A quel moment Rafaël s’était laissé entraîner pour combattre dans la Cage, alors que la péniche des Gentle Bastards étaient chez eux ? Il ne savait pas vraiment mais en soi, l’idée de s’opposer hors d’un entraînement à Preston l’enthousiasmait. Et de voir, aussi, ce que valait l’ancien militaire de New Eden. S’il céderait ou non à des coups bas, ou s’il ne la jouerait pas aussi déloyal que le gitan l’imaginait. Dans un combat réel, c’était encore différent mais ici… C’était surtout pour le show, quoi qu’il en soit. Il doutait que Preston aille trop loin et insiste s’il était en difficulté. En tout cas, Rafaël ne retiendrait pas ses coups mais il ne comptait pas pour autant s’acharner sur Preston.

Il n’avait jamais vu de près l’ancienne Cage, pas réellement intéressé par ce genre de choses, à vrai dire, aussi les lieux étaient nouveaux pour lui. Il avait pu observer le terrain – dénudé de quoi que ce soit, en réalité – avec d’autres combats, mais y mettait les pieds pour la première fois. Probablement pour la dernière aussi. Tendant la main à son adversaire, il lui adressa un léger sourire confiant. « Tu sais que si je perds, je pourrai accuser mon professeur de n’avoir pas su me donner les clés nécessaires ? » Une provocation qu’il voulait amicale, Preston ayant encadré plusieurs entraînements jusqu’à maintenant. « J’espère que t’es prêt à souffrir en faisant de l’escalade ! » Parce qu’au final, pour lui, ça ne l’engageait pas à grand-chose : il ne rechignait jamais à s’entraîner et, avec sa nouvelle lance, il allait devoir le faire pour la maîtriser davantage.

Le regard de Preston se perd quelques secondes dans le public. Il est légèrement déstabilisé. Toute cette agitation, ces individus présents pour voir deux personnes s'affronter, ce n'est pas du tout son milieu. Il a l'habitude des combat, des entrainements, mais pas pour du divertissement. Au contraire, il trouve cela assez étrange : quel intérêt à risquer de se faire mal inutilement ? Un combat comporte toujours une part de risque : se casser une jambe, un bras, recevoir un mauvais coup à un endroit sensible.. Son esprit pragmatique peine à trouver là un quelconque intérêt, mais il ne faut pas mourir stupide alors, il est prêt à essayer. Il doute mais peut-être qu'il y trouvera lui aussi un amusement. Il ne faut jamais dire jamais, pas vrai ?

Il reporte son attention sur Rafaël, son adversaire du jour qui lui tend la main. Il lui répond par une franche poignée. « Ou, ce sera juste que l'élève n'a pas encore dépassé le maitre... » glisse-t-il avec un clin d’œil. Il grimace à l'idée des cours d'escalade, son agilité n'est pas vraiment son point fort. «  Et toi, j'espère que tu es prêt à mettre les bouchées double pour l'entrainement. Levé aux aurores à partir de demain si tu perds ! » Ils n'ont pas encore vraiment définit avec précision les conditions des entrainements du perdant, mais Preston en compte pas le lâcher si c'est lui qui gagne !

Il lui répondit, sourire aux lèvres. « Je préfère ma version des choses, mais on verra… » Et s’il s’attendait à ne pas réellement souffrir de cet accord, le fait de se lever aux aurores lui plaît beaucoup moins. Surtout parce que son sommeil est encore troublé, et qu’il le trouve plus facilement quand le sommeil se lève. Mais un pari est un pari, il s’y tiendra si ça doit arriver.

Et ce serait peut-être le cas plutôt que prévu, alors que le début du combat était annoncé, et que, s’il levait ses poings instinctivement devant lui, Preston le prenait de court. Plus petit que l’ancien militaire, il avait voulu en profiter pour se baisser et atteindre ses genoux. Ça aurait été un moyen efficace et peu douloureux pour le mettre à terre et gagner le round, mais le coup de son adversaire le toucha avant qu’il n’ait pu porter le sien, lui arrachant un grognement, alors qu’il reculait instinctivement pour échapper à sa portée et essayer de ne pas se laisser atteindre une deuxième fois. S’il devait bien s’avouer vaincu pour le moment, rien n’était encore joué. Peut-être même que cet avant-goût de réussite rendrait Preston trop confiant. Le gitan en doutait, mais il ne manquerait pas de l’utiliser à son avantage si c’était le cas.

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Preston hoche la tête avec un petit sourire. « Oui, on verra... » Seul l'issue de ce combat pouvait prédire qui enseignerait à l'autre et dans quelles conditions. De part leurs entrainements en commun, le barbu sait que l'homme en face de lui est fort. Rafaël s'entraine régulièrement et il est endurant. Ce ne sera pas un combat gagné d'avance et nul ne peut en connaitre l'issue.

Le gong résonne, Preston lève ses poings et il repère vite une faille. Rafaël semble réfléchir à son prochain coup, alors le militaire n'attend pas et frappe. Le coup attend l'homme au niveau de l'épaule. Ce n'est pas suffisamment fort pour lui faire du mal mais assez pour le forcer à reculer. Il tente de le toucher à nouveau mais le gitan est plus vif et reste hors de sa portée. De toute manière, le premier round est annoncé avec une victoire pour lui.

Le militaire ne se réjouit pas, il le fera si les trois rounds sont pour lui, là tout peut encore basculer. « Rien n'est encore joué ! » affirme-t-il en remontant ses poings. Il ne baissera pas sa garde et restera aux aguets.

