magie, et ça m'arrache un petit roulement d'yeux, non pas à cause de ce qu'elle me dit, mais ce que ça veut dire. Qu'il va falloir que je bosse, bosse, bosse, pour un jour oser prétendre au moins ne pas avoir l'air d'un guignol quand je porte des gants de boxe.

Mais je relève la tête, je me mets en biais, je garde un poing vers moi, comme elle me dit. Un peu fléchi sur mes jambes, les épaules en avant. J'avise le sac de frappe, et mon regard dévie sur elle, facilement déconcentré. Un New Eden ou Oblivion ? Je sais même pas si j'aurais envie de les frapper. L'un des mecs qui m'a fait du mal ? J'ai pas envie d'y penser.

Mon poing s'écrase mollement contre le sac. J'y peux rien, j'ai jamais été un violent, et les seules fois où Chris était parvenu à me faire vraiment frapper, c'était bien quand il creusait dans ma tête. Pas très agréable, mais au moins, c'était efficace.

J'espère pas me trouver devant un Oblivion un jour. J'aurais pas le cran de tenter quoique ce soit.

Je me rends compte que j'ai baissé ma garde et me reprends. Dur de garder son attention quand on est distrait par la moindre mouche qui vole.

T'as commencé à quel âge, tout ça ? Genre le sport ... et devenir aussi badass que tu l'es ?

Bon, peut-être que je cherche un peu un moyen de me défiler de la bagarre contre le sac de frappe. Mais une part de moi est quand même intéressée, hé !