- MAIS CA REND PAS LA NOUVELLE PLUS FACILE A ENCAISSER !!

Ca pouvait être la veille, il y a deux ans ou quasiment dix ans à présent, ça ne changeait pas le côté douloureux de la chose. Tucker ne comprends pas comment son père pouvait encore aimer quelqu'un qui l'avait abandonné lui et Tucker. Il n'y a pas de deuxième chance dans ce cas là. Mais Tucker aurait voulu savoir. Même si ça avait été douloureux, même s'il aurait probablement fondu en larme, mais il aurait su les choses. Et s'il comprends que son père à raison, qu'il n'y avait pas de bon moment pour le dire, il n'empêche que tout reste douloureux.

- JE SAIS PAS ! JE SAIS PAS ! MAIS JE ME SENTIRAIS PAS AUTANT TRAHIS DE TA PART SI CA AVAIT ETE FAIT ! JE M'EN FOUS DE L'AGE ! QUE CE SOIT A TROIS ANS, HUIT ANS OU QUINZE !

Qu'il hurle finalement. Il se fichait du discours, il se fichait de l'âge qu'il aurait eux. Il aurait aimé de l'honnêteté de la part de son père. Pour autant, Tucker en a marre et ne se sent plus de faire face à son père. Alors, lorsque les larmes grimpent à son regards, Tucker hurle sur son père de s'en aller. De le laisser seul et de tenter d'accepter tout ça.

Sauf qu'il refuse. Ses mains glissent sur son visage alors qu'il renifle. Il veut rester seul mais Adrian ne semble pas prêt à le laisser tranquille.

- MOI ?! J'EN SAIS RIEN ! J'AURAI ESSAYÉ D'ASSEOIR MON GOSSE POUR LUI PARLER ! J'AURAI PAS DIT LITTÉRALEMENT QUE SA MÈRE EN AVAIT RIEN A FOUTRE MAIS J'AURAI RÉPONDU À SES QUESTIONS !

Un nom, prénom, un physique ou une personnalité. Et Tucker était persuadé qu'il aurait tenté d'expliquer qu'il n'était pas possible de la connaitre parce qu'elle ne voulait pas. Tout sauf le mensonge. Tucker renifle en laissant tomber son derrière sur son lit. Frottant ses mains à son visage, il avait l'impression d'être un gosse et de ne rien arriver à faire.
Qu'est-ce qu'il doit faire pour qu'il s'en aille ? Est-ce qu'il devait lui coller la droite qu'il avait envie de lui donner depuis le début de cette conversation.

- Je t'en supplie, sors d'ici ! Laisse-moi tranquille !

Qu'il ajoute en se redressant, les poings serrés. Il ne veut pas en venir au main avec son propre père. Alors il approche et pointe la porte de son doigt.

- Sors. Avant que je ne vienne perdre mon sang froid. Je ne veux pas te frapper, sors !

Deuxième avertissement.

Quoiqu'il aurait pu dire, de plus ou de moins, peut importe la manière dont Adrian lui aurait dit toute la vérité, Tucker aurait eut du mal à l'encaisser. Ce que son père peut totalement comprendre, mais ça ne l'empêche pas d'avoir le cœur d'autant plus déchiré avant qu'il n'entre dans ce foutu tipi, maintenant que tout avait été dit. Adrian encaisse les paroles de son fils, il a les épaules pour, encaisse aussi sa réaction, mais ne peut mentir sur le fait qu'il se sente mal, lui aussi. Et n'importe qui serait dans le même état, s'il aimait son fils autant qu'Adrian l'aime.
Tucker en déduis alors être une trahison. Un mot assez dur qu'Adrian ne s'était jamais préparé à entendre. C'est donc un coup de marteau bien placé qu'il prend derrière la tête, alors qu'il a la douloureuse impression que son cœur est en train de se décrocher de sa poitrine. Jamais il n'avait eut l'intention de trahir, qui que ce soit, encore moins son fils. Jamais.
Essayant de ne pas trop s'embrouiller entre la douleur et le désespoir, Adrian reprend plus fortement. « Arrête tes conneries tu veux ! Tu dis ça maintenant parce que t'es en âge de comprendre ! » Après tout, c'est ce que le romancier avait tenu, que Tucker soit en âge de bien comprendre, d'avoir assez de maturité pour qu'il lui dise cette vérité. Il y a quelques années de cela, Adrian n'aurait jamais eu la force de prendre son petit garçon sur ses genoux pour lui dire qu'il n'aura jamais de figure maternelle, et qu'il devra ainsi, grandir qu'avec un seul parent. Non, il n'aurait jamais pu. Faute à lui, sans doute. Mais qui aurait pu faire mieux ? Qui aurait trouvé le courage d'éteindre les yeux émerveillés d'un gosse ? De lui ôter tout espoir d'avoir une mère ? ...

