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Le temps était long, à Gig Harbor, pour Rafaël. Les gens allaient et venaient, et s’il appréciait rencontrer de nouvelles personnes, il avait un peu le mal du pays : aucun des gens de Fort Nisqually n’était là, et ne pas avoir suivi son frère et Kaycee l’avait atteint plus qu’il ne le pensait. Il passait tout son temps à nettoyer des coins encore inexploités de la prison ou à en renforcer les défenses, mais ça ne suffisait pas souvent à empêcher quelques sombres pensées de l’assaillir. Tiago lui avait promis d’être prudent et ne pas se frotter aux pirates. Ses amis devaient être en sécurité à Yakima. Luna, qu’il avait appris à apprécier, allait mieux et était repartie avec son frère et sa compagne. Il se répétait souvent ces phrases, du moins, pour essayer de calmer ses inquiétudes. Il y ajoutait régulièrement la prière muette que Keira, elle, soit en sécurité. Elle ne faisait pas partie des groupes victimes des pirates, et il espérait qu’elle ne soit pas mêlée, malgré elle, à cette histoire. Il avait imploré ses ancêtres de veiller sur elle comme ils veillaient sur lui, forcé de prendre conscience à quel point il tenait à elle – même s’il avait que peu de doutes à ce sujet. Il revenait aussi en boucle sur ce qui s’était passé pendant le convoi, qu’ils n’avaient pas su protéger suffisamment…

Actuellement chargé de surveiller les environs, et les arrivées, il avait plus de temps que nécessaire pour ressasser tout ça, même s’il se concentrait sur les environs de la prison. Il ne voulait pas risquer une surprise impromptue, que ça vienne de l’intérieur des terres ou de la mer – même s’il ne fallait pas se montrer automatiquement méfiant envers les différentes venues, notamment parce que Sanctuary Point cherchait à faire connaître son activité de construction et réparation de navires… comme celui qui venait d’accoster à proximité, donc, sur lequel il braquait ses prunelles.

Descendant rapidement de son poste de surveillance improvisé, le gitan vérifia que son bouclier était bien accroché dans son dos, saisit sa lance et partit à leur rencontre, conservant son sérieux, dissimulant à peine sa méfiance. Accueillir les gens, oui, mais pas sans leur demander la raison de leur venue. Sans brandir son arme, il attendit tout de même que les inconnus débarquent, ne pouvant retenir sa surprise en voyant une des jeunes femmes présentes à Cliffdell et… Son cœur rata un battement et il se mit à sourire comme un idiot, avant de se forcer à se ressaisir. « Bonjour. Veuillez annoncer la raison de votre présence ici, et présenter votre autorisation de séjour. » Il n'avait pu s’empêcher de plaisanter : il s’agissait là d’alliés, assurément. Après tout, Chiara avait accompagné le convoi, et Keira… Keira ne pouvait pas leur nuire, voilà tout. Même s’il ne connaissait pas la dernière personne. Discutant brièvement avec elles trois, il indiqua les lieux communs aux deux autres femmes, retenant Keira à ses côtés pour l’embrasser loin des regards indiscrets. « Je ne savais pas que tu viendrais. » Comment aurait-il pu ?

Keira trépigne d'impatience à bord du voilier. Elle a l'impression que la légère embarcation ne va pas assez vite. Pourtant, le vent souffle bien et le bateau fend les vagues avec facilité. Ils ont quitté leur refuge il y a peu de temps et le trajet lui semble déjà interminable. Elle retient un énième "C'est quand qu'on arrive ?" dont elle se doute que ça ne fera qu'agacer plus les autres. Son regard passe sur la côte qu'ils longent. De temps en temps, elle repère un mort qui erre dans les rues ou sur la plage. C'est toujours le même triste constat : partout, la mort règne, le danger ne faiblit pas. A d'autres moments par contre, elle repère de la vie sauvage : une biche, un héron, un sanglier. La nature reprend ses droits aussi maintenant que l'activité humaine se fait plus rare.

Et puis, finalement, la marina de Gig Harbor apparait enfin sous leurs yeux. Keira laisse sagement les autres descendre en premier et son cœur rate un battement quand elle voit qui vient les accueillir : Rafaël en personne. Lorsque sa voix résonne, un grand sourire illumine son visage. « Bonjour ! On vient pour vous piller toutes vos provisions et pour dévaliser vos maisons ! » lance-t-elle d'une voix joyeuse avant de se retourner vers ses alliés. « Je le connais, ça va! » les rassure-t-elle avant qu'ils ne se demandent quelle mouche avait bien pu la piquer.

