S’il insistait trop, il risquait de la braquer et de la fermer complètement, Anton décida alors de ne pas insister plus que ça. Conscient que lui-même pourrait se croire faible de se retrouver traumatiser. Il se dit que Lex était peut-être dans ce cas de figure : « Ecoute Lex, je sais que tu n’es pas quelqu’un de faible, que tu n’es pas une lâche. » Au contraire, elle était brave, peut-être même trop pour son propre bien :

« ça va te sembler ironique venant de ma part, mais être fort c’est savoir aussi demander de l’aide. » Lui-même qui refusait parfois de se soigner simplement car il n’aimait pas la bobologie. Mais Lex ne lui répondit pas, alors il se contenta de se glisser contre elle et de la serrer dans ses bras : « Très bien. » Il allait pas insister plus que ça, pas pour le moment. Il allait la laisser se reposer un peu.

Demander de l'aide. Ca lui paraissait inconcevable. Parce que c'aurait été poser des mots sur ce qu'elle avait vécu, admettre l'impossible, et surtout prendre le risque qu'il ne la voit d'avantage comme une victime qu'une partenaire. Son regard soutenant le sien une courte seconde, se crispant quand il vint la prendre dans ses bras. Sans doute suffisamment longtemps pour qu'il réalise la courte tension qu'elle avait eu, avant de se laisser aller à cette étreinte qui lui fit autant de mal que de bien. Se détestant instantanément de ne pas réussir à être qui elle était réellement, se retirant avec douceur. J'vais essayer de dormir, ok ? qu'elle se contente de souffler avec un faux sourire, sans chercher à l'embrasser.

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Les flash étaient incessants, mélange sombre de rire et de bruits de luttes. Il lui semblait entendre Yulia leur crier de stopper ça, quand elle s'était avancée la première en se rappelant que la russe était enceinte. Et puis, le flou. Celui ou elle se souvenait très bien de ce qu'il s'était passé, quoi qu'elle ne tente de se débattre sans succès. Et plus elle tentait de se débattre sans parvenir à parler, plus la poigne semblait se resserrer autour de ses mains, ses bras, jusqu'à ses épaules, avant qu'elle ne rouvre enfin les yeux à l'appel de son prénom. Paniquée et devinant sans mal les sueurs froides contre son front, alors qu'elle peinait à réaliser qu'il s'agissait bien d'Anton qui tentait de calmer ses gestes saccadés, alors que son coeur semblait au bord de l'explosion. Lâches moi. Lâches moi, lâche moi... parvint à articuler la brune, papillonnant des yeux pour retrouver petit à petit ce qui l'entourait. Leur chambre, et le regard insondable d'Anton, alors qu'elle cherche à reprendre son souffle. C'est l'moment ou j'te demande si je t'ai réveillé ? qu'elle tente sans grande conviction, grimaçant en baissant le regard sur son pansement qui semble s'être fait la malle.

Anton se réveilla en une demi-seconde, et presque aussitôt ses mains virent saisirent Lex, alors qu’elle semblait encore en train de hurler, de faire un cauchemar : « Lex ! Lex ! » Il eut de longues secondes avant qu’elle n’ouvre enfin les yeux : « Putain. » Quelle ne vienne pas lui dire qu’il n’y avait rien et qu’elle allait bien, pas après ça.

Il la regarda avec intensité et finit par répondre à sa question : « Oui tu m’as réveillé et je suis prêt à parier que tu as réveillé aussi Allia et Maes et leur alien. » Bon peut-être pas jusque là, mais Lex avait crié assez fort quand même. Anton lui tenait toujours le poignet, il sentait son pouls fuyant et rapide sous ses doigts : « Bordel, respire un coup tu veux, faut que tu te calmes. » Si ça n’allait pas mieux, il irait chercher une bassine d’eau, il connaissait une bonne technique pour ralentir le cœur de quelqu’un rapidement.

