Ils ont déjà passé plusieurs heures à discuter. Depuis qu’ils se sont retrouvés, en début de matinée, au Store. Et pourtant, Yuan ne se lasse pas de l’écouter parler de tout et de rien. Il a un besoin de viscéral de la connaitre, d’en savoir plus sur elle. Et chaque anecdote, chaque petite chose qui pourrait sembler anodine à la jeune femme a pour lui une importance capitale. Il est bien conscient que jamais il ne pourra rattraper le temps perdu. Et pourtant, quelque chose le pousse à tenter quand même sa chance. C’est tout sauf rationnel, mais il se doit d’essayer.

Pour elle.

Il finit par replier le cahier de notes et par le tendre à la brune, avec un sourire plus doux. « Ca en fait quand même des histoires à raconter. » Et encore, il sait qu’il n’en a pas entendu un tiers. Dans son esprit résonne encore la nouvelle de la veille concernant Maxine et cet enfant, sans qu’il ne sache encore ce qui va se passer. Il est toujours un peu sonné, mais il essaie de mettre ça de côté, préférant largement se focaliser sur ce que peut lui raconter Sasha qu’il couve d’un regard attendri, sans même en avoir pleinement conscience. « Et donc… qu’est-ce que tu aurais aimé faire sans … tout ça ? » Il désigne les alentours, curieux, essayant de s’imaginer la jeune femme qu’il a sous les yeux avec quelques années de moins. La rancœur qu’il éprouve à l’encontre de Lisa est toujours là, bien vivace, mais il s’efforce de le garder pour lui. Il a le sentiment qu’on lui a volé des années et des moments uniques avec sa fille, ce qu’il ne pourra jamais pardonner.

Mais d’un autre côté, elle est là, devant lui, et Lisa est probablement morte. Alors ressasser encore et encore ne servira pas à grand-chose. Finalement, après un repas pris sur le pouce au Store, les voilà qui se promènent dans les environs. « Oh, au fait, j’ai oublié de te le dire, mais j’adore ta coupe de cheveux. » Les sujets qu’ils ont abordés jusque-là sont restés légers et il n’est pas sûr d’avoir envie que ça change. Pour autant, il sait qu’il y a nombre de choses dont ils doivent parler. Mais ils ont le temps non ? « Il y a des trucs que tu voudrais récupérer en ville ? » Autant joindre l’utile à l’agréable non ? Et il n’a pas envie de la laisser filer. Pas encore en tout cas.

Si le temps pouvait s'arrêter, elle appuierait volontiers sur le bouton qui le lui permettrait. Cela a beau faire des heures qu'elle discute avec Yuan, et pourtant. Elle à l'impression que leurs retrouvailles ne sont arrivées il n'y à que quelques minutes, avec l'espoir un peu fou que la terre s'arrête de tourner pour rattraper les vingt longues dernières années. Réceptionnant le carnet de note non sans un sourire ravi à la remarque de son père, ne pouvant qu'hausser les épaules à sa remarque. Maman se moquait en disant que si je ne parlais pas, c'est qu'il y avait un vrai soucis. Etait-ce vrai ? Oui, sans doute un peu. Et la première question la sonne quelque peu, en réalisant qu'elle n'y avait plus songé depuis ... Au bas mot ? Une éternité.

Oh, heu... Il y avait eu tout un tas de choses qui lui plaisaient, avant. Mais était-ce encore viable ? Chanteuse, rockstar, pompier aussi. Vers ses onze ans, à peu près. Et puis pilote de ligne, ou capitaine d'un bateau ! Des rêves un peu fous, en sommes. Et pas spécialement cohérents, aussi. Je voulais absolument un travail qui me permette de voyager d'un pays à l'autre. Un peu comme maman, même si ... J'ai jamais eu son talent en peinture quoi. C'était le truc de sa mère, de faire des toiles qui se vendaient. Ses propres dessins se résumaient aux bonhommes bâtons, et quelques smileys. Encore que, fallait-il comprendre à quoi ils correspondaient.