Le ton monte lourdement dans ce tipi, les échanges se font plus douloureux et poignant les uns que les autres, ne laissant aucun passant indifférent, non loin de leurs présences. Mais Adrian s'en fiche. Si Tucker a le besoin d'extérioriser de la sorte, qu'il le fasse. La colère n'est qu'une étape après tout dans l'assimilation d'une telle information, d'une telle prise de conscience.
Voyant les yeux larmoyants de son fils, Adrian se sent de plus en plus démunie. Il ne regrette pas d'avoir tant attendu, mais regrette fortement de la tournure que prend cette discussion. Par manque de tact, sans doute, mais aussi par maladresse, Adrian avait été cru en lui disant que sa propre mère en avait réellement eut rien à foutre de lui. Ce qui était totalement véridique. Mais c'était ses mots à lui. Et de savoir que son propre fils avait été renié - toutes ces années - par la femme qui l'avait porté durant neuf mois, le rendait inévitablement malade. Rendant son timbre de voix encore plus grave, Adrian se défend. « PARCE QUE TU CROIS QUE J'AI JAMAIS VOULU REPONDRE A TES QUESTIONS, TUCKER ! TU CROIS QUE CA M'FAIT UN BIEN FOU DE TE DIRE CA ? J'EN AI SOUFFERT DURANT TRENTE TROIS ANNEES BORDEL !! ET VENANT D'UN PERE, CA N'AI PAS DU TOUT FACILE DE DIRE CA A SON PROPRE FILS ! » Que Cheryl l'ai quitté, ca a été son choix, Adrian s'en est remis. Mais que Tucker soit autant renié par sa mère, ça, il ne s'en remettrait jamais...
Quitte à en convaincre plus d'un, Adrian n'a jamais pensé qu'à sa gueule. Loin de là. Il voulait simplement protéger son fils, et aborder ce sujet, un jour.

Un silence qui ne tarde d'ailleurs pas à s'installer dans le tipi, du moins pour quelques secondes, laissant père et fils s'éloigner un peu plus, l'un de l'autre. Les poings sur les hanches, les épaules relâchées par tout ce poids qui est devenu bien trop lourd depuis le temps, Adrian se liquéfie sur place. Tucker ne désire plus sa présence près de lui, mais son père refuse de partir. Va falloir trouver un terrain d'entente...
Par ses dires, il le supplie de s'en aller. Mais Adrian reprend, le plus sagement possible, alors que sa voix s'écorche d'autant plus. « Non. Je partirai pas, Tucker. » Ni de ce tipi, ni de cette réserve. Comme une tique, il s'accrocherait à lui, sans pour autant comprendre - sur l'instant - que son fils a besoin de se retrouver seul. Adrian ne tient pas à le laisser seul, jamais il ne pourrait.

Louchant de peu sur les poings serrés de Tucker, la mâchoire d'Adrian se crispe, prête à encaisser ne serait-ce qu'un revers de sa part et fronce difficilement des sourcils. « Ah, parce que tu compte sérieusement frapper ton vieux père ? C'est donc ça tout ce qu'on a pu t'apprendre ?! Répondre par la violence ?! » dit-il sur un ton légèrement provoquant, alors qu'il s'avance vers lui, de quelques pas. « Vas-y Tucker, frappe, et t'as pas intérêt à te louper ! » Débordé par la colère de voir que son fils oserait lever la main sur lui, Adrian s'égare dans ses paroles. « Frappe j'te dis ! VAS Y ! J'TE TEND MA JOUE REGARDE !! » Chose dite, chose faite. Il lui tend la joue.

Au fond de lui, Tucker savait très bien que la situation n'était pas facile pour son père. D'avoir finalement tout fait pour lui, d'avoir tenter de combler au mieux l'absence de sa mère. D'avoir gardé un secret qui détruirait certainement une partie de son fils. Pour autant, la douleur et la colère lui étaient tellement imposantes, tellement présentes qu'elles brouillaient la partie logique de lui même. La discussion, qui pourtant, avait démarré correctement se transforme en hurlement. Sûrement entendu à l'extérieur du tipi par quiconque se trouve à l'extérieur.

- Ouais bah ça t'as pas empêché d'aller baiser celle qui en a rien à foutre de ma gueule ! T'en à souffert mais un coup de bite et ça repart, c'est ça ?!

