Faut croire que c’te réunion avec Arizona a été productive, en fin d’compte. J’n’ai pas encore r’çu l’protocole d’évacuation d’nos gens, et j’pense qu’c’est pas pour tout d’suite étant donné tout c’qui faut recenser et tout c’bordel qu’faut mettre en place. J’espère quand même qu’l’autre mettra pas un temps fou : plus elle prend d’temps, moins j’ai d’temps pour former les autres et plus j’risque d’me prendre d’coups bâtons dans la gueule parce qu’ça prend trop d’temps pour être opérationnel. J’dois dire qu’l’idée d’me prendre des remarques parce qu’l’autre est trop longue, ça m’casse d’jà les couilles en avance.

M’enfin, c’pas l’moment d’m’énerver pour quedal. Y’a d’boulot à faire et j’ai enfin eu l’accord d’chercher un endroit où faire planter un camp d’évacuation. Ça m’fait chier d’l’admettre maint’nant, et ça m’fera toujours chier d’l’admettre quoi qu’il arrive, mais ces fils d’putes d’New Eden sont des menaces qu’peuvent nous attaquer d’l’air comme d’la mer comme d’la terre. On a beau leur avoir fait bien mal, ils restent puissants et tout… Donc faut pouvoir évacuer tout l’monde, au besoin. Même si bon… J’sais pas pourquoi qu’on évacuerait les vieux… Les gosses passent encore mais les vieux… M’enfin bref.

L’est temps d’faire c’pourquoi j’ai été formé : reconnaître, déterminer, éliminer. Ou plutôt pour c’qui est d’aujourd’hui, r’connaître, délimiter et… Bah faire l’job. S’tout c’passe bien, ce s’ra l’premier épisode d’tout un programme d’préparation qui n’devrait pas trop puiser dans nos ressources. J’l’espère.

On a fait appelle à des volontaires. Y’a bin’ eu des réponses, mais j’n’en ai jamais réellement assez, d’mon point d’vue. J’ai fait savoir qu’j’avais b’soin d’combattants, mais aussi d’gens qu’savent réfléchir sans s’pisser d’ssus au combat. Nous faut d’présence médicale aussi, et d’quoi tester les compétences d’ceux qu’je forme d’puis quelques temps… S’ils sont bon, c’cool. S’ils sont d’vraies merdes, ça m’cassera bien les couilles, m’enfin…

L’rendez-vous était à 6h00 sur l’quais d’fort. J’ai fait préparer qu’ques navires, eu l’accord d’sortir des armes d’l’armurerie, et préparé l’chemin d’attaque et c’lui d’repli, au cas où. J’préfèrerais pas qu’on s’replie m’enfin, faut être prêt à tout dans c’genre d’domaine. L’ennemi est multiple : New Eden qu’pourrait avoir une base arrière en attente d’nous foncer dans l’cul… Un groupe d’survivant lambda, qu’veut s’tailler la part belle d’nos ressources qu’on va débarquer ici… Les rôdeurs… Et puis qui qu’ce soit qu’vivrait sur les routes tout seul d’puis trop longtemps et qu’serait d’venu à moitié fou. Ouaip, c’varié comme menace.

Quand tout l’monde est là, j’montre les bateaux. On n’a pas d’embarcations tactiques, pas d’navires d’guerres, mais ça f’ra l’taf. Y’a aussi d’quoi faire si on s’fait tirer d’ssus pour X ou Y raisons…

« Ok. » J’avise toutes ces sales tronches aux p’tits yeux pas assez reposés. « L’mission est simple : reconnaissance, analyse et préparation. C’fils d’putes d’New Eden peuvent nous foncer d’ssus à n’importe quel moment. L’plupart d’ent’ nous savent s’battre, chacun sa manière… Mais c’pas l’cas d’tout l’monde. Et puis, ils sont des milliers, nous à peine qu’ques centaines. » Ouais, sympa l’entrée en matière j’sais bin’. « On a décidé d’faire une mission d’reconnaissance à l’Ouest  d’chez nous pour délimiter une zone d’repli pour l’groupe, si on d’vait s’faire attaquer. Not’ but : reconnaître la zone, analyser les risques et c’qui faudrait faire pour l’renforcer à moindre coût, et déterminer l’points forts et faibles de c’te foutue zone. » C’clair j’espère. Sinon, j’les emmerdes c’qu’ils n’ont rien à foutre ici. « On est 10 ici. 5 par navires. J’commande l’expédition, May en s’cond ; Ivy est l’responsable médical. Indi est en r’trait en liaison radio. May, Ivy et moi avons d’talkies, mais on s’les partagera au b’soin. On part 3 à 5 jours alors bougez-vous l’cul ! »


