Thaïs hausse les épaules. Elle ne sait pas quel serait le sort d'Orpheus s'ils n'avaient pas du attaquer Telve. « Ce n'est pas grâce à nous. Tu ne dois ta survie qu'à toi-même » affirme-t-elle. Pas de dette donc. « Mais si tu cherches un logement, un groupe peut-être alors là, nous pouvons nous entendre. Ton travail de couturier contre un toit et de la nourriture. » Sous autres conditions qu'ils vont devoir lui expliquer s'il accepte, bien entendu. Thaïs ne dit jamais non à une paire de bras supplémentaire. Les Gentle Bastards sont un groupe ouvert et accueillant tant que leurs lois sont respectées.

Et à Daniel, elle hausse à nouveau les épaules. « J'en ai besoin de ce genre de banalités. » affirme-t-elle à voix basse. Cette "merde" comme il dit, ça lui permet d'oublier temporairement la tragédie qu'ils ont vécu et ça lui fait du bien. Penser à autre chose qu'à la mort d'Aamir est un soulagement, surement bref c'est certain, mais un soulagement quand même.

Orpheus finit par quitter les lieux pour se rendre à l'infirmerie. Thaïs le suit du regard avant de détourner les yeux vers les flammes. Ses mains cherchent une cigarette qu'elle allume. Le silence est pesant et les ramènent forcément tous à leurs souvenirs.

***

Les bras chargés par un mystérieux lourd paquet dissimulé sous un drap, Thaïs s'avance sur la péniche. En chemin, elle fait signe à Daniel de l'accompagner. « C'est Noël en retard les amis ! » Arrivée devant Orpheus, elle pose devant lui, sur la table, son chargement. S'il soulève le drap, il trouvera ce qu'elle lui a promis : sa fameuse machine à coudre qu'elle a récupéré sur la plate-forme. « Comme promis. » souffle-t-elle, pas peu fière. « Tout s'est bien passé » Ou presque, si on enlève les blessés mais tout le monde est en vie, c'est le plus important. « On a pu récupérer tous les otages et même mieux, on a des armes en plus. » Elle pose également devant lui un révolver et un fusil. « Je ne sais pas si tu sais t'en servir mais si ce n'est pas le cas et bien, tu apprendras ! » Elle est même une experte pour ce genre d'apprentissage, ancienne tireuse d'élite.

La brune sort également de sa ceinture un deuxième paquet qu'elle tend à Daniel. A l'intérieur, c'est le couteau de Russel qu'il trouvera. Nettoyé, affuté, elle a tenu à ce qu'il lui revienne. « Et ça, c'est pour toi. » affirme-t-elle. « Tu le reconnaitras surement. Son propriétaire est mort et j'espère que cette arme va te redonner de la force et te permettre d'aller de l'avant. » Sa main se serre un instant dessus et elle tente de transmettre une dose de courage et de force à Daniel avant qu'il ne la prenne. « Reese et Sam sont rentrées. Les autres otages aussi. » Sauf Joachim donc, mais ce n'est une surprise pour personne.

Thaïs tente d'accrocher le regard de Daniel lorsqu'elle lui pose l'arme entre les mains. « C'est fini. » murmure-t-elle alors. Le fils de pute qui l'a fait souffrir est bel et bien mort et balancé à la flotte. « Il faut que ça te donne de la force » insiste-t-elle. Il ne faut pas qu'il voit le mauvais côté de cet arme mais uniquement le positif. Son propriétaire était en position de force lorsqu'il l'a utilisé et maintenant il est mort alors que Daniel est encore en vie. « Ils ne reviendront plus. » Aucun pirate. Ils sont en paix maintenant.

La militaire hoche la tête lorsque son ami évoque Reese et Sam. « Tu pourras, oui. Elles sont fatiguées et... un peu bouleversées. » Surtout la future maman, Sam a l'air d'être plus maitre de ses émotions. Est-ce une façade ? Thaïs n'arrive pas à le savoir. A Orpheus, elle hoche également la tête. « Oui, elle va bien. » C'est un soulagement pour tout le monde, c'est certain. « On va les laisser un peu respirer mais dès qu'elles le voudront, vous pourrez aller les voir. » Ses yeux se posent sur la machine à coudre qui semble tant plaire au couturier. Visiblement, c'est un peu son bébé. « Je compte sur toi pour les protections en cuir du coup.. » souffle-t-elle, un petit sourire aux lèvres.

Elle se redresse. « Tenez-vous prêt. Nous n'allons pas tarder à rentrer aux Tinys House. Daniel, je compte sur toi pour montrer à Orpheus où on loge. Puis dans quelques temps, nous quitterons les lieux. Nous avons vécu trop de choses négatives ici, il faut aller de l'avant désormais. Nous avons une cage à refaire fonctionner ! » Elle se tourne vers le styliste : « Tu veux toujours faire partie des nôtres ? » lui demande-t-elle alors. Il a son destin entre ses mains. Thaïs ne le forcera à rien s'il a envie de partir, mais s''il veut rester, il a une place ici. Orpheus est un peu un pari pour elle : elle veut croire en sa bonne intuition, il a l'air d'être quelqu'un de bien.