Et toi ? Tu aimais ce que tu faisais ? Qu'elle s'enquit avec une curiosité sincère en marchant à ses côtés, manquant presque de venir lui prendre la main comme une enfant l'aurait fait avec un naturel déconcertant avec un de ses parents. Mais craignant une réaction surprise, elle suit le geste pour venir toucher ses mèches courtes, esquissant un sourire ravi au compliment. Oh, merci ! Max était moins ravie quand j'ai fais une ... Une Mulan? Et devant l'air déconcerté de son père, reprend-elle. J'en avais marre de leur longueur, alors... J'ai pris un ciseau et taillé dans le milieu. Elle à un peu manqué de faire une syncope, mais elle à bien rattrapé le truc hein ? Bien sûr, puisqu'il adore !

Oh, pleins. J'adore y aller. La ville, malgré les morts. Si on passe par là, on va trouver une bibliothèque, une boutique d'achat reventes, et ... Une banque. Bon, la banque ne l'avait jamais intéressé. Mais un vieux magasin ou trouver de potentielles piles ? Ca te fait pas bizarre à toi ? De retourner dans les ruines ? Après tout, Fort Ward était drastiquement différent d'ici, non ?

Il n’a pas souvenir de s’être senti aussi attendri à écouter quelqu’un parler autant. Mais il boit littéralement chacune des paroles de Sasha, oubliant son masque de froideur qu’il a tellement l’habitude de porter. A la réflexion, passer du temps avec Maxine l’a déjà forcé à arrêter de prendre de la distance avec tout ce qui l’entoure. Il ne sait pas encore comment gérer tout ça, si tant est que ce soit possible. Ou qu’il en ait réellement envie. Elle a bousculé tellement de choses qu’il a l’impression de ne plus être le même homme.

Et peut-être qu’il a envie que Sasha l’apprécie pour ce qu’il est réellement. Pas pour cette image qu’il tend à bout de bras depuis des années. Même si ça l’inquiète et pas qu’un peu. Mais, dans l’immédiat, il compte bien profiter de ces quelques heures grapillées avec sa fille. Un mot qui sonne beaucoup bien à son oreille pour qu’il ne réalise pas à quel point il tient déjà à elle après seulement quelques rencontres. « J’en prends bonne note. Si tu ne parles plus, c’est qu’il y aura un problème donc. » Soufflé d’un ton léger, avant qu’il ne l’interroge sur ce qu’elle aurait aimé faire.

Autant dire que la réponse est à la hauteur de ce qu’il imaginait. Il se fend d’un rire. « Et bien, tu avais de l’ambition on dirait. Tu pourrais toujours devenir capitaine de bateau tu sais. » Il essaie de l’imaginer dans chacune des professions qu’elle a citées, incapable de cacher son amusement. « Je comprends. On dirait que tu as hérité ça de ta mère. » Elle adorait voyager. C’est d’ailleurs avec Lisa qu’il était allé à Paris et à Londres pour la première fois. C’était il y a une vie de ça et il a encore du mal à se dire que Sasha a été le fruit de ces mois qu’il a passés avec elle. Et, à sa question, il a une hésitation. « Et bien… j’étais bon dans ce que je faisais en tout cas. J’ai repris l’entreprise familiale et … j’ai fait ce qu’on me demandait. J’étais fier de mon parcours. » Est-ce qu’il aimait ça ? Pas vraiment. Mais ce n’était pas une option à sa portée. « Mais j’adorais passer mon temps libre sur les circuits de course. » Là, son regard s’illumine avant qu’il ne se focalise de nouveau sur la brune. « Une Mulan… » Il bat des cils, alors qu’elle développe un peu plus. Et il a un rire aux explications. « J’aurais bien aimé voir sa tête. Mais oui, elle a des talents en coiffure on dirait bien. » Soufflé d’un ton attendri alors qu’il a un regard à ladite coiffure.

Voilà qu’elle fait preuve d’un enthousiasme peu commun à l’idée d’aller se promener en ville. « On dirait que tu y passes du temps. Tu me serviras de guide alors. Tu as une préférence sur l’endroit où attaquer les hostilités ? » Et, à sa question, il a un bref haussement d’épaules. « Je suis resté longtemps dehors tu sais. Même si je me suis bien habitué au confort de mon groupe et que je n’ai pas particulièrement envie de m’en priver, ce n’est pas… désagréable d’être ici. » Et il ajoute, avec une voix plus douce. « Et tant que je peux passer un peu de temps avec toi, j’en suis heureux. Mais je ferais bien un tour à la bibliothèque. » Histoire de voir s’il peut retrouver quelques classiques qu’il n’aurait pas lus et relus bien trop de fois.