Carte :
https://www.google.com/maps/d/u/0/edit?mid=1lE5Ew_w7IbodgGtCl01lJDsUYUPjpmY&usp=sharing

Deux jours seulement après son retour d’Agate qu’elle repartait déjà en mission. Oh non, elle ne se plaindrait pas, surtout dans une situation où elle se sentait encore « « menacée ». Il fallait qu’elle fasse ses preuves, qu’elle prouve son utilité, alors… cela passait par beaucoup BEAUCOUP de sollicitations. Après avoir serré fort Elizabeth dans ses bras, et l’avoir confiée aux bons soins de Juliet, Selene s’était rendue au point de rendez-vous pour les démarches qu’elle commençait à enregistrer : s’enregistrer pour sa mission, retirer son équipement à l’armurerie, puis rejoindre le capitaine d’équipe sur les quais.

Logan, Stan lui en avait parlé, et en des termes plutôt flatteur. Il était, d’après le militaire, un combattant hors-pair et un survivant de l’extrême. A le regarder, la pianiste se dit que la description lui rendait parfaitement honneur. Sans s’offusquer du langage fleuri du seal, elle écoutait attentivement le briefing. Fusil automatique dans les mains, serrée dans ses protections de cuir à défaut d’un gilet pare-balle, Selene évitait de regarder May. Elles avaient eu beau coopérer ponctuellement, leurs différends ne s’étaient jamais vraiment apaisés. Cette femme ne lui revenait pas, et la réciproque était sans doute vraie.

Discours terminé, la musicienne se « bougea le cul » pour monter dans l’une des embarcations. Puisqu’ils partaient plusieurs jours, son sac-à-dos était plein de rations alimentaires compactisées au maximum. Elle avait également des objets utilitaires : gourde, couteau-suisse, boussole, corde, allumettes, torche, produits d’hygiène et une tenue de rechange. Ses longs cheveux étaient solidement tressés et épinglés en chignon à l’arrière de son crâne, pour qu’ils n’en viennent pas à la gêner.

Alors que l’île s’éloignait elle réalisait que c’était la première fois qu’elle partait si loin depuis son arrivée. Des qu’ils furent au large, les flots s’agitèrent un peu, assombris par un ciel contrarié. Ils n’étaient qu’à mi-chemin quand une pluie fine et pénétrante se mis à leur tomber dessus. Rien d’extraordinaire pour la région. Murée dans le silence, Selene observait le paysage qui se déroulait autour d’eux, comme une carte postale post-modernité. Les rives étaient toutes à l’abandon, bouffées par les algues, les débris, les arbres tombés et les corps échoués qui se décomposaient à l’air libre.

La mission du jour promet d'être assez simple : vu la menace que représente New Eden sur leur groupe, il faut à tout prix trouver un endroit où se replier, au cas où. Personne n'est naïf : la guerre contre leur ennemi commun est loin d'être terminée. Tant qu'un des deux n'aura pas plié le genou face à l'autre, les deux clans se battront jusqu'au bout. Pouvoir mettre en sécurité les civils le moment venu est donc indispensable.

Ivy s'est portée volontaire pour y participer. Chaque sortie comporte son lot de risques et donc de petites ou grosses blessures. Avant de partir, elle avait veillé à ce que Bridget soit entre de bonnes mains avec Joy. L'absence de Jason rend tout plus compliqué forcément. L'inquiétude ne cesse de grandir, Ivy refuse de le penser mort et garde espoir de le voir rentrer. Pourtant au fil des semaines, elle se rend compte que quelque chose s'est forcément mal passé. Ce n'est pas normal qu'il ne donne aucun signe de vie pendant tout ce temps.

Ivy avait récupéré ses armes et son équipement à l'armurerie et n'avait pas perdu de temps pour rejoindre l'équipe de sortie. Elle adresse un petit signe de la main à Logan qui doit diriger leur équipe. Dans son lourd sac, elle avait rangé tout son matériel de soin ainsi que quelques rations alimentaires, deux bouteilles d'eau. Son arme à feu et ses munitions sont solidement accrochés à sa ceinture avec son couteau de chasse. La médecin écoute attentivement les explications du soldat et lève la main lorsque son ami la nomme, au cas où certains ne la connaitraient pas encore. Pouvoir identifier leur médecin peut être utile. Puis ils se mettent tous en route.