Le gitan sourit en se remettant en garde, même s’il avait essuyé une défaite pour le moment. Rien qui ne l’empêche de repartir. « C’est dû à ma pneumonie, je n’ai probablement pas encore récupéré, tu ne penses pas ? » Il plaisantait, et son vis-à-vis le savait. Principalement parce que Rafaël était le premier à l’entraînement et aurait été le dernier à partir si on ne l’attendait pas à l’écurie ou si on ne le poussait pas dehors parce qu’enchaîner les heures ne servait à rien.

« Je me battrais jusqu’au bout, quoi qu’il en soit ! » Hors de question de le laisser gagner sans résister au maximum, et ce malgré son épaule qui le lançait. Contrairement à ce qui venait de se passer, il comptait attendre le bon moment, la bonne opportunité, et la faille qui lui permettrait de prendre le dessus. Alors, face à Preston, il s’imaginait guidé par une des chansons qu’il connaissait par contre, pour s’avancer, reculer, esquiver. Un poing effleura ses côtes, sans qu’il parvienne réellement à l’éviter, le faisant juste dévier à la dernière minute pour ne pas prendre la totalité de l’impact.

Lui même effleura l’oreille de son professeur, alors qu’il cherchait à le déstabiliser et à le faire reculer, mais sans ne causer plus qu’une gêne. Il faisait de son mieux pour se baisser ou se décaler au bon moment, mais son instructeur ne lui laissait ni répit ni opportunité. Alors qu’il s’apprêtait à tenter le tout pour le tout et à passer dans son dos pour le faire basculer, Preston fut plus rapide, fauchant sa jambe en plein élan, amenant Rafaël à se réceptionner sur les mains, tête en avant.

Attrapant la main de son adversaire, il se releva, concentré mais s’efforçant de rester amène. « On leur offre un beau spectacle, tu crois que des gens vont tenter de parier maintenant ? » Peu probable, le combat était commencé, et ce serait trop facile de parier sur le gagnant jusqu’à présent. « Je compte bien les détromper, s’ils m’annoncent vaincu ! » S’il y arrivait.

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« Hmm... La pneumonie que j'ai chopé aussi ? C'est vrai qu'elle était coriace ! » réplique-t-il avec un sourire en coin. Rafaël peut bien tenter de se trouver des excuses, la pneumonie n'en est pas une puisque le militaire a été bien malade lui aussi ! Il sait que son adversaire plaisante, l'homme devant lui, est toujours prêt à donner un coup de main ou à s'entrainer, même au plus mal !

Le gitan annonce qu'il se battra jusqu'au bout. « J'y compte bien ! Je déteste les abandons ! » Il faut toujours partir la tête haute ! même en cas d'échec ! Sur le terrain, impossible d'abandonner, en cas de combat avec un ennemi, celui qui abandonne sera automatiquement tué ! Mais il se doute que Rafaël n'en fera rien, cela n'a pas du tout l'air d'être dans sa personnalité ! Et il le lui prouve en relançant les hostilités.

Les deux combattants se toisent encore, cherchant les failles chez leur adversaire. Rafaël attaque, mais Preston est plus rapide. Il lui fauche la jambe, le faisant tomber au sol. Victoire pour le militaire une seconde fois ! Il l'aide à se relever et à ses paroles, le barbu relève les yeux vers le public. « C'est étrange de se battre devant une foule, juste pour leur plaisir. » Il hausse les épaules, quelles sont les règles exactes des paris ? Il ne le sait même pas exactement.

« J'aime cette mentalité ! » affirme-t-il. Ne jamais baisser les bras et se croire perdant ! « Promis, j'irais plus doucement pour le dernier round ! » le taquine-t-il, cherchant à le provoquer un peu.

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« C’est vrai qu’à ton grand âge, ça doit être plus difficile de t’en remettre ! » Même s’il ne savait pas réellement l’âge de Preston, il était bien plus âgé que lui, ça ne laissait pas le moindre doute. « Mais tu t’en sors pas mal, pour quelqu’un qui serait déjà la retraite dans un monde normal ! » Son sourire moqueur et amusé ne trompait pas, il savait pertinemment qu’il exagérait de beaucoup, mais si ça pouvait l’aider…

« Je refuse de te faciliter la tâche comme ça, de toute façon ! » Et, de toute façon, la plupart du temps, il ne reculait même pas quand il était plus sage de fuir et d’abandonner les autres à leur sort. Mais son frère le lui avait toujours dit : sa volonté d’aider les autres finirait par le perdre.

Secouant la tête, il se repositionna face à son adversaire qui venait une deuxième fois de le mettre à terre, malgré lui. Malgré son envie d’en découdre, malgré son envie de montrer ce dont il était capable, il n’avait clairement pas la hargne qu’il fallait pour se battre dans un tel combat, totalement orchestré et pas très réel, au final. « J’ai du mal à comprendre ceux qui le font pour le plaisir, ou par soif d’affrontement… » Mais il avait toujours vu le combat comme un sport noble, alors qu’il apprenait à se battre avec un bâton.

« Tu prépares ta défaite, en disant ça ? » S’il y allait réellement plus doucement, le gitan serait plutôt vexé. Mais il n’eut qu’à peine le temps de s’élancer vers Preston qu’il lui assena un coup bien placé, le pliant en deux et, rapidement, le poussant à terre. Comme s’il ne s’était jamais relevé, au final. Grimaçant, il saisit la main tendue par le militaire, se relevant et la lui serrant. « Félicitations. Je m’en vais à Kitsap sous peu, mais c’est à charge de revanche. »

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