Je suis restée à Gig Harbor depuis Noël. Il faudra que je rentre bientôt cela dit. Je voulais aider les gens de The Hallows resté en arrière, mais il ne faut pas que j’oublie Junk Town non plus ! Surtout que Max avec son bébé, elle aura peut-être besoin d’aide ?

Bon, il faudra que je me prépare pour la route, c’est un peu plus d’une semaine pour rentrer. Je chasserai un peu et je récolterai ce que je peux sur la route. Le plus important c’est l’eau, après quelques racines ici et là… Un écureuil ou un lièvre. Ça ira.

Je suis près d’un des braséros quand je vois une tête que je connais. Rafael ! Je lève la main pour le saluer et c’est un cri strident qui perce l’air en cette matinée fraiche. JE sursaute comme bien d’autres et tourne la tête en direction des bois environnants.

Un Náshdóítsoh !

Mon cœur bat un peu plus fort, alors que l’adrénaline s’engouffre dans mes veines. Les Cougars sont des protecteurs, plutôt de bon augure, mais j’ai toujours du mal avec ce qu’il s’est lors du convoi. Avec l’enfant…

Mes deux billes vertes se posent alors immédiatement sur Rafael.

- C’est peut-être le Puma du convoi ! Il nous a peut-être suivis lorsque l’on est rentré ! Mon regard se porte à nouveau sur le boisé. On pourrait… On pourrait s’assurer qu’il ne s’en prenne à personne d’autre ?

Rafaël avait passé la journée de la veille à nettoyer une des ailes de la prison – il ne savait pas vraiment quand elle serait occupée par plus de monde, si elle l’était. Mais il appréciait la compagnie des jeunes, alors que l’inquiétude le rongeait. La colère, aussi, par rapport à tous ceux qu’ils n’avaient pas pu protéger. Mais ils étaient trop peu nombreux, au final, à pouvoir combattre, de ceux qui étaient restés. Ils avaient fait de leur mieux, mais ça n’avait pas été suffisant. Il s’en voulait, de ne pas avoir tué le puma. De ne pas avoir empêché qu’il fasse plus de morts. Ressasser tout ça n’était pas bon et la compagnie l’aidait à ne pas broyer du noir en permanence, même si ça s’avérait compliqué pour lui.

C’est pourquoi il cherchait à se joindre à eux, pour un peu de répit, ce matin-là. Sa lance et son bouclier ne le quittaient pas, alors qu’il les déposait pour manger un peu des quelques ressources dont ils disposaient. Il ne voulait pas, plus, se sentir démuni, non préparé. Il était perdu dans ses pensées, quand le cri retentit, lui glaçant les sangs.

Accrochant le regard de Nascha, lui aussi, il se leva aussitôt d’un bond. « Tu penses ? Hors de question qu’on le laisse s’enfuir, de toute façon. » Que ça soit pour le fils de Shawna, pour Soo, pour les autres… Si ce n’était pas lui, tant pis, mais il n’aurait aucun scrupule à le tuer. « Allons-y ! » Accrochant rapidement son bouclier dans son dos, il se mit à courir, lance en main, sans plus attendre, cherchant à repérer les traces du puma qui, plus rapide qu’eux, leur avait faussé compagnie.

Mais les traces étaient fraîches : les herbes foulées écrasées, les feuilles frôlées et les branches brisées bien visibles. Il était bien plus facile de suivre sa trace, malgré l’urgence de la situation. « Là, il est passé par-là ! » Il était sûr de lui, et Nascha ne pouvait de toute façon que le croire, vu le ton avec lequel il l’affirmait. Tournant brièvement la tête, il vérifia qu’elle le suivait, sans ralentir l’allure pour autant.

Spoiler:

Je suis vraiment trop contente de Rafael soit aussi motivé que moi à rattraper ce puma. Je suis sûre que c’est le même, c’est obligé ! Et si ça ne l’est pas ? Est-ce que je devrais le tuer tout de même ? Pour protéger les autres ? Il y a quand même des enfants ici, peu mais il y en a… Et l’idée que l’histoire se répète me donne mal au cœur.

