Il va falloir une très grande bouillote alors ! Que je ris doucement, sans me moquer forcément. Erika semble tranchée sur sa position, plus à fuir la situation qu'à chercher à la résoudre. Et je dois dire que je comprends parfaitement pourquoi. Cela dit, vu comment ça s'est passé avec Sebastian, je peux juste témoigner que je n'ai pas fait exprès de l'aimer. Je ne te le reproche pas, si tu as besoin de parler, c'est bien que tu le fasses, que j'ajoute alors en haussant les épaules, avant de pincer les lèvres.

Ce n'est pas une bonne chose de garder ce qui nous fait mal pour soi, ça fait souffrir inutilement, c'est dommage, et puis, je peux écouter : Tu trouveras plus de personnes qui comprendront ta peine que l'inverse, et de toute façon, est-ce qu'elle se confierait vraiment à des personnes qui ne peuvent pas l'entendre ? J'en doute. Je lui offre un sourire plus doux. Je m'en veux de lui mentir et en même temps, je sais que ma relation doit rester un secret : Oui, je ne crois pas que ça soit vraiment un mensonge, cela dit.

Oui, je la comprends, et je le ressens aussi, parfois. Je ressens la même chose, que je lui confirme en soupirant. Et aussi, je me souviens que j'ai déjà vécu mon grand amour, alors je doute de pouvoir avoir une autre âme sœur, tu vois ? que j'ajoute avec un bref rire troublé. Dans ces moments-là, Calvin me manque. J'ai encore l'impression de le tromper à m'être entiché d'un autre, et à attendre son enfant. Je suis toujours mariée à lui, dans mon cœur.

Disons que quand on s'installe quelque part, on prend aussi la décision de ne pas avoir les armes en main constamment, ça aide beaucoup à laisser autre chose arriver, que je lui confie. C'est pour ça que ça arrive. C'est pour ça qu'on s'ouvre : Comme... Tomber amoureuse, comme tu le dis, ce n'est pas impossible donc, c'est juste... Un peu compliqué. C'est difficile évidemment mais... C'est comme ça, qu'importe le reste.

Dans ce cas, je me dis qu'il faudrait être extrêmement chanceuse pour rencontrer deux âmes sœurs de cette manière-là, tu vois ? Je lui offre un sourire de circonstances en haussant finalement les épaules. Je ne sais pas si je dois être naïve, et toujours cette indécrottable optimiste que je me suis toujours échinée à être. Rester positive et confiante a longtemps été ma raison de vivre, puisque baisser les bras me semble une condamnation à mort à court terme à mon sens. Il m'arrive trop souvent de confondre la résilience avec un émoussement des émotions, même si c'est un point dont je ne préfère pas parler ouvertement.

Peut-être de crainte de m'y confronter. J'ai un rire amusé à la remarque de Daniella : Oui après... Entre toi et moi, je suis désolée mais je parie un peu plus sur moi pour une bagarre, que je lui souffle d'un ton défiant. L'entrainement des Valkyries auquel j'ai été soumise me pousse à donner le meilleur de moi, et je pense être physiquement incapable d'abandonner un combat d'autant plus lorsque je l'ai entrepris. J'esquisse un nouveau sourire en la scrutant, confiante et à l'écoute tout en essayant de discerner dans ses mots sa vision des choses.

Pourquoi tu y as renoncé finalement ? De rejoindre Nisqually, notamment. Elle y aurait eu sa place avec son compagnon, si elle l'avait voulu en tout cas. Je n'en doute pas. On va peut-être avoir seulement une bassine d'eau tu veux dire ! Je ris de plus belle en secouant la tête : Pour les mojitos... De l'eau à la menthe, avec un peu de liqueur si je parviens à en faire, l'été ne risque pas d'être meilleur : Et puis, à la place des parasols, seulement des parapluies ! J'ai beau être optimiste, je suis aussi réaliste : Le temps dans la région n'est que très rarement ensoleillé malheureusement, que je soupire : On peut toujours partir à Los Angeles en revanche, ça ne sera pas plus mal pour le beau temps !

Je peux t'apprendre si tu veux, que je lui souffle avec un sourire confiant en la scrutant. Je sais que ça ne se voit pas comme ça, mais oui, j'ai quelques compétences utiles notamment en combat, de quoi faire la différence : Dans mon groupe, je fais partie d'une équipe qui sait justement se battre, je me débrouille plutôt bien en la matière si tu as besoin, que j'ajoute en restant assez humble. Pourtant, je n'ai aucune raison de l'être, je pourrais sans doute m'en prendre facilement à un des berserkers et l'emporter haut la main. Je sais manipuler de nombreuses armes, mais c'est un entrainement difficile, je ne vais pas te le cacher, que j'ajoute alors.

Mais il faut savoir aussi ce qu'on veut dans ce genre de circonstances : apprendre sincèrement pour pouvoir se défendre, ou est-ce pour le luxe de savoir faire quelques parades ? Je n'ai personnellement pas pu me contenter du minimum. Je préfèrerais autant t'enseigner tout ça parce que tu fais partie du groupe, que je précise dans la foulée dans un soupir de circonstances. Il y a des savoir-faire qui ne doivent pas sortir de chez nous, que j'ajoute avec un sourire énigmatique, alors que je prête encore plus l'oreille à ses propos et hoche la tête. Je la comprends.

Non ce n'est pas idiot, c'est normal, que je rectifie rapidement. Qu'elle ne s'imagine pas être la seule : On ne peut pas contrôler ce qu'on ressent et encore moins ce qui nous fait peur, c'est un peu tout le problème. Ou encore nos regrets, j'en ai des tonnes pour ma part donc je ne peux rien faire : C'est sûr qu'en connaissant l'avenir, on peut se dire qu'on ferait les choses différemment, mais c'est se faire du mal inutilement, que j'ajoute alors en haussant les épaules : J'ai appris à force qu'après un deuil, la douleur est inévitable. Mais souffrir est un choix, que je lui souffle. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire...