On se revoit dans quelques jours... L'air de Nolan lui fait un drôle d'effet. Les yeux de l'afro-américaine le scrutent longuement. Elle sait que lors de ces rendez-vous, elle craint qu'il ait à lui annoncer déjà le pire. Il ne le fait jamais cependant, comme s'ils ne faisaient, tous les deux, que reculer l'échéance. Pourquoi tu tires cette tête ? Elle y va franchement, l'homme lui fait un sourire, forcé, c'est évident. Nolan... Air dur, elle fronce les sourcils. Pardon, je... J'ai l'impression que ça a grossi mais... Il secoue la tête, soupire.

Dans ces moments-là, Nolan ressemble à un petit garçon démuni. On refera une échographie rapidement et- Tu n'es pas sûr ? Elle se redresse : Va chercher une lampe torche, on va se débrouiller autrement, indique-t-elle. Euh... Ok... Il s'esquive et revient au bout de quelques minutes, en lui tendant l'objet. Elle défait le haut qu'elle vient de remettre et lui indique de se retrancher avec elle dans le placard où ils pourront occulter la lumière. Putain... J'y avais pas pensé...

En plaquant la lumière sur sa poitrine, ils peuvent discerner les embranchements, les formes, les glandes,... Dans la pénombre, elle peut voir le sourire de Nolan s'étirer. Cinq minutes passent. Non, ça n'a pas grossi... C'est une bonne nouvelle, indique-t-il. Tant mieux. Sans doute, tant mieux. Un dernier point est fait entre eux et Nolan garde précieusement la lampe avec lui. Pour les prochaines fois. Peut-être vont-ils pouvoir penser rapidement à cette opération. La présence de Louve sera nécessaire.

L'occasion pour elle de vaquer à ses occupations, et de rapidement retrouver un des petits nouveaux du groupe. Elle est fatiguée, n'a plus vraiment d'appêtit, mais Andrea tâche de donner le change encore. Et tu n'as pas encore trouvé la meilleure vue, lui fait-il sans forcer un sourire : Tu peux m'appeler Andrea, indique-t-elle fermement. Cheffe, c'est un peu... Elle hausse les épaules : Trop, et elle n'aime pas ces titres. Tu as pu accéder à ton logement ? Et poser toutes tes affaires ? Trouver tes fonctions ? Demande-t-elle. Ou est-ce que tu comptes contribuer ?

Tu sais avec qui tu te trouves ? Questionne-t-elle en fronçant les sourcils, un peu curieuse de savoir avec qui l'homme a atterri malgré lui. Elle ne se doute pas de l'erreur qui a eu lieu et qui l'a envoyé directement avec des presque adolescents un peu trop dynamiques. Elle ne sait pas si elle doit le plaindre ou non d'ailleurs, alors elle se contente de l'écouter et de lui sourire : Il y a du travail à abattre de toute façon : les serres doivent être reconstruites, avec l'hiver, les terres gelées ne permettaient pas de creuser, pas sans casser nos outils, précise-t-elle.

Elle a essayé, évidemment. Mais a vite jeté l'éponge. C'est pour ça que l'hiver a été rude. Elle a conscience en revanche qu'avec la reprise de la scierie, la donne sera un peu différente pour tout le monde. Un soupir lui échappe : Le retour des beaux jours va nous permettre d'avancer sur ces questions-là, tu peux y contribuer puisque tu t'y connais, elle lui laisse volontiers ces travaux par ailleurs, plus elle s'en décharge, plus ça la soulage : Tu vas pouvoir travailler avec Cassidy, elle est responsable de l'agriculture chez nous, ajoute-t-elle en essayant de trouver la blonde des yeux. Elle a son petit tempérament mais si tu sais t'adapter à des fortes personnalités, tu t'en sortiras très bien, souffle-t-elle.

Andrea ne se doute pas que d'ici quelques semaines, la désertion de la jeune femme et ses complices mettra sur Lewis encore plus de responsabilité. On a de quoi stériliser, assure-t-elle. Mais pas d'antiparasitaire, elle hausse les épaules d'un air désolé, elle aimerait lui dire qu'ils vont en trouver ou en faire, mais en fait, elle n'en sait strictement rien. Peut-être que c'est pour le mieux. Cependant, vu l'intérêt des natifs pour le respect de la nature, elle se doute que ça ne sera pas aussi simple de faire passer la pilule pour la production : Tu en connais ? Questionne-t-elle.

Elle lui fait signe de la suivre, le temps de pouvoir lui présenter quelques endroits où il sera bien : Les natifs qui vivaient ici avaient déjà une organisation pour les cultures. Ils placent les plants en fonction de comment elles peuvent s'aider mutuellement. Nous avons besoin de peu d'eau pour les pousses grâce à ces techniques et plus encore, nous plantons là où les mauvaises herbes sont les plus fastes en retournant la terre pour qu'elle continue à être nourri, explique-t-elle. Elle n'a pas embrassé cette culture, mais elle tente de la comprendre au mieux. Il s'agit de techniques d'agricultures assez datées de ce que j'en ai compris, mais ça te parle peut-être, demande-t-elle.

Simplement de la curiosité, souffle-t-elle en réponse avec un sourire en coin. Elle n'est pas moqueuse, elle espère juste que l'organisation a été bien faite. Un temps passe et elle revient sur le sérieux de la conversation avant d'avoir un vague rire : Je ne te le fais pas dire, avant l'hiver, ça n'était pas au mieux de l'organisation. Mais vu ce qu'il s'est passé à Tahlequah, vu ce qui les attendait sinon, la métisse n'avait aucune envie de savoir en détail ce sombre futur. Cependant, elle ne peut pas laisser Lewis dans l'inconnu.

Que connais-tu de New Eden ? Demande-t-elle de but en blanc en le scrutant. En as-tu entendu parler ? C'est bien probable. Ces colons ont fait en sorte de se faire connaitre et aimer, malgré tous leurs travers. Elle gardera en mémoire cette réalité, avant d'oublier ou de mourir. C'est quelque chose qu'elle veut transmettre : l'ennemi ne se tait jamais longtemps. Même ici, au milieu de cette forêt silencieuse qui les cache, ce monstre finira par se réveiller d'une manière ou d'une autre. On peut en trouver, si on tombe à court, souffle-t-elle pour le reste.

Elle hoche la tête. Lewis s'explique, au sujet de la permaculture, et c'est justement ce qu'Andrea veut entendre : Tu te sentirais de te replonger dans ces expériences et ces études ? Il vaut mieux. Yakima a besoin de grandir, la réserve de produire. Il aura les effectifs, les bras, les efforts. Mais il doit être la tête bien faite, celle qui pense bien. Et à sa remarque, la brune fronce les sourcils. Est-ce que la question se pose vraiment ?

Tu es dans la réserve indienne de Yakama, oui nous sommes installés chez eux, explique-t-elle. Les panneaux ne trompent pas, même s'ils ont été déboulonné par le temps et usé par la fin. Lorsque nous avons dû quitter notre précédent refuge, Nihima a fait le voyage avec plusieurs autres personnes pour nous trouver un abri digne de ce nom, explique-t-elle. Nima, la connait-il ? Ils ont trouvé cet endroit, qui était déjà habité par les natifs qui y vivaient, ils étaient une quarantaine, nous avons alliés nos deux groupes pour pouvoir nous installer durablement, ajoute-t-elle avec un sourire. Voilà pourquoi ils sont si nombreux.