Hmmmm, j'sais pas. Si c'est le bazar en ville, qu'est-ce que ça peut être sur l'eau ? Qu'elle lui demande en fronçant le nez. Parfois, j'me demande ce qu'ils sont devenus. Tu sais, les gens en croisière, ou dans les avions. Tu crois que ça s'est fini comment pour eux ? Ou même, plus loin encore. Et dans l'espace ? Par réflexe, son nez se lève vers le ciel, y cherchant une station spatiale invisible à l'oeil nu. C'était le genre de questions qui la tenait éveillé avec Rob, des heures durant. Et l'entendre évoquer sa mère à le mérite de la faire sourire un peu plus. T'aimais voyager, toi ? Ou seulement sa mère ? Mais elle se tait, juste pour l'écouter évoquer son propre passé. Au moins semblait-il n'avoir aucun regret, ne pouvant s'empêcher de rire à sa remarque.

Oh, je savais pas trop si elle était paniquée ou sur l'point de me tuer. Un peu des deux, je crois. Comme souvent avec Max. Mais c'était bien ce qui faisait son charme, à ses yeux. J'adore ça ! Concède t-elle sans mal quand à se balader en ville. Une passion comme une autre, en fait à ses yeux. Si t'es discret, et que tu repère les morts, tu peux totalement te balader en vrai, maintenant ils zonent plus vraiment ici, y'a ... Haem. Plus grand chose à bouffer. Un peu trop cru, sans doute. Mais elle à vécu dans cette violence, s'en est accommodée. Ne voit pas de mal à dire les termes tels qu'ils sont. Les morts ont cessé de lui faire peur depuis longtemps, déjà. Ce sont plutôt les adultes, dont elle se méfie vraiment. Y'a une ancien musée d'art pas loin. J'adore y traîner, y'a pleins de trucs et plus de vigiles pour nous dire de pas toucher. Alors autant dire que sa passion résidait dans le fait de grimper sur l'immense statue de dinosaure qui évoquait les prémices de leur monde. On peut y aller après la bibliothèque si tu veux ? Et à sa remarque, elle ne peut s'empêcher de lui sourire avec la sincérité des ados de son âge, profondément touchée. Hésitant une seconde à fondre sur lui pour le serrer contre elle, craignant qu'il ne prenne mal son élan d'affection subite.

Moi aussi, tu sais. Qu'elle préfère plutôt répondre avec douceur, en marchant à ses côtés. Quand tu étais dehors, tu traînais de quel côté de la ville ?

Il lance un regard curieux en direction de… sa fille. Il a toujours du mal à s’y faire, même si ça fait battre son cœur un peu plus vite sous le coup de l’émotion. Mais il ne sait pas le retranscrire, le montrer. Mis à part en étant là, avec elle, en l’écoutant avec toute l’attention possible et en gravant chacune de ses paroles dans sa tête. « Je ne me suis jamais posé la question j’avoue. Mais je pense que beaucoup de navires ont dû tenter d’accoster. Avec plus ou moins de succès. » Difficile de savoir si certains ont été contaminés avant même de toucher terre, l’origine même des premiers malades étant toujours aussi floue. « Pour les avions, ils ont peut-être essayé d’atterrir en urgence. Je sais que les vols ont vite été annulés de notre côté. » Un froncement de sourcils pensif, alors qu’il lève à son tour les yeux en direction du ciel. « Là par contre, c’est une vraie colle. Tu en penses quoi toi ? »

