Elle eut un sourire amusé. Toutes deux commençaient à bien connaître Lisandro à l'évidence, suffisamment pour qu'en tant que compagne et amie, elles parviennent à lui trouver les qualités qui les amusaient le plus. Elle eut un autre regard pour Eden avant de froncer les sourcils : Il y a Soo, que nous avons adopté. Et depuis peu, Mia, elle eut un temps : Elle a tout juste quelques semaines, et se portait très bien.

Avec une capacité innée à rendre son papa totalement gaga, de toute évidence. Mais c'était probablement la force des petites filles dans les bras de ces grands hommes, n'était ce pas ? Comment s'appellent tes enfants ? et quels âges avaient ils ? Tu es depuis longtemps à Sanctuary Point, du coup ? Ce n'était pas un interrogatoire, elle était curieuse de la connaître tout simplement.

Eden hoche la tête, sourit doucement. Elle était tellement à l’opposé de Lisandro par bien des aspects que parfois elle se demandait comment il pouvait lui trouver quoique ce soit. Elle n’avait ni l’exubérance, ni la franchise, trop de pudeur, la liste semblait longue au yeux d’Eden.

Oh, est-ce que des félicitations sont de rigueurs dans ce cas ?   fait-elle.  La coréenne n’était pas la plus à même des faits sociaux et de leur codes. Décidemment, vivre dans une forêt et dans un bordel ne l’avait pas transformé en l’animal social tant attendu, ou tant désiré. Désiré, par qui, la question devra rester dans réponse.

Poppy et Adriel, répond Eden, Ils ont 7 et 5 ans, reprend t-elle. Quand elle se souvenait de l’âge de sa fille, Eden avait le tournis. Le temps était passé bien trop vite.

Un peu moins d’un an, j’étais à Seattle. Je suis partie juste avant la chute de la ville. Un timing… qui honnêtement lui avait fait peur. Peut-être avait-elle senti la chose venir. Elle n’aurait jamais le fin mot de la raison de cette chance incroyable. Lisandro m’a dit que tu faisais partie du conseil ? Tu dois être ici, depuis un moment ?

Merci, souffla-t-elle avec un sourire avant de froncer les sourcils. Les déductions se firent, comme les liens, dans son esprit : Oh, fit-elle doucement : Je crois que je sais d'où tu viens alors, peut-être était-ce pour ça que son visage lui disait vaguement quelque chose. Andrea pouvait se vanter d'être bonne physionomiste. Le groupe d'Oxana ? Au moins une qui ne comptait pas parmi les Scarecrows. C'était pour le mieux.

L'ancienne proxénète ne lui avait pas laissé que des cadeaux en disparaissant. Depuis le début, à dire vrai, expliqua-t-elle doucement au sujet du groupe : Le camp a une histoire assez longue, je ne te le cache pas, et ça prendrait des heures de la dérouler. Je ne suis au conseil que depuis... Deux ans je crois maintenant, et ça n'a rien de reposant avec un groupe aussi conséquent, ajouta-t-elle. Je rêve de vacances à Hawaï, si jamais tu as un avion à me fournir, plaisanta-t-elle.

Celui-là même, répond t-elle. Voilà un moment qu’elle n’avait pas pensé à l’ukrainienne. Depuis que Mary-Abigail lui avait annoncé sa mort en réalité. Le temps avait fini par passé, les choses étaient allés vite, si vite qu’elle en oubliait parfois certaines choses. Le groupe du motel, l’une des premières victimes de la prise de Seattle par New Eden. La mère de famille avait fuit la ville quelques jours avant l’attaque, une chance qui n’avait pas été accordée aux autres filles. Je n’étais que médecin pour les filles, précise t-elle, comme si elle avait besoin de justifier quoique ce soit.

D’ou les responsabilités, fit Eden quand Andrea lui explique qu’elle était là depuis le début. Eden hoche la tête. Des vacances … Elle n’avait jamais osé y penser. L’idée de prendre des congés de son existence même quelques jours ne lui avait jamais traversé l’esprit. Elle avait finit par accepter l’idée qu’elle finirait bien par tomber de fatigue. Si elle aimait se la jouer forte et indépendante, elle avait tout de même peur parfois, de tout simplement tomber. Peut-être était-il préférable de ne pas trop y penser. Des vacances … J’ai l’impression que si je me repose, je ne voudrais plus jamais me relever. Mais si avion il y a, je ferais passer le mot pour qu’ils passent dans les horizons.  

Andrea devait comprendre, elle aussi avait désormais deux enfants, deux fois plus de soucis, mille fois plus de peur. Impossible de vaciller en réalité, c’était bien là tout le noeud du problème.  

Spoiler:

Et elles avaient l'air en bonne santé, souffla-t-elle alors d'un ton égal en esquissant un sourire à l'égard d'Eden. Et un rire lui échappa, suffisamment rare pour être noté lorsqu'on la connaissait un minimum. C'est tout le problème, on se rejoint là-dessus, fit-elle, un peu dépitée forcément. Et désolée pour Eden qui semblait comprendre un peu trop bien son malheur. Andrea haussant les épaules, consciente du fait qu'elle finirait sans doute par s'effondrer un jour.

Je sais qu'il m'est difficile de m'arrêter. Si je le fais maintenant, je ne crois pas que je saurais m'y remettre ensuite, aussi efficacement, elle était persuadée d'ailleurs qu'elle perdrait sans doute quelque chose. Difficile cependant de savoir d'où venait son énergie. Lisandro et Corray plaident tous les deux pour que je me repose pourtant, ils ont même cru que la grossesse me permettrait de souffler pour de bon, mais à quoi bon ? Comment surtout. Elle est incapable de savoir ce qu'est un jour de congés. Ici, il n'y en a aucun. C'est mal connaitre les femmes de notre trempe, non ?

Ça dépendait franchement des jours… admet-elle. Il n’était pas rare qu’elles contractaient quelques infections, mais en réalité, c’était plutôt les coups et les ecchymoses qu’avait soigné et pansé Eden.

C’était des jours qui ne lui manquaient pas, elle pouvait l’admettre. Mais le sort qui leur avait été réservé avait tout simplement été barbare, pourtant, personne pouvait parler de surprises. La menace qui avait placé au dessus du motel était ce qui l’avait fait partir et fuir vers le sud.

Être mère fait souvenir de nombreuses montagnes …   fit-elle pensive. Eden était convaincue que sa force était la directe conséquence de sa renaissance en tant que mère en temps de fin du monde. Sinon, elle, avait ses mains et son visage délicats, elle n’aurait certainement pas survécu à la première vague, celle qui avait emporté les moins chanceux, les médecins et les plus faibles.

Je crains qu’ils n’aient pas choisis la facilité..