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Re: Lay where you're laying, don't make a sound
Mer 11 Jan 2023 - 17:27
Confortablement assis derrière le volant de son véhicule, l’indien ne pensait à rien d’autre que le paysage qui défilait sous ses yeux. La vitesse qu’il pouvait, depuis plusieurs années maintenant, jauger comme bon le lui semblait sans prendre le risque de se faire arrêter. Ses pensées étaient vides, les images sombres étaient bien loin dès qu’il pouvait rouler à vive allure. Aussi stupide que cela puisse paraître, c’était son échappatoire à lui. Ça l’avait toujours été. Le moteur vrombissant, les pneus crissant et la vitesse l’aidaient à se retrouver avec lui-même, loin de ce monde qu’il ne comprenait pas, loin de ces émotions qu’il ne comprenait pas. Ici, derrière ce volant, il avait le droit d’être silencieux. Il avait le droit de ne pas sourire, de ne pas rire, de ne pas pleurer, de ne pas être compatissant ou bienveillant, de ne pas poser de question comme le lui avait appris Irfan son ancien patron, de ne pas comprendre et surtout de ne pas vouloir comprendre. Il avait le droit de ne plus penser à Chris, à Kath, à ceux qui l’avaient quitté. C’était son moment de liberté, qu’il soit seul ou non à bord de ce véhicule importait peu tant que le passager respectait ce silence.
Etrangement, pour une fois, Daniel faisait partie de ceux qui respectaient le silence. Son silence salvateur. Aamir aurait peut-être dû se douter que quelque chose clochait, que le bavard devenait mutique non pas par respect pour lui mais pour une tout autre raison. Il aurait dû, il aurait pu mais il n’en fût rien ; bien trop préoccupé à profiter de ce moment devenu bien trop rare. Le chauffeur faisait preuve d’égoïsme alors que le cerveau de son ami était en train de fuser dans tous les sens mais une fois de plus, il ne s’en rendait pas compte.
Ce ne fût que lorsque le véhicule fut arrêté que son moment de pire quiétude égoïste se stoppa, comme si sa paix intérieure ne se suspendait bêtement qu’au bruit de son moteur. Roi de la maladresse, Aamir ne réalisa pas que sa phrase pourrait faire écho à des pensées sombres du mexicain ni même faire naître un sentiment de culpabilité. Il regarda simplement son ami s’enfoncer dans son siège brièvement avant de s’extirper de l’habitacle. Il ouvrit le coffre, y sortant un grand sac noir en toile.
- Il y a pas vraiment de règle sur comment les chopper enfin si, la règle de ne pas se faire chopper soi-même dit-il en souriant
Il ouvrit le sac, dévoila des bracelets de force, des pinces, des cagoules résistantes, des cordes.
- J’suis pas vraiment sûr pour le lasso mais tu pourras essayer, ça peut être drôle
L’indien ne prêtait pas la même attention que le mexicain à la météo. Lui, il était chaque jour dehors. Il ne remarquait pas le vent, pas l’air frais. C’était quelque chose dont il ne profitait plus, par habitude.
Aamir s’avança de quelques pas, s’enfonçant légèrement dans cet environnement boisé avant de regarder par-dessus son épaule aux dires de son ami. Un bref rire lui échappa.
- Bah tu t’attendais à quoi ? Je vais pas nous emmener dans une horde en mode black friday, choisissez votre rôdeur ! Trois pour le prix d’un ! ironisa-t-il, loin de se douter ce qui venait de s’ancrer dans l’esprit du torturé. Et je vais pas être celui qui va t’apprendre que moins il y a de vivants autour de nous, mieux on se porte. L’Homme, le plus gros fils de pute de l’histoire avant les zombies lâcha-t-il de manière dramatique avant de pouffer de rire
Il continua sa marche, devançant Dany.
- On va essayer de faire un peu de bruits mais pas trop, pour attirer un rôdeur esseulé ou un petit groupe de Z
Ne songeant pas une seule seconde à la menace qu’il représentait à présent pour son ami, il enchaîna
- Soit on reste ensemble, soit on tente de se séparer de quelques mètres pour les choper à revers
Déterminé, il ne faisait attention à rien de ce qui pouvait se tramer ou non, ni même si son ami le suivait. Son attention était focalisée sur les potentiels rôdeurs qu’ils pourraient trouver. Bessy, quant à elle, le suivait au pas, aux aguets.
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Re: Lay where you're laying, don't make a sound
Mer 1 Fév 2023 - 20:52
D'ordinaire j'aurais adoré cette balade avec Aamir. J'adore comment il conduit, comment il prend de la vitesse et à quel point il est assuré derrière le volant. Ça se voit que c'est son truc. Mais là … je remarque à peine ses accélérations, trop perdu dans ma propre tête.
Notre route s'arrête, il récupère le matos tandis que j'observe autour de moi, m'approchant ensuite pour regarder ce qu'il sort du sac. J'ai un frisson face à ce matériel qui me rappelle pas de bon souvenir. J'avais le droit, à tout ça, à l'époque.
Mes prunelles remontent sur son visage quand il réagit à mes questions et me contente de pincer les lèvres.
J'ai un léger instant de latence quand il prend la route, à pieds cette fois, avant de lui emboîter le pas, à quelques mètres derrière lui. J'ai le ventre serré, les mains moites. L'impression qu'il représente un danger refuse de me quitter, et je finis par y croire profondément. Il m'emmène dans les bois pour que ça étouffe mieux le bruit de la détonation. À moins qu'il préfère agir au couteau ? Ma nuque se couvre d'une chair de poule désagréable. Je ralentis l'allure, ne lui répond même pas. Sa voix me parvient, mais ses mots ne sont qu'un bourdonnement que je n'arrive pas à déchiffrer.