Et, à sa question, il a un haussement d’épaules. « J’aimais bouger. Découvrir de nouveaux endroits. Mais je n’étais pas aussi féru de voyages que ta mère. Elle continuait de bouger toujours autant ? » C’est étrange de parler de Lisa, il se sent toujours en colère mais, au final, elle lui a fait un cadeau en gardant ce bébé. Même avec 20 ans de retard. Il a tout de même un rire à l’évocation de Maxine. « Amusant comme tu la décris bien. » C’est aussi ce qui fait qu’il est sous le charme de la rousse. Cette capacité à aller d’une émotion à l’autre au point de le déstabiliser. Se focalisant de nouveau sur Sasha, il a un sourire à sa réaction. « Je vois. On dirait que tu es sacrément débrouillarde. » Après sept ans dehors, le contraire aurait été étonnant. Mais ça l’épate toujours, surtout quand on la compare à certaines personnes qui n’ont jamais quitté Fort Ward. Et il a une pointe de fierté à cette pensée, alors qu’elle parle d’un musée. « Ah oui ? J’avoue que le musée me botte bien. J’ai toujours voulu toucher une peinture sans qu’on essaie de m’en empêcher. » Soufflé d’un ton complice. « Donc. Bibliothèque et musée. En voilà une sortie studieuse. » Il a une hésitation, avant d’aller serrer doucement l’épaule de Sasha, incapable d’avoir un autre geste plus approprié. Il faut dire que ça n’a jamais été son genre et qu’il est difficile pour lui de penser à des marques d’affection visibles.

Une brève inspiration avant de continuer, plongé un instant dans ses pensées. « Je bougeais énormément du temps où j’ai été à Seattle. J’étais à la recherche de… » Un froncement de sourcils. « Peu importe. Dès que j’avais des informations, je bougeais. J’ai remonté la côte sur des dizaines de kilomètres et je me suis enfoncé dans les terres assez pour être totalement paumé plus d’une fois. » Il a un mince sourire, alors qu’ils continuent de marcher en direction de la bibliothèque. Tout du moins, il le suppose.

A défaut d'avoir une vraie réponse, c'est finalement son imagination qui prend le relais en avisant le ciel. J'ai envie de croire qu'ils s'en sont sortis. Genre ... Toutes les équipes stellaires qui font un seul gros vaisseau ? Ou mieux ! Une forme de vie extraterrestre les prend en pitié, et les amène sur leur planète, une... décoplanète ? Exoplanète, mais le terme lui échappe comme trop souvent. Avec de l'oxygène, de l'eau, et pleins de ruines antiques ? C'était quand même plus vendeur que de mourir asphyxié dans un caisson ou même le bruit n'existait pas, dans l'immensité. Ca ... Ca lui faisait d'avantage froid dans le dos. Et toi ? S'enquit la brune, se doutant que son père aurait une idée d'avantage... Cartésienne, sans doute.

Quand à sa mère ? Elle hausse les épaules. Elle aimait bien bouger. On allait souvent en Espagne, mais aussi en France de temps à autre. Et on à fait la Sicile, une fois ! Mais elle bougeait moins quand j'ai commencé à rentrer dans les classes supérieures. Vous êtes allés ou avec Maman ? qu'elle s'enquit néanmoins, curieuse d'en savoir plus sur ce passif, alors qu'il évoque Max. Ne pouvant s'empêcher de rire à l'idée, secouant doucement la tête.

Elle est cool. Elle râle beaucoup, elle lève les yeux au ciel, mais j'crois qu'elle m'aime bien en vrai. Pour sa part, elle l'adorait. Mais elle connaissait trop bien l'ancienne roller Derby pour oser le lui dire. Débrouillarde, j'sais pas. J'ai juste ... Pris l'habitude ? D'être en extérieur, courir pour sa vie. Ca lui plaisait, mine de rien. J'sais pas si j'arriverai à tenir en place, comme avant. Dans une maison toute propre, même si parfois y'a des objets d'avant qui me manquent, comme un lit qui sent la lessive, ou l'odeur des oeufs brouillés au petit déjeuner. L'extérieur était devenu une force, pour elle finalement.

Et à sa remarque de toucher les peintures, elle ne peut s'empêcher de sourire avec complicité. J'ai voulu le faire une fois au Louvres. Je crois qu'on à entendu maman hurler jusqu'en Chine. Vraiment. Elle l'avait mise hors d'elle. Mais le souvenir la fait rire, alors qu'elle avise son père qui vient serrer son épaule, lui rendant un sourire timide. C'était encore tellement étrange. De retrouver ces gestes d'affections, auprès d'un homme qu'elle n'avait jamais vu avant. Mais le geste la touche, avant d'écouter sa nouvelle remarque en fronçant les sourcils. En cherchant qui ? Ou quoi ? Elle ne le sait pas. Mais la bibliothèque se dessine finalement devant eux, alors qu'elle vient taper du poing plusieurs fois sur la porte d'entrée pour voir si des râles résonnent à l'intérieur. Pas un seul.