J’emboite donc le pas de Rafael, sans plus me poser de question. J’ai mes deux Tomahawks et mon couteau. J’aurais aimé avoir un arc, mais… Il faudra faire avec ce que nous avons. Un jour j’en achèterai un. Il le faut ! J’en rêve ! Ça et un cheval…

Bon, nous courons pour sortir par le portail de la prison et nous nous élançons approximativement dans les bois des alentours. C’est Raf qui repère super rapidement la trace du Náshdóítsoh. Je ne vérifie même pas tellement il a l’air sûr de lui, forcément il a repéré quelque chose qui ne trompe pas. Les secondes passent, puis les minutes. Nous nous enfonçons de plus en plus dans la végétation morte d’hiver. Certaines variétés d’arbres conservent leur feuille même durant l’hiver, ce qui nous cache un peu la vue. Ça et les buissons épais pleins de branches…

Je frissonne bien malgré moi. L’anticipation, le froid, l’excitation. Un grand mélange de tout ça. Soudainement, je perçois quelque chose pas très loin. Ça a attiré mon œil direct. J’attrape donc le bras de Rafael pour qu’il s’arrête, mettant mon index sur mes lèvres pour lui dire de rester silencieux. De mon index et de mon majeur ensuite, je pointe mes yeux, puis la direction dans laquelle je crois avoir vu le puma. Je crois qu’il vaut mieux de pas faire de bruit. Essayer de se fondre dans la nature pour ne pas alerter notre proie. Je mouille mon doigt avec de la salive et je le tends dans les airs, pour essayer de capter la direction du vent.

Oh merde. Il faut mieux changer de position, sinon notre odeur va parvenir trop vite au fauve. Je tire donc mon partenaire de chasse pour qu’il me suive.

Spoiler:

Leur avancée dans la forêt environnante se passait bien. Ils avaient beau peu se connaître, ils avançaient simultanément, dans le silence. S’il ne connaissait pas du tout le passé de Nascha, ils étaient sur la même longueur d’ondes, et c’était agréable. Savoir qu’elle voulait autant que lui en découdre avec le fauve qui avait infligé de nombreuses peines aux siens lui réchauffait un peu le cœur, alors qu’il était si démuni depuis qu’il s’était séparé des survivants. Il ne regrettait pas sa décision, surtout quand il avait croisé les alliés de Tiago et que son frère avait eu besoin de lui, quoi qu’il en soit, mais il n’allait pas nécessairement bien pour autant.

Alors se lancer dans cette course-poursuite, traquer la bête qui avait fait couler tant de sang, peut-être enterrer une partie de son corps et prier ses ancêtres pour qu’ils accueillent leurs âmes à leurs côtés, qu’ils apaisent les tourments des proches des morts… Il espérait que ça suffise à apaiser quelque peu son âme tourmentée. Bouclier brandi devant lui, ce dernier écartait les feuilles et les branchages dans son sillage, alors qu’il traquait les empreintes du félin.

Il se retourna, surpris, alors que le bras de la chasseuse se posait sur le sien, s’arrêtant instantanément, hochant la tête à ses indications. Un assentiment silencieux pour lui dire qu’il avait compris, alors qu’il changeait de cap, cherchant d’autres indications. Là ! Pointant quelques branches écrasées du doigt, il essayait surtout d’attirer l’attention de Nascha sur l’arbre derrière : plein de griffures. Soit le puma avait eu besoin d’affuter ses griffes, soit il avait cherché à monter. Avant d’abandonner, visiblement, les traces disparaissant subitement et ne semblant pas reprendre plus haut.

Avançant prudemment, il chercha d’autres troncs marqués. Comme les panthères, ils devaient dormir dans les arbres, non ? Faisant mine de dormir et essayer d’imiter l’animal, il pointa les branches épaisses dans les arbres plus haut, pour faire comprendre à son acolyte ce qu’il cherchait, non sans pointer, à sa ceinture, les mousquetons et les pitons qu’il y portait. Elle ne savait pas que c’était son métier avant tout ça, d’escalader, mais elle pourrait sûrement les reconnaître et déduire qu’il pouvait monter aux arbres aisément.

Spoiler:

J’écarquille en grand les yeux alors que Rafael me montre le tronc complètement griffé par le puma. Forcément c’est lui, c’est ce qu’ils font ! Les chats aussi le font… Je regarde en haut, dans les branches, mais je ne vois rien. Notre proie n’est pas dans cet arbre. Ça compliquerait beaucoup les choses qu’il soit en hauteur, on pourrait toujours essayer de le faire descendre ? Ce serait risqué, non ? Mon esprit s’emballe déjà en essayant de trouver des solutions à des soucis qui ne se sont pas encore présentés, mais je sors rapidement de mes pensées, tandis que Raf continue d’avancer.

D’autres troncs semblent marqués et mon ami s’arrête. Il me mime quelque chose et je comprends assez rapidement. Est-ce que le puma dort dans les arbres ? Oh, je ne sais pas à dire vrai. Parfois, j’ai l’impression de connaitre tellement de choses et en même temps de ne rien connaitre à la fois… Je sais reconnaitre les traces ou le cri, mais ensuite ? Déjà à la maison j’étais trop jeune pour avoir autant de savoir, puis ici… tout est si différent d’à la maison.

