Le silence quasi-total les suivit jusqu’à l’arrivée. La marée basse avait déshabillé les plages grises, sur lesquelles deux squelettes à moitié enseveli ployaient sous le poids des algues. La musicienne ne prenait pas les devants, acceptant son rôle de nouvelle – et donc de « suiveuse ». Elle emboîta donc le pas à sa fil, trottant à travers un parking à l’abandon, jusqu’aux silhouettes hantées de plusieurs hangars.

Une équipe à droite, l’autre à gauche. Ils firent un tour rapide avisant les issues et les risques potentiels. Un mordeur boiteux fut rapidement neutralisé d’une lame dans le front, et ils purent poursuivre. Trois. Deux. Une. Ouverte simultanée des deux accès, pour progresser au même rythme. Des rats, surpris par la brusque lumière du jour, déguerpirent à toute vitesse.

Ça puait. Ils foulaient un sol maculé de déjections animales, les recoins disparaissaient tous des masses glauques de toile d’araignée. Visiblement, certaines des grandes lampes fixées au plafond s’étaient décrochées, les câbles attaqués par des rongeurs. L’œil aligné aux repères de visée de son fusil, Selene tenait la fin du peloton pour assurer leurs arrières.

RAS ici.

Idem au deuxième entrepôt, mais au troisième, ils découvrirent des issues barricadées de l’extérieur. Ce n’était probablement pas pour rien, surtout à en juger par les traces noirâtres sur le rebord du battant, qui évoquaient la forme de plusieurs doigts. Les personnes ou les « choses » qui avaient été enfermées ici ne s’étaient pas laissé faire.

- On a potentiellement un paquet de morts là-dedans, observa-t-elle ; mais elle était persuadée que ses comparses en viendraient à la même déduction.

Idéalement, il faudrait trouver un point d’observation. S’il quelqu’un pouvait attendre une œillère ou une fenêtre, ça leur donnerait une idée de la situation. Malheureusement, à première vue, toutes les vitres du hangar étaient trop hautes pour pouvoir les atteindre, même à la courte échelle. Il allait falloir faire preuve d’ingéniosité…

Selene n’était pas forcément pour arracher la barricade et réfléchir après, mais… peut-être qu’eux, ils estimaient que ce genre de risques se prenaient. Après tout, avec des vaccins et une fabrique de munitions, les marges d’erreur étaient plus confortables.

Kassandra puis May rejoignent l'embarcation où Ivy est installée. Elle les salue l'une après l'autre d'un hochement de la tête et d'un bref sourire. Puis, vient l'heure du départ. Ils ne perdent pas une minute et se mettent en route. Le temps n'est malheureusement pas avec eux. Il pleut, rendant tout forcément un peu plus compliqué. La vue est moins bonne, tout est plus glissant et les vagues agitent le bateau.

La médecin écoute la question de Kassandra puis la réponse de May. Elle n'a rien à rajouter. De son côté, elle est seulement là pour assurer la sécurité côté médical. Que vont-ils trouver là-bas ? Rien de bien dangereux, elle l'espère. Ce serait plus simple si les lieux étaient bel et bien vides pour qu'ils y installent une zone de repli. Ils arrivent bientôt en vue des terres et la voix de Logan résonne dans le talkie : l'équipe de May doit prendre le côté droit une fois sur terre. Les yeux de la brune fouillent la plage, sans rien voir hormis quelques corps, des branchages.

Dès que ses pieds fouillent le sable, Ivy repère un rôdeur. L'homme, ou ce qu'il en reste, est gonflé d'eau, , il tente de ramper sur le sol et n'est donc pas bien dangereux dans son état mais elle le trépane pour plus de sécurité. Il ne faudrait pas qu'il leur attrape les pieds s'ils doivent fuir en urgence par les eaux. Elle tente de réprimer le haut le cœur qui lui monte à la gorge lorsque la lame de son couteau rentre dans la chaire en décomposition de la charogne. Décidément, l'odeur de décomposition avancée, elle ne s'y fera pas.

Puis, elle suit le reste de son équipe, restant vers le milieu, laissant May en première position. Ils arrivent à un premier bâtiment. « Tu vois quelque chose ? » souffle-t-elle tandis que les vitres sont inaccessibles de sa position. Ivy serre son arme à feu dans les mains, aux aguets. Elle n'hésitera pas à s'en servir s'il le faut mais espère tout de même qu'ils éviteront une mauvaise rencontre.

Kassandra tourne finalement la tête vers May. Qui prends le temps de répondre à sa question. Donc, plus ou moins à l'aveugle. Pas très rassurant. Mais si le but est de sécurisé bien que la zone soit surveillée. Kassandra note le tout dans un coin de son esprit, accordant un sourire à May face à ce conseil qu'elle n'hésitera pas à mettre en place. Elle préféra ne pas parler d'avantage puisque tout le monde semblait muré dans son silence.
Et si c'est pour entendre le language fleurie de Logan, autant ne pas ouvrir la bouche tout court.

A l'arrivée sur la rive, Kassandra suit de près Ivy et May, l'équipe qui va donc vers la droite. Côté droit de la rive, la blonde ne voit pas grand chose. Le sable humide ne laisse voir que des objets que l'eau à laisser échapper en redescendant. Le mouvement d'Ivy l'oblige à tourner la tête. Un simple rôdeur. Qui a bien du muter avec un poisson ballon étant donné la taille de son ventre. Probablement gonflé d'eau.

Le premier bâtiment se dessine devant le petit groupe. Pour la petite mission, Kassandra a demander à avoir plus que son cran d'arrêt, histoire de pouvoir se défendre avec plus d'aisance. Une arme de poing avec quelques balles. Mais elle aimerait ne pas les utiliser. Elles sont précieuses. Même si sécurisé un endroit veut forcément dire rencontre complexe. Kassandra jeta un oeil au loin, au delà de la voie rapide qui est finalement plus praticable au vue des carcasses. Kass s'approcha d'une des portes du hangar.

- J'ouvre et vous me couvrez ?

Histoire de voir si quelque chose ne sort pas du hangar dès que la lumière pénètre dans la zone. La blonde presse la poignet de la porte mais rien ne bouge finalement. Elle grommelle un peu et tourne la tête vers son groupe tout en ajoutant.

- Finalement, on va pas passer par là... Il y a sûrement une sortie de secours... ou une fenêtre.. On peut tenter de casser une ? Celle-là n'est pas très haute, on peut s'y hisser ?

Dit-elle en pointant une fenêtre situé à deux bons mètres de haut. Clairement, ce n'est pas avec ses petites jambes qu'elle y parviendra mais avec un peu d'aide. Alors qu'elle recule d'un pas, c'est un violent coup contre la porte qui la fit sursauter. Un coup, puis deux, comme si quelqu'un fonçait dessus en véhémence.

- Ok.. Il y a un gros truc là ou plusieurs.

Une chance que la porte ne se soit pas ouverte, donc. Un regard vers May puis Ivy. A la recherche d'une idée, d'un conseil en plus. Elle jeta à nouveau un oeil vers la fenêtre situé un peu plus haut.