C'est vide ! On peut y aller tranquillement. Et il ne lui faut pas plus d'une seconde pour sautiller sur place et rentrer dans le hall, écartant les bras comme si elle venait d'accomplir une prouesse incroyable.

Le regard qu’il lui jette est bien différent de ceux qu’il a pu avoir jusque-là. Pour qui que ce soit. Un mélange d’attendrissement et de fierté, quelque chose d’indéfinissable qu’il n’avait pas ressenti depuis… Tao. Et, pendant une seconde, ça lui serre le cœur au point d’avoir l’impression de le comprimer. Il ne sait pas s’il a le droit de ressentir ça. D’être heureux que Sasha l’ait retrouvé. D’être heureux d’être redevenu un père. Parce qu’il n’a pas su protéger Tao et que ce creux dans son estomac, celui que la brune est en train de remplir, c’était sa punition. Sans compter l’enfant que porte Maxine. Ca, il préfère ne pas y penser. Ne pas songer à quel point il pourrait aimer ce bébé alors qu’il n’est même pas là. Qu’il ne sera peut-être jamais là d’ailleurs. Et l’idée même de les perdre, que ce soit Sasha, Maxine ou ce bébé, tout ça ne fait qu’accentuer cette sensation de quasi étouffement.

Il finit par inspirer longuement, frottant sa nuque quelques secondes, alors qu’il essaie de compartimenter tout ça pour que ce soit supportable. Il n’a de prise sur rien de toute façon et ça le terrorise. « J’aime bien. L’idée d’un seul gros vaisseau. » Il est en réalité bien trop pragmatique pour imaginer autre chose qu’une lente agonie pour cette poignée d’humains perdus dans l’espace. Mais il n’a pas envie de lui dire ça. « Je n’y avais jamais vraiment songé en vérité. » Et il se perd un instant dans ses souvenirs quand elle l’interroge sur ses voyages avec Lisa. « Elle m’a emmené à Madrid une fois. On était allés à Londres aussi. Et on bougeait pas mal ici, aux Etats-Unis. » Une période un peu folle quand il y pense, pas vraiment consacrée à ses études ou à sa carrière en devenir. Probablement pour ça que ses parents ont tout fait pour la chasser de sa vie.

Son visage s’illumine sans même qu’il en ait conscience à l’évocation de Maxine. « Je me dis que nos vies n’auraient pas la même saveur sans elle. » Dire qu’elle mérite le détour est un doux euphémisme, mais il se sait beaucoup trop accroché pour être objectif la concernant, alors qu’il ne la connait que depuis quelques mois. « Et tu es débrouillarde, je te le confirme. C’est une grande qualité vu le monde dans lequel on vit. » Au reste, il a un bref hochement de tête. « Je peux comprendre. J’ai eu beaucoup de mal à me faire au confort de mon groupe. Mais je ne sais pas si j’aurais envie de m’en priver de nouveau maintenant. » Tout dépendrait des raisons et la brune à côté de lui pourrait en être une.

Il se fend d’un rire à l’anecdote de Sasha. « Ca t’a plu ? Le Louvres. Et c’était quelle peinture que tu voulais toucher ? » Un bref soupir à sa question. « En cherchant mon fils. Et sa mère. » Soufflé avec un froncement de sourcils, alors qu’il se sent incapable de continuer d’en parler et que la culpabilité revient de plein fouet.

Mais, heureusement, ils se retrouvent devant la bibliothèque. Il la suit des yeux alors qu’elle toque et a un hochement de tête approbateur, même s’il vérifie qu’il a bien son couteau et sa barre à mine à portée de main. Et, à l’intérieur, il a un temps d’arrêt, son regard se perdant un peu à contempler ce qui les entoure. « La tempête n’a pas fait beaucoup de dégâts. C’est bien. » Les années non plus. Oh, bien sûr, quelques vitres sont brisées et les sous-sols doivent être inondées. Mais beaucoup de rayonnages ont l’air plus ou moins intacts. « Il y a des livres en particulier que tu cherches ? » Soufflé dans un murmure un peu incrédule, alors qu’ils commencent à découvrir les lieux.