Hugues et Drake partirent sur la droite, générant un peu de bruit pour attirer les rôdeurs amassés là vers eux. Il fallut attendre un peu, les nerfs de tous mis à rudes épreuves, avant que les rôdeurs ne les repèrent et décident subitement de changer de cible. La main posée sur le collier d’Ashe, je fis signe aux autres de me suivre discrètement. Nous avancèrent comme un seul homme, munis de nos couteaux, trépanant les rôdeurs qui étaient restés concentrés sur la porte d’entrée et ne s’étaient pas souciés de nous.

Une fois le ménage rapidement fait, je leur fis signe de se positionner de part et d’autre de la porte d’entrée. L’un des soldats glissa un coup d’œil à l’intérieur par une des fenêtres, avant de nous faire comprendre que la vue était trop mauvaise. Je ne comprenais pas. Ce village n’avait pas été habité quelques jours plus tôt ? Les fenêtres auraient dû être propres, mais tout portait à croire que la vie avait déserté ce lieu maudit depuis bien longtemps. Rien n’était en bon état.

Je tentais d’ouvrir prudemment la porte pendant qu’ils me couvraient, mais celle-ci était complètement bloquée. « Les rôdeurs sont partis, vous croyez ? » Je me tendis en entendant une voix à l’intérieur. Qui avait parlé ? Amis ou ennemis ? Je n’eus pas le temps d’ouvrir le dialogue qu’un mouvement sur ma droite me fit subitement lâcher la poignée. Un cri étouffé vint ponctuer la chute du soldat à ma droite, alors qu’un rôdeur lui était tombé dessus directement depuis le toit. Sa force et son agilité ne nous laissèrent aucun doute : il s’agissait d’un rôdeur dont la mutation était plus avancée.

« Merde, putain ! » Le soldat paniqua, et avant même que je n’eus le temps d’intervenir, il lui avait tiré en pleine tête à trois reprises pour tenter de s’extraire de sa prise. Le rôdeur s’écroula aussitôt, mais le mal était fait. Les rôdeurs se détournèrent subitement de Drake et Hugues pour revenir sur nous. L’étau se refermait. « Il l’a mordu ! » Signala aussitôt le soldat le plus proche de lui. Le regard effrayé qu’il nous lança en pressant la plaie à son cou parlait pour lui. « Non, n… » Le tir à bout portant de son camarade fit sursauter notre chien.

« Repli, repli ! » Au moment même où je leur indiquai de rebrousser chemin, la porte s’ouvrit sur des visages hagards et marqués par les épreuves. « Sergent… ? » Je reconnus l’un de nos soldats. Il ne me fallut pas beaucoup plus pour les tirer avec force à l’extérieur, entre le meuble qui leur avait servi de barricades et la porte d’entrée. Les tirs commençaient à fuser en tout sens alors que les autres couvraient notre fuite, sans plus soucier de faire du bruit ou non. C’était déjà trop tard pour ce type de considération. « Au bateau, vite ! »