Mon regard tombe sur l’équipement qu’à Rafael et je crois que ça sert à grimper. J’en ai déjà vu dans une boutique de sport, il me semble. Section escalade ! Je relève les yeux et essaie une fois de plus de fouiller les différentes ramures environnantes. Ce n’est pas hyper facile tellement il y a d’arbre autour de nous, mais l’hiver a certainement un grand avantage ! Aucune feuille dans les arbres.

C’est pour ça que je le repère direct ! Plusieurs mètres plus loin. Je saisis le bras de Raf, à la fois excitée et appréhendant la suite. Il est là ! En train de dormir. Je retiens mon souffle bien malgré moi. Je demande à mon compagnon du jour d’attendre un peu, je ne sais pas s’il a le pas aussi léger que le mien. Si on peut surprendre notre proie et déjà la blessée, je veux être certaine qu’on va y arriver. Je commence donc à m’approcher tout en silence, comme une ombre. J’évite les débris sous mes pieds et j’arrive à m’approcher sans que l’animal ne m’entende. Bon, c’est le moment où jamais. J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure. Je n’ai pas souvent lancé mon Tomahawk, mais il faut que je touche ma cible ! Il le faut !

Je me positionne et prends mon élan… j’y mets toute ma force et lance mon arme. Cette dernière virevolte dans l’air, mais à ma grande déception, mon Tomahawk choppe quelques petites branches qui le fond ralentir et au lieu de touché le Puma, c’est le manque qui cogne contre la branche sur laquelle il dort. La scène se déroule en une fraction de seconde sous mes yeux. Tandis que mon arme retombe vers le sol, le Puma lui est surpris. Sorti de son sommeil soudainement, il panique et… dans son sursaut, n'arrive pas à s’accrocher à sa branche.

La suite, je n’aurais même pas pu l’inventer.

La bête tombe de son perchoir, lourdement, mais sur ses pattes à quelques mètres à peine de moi. J’ai l’impression que le temps s’arrête, alors que nos regards se croisent…

Spoiler:

Nascha avait fini par le devancer et le gitan était parti à sa suite sans hésitation. Elle semblait sûre d’elle et savoir ce qu’elle faisait, alors qu’elle observait à son tour la cime des arbres. Lui continuait à regarder leur base, pour voir si d’autres traces de griffes les parsemaient. À eux deux, ils ne pourraient pas le louper. Il s’arrêta subitement sous la pression de la main de la jeune fille sur son bras, alors qu’elle lui faisait signe de ralentir l’allure et de la laisser agir. Hochant la tête, tentant de rester discret, il arma toutefois sa lance, prêt à assaillir l’animal dès qu’il serait à portée… ou à la lui lancer dessus si nécessaire. Il se recula toutefois légèrement, essayant d’éviter de faire crisser les feuilles et autres brindilles qui parsemaient le sol pour ne pas alerter le fauve, peu désireux que l’animal massif lui tombe dessus et l’assomme.

Retenant difficilement une exclamation en voyant l’animal tomber, il perdit totalement le cap, incapable de réagir à temps pour l’attaquer avant qu’il ne reprenne ses moyens et recula de plusieurs pas alors que l’animal feulait de mécontentement. Un peu plus et il passerait à l’attaque. Reprenant contenance au bout de plusieurs longues secondes, l’apprenti-chasseur piqua de sa lance la fourrure du puma, peinant à percer sa peau épaisse, se protégeant lui-même tant bien que mal derrière son bouclier… au cas où. Il l’avait égratigné, c’était certain, mais à peine assez pour attirer son attention. Les yeux perçants de l’animal étaient plaqués sur Rafaël, peu à l’aise.

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Je crois que tous les trois nous sommes un peu sous le choc de cette chute. Le puma, Rafael et moi. Le temps semble se suspendre un instant et nous nous éveillons tous à la fois. Le puma feule et tente d’atteindre Rafael derrière son bouclier, après que la lance de celui-ci ait piqué la chair du fauve.

Ni d’une ni de deux je m’approche à mon tour et abats mon Tomahawk dans le dos de l’animal. J’ai tout juste le temps de me dépêcher à recule avant qu’une patte ne manque de me happer. L’animal hurle de douleur. Il feule à nouveau, cherchant visiblement une échappatoire. Un animal acculé et blessé est des plus dangereux.

Du sang coule contre sa fourrure et vient tacheter la fine couche de neige blanche au sol. Il boite, sa respiration semble plus profonde, plus difficile. L’entaille que je lui ai faite avec mon Tomahawk est béante. L’on voit aussi aisément l’endroit ou la lance de Raf a percé des muscles. Il nous faut achever la bête, venger le bambin et sa mère.

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