Le réveil est difficile, ce matin. Les abus de la veille sont imprimés sur ses traits, d'ailleurs. La soirée au Summer's était nécessaire, pourtant, ne serait-ce que pour évacuer ce stress qui pèse sur ses épaules depuis leur attaque sur New Eden. Mais May a toujours eu un peu de difficulté à poser la bouteille - surtout dans de telles situations. Ce n'était que pour célébrer, après tout, non? Évidemment. Enfin, la princesse se lève dans le silence, se faisant toute petite en ne souhaitant pas réveiller Nathan. Lui non plus n'était pas dans le meilleur des états, depuis leur mission catastrophique. Sauf qu'elle n'allait pas en parler. Surtout pas ce matin. Elle l'embrasse doucement sur le front - le regardant pendant quelques secondes, dans la lune, avant de s'éclipser.

Cendrillon n'a pas pu constater les dommages sur son avion, depuis son atterrissage d'urgence. Elle se souvient encore du branle-bas de combat et de toute l'agitation, sur la piste, en plus de la panique qui semblait nourrir chaque cellule de son corps. La petite n'était pas habituée à tout ça. Contrairement à certains, elle était loin d'être pilote, avant l'épidémie. La seule raison pour laquelle Liv pilote aujourd'hui porte un nom bien précis; Adrienne. C'est elle qui semble croire en elle et en ses mains habiles. Certes, rare sont ceux qui sont pressés de risquer leur vie dans le ciel, mais ça, c'est une histoire.

Dans tous les cas, la blonde se dépêche de se rendre à l'aérodrome. Le dispensaire devra rouler sans elle, aujourd'hui. Et ce qu'elle constate en arrivant sur les lieux est bien pire que ce qu'elle croyait. Son avion est dans un état lamentable. Un frisson traverse sa colonne vertébrale, se demandant brièvement comment elle est encore en vie alors que c'est dans cette carcasse qu'elle a touché le sol. Elle pose ensuite les fesses un peu plus loin, question de lire les notes des mécaniciens - comme si elle avait besoin de ça pour réaliser que c'était la merde. De la grosse merde bien puante.

« Je suppose que je ne vais pas m'insulter d'un tel commentaire. » dit-elle en notant la présence de Wayne. Enfin, il n'a pas tort. Goldie sait très bien qu'elle n'attire que des problèmes. Elle sait aussi qu'il déconne, de toute façon. Et en réalité, elle est habituée à pire, quand il est question de se taper les répliques parfois douteuses du type. « I'm always okay. » affirme-t-elle en se demandant si le mensonge va passer. Si May semble effectivement savoir survivre à tous les coups, elle sait aussi que survivre ne veut pas dire qu'elle va bien. Wayne doit le savoir, depuis le temps. Avec un peu de chance, il ne dira rien.

« J'avais beaucoup de mal à manoeuvrer, point. » réplique Liv en ignorant complètement ce qu'il explique - puisqu'elle ne comprend que dalle à son charabia. Elle le pousse un peu pour se déplacer, levant ses mains recouvertes de pansements pour pointer la carlingue brûlée. « Exhibit A, votre honneur. » lâche-t-elle pour rigoler, même si elle n'est pas certaine qu'elle devrait vraiment en rire. Mais Wayne annonce ensuite qu'il faudra refaire une bonne partie du câblage, avant de mentionner Lance. Goldenberg s'arrête immédiatement pour le regarder, d'un air faussement menaçant. « Minute papillon. » Elle tente de lever un doigt - sans trop de succès.

« Ne va pas mêler les conneries de Lance aux miennes, okay? C'est pas ma faute s'il est trop à côté de la plaque pour réaliser qu'il est en train de couler. » Elle tente de l'aider, le pire. D'où la frustration. Regarder Vicky crever était une chose, mais de regarder Lance se laisser mourir à petit feu en est une autre. C'est vachement douloureux. Et parlant de douleur, c'est la jambe de Cendrillon qui fait des siennes, maintenant. La brûlure s'échauffe, et la force à s'appuyer sur le squelette du Thunderbolt pour tenir debout. Ce n'est sans doute pas l'idée du siècle, mais sa cuisse ne coopère pas. « Tu peux aussi arrêter de prétendre que tu as autre chose à faire de tes week-ends, en passant. » Sourire de petite garce. Sauf que Wayne en rajoute, répétant que c'était une bonne chose que le bolide ne puisse plus voler, et qu'elle ne puisse plus tenter de se tuer dans des missions ridicules.

Elle plisse les yeux en l'observant, contrariée. « Tu veux bien me dire pourquoi tu ne laisses pas Reid et Crownfield bosser sur l'avion, hein Grayson? Pas envie d'être tout seul pour ruminer, pour faire changement? »  

« Tu parles comme si c'était de ma faute. » lâche la blonde quand Wayne témoigne de l'état de son poste de pilotage. Évidemment, la princesse s'offusque - enfin, presque, la moitié d'un sourire boudeur imprimé sur les traits. « Écoute, je crois que je suis chanceuse d'être simplement rentrée en un seul morceau, okay? Alors certes, il y a du boulot à faire, mais... » Mais quoi, finalement? « Les choses auraient pu être pires. » Pour l'avion, et pour May aussi. Elle aurait pu crever, devenir légume, non - pire encore. Perdre le contrôle du Thunderbolt et descendre le bolide d'un de ses alliés dans sa chute. « Ça va le faire. » ajoute-t-elle, comme pour se convaincre. Si Liv semble positive, c'est simplement pour ne pas s'inquiéter. Parce que si la riposte de New Eden les prend par surprise, sans avion pour les défendre - Fort Ward va brûler.

« Mon - » Elle ravale sa salive, cachant mal cette pointe de frustration qui se réveille, quand il parle de Lance. « Mon grand frère, comme tu dis, ne semble pas vouloir perdre son temps dans l'aviation. » Ce n'est que la vérité. Il l'évite comme la peste, encore plus depuis qu'elle a décidé de piloter. May ne pourra jamais le lui reprocher, mais elle a l'impression qu'il l'abandonne, sans qu'elle ne puisse rien dire. Exactement comme son réel petit frère l'a fait, jadis.

Et quand Wayne lui reproche son absence, les fins de semaine, Liv ne peut que le regarder en riant. « J'ai été un peu occupée, t'vois. » Cendrillon soupire, regardant les dégâts sur son précieux pendant que le brun lui assure que la réparation de son avion sera un travail d'équipe. Ses yeux sont fixés sur la carcasse, frustrée de devoir faire preuve de patience, une fois de plus. Elle veut seulement que tout rentre dans l'ordre, tout de suite et maintenant. Comme si rien de tout ça n'avait eu lieu, finalement. Comme si elle ne revoyait pas systématiquement la scène de son atterrissage désastreux en boucle dans son crâne.

« Bien sûr que j'te fais confiance. » Elle est sérieuse un instant, avant de sourire à nouveau.

« Pêcher, hein? » Quelles conneries. « Désolée, moi je suis parfaite et je ne rumine jamais, du coup, pour le dîner, je crois que ça tombe à l'eau. » La petite tente de soutenir son regard avec sévérité, avant de pouffer de rire. Elle hésite, pourtant. Comme elle hésite toujours avec tout. Elle l'aime bien, ce Wayne, depuis le temps. Mais elle a toujours ce réflexe de prendre garde à qui fait partie de son cercle. « Seulement si c'est toi qui cuisine. » affirme-t-elle finalement, lui servant un regard qui ressemblait plus à la miss, cette fois.

Mais il parle à nouveau des réparations nécessaires sur l'avion, alors que May remarque le carnet dans lequel il barbouille en s'emballant. Elle le contourne rapidement pour se planter derrière lui, grimpant sur le petit escabeau en manquant de se casser la gueule pour tenter de voir au-dessus son épaule. « Je, quoi? Attends - » Il est sérieux, là? « Des câbles électriques? Je suis pas certaine que c'est l'idée du siècle. » Wayne doit bien se douter qu'elle est un danger public, quand il est question d'électricité, non?