Les secondes passent, longues, désagréables. Je le suis toujours comme un automate, mon regard figé sur sa nuque.
Deux options fusent dans ma tête. Sois je me tire. Là, de suite, sans un mot de plus, et je disparais pour toujours. Sois j'attaque en premier. J'ai mon arme. Il est de dos. Est-ce que je tirerais sur Aamir ? Putain … putain j'en sais rien.
Ma main vient chercher l'arme à feu à ma ceinture. Je tremble. Pourtant, cette chose destructrice dans ma main a quelque chose de tristement apaisant. Mes pieds s'ancrent au sol, et je braque le canon devant moi, retirant le cran de sureté dans la foulée, ce qui doit alerter Aamir, convaincu de tirer dans la foulée.
Mais j'y arrive pas et je reste planté-là, bras tendus. J'dois avoir terrifié. J'dois avoir l'air d'un malade.
Je sais ce que tu veux faire, je lâche d'une voix bien plus teintée de peur que ce que j'aurais cru. Retourne-toi ! Regarde-moi !
Parce que je sais que j'pourrais pas lui tirer dans le dos. C'est Aamir. Ça reste Aamir. Ça fait des années que je vis avec lui, et ça me tue de me dire qu'il est prêt à faire ça. Mais moi … moi j'peux pas faire ça. J'peux pas.
Les larmes se mettent à couler sur mes joues dès que je croise son regard. L'arme pèse lourd au bout de mes bras. Pourtant, elle reste droite, ne flanche pas. J'ai pas envie de me faire influencer. J'ai peur. J'suis terrifié. Je sais plus si je suis dans la réalité ou pas. Je sais plus si Aamir est vraiment là. Si j'pointe pas l'arme dans le vide, si j'suis pas encore enfermé dans la cale dans un délire.
J'te laisserai pas faire Aamir ! Tu peux pas me faire ça ! C'est ... c'est Thaïs qui a décidé ? C'est elle ?
Ils sont beaux, tous, à prôner avec vigueur l'esprit de famille, le soutien, la protection. Voilà où on en est à présent.
Si j'le fais pas c'est toi qui le fera, j'ajoute dans un accent brisé.
Notre route s'arrête, il récupère le matos tandis que j'observe autour de moi, m'approchant ensuite pour regarder ce qu'il sort du sac. J'ai un frisson face à ce matériel qui me rappelle pas de bon souvenir. J'avais le droit, à tout ça, à l'époque.
Mes prunelles remontent sur son visage quand il réagit à mes questions et me contente de pincer les lèvres.
J'ai un léger instant de latence quand il prend la route, à pieds cette fois, avant de lui emboîter le pas, à quelques mètres derrière lui. J'ai le ventre serré, les mains moites. L'impression qu'il représente un danger refuse de me quitter, et je finis par y croire profondément. Il m'emmène dans les bois pour que ça étouffe mieux le bruit de la détonation. À moins qu'il préfère agir au couteau ? Ma nuque se couvre d'une chair de poule désagréable. Je ralentis l'allure, ne lui répond même pas. Sa voix me parvient, mais ses mots ne sont qu'un bourdonnement que je n'arrive pas à déchiffrer.
Les secondes passent, longues, désagréables. Je le suis toujours comme un automate, mon regard figé sur sa nuque.
Deux options fusent dans ma tête. Sois je me tire. Là, de suite, sans un mot de plus, et je disparais pour toujours. Sois j'attaque en premier. J'ai mon arme. Il est de dos. Est-ce que je tirerais sur Aamir ? Putain … putain j'en sais rien.
Ma main vient chercher l'arme à feu à ma ceinture. Je tremble. Pourtant, cette chose destructrice dans ma main a quelque chose de tristement apaisant. Mes pieds s'ancrent au sol, et je braque le canon devant moi, retirant le cran de sureté dans la foulée, ce qui doit alerter Aamir, convaincu de tirer dans la foulée.
Mais j'y arrive pas et je reste planté-là, bras tendus. J'dois avoir terrifié. J'dois avoir l'air d'un malade.
Je sais ce que tu veux faire, je lâche d'une voix bien plus teintée de peur que ce que j'aurais cru. Retourne-toi ! Regarde-moi !
Parce que je sais que j'pourrais pas lui tirer dans le dos. C'est Aamir. Ça reste Aamir. Ça fait des années que je vis avec lui, et ça me tue de me dire qu'il est prêt à faire ça. Mais moi … moi j'peux pas faire ça. J'peux pas.
Les larmes se mettent à couler sur mes joues dès que je croise son regard. L'arme pèse lourd au bout de mes bras. Pourtant, elle reste droite, ne flanche pas. J'ai pas envie de me faire influencer. J'ai peur. J'suis terrifié. Je sais plus si je suis dans la réalité ou pas. Je sais plus si Aamir est vraiment là. Si j'pointe pas l'arme dans le vide, si j'suis pas encore enfermé dans la cale dans un délire.
J'te laisserai pas faire Aamir ! Tu peux pas me faire ça ! C'est ... c'est Thaïs qui a décidé ? C'est elle ?
Ils sont beaux, tous, à prôner avec vigueur l'esprit de famille, le soutien, la protection. Voilà où on en est à présent.
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