Son coeur semblait sur le point d'exploser, venant passer une main tremblante contre ses yeux pour chasser les dernières brumes du souvenir. Peinant à retrouver une respiration calme, secouant doucement la tête alors que Samhain grattait à la porte suite aux hurlements qu'elle avait dû avoir. Encaissant la remarque sans broncher, avant de venir ramener vers l'arrière ses cheveux trempés de sueur. Ouais, je sais je sais. J'suis désolée. parvient-elle même à bredouiller avant d'aviser la main d'Anton contre son poignet, à la recherche d'un pouls qui devait être inquiétant au vu de la phrase qui suivit. Prenant une longue inspiration dans l'espoir de calmer ses nerfs et son coeur, sans aucun succès. Merde, manquait plus que la crise de panique par dessus le marché tiens. J'ai b'soin d'air. et pas que. Sauf que la simple idée de se serrer dans ses bras la crispe quasi instantanément, paniquée à l'idée qu'il puisse entendre son rythme cardiaque endiablé. Ca va passer. assure t-elle néanmoins en sachant pertinemment que ce n'était pas le cas, fuyant le regard du brun alors que sa respiration se fait sifflante. Merde. le juron s'échappe de ses lèvres avant de cacher la crise sous une quinte de toux, à la recherche d'une histoire bidon à sortir. Ca va passer. J'ai rêvé du lycée, c'est tout. Mensonge éhonté, bien plus encore pour avoir raconté l'histoire en détail à Anton. Mais c'était bien tout ce qu'elle avait sous la main.

Anton ne sut dire si elle lui mentait à cette seconde, elle avait déjà évoqué le traumatisme qu’avait été l’attaque de son ancien refuge : « Le Lycée ? Quand les Remnants vous sont tombés dessus ? » Mais ça serait bien la première fois qu’elle réagit de façon aussi violente. Le chien de Lex faisait du bruit de l’autre côté de la porte. Anton décida de se lever et de le faire entrer, il se disait que son aide pourrait être précieuse dans cet instant :

« Entre boule de poils. » Anton n’aimait pas que le chien vienne sur le lit, il laissait des poils dans tous les sens, mais pour le moment, ça pourrait lui faire du bien. Samhain était simple, il aimait sa maitresse et il voulait lui faire plaisir. Anton profita de la diversion pour s’éclipser une seconde : « Bon bouge pas, je reviens. » Il alla jusqu’à la salle d’eau et remplit une petite bassine de l’eau. Puis il revint pour lui présenter le récipient : « Mouille toi le visage et retiens ta respiration. Ça va faire ralentir ton cœur. » En espérant juste que Samhain n’est pas l’idée de boire l’eau…

Oui, voilà. Ment ouvertement la brune pour clore le sujet, venant passer sa main sur la tête de Samhain qu'Anton laisse finalement entrer dans la pièce, le remerciant d'un murmure. Se levant du lit pour venir s'accroupir aux côtés du berger allemand qui semblait lui aussi sentir que quelque chose n'allait pas, avant de relever la tête quand le brun annonça revenir. Non, attends ! Trop tard.
Pestant en silence, alors que la simple idée de se retrouver seule l'angoissait tout autant que rester à devoir parler, laissant de longues minutes s'écouler avant de le voir revenir avec une bassine. Hochant la tête à ses directives avant de se relever pour s'exécuter, ne ressortant le visage de l'eau fraîche que de longues secondes après, ramenant à l'arrière de sa tête ses cheveux trempés par le bain froid. Ca va. souffle la brune à l'attention d'Anton pour lui assurer que ça à fonctionné, quoi que son angoisse soit toujours présente, bien qu'amoindrie. Esquivant le regard d'Anton pour qu'il ne lise pas la peur dans son regard, reprenant sans le regarder. Tu devrais... Essayer de te rendormir. Histoire de s'éviter une discussion qu'elle se refuserait à avoir, par exemple. Revenant poser la main sur la tête de Samhain qui geint doucement, esquissant un sourire sans grande conviction à l'animal avant de revenir à Anton. J'vais marcher un peu avec Samhain, et m'assurer que j'ai pas réveillé tout le monde, ok ?

Bon, il ne pouvait pas vraiment savoir si ça avait marché ou pas sur Lex, mais Anton l’espérait sincèrement. Elle se releva pour se préparer, elle voulait faire un tour. Une excuse un peu fumeuse à l’appuis. Mais il ne dit rien à part :

« D’accord. » Il aurait bien proposé à Lex de l’accompagner mais pour lui, elle avait besoin d’un peu d’air. Avant qu’elle ne quitte la pièce, il lui proposa : « Il peut dormir avec nous si tu veux ce soir. » Bon ça serait une vraie épreuve pour lui, mais si ça pouvait aider sa petite amie, il voulait bien faire un effort et accepter l’énorme berger allemand.

« Reviens vite. » Une question ? Non, un souhait plutôt, il voulait qu’elle revienne vite.