« Je n'ai même pas le droit de bosser, avec mes pattes abîmées. Tu crois vraiment que les médecins du dispensaire vont me laisser bidouiller tes câbles? » C'est surtout l'excuse parfaite, oui. Elle le regarde en fronçant les sourcils, pourtant, se doutant qu'il ne goberait probablement ses idioties - même si ce n'est pas complètement faux. « Pourquoi j'ai l'impression que ton plus grand plaisir dans la vie, c'est te foutre de ma gueule? »

Tout irait bien? Wayne tente vraiment de la rassurer, là? Un peu plus et elle allait l'appeler papa. Oh, elle ne va certainement pas l'avouer, mais ce qu'il dit semble vraiment l'apaiser, pourtant. Comme si elle avait un poids de moins sur les épaules, peut-être. Elle lui sourit quand même, probablement parce qu'il a le tour pour la rendre à l'aise. Pire, elle est forcée de rire quand il ose prétendre qu'elle aime se faire tirer dessus - contrairement à Lance. Mais il parle de la voiture de Walker, des dommages du bolide et de son petit coeur brisé. Liv fronce les sourcils, se demandant si c'est une analogie pour parler de ce qu'il a vraiment perdu, et de ce qui a vraiment fait vriller le pilote.

Sauf que la mention de Renton la fait un peu vriller elle aussi, du coup. May regarde ailleurs, soufflant du nez en faisant de son mieux pour bloquer les pensées qui veulent inonder son crâne. « Tu devrais l'inviter à dîner, lui aussi. Tu sais, parce que la balle est dans son camp, tout ça. » Elle le regarde du coin de l'oeil, faisant preuve de peu de conviction en le disant. Peut-être qu'elle est un peu en colère contre Lance, finalement. Non parce qu'en ignorant tout le monde, il la laisse dans le noir elle aussi. « Et aussi parce qu'il va me faire une crise de jalousie autrement. » Enfin, peut-être qu'elle exagère un tantinet.

« C'est tout à fait de la haute gastronomie. » réplique ensuite la blonde, plissant les yeux en insistant sur la chose. Sauf qu'il enchaîne, lui rappelant malheureusement cette mission de malheur en brandissant presque fièrement les composantes détruites de l'avion. Il explique à la princesse que ce qui va suivre n'est pas réellement du boulot, avant de détailler les tâches à faire. « C'est exactement la définition du mot boulot. » lâche-t-elle sarcastiquement, avant de rouler les yeux au ciel.

« Oh, tu fais des menaces, maintenant? Moi qui pensait que tu étais un homme respectable. » Lui couper l'eau chaude? Et puis quoi encore? Elle risque sa peau pour affaiblir New Eden et Wayne veut la punir? Personne ne voit l'ironie, ici? Il se trouve drôle, en plus, avant de revenir avec une paire de pinces. Ses yeux bleus se posent sur lui, analysant ses gestes tandis qu'il tente de lui enseigner sa première leçon. May ne l'écoute qu'à moitié, trop occupée à le bouder à nouveau.

Cendrillon le regarde faire alors qu'il n'arrête plus de parler, n'ayant plus vraiment le choix de suivre le brun dans ses délires, visiblement. « Brun, gris, blanc. Copper, silver, nickel. » Elle le répète quelque fois, comme une chanson sans musique - avant de rebondir sur ce qu'il venait de dire, l'instant d'avant. « Mais on fait quoi si le truc similaire au Tefzel n'est pas suffisant? Et si on a pas ce qu'il faut pour rafistoler le câblage? » La petite marche lentement à côté de la carlingue, frottant distraitement sa cuisse par moment. « Il y a toujours un budget. » lance-t-elle quand il parle d'or rose, comme si elle était la sagesse incarnée. Enfin, le temps des cartes de crédit est mort, de toute façon.

Bref, elle s'intéresse soudainement à un groupe électrique qui semble légèrement différent, maintenant. Liv se retourne vers Wayne, avant de parler. « Et ça, qu'est-ce que - » Pas le temps de finir sa phrase qu'elle encaisse un choc électrique à travers ses doigts. Elle recule brusquement, alarmée, avant de se figer en fixant les traits de Wayne. « Mais what the fuck? » Et une fois le choc initial passé, elle croise les bras en le le toisant d'un air accusateur.

« T'as fait exprès, c'était un piège, c'est ça? OSE DIRE LE CONTRAIRE! »