Ils discutent quelques secondes et Keira a bien envie de faire partir plus vite Chiara et Reed pour se retrouver enfin en tête à tête avec Rafaël. Ce moment arrive enfin et elle l'embrasse longuement, contente de constater qu'après ces longs mois sans se voir, il ne l'a pas oublié. « Surprise... » lance-t-elle en écartant les deux bras avec un sourire malicieux. Keira a les joues toutes rouges, elle est sincèrement heureuse de revoir Rafaël. « J'ai fait des pieds et des mains pour avoir le droit de les accompagner » Bon, en vrai, pas tellement non plus, les Inglorious Fuckers n'avaient pas mis longtemps à accepter qu'elle fasse partie du convoi. « J'ai vraiment espéré que tu ne sois pas parti avec les autres » Et ses prières semblent avoir été exaucées. « Tu es bien installé ici ? » demande-t-elle alors en lançant un regard curieux derrière son épaule.

La surprise était de mise et, il devait l’admettre, elle allégeait instantanément son humeur. Le regard malicieux, cette voix qu’il aurait reconnue les yeux fermés… Oui, il ne pouvait cacher être réellement heureux de la voir là alors qu’il n’envisageait pas de voir de visage familier prochainement, hormis ceux qui gravitaient autour de la prison en pleine réhabilitation. « Trop tard, mes espions se sont déjà invités sur votre bateau pendant que je vous distrayais et on vous a piquées toutes les vôtres ! » Il devait sembler bizarre à ses deux alliées, mais qu’importait ? Se rapprochant, il se présenta brièvement à Reed après avoir salué Chiara. « Je vous emprunte Keira, je vous la rendrai contre une rançon. » Ou peut-être qu’il ne la rendrait pas avant le lendemain. Voire pas du tout.

De toute façon, elles n’insistèrent pas, s’éclipsant rapidement. « La meilleure des surprises. Je serai vraiment obligé de te li… » S’il avait été interrompu, il préférait mille fois ce baiser à sa blague, le lui rendant avec un peu d’avidité. « Je ne pensais pas te revoir avant longtemps. » Mais force était de constater qu’elle était douée pour le prendre à dépourvu, depuis le début. Un trait de caractère qu’il appréciait chez elle. De toute façon, il avait été forcé de se rendre compte à quel point il était attaché malgré lui, après en avoir parlé à ses proches, même s’il ne comptait pas l’effrayer en le lui disant. « C’est parce que tu tiens à tout prix à faire notre compétition, avoue-le ? » La prenant dans ses bras, il chuchota à son oreille. « Tu m’as manqué. »

L’embrassant brièvement sur l’épaule, il la libéra pour mieux l’observer et s’assurer qu’elle était vraiment là. « C’était… compliqué de les laisser derrière. » Ou de faire demi-tour sans aller à Yakima. « Autant que possible. C’est… austère. Mais on privilégie surtout notre protection. » Même s’ils essayaient de rendre les lieux un peu plus confortable. « Tu vas bien ? Tu restes combien de temps ? » Et que venait-elle faire à Gig Harbor, d’ailleurs ? Toute aide était la bienvenue dans tous les cas.

« Hmm tes espions sont des petits singes ? J'ai vu personne moi ! » glisse-t-elle en référence à Abu, le petit singe d'Aladin qu'ils avaient évoqué quelques mois plus tôt. « Nos ressources sont pour vous aussi de toute manière ! » Ils ont emmené quelques petites provisions pour aider ceux de la prison. Et puis, c'est évident qu'elle partagera ce qu'elle a avec Rafaël !  « Hé ! C'est peut-être moi qui vais te séquestrer ! » réplique-t-elle, une petite note amusée dans la voix. « Il va falloir que je demande à faire de la place dans la cale du bateau pour te ramener avec nous ! » La brunette lui lance une œillade malicieuse.

Keira l'embrasse, lui coupant la parole. Quand leurs lèvres se séparent, un petit sourire illumine son visage. « Pardon, tu disais ? » Elle hoche la tête, oui, elle non plus, ne pensait pas pouvoir revenir avant un moment mais l'opportunité tombait bien. « Exactement, je tiens plus que tout à notre compétition. Tu as trouvé un endroit d'ailleurs ? » demande-t-elle avec un petit air de défi dans le regard. Elle n'a rien oublié ! Keira un petit frisson en entendant sa voix à ses oreilles. « Tu m'as manqué aussi » souffle-t-elle.