Qu'il grogne finalement dans sa barbe. Un mensonge, c'est une chose. Une soeur, une trahison, c'était encore autre chose. Et que Bill soit à l'origine de cette nouvelle, de ce secret enfin libéré le rendait malade. Tucker ne veut plus parler, plus entendre son père. Il a l'impression qu'il appuie sur chaque endroit douloureux, chaque insécurité, chaque problème.
Alors il réclame son départ du tipi. Le laisser simplement tranquille le temps de relâcher la pression. Le temps de relâcher ce trop plein de colère qu'il peut ressentir.

Mais Adrian refuse, reste les deux pieds au sol. Tucker réclame de la solitude pour mettre de l'ordre dans son esprit. Les poings serrés, il aimerait que son père l'écoute. Puisse le laisser tranquille comme il en a l'envie. Mais Tucker a l'impression qu'Adrian ne le laissera pas tranquille, pas comme il en a l'envie. A la place même, Adrian se veut plus provoquant. S'approche même de trop près. Tucker recule d'un pas lorsque son père le somme de lui donner un coup. Parce qu'il ne veut pas en arriver là. Quand il tend sa joue, c'est trop pour Tucker qui bouge rapidement. Son poing droit s'abat sur la mâchoire d'Adrian avant que sa main gauche n'agrippe finalement son haut.

- TU CROIS QUE C'EST CE QUE JE VEUX FAIRE ?! JE VEUX QUE TU ME FOUS LA PAIX ! JE VEUX ETRE SEUL TU COMPRENDS PAS QUOI ??! JE VEUX PAS EN VENIR AUX MAINS AVEC TOI MAIS SI JE DOIS TE FAIRE SORTIR EN TE BOTTANT LE CUL, JE LE FERAIS SORS D'ICI !!

Tucker hurle, s'en brise la voix. S'il ne compte pas sortir, alors il sortira de lui-même. Et s'il culpabilise ouvertement d'avoir donné un coup à son père, il n'a pour le moment, aucune autre émotion que de la colère.

C'était calme, cette nuit. Assez pour qu'elle s'autorise une longue heure seule à genoux sur la structure, avec pour seul distraction le bruit du vent venant siffler à ses oreilles. Et sans doute que si le froid avait été moins intense, elle serait restée la quelques heures de plus. Avec Wakiza chez Sokanon, elle pouvait aisément profiter d'une solitude qu'elle peinait de plus en plus à obtenir, ne se décidant à rentrer que lorsque la plupart des lumières du campement s'éteignirent, dans l'espoir d'une nuit de quelques heures, à défaut d'être désormais apte à se reposer sereinement. Mais ça reviendrait. Doucement, mais sûrement.

Elle n'avait pas fait attention à Bill, ricanant non loin avec sa bande de nouveaux amis qui transpiraient autant l'intelligence que certains rôdeurs, venant tirer sur la sangle de son armure pour la délacer en rejoignant la section des tipis. Ici aussi, tout était calme. La nuit serait assurément sereine, en toute logique. Elle avait tout juste passé la tenture de son habitation pour venir jeter dans un coin son plastron et ses épaulières, quand des éclats de voix l'avaient purement stoppé dans son élan. Rien à voir avec les éclats habituels qui en venaient presque à la bercer, quoi qu'ils ne proviennent du même endroit. Fronçant les sourcils en venant ralentir ses mouvements, avant de reconnaître la voix d'Adrian rapidement après celle de Tucker. Pas assez pour en comprendre la discussion, suffisamment pour supposer que ça n'allait définitivement pas.

Et quand la dispute prit un degré plus élevé, elle abandonna l'idée de s'allonger. Se relevant d'un bond souple en entendant son frère hurler à s'en détruire les cordes vocales, sortant en trombe du tipi pour rejoindre le sien et entrer sans chercher à s'annoncer pour tomber sur une vision qui lui ferait voir presque rouge. Les sentiments entremêlés dans le regard de Tucker, la machoire rougie d'Adrian. Il ne lui faut qu'une seconde supplémentaire pour s'interposer entre eux et venir repousser le père du plat de sa main avec force pour l'éloigner, en faisant de même avec son apprenti.

Assez ! Quoi qu'il ait pu se passer, quoi qu'il puisse se dérouler, la dispute était close, ici et maintenant. Ses yeux noirs les fusillant en silence tour à tour, relevant une main vers Adrian pour le défier de venir contredire son autorité avant de se tourner vers Tucker, sondant sans mal une douleur spécifique dans son regard. Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi se retrouvait-il dans cet état, à lever la main sur son propre père ? La question se fait silencieuse alors qu'au moins, elle leur évite des gestes supplémentaires qu'ils regretteraient tous deux amèrement, sa voix vibrant d'une colère sourde. Vous allez tous les deux vous calmer immédiatement. Parce qu'ils n'avaient aucune envie qu'elle ne les rejoigne sur ce terrain la.