Orion ne s'attend pas à croiser de la détresse et de la peur dans le regard de la jeune femme. Dès qu'elle était apparu sur la plage quand il avait terminé de préparer le voilier, elle lui avait semblé froide, distante, peu aimable, même acerbe. Rien qui ne plaît à part son joli minois. Mais au fil de la première partie de la balade, il se disait qu'elle devait en avoir vu des vertes et des pas mûres pour être ainsi, à moins que ça ne soit dans son caractère. Il n'est pas psychologue, ou autre type de psy, mais le cerveau humain, ou du moins la névrose humaine lui a toujours été intéressante. La psyché. Un vaste monde ça aussi.
Alors oui, il est d'autant plus surpris quand elle le serre fortement, qu'il contracte un peu plus sa force dans son bras pour la soutenir et qu'elle finit par lui sauter plus ou moins dans les bras en s'accrochant fortement. Il connaît ce genre d'étreinte. Johanna a parfois les mêmes avec lui : la peur. Cette peur qui vous tient aux tripes, inexplicable et pourtant si vive. Oui, Johanna le serre parfois comme ça quand elle a peur, quand elle craint, qu'elle angoisse. Orion peut alors, sans le dire comprendre Kaitlyn.

Il ne connaît pas ses maux, mais sa simple expression plus aussi froide et distante la rende plus humaine d'un certain côté. A ses excuses soufflées, il hausse les épaules. Ce n'est rien. Il l'a simplement aidé, c'est tout. Ca ne l'a pas dérangé, il a compris. L'empathie il connait, sinon il n'aurait pas non plus débuter un métier et des études dans l'une des multiples branches du paramédical.

Tout en marchant dans le sable, savourant le frais de ce dernier, il interroge la petite brune. Espérant néanmoins ne pas éveiller de douloureux souvenirs. La voyant s'installer sur le sable, il fait de même, gardant toujours une distance de courtoisie avec elle. Pour ne pas la brusquer, ne pas entrer dans sa bulle qu'elle doit préserver. Ca se voit. Ce qui est amusant aussi c'est que comme lui, elle a tendance à vite plonger ses doigts dans le sable. Orion fait ça à chaque fois aussi. Il l'a fait à chaque discussion avec les autres quand ils étaient sur la plage. Comme un moyen de s'ancrer à terre, de ne pas partir trop loin, de rester maître de lui. C'est ainsi qu'il l'interprête, mais une fois encore il ne dit rien. Min l'écoute, avec attention, hoche un peu la tête. "Parfois les gens qu'on dit fou sont plus sensés que nous." Finit-il par murmurer. Il pense à la petite blonde que tout le monde insulte de folle, de tarée. Lui, il voit autre chose, il voit un mal-être, une maladie qui lui bouffe les pensées. Elle n'y est pour rien. "Pourquoi on dit qu'elle est folle ? Si elle l'était vraiment, ça ne serait peut-être pas quelqu'un de confiance. J'en sais trop rien en fait." Reprend le brun à la fois pour lui-même et pour la jeune femme, simple pensée traversant son esprit.

POurtant sa guide change de sujet, son regard vacille, il retourne fixer la mer turquoise. Esquisse un sourire. "Lequel ? Moi ça me fait un peu penser au décor du film La Plage. Mais je sais qu'il a été tournée en Thaïlande. Mais ça n'empêche, c'est comme un écrin qu'on se doit de préserver mais qui semble aussi un peu tragique, dramatique." Orion expose ce qu'il ressent, mais il reste tout de même fasciné et heureux de découvrir un si bel endroit.

Spoiler:

A l'annonce du film il fronce un peu les sourcils, il a déjà entendu le titre mais ne l'a jamais vu. Peut-être qu'il était encore trop jeune. Il n'en sait rien. Depuis que tout à basculé il a un peu zappé son âge, sa date de naissance, le temps qui passe ou du moins le compte des années. Il sait seulement que cela suit son cours. Il peut sembler totalement à la ramasse là dessus, mais c'est sa vie. Un jour il verra des rides sur son visage et il se dira alors qu'il n'a plus vingt ans, qu'il est vieux, mais au moins il a vécu longtemps même avec une catastrophe mondiale sur le coin de la figure.
Il hoche la tête alors et sourit doucement avant de rester à observer, non mieux, à contempler cet endroit caché, hors du monde, hors du temps. "Si un jour on a de l'électricité à nouveau je chercherai à regarder ce film. Ca peut être sympa." Cela paraît désormais utopique. Avant il aurait juste eu à ouvrir son pc portable et à chercher sur internet à le télécharger légalement ou illégalement, il se serait fait une soirée cinéma en direct de son grand lit avec son portable a envoyé des messages à il ne sait trop qui. Parfois tout cela lui manque. Mais il n'aurait aussi pas rencontré certaines personnes qui aujourd'hui l'aide encore à grandir, même si par moment il ne comprend pas très bien la vision sombre qu'ils ont du monde. Il doit passer pour un crétin, mais Orion ne s'arrête pas à la catastrophe au traumatisme, lui aussi en a, quelques uns se voient, d'autres pas. Mais il préfère l'optimisme au pessimisme.

Faisant un dessin dans le sable du bout de ses doigts il finit par tourner sa tête vers la "cheffe" de leur petit équipage et hoche la tête. "Ok, je te suis. Je pense pas que j'compte beaucoup pour Anton, on se connaît à peine !" Dit le jeune homme en se redressant et marchant vers le bateau tout en vérifiant que Kait soit bien là. "Kaitlyn ? Merci pour la découverte de cet endroit. C'est vraiment superbe. J'espère qu'il sera préservé de l'horreur du monde dans lequel on vit." Il sourit avec sincérité et monte à bord avant de lui tendre sa main par galanterie et politesse afin de l'aider à gagner le navire pour sortir ensuite de la crypte et prendre le large. Orion, malgré tout, se sent alors plus serein, même si un petit pincement au coeur se fait ressentir. Son père aurait adoré venir ici, il en est sûr et certain. Mais un jour il le verra, enfin c'est ce qu'il se dit pour ne pas penser à l'abandon total.