« Oui, je m'en doute » souffle-t-elle, désolée pour lui quand ils évoquent son groupe. « Vous n'avez aucune nouvelle ? » Elle sait peu de choses à propos du convoi et de l'installation de The Haven là-bas. Elle a eu quelques échos du voyage par Chiara mais elle sait qu'ils ont du rebrousser chemin pour garder le lieu secret. Keira le comprend aisément. Actuellement, aucun lieu n'est sûre et s'il est gardé secret, la sécurité n'en sera que plus forte. Après, ils ont peut-être un système de communication.

Keira écarte les deux bras. « J'en sais absolument rien ! » glisse-t-elle à propos de la durée de son séjour ici. « Le plus possible j'espère ! » Keira lie ses doigts aux siens et serre sa main. Elle est heureuse d'être ici et est plus que soulagée de constater que Rafaël semble content lui aussi. « Tu me fais visiter ? » demande-t-elle alors. « Il y a beaucoup de monde ici ? T'as une chambre pour toi ? Vous mangez quoi ? Vous êtes en sécurité ? Il y a pas trop de rôdeurs dans le coin ? Il y a d'autres personnes de ton groupe ? » Elle s'arrête, se rendant compte qu'elle ne le laisse pas répondre et enchaine les questions. « Oupsie, désolée » Un petit sourire soulève ses lèvres. « Je suis trop curieuse et beaucoup trop bavarde ! » Elle a un petit rire, presque gênée.

Rafaël ne put s’empêcher de sourire, alors qu’elle évoquait la forme que prenaient ses espions. « Un bon voleur ne dévoile jamais ses tours. » Pas qu’il envisage réellement de dérober les provisions qu’ils avaient amenées, de toute façon. La survie était bien assez dure pour qu’il ne se livre pas à un tel vol, surtout sachant que ça concernait Keira. Il ne put s’empêcher d’ouvrir la bouche un peu plus longtemps que nécessaire, alors qu’elle évoquait le fait qu’ils avaient prévu de partager. Ils étaient particulièrement coupés du monde ici. Était-ce Olivia qui avait sollicité leur aide ? Remise de ses blessures, elle avait fini par quitter les lieux à plusieurs reprises, si bien que Rafaël ne savait pas vraiment où elle se trouvait. « C’est vraiment gentil à vous. » Prenant la main de Keira, il l’embrassa doucement. Tout lui semblait moins sombre, soudainement. « Tu veux dire que je suis gros, là ?! Et si c’est moi qui décide de te garder dans une des cellules ici ? La plus confortable, cellule cinq étoiles, évidemment ! »

Il secoua vivement la tête. Ce qu’il disait ? Il n’en avait aucune idée, et n’y accordait pas vraiment d’importance, alors qu’elle était là avec lui. Ça lui reviendrait sûrement et il espérait qu’ils aient le temps de parler. « Eh bien… Il y a une sorte de clairière qui accueillaient très probablement des spectacles, non loin. Il y a des sortes de gradins dedans, taillés à même la pierre. Le sol est suffisamment dur pour y faire de la gym, mais suffisamment mou pour moins risquer de se blesser. » Il n’avait pas pensé à ça tout de suite, mais… Ça serait pas mal, non ? « Je pourrais escalader les gradins ou les murs de la prison, et tu pourrais en mettre plein la vue à tout le monde ! » Souriant d’un air malicieux, il la prit dans ses bras, l’embrassant dans le cou. « Et j’espère que tu auras un beau justaucorps, qui te met bien en valeur… » Pas qu’il ait besoin de ça pour apprécier d’avoir Keira à ses côtés, mais pourquoi pas ?