La petite embarcation est secouée par les flots et lorsqu'il se met à pleuvoir, Ivy rabat sa capuche sur ses longs cheveux attachés en une queue de cheval. Ses yeux se promènent sur les alentours, impatiente de pouvoir mettre pied à terre. Elle n'a jamais été particulièrement à l'aise sur les flots, préférant nettement se déplacer sur les terres.

- Bonjour à tous.

Six heures sur le quai. Kassandra était à l'heure, comme le reste du petit groupe. La tête dans le fondement, les heures de sommeil pas assez suffisantes. Mais elle était présente, prête à aider et faire de son mieux. Et avec le sourire. Parce qu'elle savait que tous devaient être dans le même état qu'elle.

Pour autant, Logan parlait beaucoup. Trop à cette heure-ci. Mais ses informations étaient importantes. Rappel de la mission, des choses à faire. Suivi d'un langage magique digne du soldat. Kassandra ne s'en familiarisait pas plus que ça. Après tout, elle était avec Zelda. Zelda avait un langage assez fleuri et personne ne pouvait dire le contraire.

Sac sur le dos, armé de nourriture, de son couteau et d'un pistolet à poing avec quelques balles. Normalement, elle ne devrait pas en avoir besoin. Ce n'était que de la reconnaissance après tout.

Kassandra grimpa à la suite d'Ivy et s'installa. Elle se remerciait d'ailleurs de ne pas avoir le mal de mer. Le début du trajet était fait en silence. Un silence presque angoissant. La pluie commença à tomber, Kass remontant la capuche sur le sommet de son crâne.

- Aucune information sur le lieu ? Ou on y va plus ou moins à l'aveugle ?

Demanda t-elle. Si elle avait bien compris qu'ils étaient ceux devant faire la recherche d'information, peut être qu'il y avait un petit début quelque part.
Des rôdeurs aux alentours, des véhicules quelconque. D'un autre côté, si ça avait été le cas, Logan aurait déployé des forces plus conséquentes, elle en a conscience.

Kass avait l'habitude de se préparer avant. D'avoir plus d'informations. De savoir comment, où, pourquoi. Et si elle avait l'envie de continuer à poser des questions, elle ne put s'empêcher de penser qu'elle pourrait gêné. Il y avait trop peu de conversation dans le bateau sur lequel elle était. Etait-ce aussi le cas dans l'autre ? Kassandra étouffa un baillement. La pluie la réveillait au moins.

Évidemment qu'elle est en retard. Logan va très clairement le lui reprocher, sauf que May n'est pas particulièrement dérangée par cette réalité. Elle est plutôt rassurée de pouvoir prendre part à cette mission, en vrai. Ses craintes peuvent la pousser à bout, dernièrement, surtout quant il est question de New Eden. Elle n'ose pas imaginer ce qu'ils pourraient bien leur servir, depuis l'attaque du WASP sur leurs barrages - et d'autant plus depuis l'annonce de Phelbs & compagnie. Elle est obsédée; le sommeil trop léger et la cervelle au vif à force de prévoir une solution à chaque scénario catastrophe qu'elle ose imaginer. Enfin, elle est donc satisfaite de pouvoir agir concrètement et d'avoir l'opportunité de canaliser cette énergie un brin toxique.

Bref, la petite se faufile jusqu'à Castle, lui offrant un signe de tête en guise de bonjour avant de noter la présence de Selene. Elle ramène ses mèches dorées sur le dessus de son crâne pour les attacher, la fixant sans que la brune n'ose relever le regard sur elle. Cendrillon questionne brièvement Logan du regard pour souligner sa frustration, avant de se résigner, visiblement agacée.

La princesse écoute tout de même les paroles de son copain, à propos de la mission. Ce n'est pas bien différent de leurs sorties habituelles, après tout. Les risques sont présents, certes, mais leur équipe est bien huilée, formée, et motivée. Oh, ils ne sont pas tous des soldats, évidemment, mais leurs capacités devraient être suffisantes pour une mission de reconnaissance. Enfin, les instructions sont claires. Personne n'ose poser de questions, dans tous les cas. May ajuste donc son gilet avant d'enfiler son manteau, et s'assure ensuite que son flingue est prêt à l'emploi. Son sac à dos est déjà sur ses épaules quand le groupe se prépare à partir. Elle ne fait que vérifier que son couteau et sa matraque habituelle sont bien à sa taille avant de suivre le mouvement.

