Anton regarda encore par la fenêtre, espérant voir Yulia, Cez et surtout Lex revenir enfin. Ce n’est pas qu’il commençait à s’inquiéter mais presque. Et il devait avouer que maintenant qu’il pouvait s’attacher très concrètement à Lex, il avait peur de la perdre, un cas très classique pour lui. Et même en ce qui concerne Yulia et Cez, il ne pourrait pas tolérer qu’il leur arrive quoi que ce soit.

Mais alors qu’il ruminait dans son coin, faisant les cents pas et s’occupant comme il pouvait, nettoyant la maison et le fusil de valérian, qu’il lui avait encore piqué d’ailleurs. Plusieurs coups raisonnèrent à sa porte. Le cœur plein d’espoir, il alla ouvrir, espérant y voir la tête de Valérian lui annonçant une bonne nouvelle, mais à la place, il n’eut que la haute stature de Connor qui le regardait. Le début de sourire de l’ancien flic s’éteignit :

« C’est pour une visite de courtoisie ? » Peu de chances, Connor et lui ne s’était jamais vraiment entendu, mais c’était un truc assez commun avec Anton. Donc il n’avait pas vraiment pris la peine de relever, par contre il trouvait bizarre que le chef des expandables vienne jusque chez lui pour lui parler. Ça devait soit être grave, soit personnel, peut-être les deux.

Un soupir lui échappa. Au retour des recherches pour aider les Inglorious Fuckers, Connor avait vraiment l'impression de ne pas voir le bout de ce qu'il avait à faire. Contribuer de tous les côtés, avec un programme un peu trop chargé pour être anodin, l'homme devait aller et venir entre les différentes charges, tout en temporisant les imprévus. Et c'était justement de ça que l'homme était venu parler à cet instant avec Valérian. La proximité nouvelle avec le groupe d'Elena allait permettre une meilleure communication entre son groupe et celle de leur amie.

Mais il y avait beaucoup à faire pour que ça s'établisse relativement bien. Il s'interrompit lorsqu'il croisa Anton, qui s'étonna de sa présence, sans afficher un air très avenant. Rien d'anormal venant de lui, les jours où il souriait se comptait sur les doigts d'une main à l'année, et toujours pour des choses clairement sordides. Je cherche Valérian, tu l'as vu ? Demanda-t-il simplement en fronçant les sourcils, son ton était sec, jamais très aimable face à l'ancien chasseur de primes. Il fallait dire que niveau estime, celle qu'il portait à Anton frôlait le noyau de la terre.

Aimable comme une porte de prison, l’un comme l’autre. Y’a pas à dire, c’est la bonne ambiance, Anton hausse les épaules : « Val ? J’en sais foutre rien. » Il ne l’avait pas vu depuis plusieurs heures, probablement que le grec devait être en vadrouille dans un coin, faire une reconnaissance pour voir si les autres n’étaient pas en train de revenir. Chose qu’il devrait peut-être faire aussi.

Maintenant Connor pouvait dégager, mais puisque ça concernait Valérian, il fit un petit effort de socialisation : « Si t’as un message, si c’est important, pour lui j’peux toujours lui transmettre. » ça lui arrachait la gueule d’être sympa et de proposer de rendre service, mais il fallait savoir aider son prochain d’après les chrétiens.

Il n'en savait rien. Pas d'attente, et quand même déçu. Connor soupira et s'apprêta à se détourner quand l'homme suggéra de pouvoir passer le message pour Valérian. Le sportif se figea un temps avant de revenir porter un regard sur Anton et froncer les sourcils. Vraiment ? Si c'était important ? En ayant un droit de regard sur ce qui doit l'être, sans doute. Très peu pour lui. Oh non t'en fais pas, si je devais compter sur toi pour quelque chose, ça serait sans doute pas pour un truc utile, glissa-t-il d'un ton sec.

Inutile de cacher son animosité de toute façon, Anton devait très bien réaliser à quel point Connor n'était pas conciliant avec les cons dans son genre. Manquer de respects aux membres de son groupe, fragiliser les alliances, par pur égoïsme, ça n'était pas du tout pour l'enthousiasmer, d'une quelconque manière. Alors, il pouvait bien plaider toutes les causes qu'il voulait, l'homme était désormais dans la catégorie des mufles sacrifiables. Allez continue à... il fit un signe dédaigneux de la main et haussa les épaules : Faire dieu sait quoi, il s'en moquait.

Anton serra les poings et joua des maxillaires aux mots de Connor : « Ah ouais, on est là-dessus. » Pour une fois qu’il était presque poli avec quelqu’un, l’autre connard de sportif lui tapait directement dans les côtes, métaphoriquement parlant. Le brun souffla une seconde, hésitant franchement à chopper Connor par le col et lui enfoncer le nez au milieu du visage, à la place, il prit son sourire prédateur et lui lança : « Me taper ta mère, c’est ça que je faisais. Et franchement, c’est sale comme taf vu sa gueule.» Puis lui fit signe de la tête, lui montrant la porte : « Allez dégage sac à foutre.» Prêt à décrocher un coup en pleine tronche si le sportif faisait encore mine de dire quoi que ce soit. Putain il ne le louperait pas.

T'es un grand intellectuel décidément, souffla Connor en fronçant les sourcils. Et d'une classe ! Non mais sérieusement, une bêtise pareille, c'était quand même à considérer dans le livre des records, non ? Trouve mieux comme répartie, l'invita néanmoins le sportif. Pas comme s'il avait évolué pendant des années dans une équipe où les mentions des mamans y étaient passés. Sérieusement, ça ne le touchait même plus. Mais il lui fit un signe de la main pour temporiser la réaction suivante.

Quand t'auras décidé de réfléchir deux secondes : oublie pas qui est là pour vous construire des barricades dignes de ce nom, et qui est en train de se branler les couilles à regarder mélancoliquement à la fenêtre, souligna-t-il avec un sourire clairement narquois. Qu'il lève la main sur lui. Qu'il ose seulement essayer de le frapper. Juste avant de chier encore sur des accords entre nos deux groupes, chose qu'il avait déjà allégrement au passage : Ça te changera d'arrêter d'être bête à bouffer de l'herbe, il aurait sans doute pas l'habitude mais il verrait, ça ferait du bien à tout le monde.

Putain qu’il mériterai de prendre son poing dans la gueule, mais finalement, la rhétorique asmathique de l’ancien sportif se tue… Et maintenant le flic comprenait et il roula des yeux : « Putain vous êtes encore dessus. » Il soupira avant de croiser les bras et de dire : « T’en as pas marre d’avoir des putains de fragiles dans ton équipe ? » Les expandables c’est plus ce que c’était visiblement : « Non j’ai pas été sympa avec tes mecs, mais putain ça fait depuis le mois de septembre. Vous êtes bien rancuniers » Et encore, il n’avait pas été mauvais avec Aaron, qui s’était même très bien débrouillé à ce moment-là.

C’est surtout Milow et Derek qui avaient été ciblés par ses remarques : « ça va être quoi quand les New Eden vont encore nous tomber dessus, Derek va se mettre à chialer dans un coin en appelant Milow à l’aide ? » Alors non il allait pas se faire de pote en disant ça : « Cet abruti a chargé un super rôdeur en armure ; il s’attendait à ce que je le félicite ? » Et Milow même pas capable de monter sur un sous-marin par temps calme, alors qu’il se vantait d’être excellent en parkour.