« Je… Non, ils doivent préparer le camp. Et le sécuriser. Ils seront bien à l’endroit où ils sont installés, mais il faut repartir de zéro. Tout refaire. » Ça leur prendrait du temps. Les esprits seuls savaient quand ils entreraient en contact avec eux. « Mais tout ne peut qu’aller bien… » Il essayait du moins de s’en convaincre. « Certains ont succombé aux rôdeurs, pendant le déménagement… D’autres à un puma… » Il en culpabilisait encore. Mais il n’avait pas envie de gâcher leurs retrouvailles. « Je peux préparer un argumentaire pour dire que ta présence ici est essentielle, si tu veux ! » Il s’efforçait de lui adresser un sourire, même s’il était un peu moins enthousiaste, sans que ça n’ait rien à voir avec elle. « Les gens vont et viennent ! Pour l’instant, on est très peu. Peut-être 6 ou 7 avec vous ? » Tous ne disaient pas quand et si ils reviendraient. « J’aime quand tu parles, j’ai l’impression que tout est normal. » Que les pires horreurs n’avaient pas de prise sur ce monde. « On a aménagé quelques cellules, avec des couvertures et des sacs de couchage. Il y en a suffisamment pour qu’on en ait une chacun, même si on reste proches pour la sécurité. On mange… ce qu’on chasse, ce que Sanctuary Point nous fournit, aussi. On se restreint au maximum. » Les jours où ils mangeaient à leur faim étaient un lointain souvenir. Mais il était habitué, avant de rejoindre Fort Nisqually. « Et toi alors ? Qu’est-ce qui vous amène ici, mis à part ma charmante compagnie ? Est-ce que tu veux voir quelque chose en particulier ? On a aménagé un espace où on peut faire du feu en relative discrétion et où on prend nos repas. On y joue, parfois, pour se détendre. On a déniché de vieux jeux de société dans une maison abandonnée – ça a l’air super naze mais… ça occupe. Je joue de la guitare, aussi. Je m’entraîne… » Il cherchait à s’occuper, pour ne pas devenir fou. « Et bien sûr, on construit des barricades, on met des pièges, on sécurise tout du mieux possible. » Un long travail qui ne serait pas fini de sitôt.

« Oouuuh dans une cellule » Keira écarquille les yeux. De tous les refuges qu'elle avait pu investir, la prison restait une inconnue ! « Toi gros... » Elle fait les gros yeux. Oh non, il est loin d'être gros, au contraire, il parait même avoir perdu un peu de poids depuis qu'ils se sont vus, non ? Et en parlant de nourriture, elle a une illumination. « Tiens ! » Elle farfouille son sac pour en sortir quelques biscuits cuisinés au domaine. « C'est pas grand chose, mais je sais que les prisonniers sont soumis à l'eau et au pain sec » lui lance-t-elle avec une œillade malicieuse. Elle lui donne aussi un thermos de thé à la menthe, ou d'une infusion de plantes qui y ressemblent en tout cas. Au moins, il mangera un peu plus ce soir.

« Oh non.. » Keira frappe sa tête avec la paume de sa main. « Je savais que j'avais oublié quelque chose... Mon justaucorps ! » Elle le taquine évidemment. « Et bien, j'ai hâte de faire tout ça ! » Les entrainements, les démonstrations.. A vrai dire, elle est enthousiaste à l'idée de faire n'importe quoi tant que c'est avec Rafaël ! Ses doigts se nouent aux siens et s'y accrochent avec tendresse.

Elle écoute attentivement le récit concernant le groupe de son petit-ami. Elle en a déjà eu connaissance par Chiara évidemment, mais elle reste assez admirative de l'affrontement avec le puma. « Chiara m'a dit que tu avais été super courageux » Elle vient coller un bisou sur sa joue. « Et... » Elle reprend un air beaucoup plus grave. « Désolée pour ceux qui n'ont pas survécu... » Un tel voyage avec autant de monde entrainait forcément des risques mais c'était triste.

Rafaël lui souffle qu'il aime bien quand elle parle parce que tout parait normal. Elle rougit un peu. « Je suis trop bavarde c'est pour ça » Elle a toujours un débit de paroles beaucoup plus accentué que la gros grosse majorité des gens. Elle n'y peut rien, elle n'aime pas le silence. « Tu dors donc bien dans une cellule » poursuit-elle, impressionnée. Elle l'écoute attentivement et lorsqu'il affirme qu'ils restent près des uns et des autres pour la sécurité, elle lui glisse, un petit sourire aux lèvres : « Hmm, et tu as quand même un minimum d'intimité ? » Non, parce que maintenant qu'elle est ici, elle n'est clairement pas là pour tricoter des pulls ! Keira compte bien profiter du corps de son bel Apollon.

