Une mauvaise toux ne la lâche pas depuis plusieurs semaines. Il faut dire qu'elle ne vit pas exactement dans un cinq étoiles, que la porte est ouverte à toutes les fenêtres, et que son installation précaire souffre de beaucoup de défauts actuellement. Le poêle à bois est encrassé, recrache pas mal de fumée, heureusement la majorité dehors que dedans, et elle regrette de ne pas pouvoir se coller contre lui quand la température chute drastiquement. Max a un soupir de circonstances, elle pince les lèvres, regrette de ne pas pouvoir user de ses rollers dans cette situation.

Elle est sortie pour trouver du bois surtout, essayer de le faire sécher et... Se réchauffer ensuite. Ce n'est pas vraiment convainquant, elle en est à s'aventurer dans les débris d'une maison, et tirer ce qu'elle peut des meubles qu'il reste. Un premier fracas, elle plie une chaise en bois pour la porter à bout de bras. Et quand elle se retourne c'est pour trouver un type devant elle, aussi surpris. Tout se relâche et tombe au sol, elle dresse son fusil et tousse. Bon, elle n'a plus de balles, mais ça, il ne le sait pas.

Un abri contre la tempête ? Elle tousse dans sa manche, l'air froid lui ronge la gorge. Ok, ramène-toi, lui fait-elle. Elle n'est pas vraiment en état de lutter, trop épuisée pour ça. Et franchement, Max n'a pas en tête de se battre, elle veut rentrer, se poser, cracher ses poumons. J'ai déjà une planque, c'est mal isolé mais on y sera bien, ajoute-t-elle. Au pire, il l'achèvera dans son sommeil, et au moins elle n'aura plus aussi mal aux côtes à force de tousser. Et la cheminée est fonctionnelle, précise-t-elle vite.

Afin d'être convaincante. Si avec ça, ça ne prend pas. Elle soupire, la tête brûlante. Peut-être que sa mauvaise toux n'est pas qu'une mauvaise toux, tout compte fait. Elle ne sait plus quoi en penser, et n'a de toute façon pas ce qu'il faut pour se soigner. Alors, tant pis. Elle va se débrouiller comme elle peut, peut-être y rester pour de bon, pour ce que ça changerait à son quotidien. Max se penche, ramasse les meubles éventrés, se redresse. Et voit si l'homme décide de la suivre, au final, ou pas.

Tu peux dire que j'ai une sale gueule, c'est la vérité, souffle Max entre deux toux qui l'obligent à se détourner. Bon sang, elle aimerait juste retrouver sa capacité à respirer normalement, ça n'est quand même pas trop demander, si ? Elle soupire dans la foulée, avant de revenir vers l'homme qui en est aussi à ramasser les autres morceaux de bois. Elle s'interroge : ils en auront assez, avec tout ça ? Oui, sans doute. Mieux vaut ne pas se surcharger de toute évidence : Si j'y reste, tu pourras toujours te servir sur mon cadavre, je n'en ferais plus grand chose, ajoute-t-elle.

Faire preuve de cynisme lui permet à défaut de guérir, au moins de relativiser un petit peu la situation, ça n'est pas plus mal. Elle soupire avant de se tourner vers lui, sortant des décombres avec ses trouvailles en lui indiquant de la suivre s'il le souhaite vraiment : La tempête, ça m'a mis un sale coup, explique-t-elle en haussant les épaules, avant de tousser à nouveau. Avec le froid, l'humidité, je n'ai pas eu l'occasion de porter un vêtement sec depuis quelques jours je crois, je suis incapable de compter depuis combien de temps je me traine ça, précise-t-elle.

Trop longtemps. De toute façon, plus de deux jours, Max trouverait déjà que c'est suffisant. Elle en a marre, et c'est normal. Il se présente. Joseph. Et c'est peut-être là qu'elle prend un peu plus le temps de le regarder. Il n'en mène pas vraiment plus large qu'elle. Ou alors, elle n'a pas croisé son reflet depuis un moment. Max, se présente-t-elle simplement. Pas besoin du nom entier, pour ce que ça vaut aujourd'hui, ça n'a pas énormément d'intérêt. Elle souffle à nouveau en tentant de chasser cette sale démangeaison dans sa gorge : Qu'est-ce que tu fais dans le coin ? Lui demande-t-elle.

La curiosité. Et aussi, pour comprendre s'il va y avoir un squatteur un peu plus régulier dans la zone ou non. Ce n'est pas impossible, elle ne sait même pas si elle le souhaite ou pas. Tant qu'il n'est pas pénible en tout cas, ça l'arrangerait. Elle ne demande qu'à pouvoir sincèrement se reposer, actuellement.

C'est bien, c'est le sens logique, lui souffle Max, sans faire vraiment cas de la situation. De toute façon si tu essaies de le faire avant que je passe l'arme à gauche, tu vas très vite le sentir passer, elle est bien trop sauvage et farouche pour se laisser faire sans se battre bec et ongles. Même si ses affaires se résument à peu de choses, du moins tant que la moto n'aura pas droit à un petit décrassage forcé, ou que la neige n'aura pas fondu pour les rollers.

Trempés aussi, souffle-t-elle, dépitée, alors qu'il lui parle d'un rechange. Elle se débrouillera. Elle se débrouille toujours, pour absolument tout. Ce n'est pas maintenant qu'elle va oublier qui elle est, et ce qu'elle fait de mieux dans la vie. Un soupir lui échappe, elle l'écoute : Ouais, un peu trop grande pour la chauffer entièrement, je me limite au salon, explique-t-elle. Et c'est déjà suffisamment laborieux pour ça, de base. Elle le sonde un moment quand il lui répond et hausse finalement les épaules : Tu es né ou tu as grandi dans le coin, c'est ça ?

C'est ce qu'elle a cru comprendre de son message. Et elle n'est pas sûre de bien comprendre. Quoi qu'il en soit, elle tousse un coup avant de reprendre en s'éclaircissant la voix : Je ne suis pas du tout de la région, donc tu dois connaitre mieux que moi, je ne suis arrivée ici qu'il y a quelques mois, explique-t-elle d'un ton détaché. D'ordinaire, je me trouve un groupe où squatter et bosser pour l'hiver, afin d'être en sécurité, tout ne s'est pas passé comme prévu ces derniers temps : Mais je n'ai pas réussi cette année, ajoute-t-elle.

A proximité, elle lui fait un signe de la tête alors qu'ils avancent dans une neige encore épaisse et pénible. Elle a froid aux pieds, aux jambes, mais ne râle pas davantage : C'est la maison bleue au bout de la rue, déclara-t-elle en la désignant rapidement : J'y ai placé des pièges sonores alors fais attention à où tu mets les pieds, ajoute-t-elle pour la précision.