Ashley embarque ensuite sur le bateau de Logan, avec Selene, tandis que Goldie se presse de rejoindre Ivy et Kass sur la deuxième embarcation. Elle offre un sourire chaleureux à sa petite protégée, avant de lever les cils sur la médecin pour lui offrir un signe de tête plus sobre. Curieusement, la présence de Deluca ne fait que lui rappeler l'absence de Maeve, bien malgré elle. La petite soupire légèrement en reportant son attention sur les vagues, remontant sa capuche sur sa tête quand la pluie commence à tomber, comme le reste de son équipe. Le froid la dérange, mais elle est trop préoccupée pour se plaindre.

C'est la question de Kass qui brise le silence, du coup. Heureusement qu'elle parle, d'ailleurs, pour empêcher Liv de se frustrer toute seule à propos de la putain de pluie, de la composition de cette équipe, et de tout ce qui pourrait leur tomber dessus à destination. « On se dirige vers Gorst - aussi sur les rives du Puget Sound, mais plus au sud. » qu'elle lâche rapidement, pour répondre à la plus jeune. Elle note son hésitation, pourtant.

« Plus ou moins à l'aveugle, oui. L'endroit est surveillé par nos troupes un minimum, sans plus. Alors reste sur tes gardes, mademoiselle. »

Bon, tout l’monde semble m’écouter. Et p’tain, vaut mieux parce qu’sinon, j’les fumes tous d’jà là. Une balle dans l’crâne, directe, histoire d’plus m’faire chier avec d’putains d’branquignolles qu’connaissent ni l’job, ni l’autorité. J’suis l’chef aujourd’hui. J’suis l’seul putain d’vrai soldat et bordel d’merde, j’ai promis à l’autre folle d’Arizona d’faire l’tour d’la zone qu’on a r’pérer, et d’en faire un endroit potable pour une évacuation d’urgence… Si jamais ça d’vait arriver. P’tain, j’n’espère pas…

Bon bref. On avance. On s’fou dans les bateaux et direction l’objectif. 15 kilomètres, à vitesse d’base, ça d’vrait nous prendre 30 à 45min alors autant s’préparer. J’suis dans l’bateau d’tête… J’ai la radio… J’la chope, et j’dis à May. « May, c’Logan. » J’laisse un temps histoire qu’elle puisse prendre l’bordel et bien m’écouter. « On s’ra à marée basse. J’prends lecôté gauche d’la plage, toi l’droit. L’reste, c’comme à l’entraîn’ment compris ? On fonce vers l’premier bâtiment, l’premier hangar. Sécurisation d’base. T’connais la musique. »

Normalement en tout cas. J’veux dire, c’pas comme-ci qu’May n’avait suivi aucun entraîn’ment… Et c’pas non plus comme-ci qu’elle était incompétente. Elle sait s’battre, et elle sait quoi foutre d’ses dix doigts et d’son p’tain d’flingue. Comme les autres, normalement.

L’paysage s’défile assez rapidement. Tout c’coin a bin’ changer c’trois dernières années. P’tains, les rives débordent d’cadavres, d’troncs d’arbres et d’débris en tout genre. Y’a d’quoi faire niveau saloperies, mais ç’rend l’endroit dangereux, j’pense. J’me dis aussi qu’ça nous fait une sacrée couverture : si un d’ces quatre, on d’vait s’barrer, l’fait qu’le paysage ait l’air si chaotique, ça pourrait empêcher ces fils d’putes d’aller nous chercher trop loin. M’voyez ?

Bref, l’temps passe, et l’temps passe vite. V’là d’jà qu’on arrive proche d’la baie. « En approche. Préparez-vous. » Que j’dis au talkie, et aux autres. Faut s’magner l’cul, et faut s’préparer. On s’fou à gauche d’la baie, et eux à droite… Y’a d’quoi faire, et du ch’min à parcourir. L’temps qu’on sécurise l’endroit, la marée restera haute, donc, pas b’soin d’retourner aux navires pour l’foutres loin histoire qu’ils n’s’échouent pas entre deux marrées.

Là, c’est l’temps d’l’assaut. On descend d’nos bateaux, et c’est l’moment d’courir. Une équipe à gauche d’premier bâtiment qu’on voit arriver, au loin, après l’ancien parking. Une équipe à droite. J’pense qu’le premier des connards sait c’qu’il faut faire : attaquer l’bâtiment par les deux côtés. On entre chacun d’un côte et on progresse dedans, en deux colonnes. Ouaip, c’est c’qu’il faut faire.