« Je suis venue uniquement pour toi ! » Un grand sourire soulève ses lèvres avant qu'elle ne fasse un petit signe avec ses doigts. « Bon, peut-être aussi pour transporter quelques ressources » Et qu(a-t-elle envie de faire ? Elle pose un doigt sur ses lèvres pour réfléchir avant de continuer d'un ton enthousiaste « J'ai juste envie de faire le tour avec toi et découvrir l'endroit où tu vis... » Sa description des lieux est passionnante. Elle n'a pas de mal à imaginer à quel point ce doit être difficile de vivre ici.

Rafaël adressa un sourire qu’il voulait énigmatique à Keira. « Il paraît que certaines sont hantées, et qu’on entend des échos de duel, parfois, la nuit. Comme dans l’ancien temps. » Le très ancien temps, où les hommes ne connaissaient pas l’électricité, et se battaient au sabre. Ces histoires avaient toujours fasciné Rafaël, et il en inventait beaucoup, quand il se sentait seul, ici. Quand le silence menaçait de le rendre fou. Ils n’entendaient pas réellement d’échos fantomatiques, mais c’était peut-être l’une des rares choses qui l’empêchaient de devenir fou. De réellement entendre des voix. Le vrai point positif, malgré l’insalubrité d’une grande partie de la prison, c’était les ouvertures nombreuses. Sa claustrophobie était moindre, ici. Tout à ses pensées, perdu malgré lui, il sentit le paquet dans ses mains avant de le voir, se sentant submergé par la gratitude. « Il va falloir que je les mange maintenant, si je ne veux pas que les gardes me les volent ! » Pourtant, malgré la forte envie qu’il en ressentait, il étreignit Keira fortement – peut-être un peu pour cacher son émotion, aussi. « Je suis vraiment chanceux que tu sois là. » Et il ne disait pas ça pour la nourriture, mais juste de sentir qu’elle le soutenait était inestimable.

Finissant malgré tout pour la relâcher, il posa brièvement ses lèvres sur les siennes alors qu’il l’entrainait à sa suite, s’efforçant de retrouver contenance. « Pas de justaucorps ? Alors que je n’ai réfléchi à ça que pour pouvoir t’observer dans une tenue moulante qui t’irait assurément incroyablement bien ?! » Il avait beau essayer de prendre un air offusqué, c’était clairement raté, mais rien de tout ça n’avait vraiment d’importance, sinon son enthousiasme et de l’avoir près de lui. Et le réconfort qu’elle lui apportait, alors qu’elle essayait de le réconforter. Il la regarda avec surprise alors qu’elle mentionnait Chiara. Ils n’avaient, tous, écouté que leur courage, cherchant à limiter les dégâts, et à sauver les proies du fauve, malgré leur déconvenue et leur échec. Lui s’accusait de n’avoir pas été assez fort, assez préparé, assez réactif. Alors même s’il peinait à accepter ses compliments, elle lui mettait un peu de baume sur son cœur meurtri. « On a pas fait assez mais… Ça me fait du bien. » C’était tout ce qu’il pouvait lui dire. Il ne mentirait pas en disant bien le vivre.

Mais sa petite amie avait un don pour normaliser les choses ou, du moins, les dédramatiser, et c’était exactement ce dont il avait besoin. « Tu sais que je ne suis pas pudique, portant. Mais les cellules occupées sont assez éloignées. Pas trop, en cas d’attaque, malgré tout. Et le son portait. « Mais on a un système pour attacher des draps devant chaque cellule. » A défaut de plus d’intimité « Je n’en attendais pas moins de ta part ! » Pressant sa main, il précisa sa pensée. « De venir pile quand j’ai besoin de toi et avec ce dont on manque désespérément. Tu n'es pas une voleuse en réalité mais une magicienne, n’est-ce pas ? » Rien de moins. « Alors allons-y. Il n’y en a plus actuellement, et le gitan en était encore triste, Saba lui manquant cruellement, mais des écuries ont été aménagées dans un hangar. Autrement, ce sont les pièces classiques qui sont réhabilités. Une ancienne cafétéria, qui servait aux gardes je suppose, est devenue notre réfectoire. Ici, en montrant une pièce avec plusieurs lits improvisés, c’est le dortoir des visiteurs. Évidemment, je t’y préparerai un lit ! » Il lui adressait un sourire amusé, murmurant à son oreille. « Pour la forme, je ne compte pas te laisser y dormir, évidemment. » Tant qu’elle ne le désirait pas. Continuant la visite, il se tourna vers elle. « Alors ? Un vrai palace cinq étoiles, n’est-ce pas ? » Au minimum.